Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 20 juillet 2023.

Fred Douglas GLEASON / 39553245.
123, San Angelus Street, San Gabriel, California, USA.
Né le 30 décembre 1922 à Los Angeles, Californie / † le 5 octobre 2009 à Los Angeles, Californie, USA.
T/Sgt, USAAF 447 Bomber Group 709 Bomber Squadron, mécanicien/mitrailleur dorsal.
Lieu d'atterrissage : Boularre, dans l’Oise, à environ 15 km au sud-est de Crépy-en-Valois
Boeing B-17G-70-BO Flying Fortress, 43-37788, IE-?, abattu par la Flak et des chasseurs le 13 juillet 1944 lors d'une mission sur Munich.
Avion écrasé près de Vendrest, à ± 18 km au nord-est de Meaux, Seine-et-Marne, France.
Durée : 1 mois.
Camp : Fréteval.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 6938. Rapport d'évasion du Sgt Gleason E&E 1065 disponible en ligne.

Le B-17 décolle vers 05h00 heure anglaise de Rattlesden. Un moteur de son avion touché par la Flak et avec des blessés à bord, le pilote 2nd Lt Russell Hilding parvient à contrôler l'appareil. Celui-ci perdant de l'altitude, Hilding tente de rejoindre un autre Groupe de la formation et c'est alors qu'il est attaqué par 5 chasseurs allemands Me109. Alors que le pilote met le cap sur l'Angleterre sous forte couverture nuageuse, le navigateur Claude Kelly ne peut localiser la position, tandis que deux autres moteurs rendent l'âme. Sortant des nuages au-dessus d'une zone campagnarde, Hilding donne l'ordre d'évacuer l'avion, lui et son copilote le 2nd Lt George C. Mong sautant en dernier.

Hilding atterrit dans un champ et voit une Citroën sur une route puis est approché par deux hommes qui le débarrassent de son parachute, l'embarquent à bord de la voiture. Arrivé à une ferme où on le nourrit et le loge, il voit y arriver deux jours plus tard Mong et son bombardier le 2nd Lt Raymond E. Wojnicz. Il apprend que la Résistance a trouvé tous les autres membres de son équipage. Hilding et Wojnicz sont ensuite cachés chez un boulanger où ils restent quelques jours avant d'être guidés en train à Paris, première étape d'un voyage vers l'Espagne. Circulant en auto dans Paris, Hilding et Wojnicz sont arrêtés par le chauffeur qui leur dit dans un anglais parfait "Sorry, boys, for you the war is over." Remis à la Gestapo, les deux hommes sont incarcérés à la Prison de Fresnes avant d'être envoyés en Allemagne.

Le Sgt Fred Gleason, quant à lui, parviendra à s'évader, tout comme le Lt George C. Mong (E&E 1501), l'opérateur radio T/Sgt Horace R. Di Martino (E&E 1291), le mitrailleur ventral S/Sgt Harry E. White (E&E 1278), le mitrailleur gauche S/Sgt Emory J. Markham (E&E 1502) et le mitrailleur arrière S/Sgt Joe W. Stewart (E&E 1277). Ils resteront tous cachés en France jusqu’à la Libération. Le mitrailleur droit S/Sgt Erwin R. Williams est également renseigné comme évadé, mais aucun rapport n’a pu être localisé à son sujet. Il ne figure pas non plus dans la liste des prisonniers. Erwin Reed Williams, né le 22 février 1921 est décédé en décembre 1972 dans le Tennessee.

Fred Gleason atterrit et voit Emory Markham avec un bras cassé. Un homme leur apporte du vin et du pain et leur dit de rester cachés dans le bois cette nuit. Le lendemain, Gleason pose une attelle sur le bras de Markham et les deux aviateurs marchent vers Boularre. Ils y sont nourris et transportés dans une autre maison, où ils retrouvent leur navigateur, Claude Kelly. Ils y reçoivent des habits civils et un médecin vient soigner Emory Markham. Deux hommes habitant à la Rue des Fontaines à Boularre sont renseignés comme ayant hébergé 2 aviateurs du 43-37788 : Mr EGGLI et Pierre OURY, cultivateur…

Après une nuit de repos, Gleason et Kelly partent dans un autre village et deux hommes les conduisent le 15 juillet à Béthisy-Saint-Martin (10 Km au NO de Crépy-en-Valois). Ils y demeurent deux semaines chez Raoul et Jeanne VESTIEL, qui sont aidés par Aubin VESTIEL, habitant à Orrouy, un village voisin. Un voisin, réfugié soviétique, parle un peu anglais et les aide. Deux hommes les guident alors dans un autre village près de Senlis, chez un instituteur, sa femme et leurs deux enfants. Il s’agit d’Albert LEJEUNE et sa famille à Villers-Saint-Frambourg, qui hébergent Gleason et Kelly pendant quelques heures le 29 juillet. Cette famille les conduit à un gendarme dans les bois et ils reçoivent des cartes d'identité. Ce gendarme les conduit à Senlis chez une femme d'environ 30 ans, dans une sorte de maison de la Croix-Rouge. C'est au 31 de la Rue du Châtel, chez Mlle Marguerite GRONIER du Secours National, qui a aussi caché Jonathan Pearson et Thomas Yankus. Gleason et Kelly sont pris en charge par le Groupe FNLLI de Senlis, notamment en la personne de Jacqueline CABRE, épouse LEROY, au 18 Rue du Châtel et de Marguerite GRONIER.

