Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 24 février 2021.

Joseph Douglas Henry ARSENEAUT "Doug" / R.73263
Newcastle, New Brunswick, Canada
Né le ? / † ?
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 419 Squadron, opérateur radio
Atterri près de Boortmeerbeek, au sud-est de Muizen, Province d’Anvers / Antwerpen, Belgique.
English Electric Handley Page Halifax II, n°série JD159, VR-Y, abattu la nuit du 2 au 3 juillet 1943, lors d'une mission sur Köln / Cologne, Allemagne.
Écrasé près de Muizen, au sud-est de Malines / Mechelen, Province d’Anvers / Antwerpen, Belgique.
Durée : environ 2 mois.
Arrêté vers fin août / début septembre 1943 (fausse ligne d'évasion Jackson)

Informations complémentaires :

L'appareil décolle à 22h30 heure anglaise de Middleton St George. En route vers l’objectif, environ 2 heures après le décollage, il est atteint par des tirs d’un chasseur allemand et la tourelle arrière est immédiatement détruite. Le crédit de cette victoire est attribué à l’Oblt Kollak Reinhard et l’heure (continentale) comme 01h58, à une altitude de 5500 m. Le pilote donne l’ordre à l’équipage de se préparer à évacuer l’appareil. Un autre chasseur rejoint le premier et le Halifax n’a aucune chance. Dès lors, le pilote donne l’ordre de sauter.

Trois hommes seront tués : le pilote P/O Angus Hugh Bell, le copilote F/Sgt John Albert Anderson et le mécanicien Sgt William Bryce Taylor. Inhumés le lendemain du crash au Fort III de Borsbeek, ils reposent au cimetière du Schoonselhof à Anvers / Antwerpen. Trois autres seront rapidement faits prisonniers : le navigateur Sgt A. O. Simpson, le mitrailleur dorsal Sgt John F. Graham et le mitrailleur arrière Sgt George Edward Aitken.

Joseph Arseneaut et le bombardier Robert Williston parviendront à s’évader avant d’être finalement arrêtés également.

Après avoir endossé son parachute, Joseph "Doug" Arseneaut voit l’arrière de l’appareil s’embraser et saute, perdant ses bottes, mal lacées, lors de l’ouverture de son parachute de même que son kit d’évasion. Il atterrit sans problème et se dirige vers un bois où il s’endort dans la toile de son parachute. En milieu de matinée le 3 juillet, un fermier de Boortmeerbeek découvre les traces de ses pas et retrouve l’aviateur dans le bois. Le fermier contacte alors François DAMAN, membre de la section "Partisanen" de Louvain / Leuven, dépendant du Front de l’Indépendance (F.I.)

En fin de matinée, Louis VAN BRUSSEL, chef du groupe, donne l’ordre à un jeune partisan et une jeune fille de 18 ans d’aller à vélo récupérer l’aviateur dans le bois, lui apportant des vêtements civils et des souliers. Les deux jeunes gens enterrent son parachute et son uniforme. Le jeune homme roule avec la jeune fille assise sur le guidon de son vélo, tandis que l’aviateur, peu habitué à rouler à vélo, les suit difficilement jusqu’à Louvain pour arriver à la Parkstraat (vraisemblablement chez les GYSSELS au n° 233). Entre-temps, Robert Williston, récupéré par le même groupe, est caché chez Madame BOS à la Henri Regastraat toute proche. François DAMAN passe voir Williston là et comme il n’a plus ses plaquettes d’identification, on doit s’assurer de son identité auprès de Londres.

Par la suite, comme Williston avait déclaré qu’il ne se sentait pas à l’aise chez Mme BOS, Louis VAN BRUSSEL et son adjoint François DAMAN décident de le placer ailleurs en même temps qu’Arseneaut. François DAMAN explique à ce dernier qu’il doit suivre scrupuleusement les instructions et qu’une jeune fille blonde viendrait le chercher, qu’il devrait la suivre dans la rue, qu’ils seraient suivis à distance par un autre groupe (comprenant Williston) et que les résistants étaient tous armés, prêts à tirer en cas de problèmes graves avec les Allemands.

Dans la soirée, François DAMAN, sa sœur (la jeune fille blonde) Hortense DAMAN et leur cousin Pierre van GOITSENHOEVEN (ou van GOIDSENHOVEN de Bierbeek, au sud-est de Leuven ?) quittent la maison des DAMAN à la Pleinstraat et se rendent à une maison dans la Parkstraat (GYSSELS ?…). François DAMAN y frappe doucement à la porte, on le laisse entrer furtivement, puis il réapparaît avec un individu très grand, Doug Arseneaut, disant à ce dernier en anglais de suivre cette jeune fille et de faire ce qu’elle lui dit. Pierre et François, suivis à quelques mètres d’Hortense et Arseneaut se rendent alors à la Henri Regastraat chez une Mme BOS où ils récupèrent Williston. Ce dernier suit Pierre dans les rues, sans savoir que son coéquipier Arseneaut marche derrière lui avec Hortense. Le groupe passe près de la Kommandantur, éveille les soupçons de sentinelles allemandes, mais l’alerte passée, arrive au 4 Vaartstraat chez Philemon DEWIT (1912-1964) et son épouse Jeanne, née VANWYNGAERDEN. Pierre confie d’abord Williston à Jeanne et s’en va par une autre rue, tandis qu’Hortense et son frère François attendent que l’on fasse signe depuis la maison que la voie est libre. Il est passé minuit lorsque Hortense, François et Arseneaut entrent également dans la petite maison des DEWIT où les deux aviateurs sont enchantés de se retrouver. Hortense et François les quittent rapidement et retournent chez eux.

Williston rapporte à Arseneaut ce que les partisans lui avaient appris quant au sort du reste de l’équipage. Les deux aviateurs ne comprennent pas pourquoi ils doivent attendre autant de jours chez les DEWIT avant de pouvoir bouger. Comme lors de leur interrogatoire par Louis VAN BRUSSEL, Williston n’avait pas pu prouver son identité et qu’Arseneaut ne se souvenait pas si l’équipage de leur Halifax était composé de 7 ou de 8 hommes, il était indispensable de se faire confirmer par Londres qu’il s’agissait bien de deux véritables aviateurs, d’autant plus qu’il y avait eu pas mal d’arrestations dans le réseau les dernières semaines. Durant leur séjour, Hortense leur apporte de la nourriture et quelque argent pour les DEWIT, tandis que sa mère, Stéphanie DAMAN, tente de trouver des vêtements qui pourraient convenir aux deux canadiens, de taille plus grande que la moyenne des hommes belges.

Stephanie DAMAN, ne trouvant pas de vêtements adéquats, parvient cependant à se procurer du tissu, malgré la pénurie, et convainc le tailleur Marcel GOEMANS, apparenté à Bertha DAMAN, la fille aînée de Stephanie, de confectionner des costumes à la taille souhaitée.


Williston et Arseneaut dans les costumes confectionnés par Marcel GOEMANS

Via l’opérateur radio de la Légion belge, l’identité des deux hommes est finalement confirmée et après leur séjour chez les DEWIT, Louis VAN BRUSSEL, sans en aviser François ni Hortense DAMAN, donne à Philemon et Jeanne DEWIT la consigne de conduire les deux aviateurs vers une autre cachette. Dans le livre de Mark Bles ("Child at War – The True Story of Hortense Daman" publié en 1989), dont sont issus certains détails de cette page, il est indiqué qu’Arseneaut et Williston sont restés 1 mois chez les DEWIT. Nous ignorons le nom du policier de Louvain chez qui Arthur Bowlby et Elmer Dungey sont arrivés vers le 13 juillet, y rencontrant là brièvement Arseneaut et Williston avant d’être menés vers une autre planque. Selon le livre de Mark Bles, Arseneaut et Williston furent menés (cela doit se passer en 1ère quinzaine du mois d’août) par les DEWIT chez Madame ELY, la mère de "Monsieur ELY" – chef du Département des Travaux Publics de la ville de Louvain / Leuven – un ami des DEWIT. Les deux hommes restent cachés là pendant 1 mois et y reçoivent de fréquentes visites d’une dame venant de Bruxelles, parlant très bien l’anglais et leur disant qu’elle aidait les évadés non pour de l’argent mais parce que cela lui donnait une certaine importance.

Ni les évadés ni Mme ELY ne perçurent quoi que ce soit d’anormal, mais le piège était en train de se refermer sur eux. Un jour, une dame âgée aux cheveux blancs vient chercher les deux hommes et les conduit en tram vicinal à Bruxelles. Elle dit aux deux canadiens de la suivre de plusieurs pas derrière elle et de ne pas l’approcher pendant leur voyage. A l’arrivée à Bruxelles, la dame les quitte en les laissant