Gleason et Kelly y rencontrent deux Sud-Africains qui avaient été faits prisonniers à Tobrouk et s'étaient évadés d'un camp de prisonniers : Rudolph Hoover et Ebrahim Adams. Après deux jours (du 29 au 31 juillet), Marguerite GRONIER remet de nouveaux vêtements et des souliers à Gleason et Kelly, les conduit à vélo chez un gendarme [le chef de police de Senlis, Jules FOSSIEZ du 61 Rue de Paris à Senlis] qui les mène à la gare de Chantilly. Là, ils sont remis à une femme de 35 ans qui portait un foulard. La liste des Helpers français reprend Jules Albert Eugène FOSSIEZ et son épouse Alice au 61 Rue de Paris à Senlis. René CHARPENTIER (beau-frère de Jules FOSSIEZ) y figure également, avec comme adresse le 14 Avenue Albert Ier à Senlis. On cite également André et Marie DECATOIRE, marchand de cycles au 8 Rue St Jean à Senlis comme ayant aidé Gleason (de même que Pearson et Yankus).

La femme de 35 ans au foulatd [Yvonne DIXIMIER] était avec un aviateur australien (qui est vraisemblablement William Flynn, renseigné par Yvonne DIXIMIER comme passé chez elle) et les conduit tous dans son appartement au 8 Rue Jean Moréas, Paris XVIIe, où se trouvait déjà un Ecossais, le Sgt William Brown. Deux jours plus tard, elle guide Gleason et Brown et les remet à une dame distinguée d'environ 40 ans portant des lunettes et un jeune homme de 19 ans. "Une Anglaise" (vraisemblablement Alice LEMONNIER-voir ci-dessous) et un évadé canadien, Patrick Agur, rejoignent le groupe. Gleason ne les identifie pas dans son rapport E&E.

Le 31 juillet au matin, Gleason et William Brown se trouvent donc à l'entrée d'une gare à Paris lorsqu'ils voient y arriver Yvonne DIXIMIER accompagnée de Patrick Agur. Se trouvent là également une jeune Anglaise, "Anne" [Alice Anita LEMONNIER, secrétaire, du 2 Rue Ernest Renan, Paris XVème, convoyeuse et servant également d’interprète] et un jeune français nommé "Raoul" [Roger FILLION, du 5 Rue Baudin à Levallois-Perret]. Les deux jeunes gens escortent les trois aviateurs en train jusqu'à Etampes (Essonne) puis les guident le long d'une route secondaire vers Angerville, à environ 20 km de là. Gleason, Brown et Agur passent la nuit à Angerville dans un café, l'hôtel-restaurant "la Beauceronne" de Maurice IMBAULT, et partent le matin du 4 août. De là "un jeune homme qui avait été mitrailleur dans l'Armée de l'Air française" [Jean François DARGASSIÈS, du 15 Rue Pétrarque à Paris XVIème, qui cite Gleason dans son rapport d'activités.] guide à pied le groupe de Gleason, du relais de la Beauceronne de Maurice IMBAULT à Angerville (Essonne) et les conduit à la ferme de Albert et Marie LEROY, parents de Valentin LEROY à Sazeray, à 1 km au Sud de Voves (Eure-et-Loir). Ils y passent une nuit, perturbée par le passage d'une longue colonne de véhicules allemands. Lorsqu'ils arrivent à la ferme, ils y voient Heyward Spinks, Joshua Lane et un aviateur de la RAF non-identifié. Ils partent vers Bonneval et rejoignent une ferme "à 4 km au Nord du village".

Ils partent ensuite vers Montboissier (qui se situe à 4 km au nord-ouest de Bonneval…), guidés par un jeune homme de petite taille. Ils restent jusqu'au 6 août dans une ferme à 3 km au sud-ouest de Montboissier (tenue par Gaston DUNOT) et dont le propriétaire, nommé "Marcel" [André MARCILLE à Trizay-Les-Bonneval (Eure et Loir)], faisait profession de mécanicien agricole. Sa femme et son frère vivent là aussi et tous les trois sont armés. C'est de cette ferme qu'une voiture et trois jeunes Français ayant des papiers allemands prennent les six aviateurs pour les conduire au camp de Fréteval.

Ils y seront libérés le 14 août par des troupes américaines. Gleason est débriefé le 19 août, au lendemain de son arrivée en Angleterre en partant de Cherbourg.

Un contact a pu être établi en février 2014 avec Philip Gleason, le fils de l’aviateur, pour l’aviser de la cérémonie envisagée pour le 70ème anniversaire des camps en Forêt de Fréteval. Son épouse Debbie s’étant cassé le poignet, ils ne purent faire le voyage, mais leur fille Kelsey et son mari Paul Bourdois, habitant la France, passèrent à Bellande-Villebout le 28 juin 2014. Ils ne purent être présents le lendemain à la cérémonie proprement dite.


Paul Bourdois, Kelsey Gleason Bourdois et leur petite fille (future aviatrice ?)
dans le local d’exposition à Bellande-Villebout le 28 juin 2014 (photo Ed. Renière)


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters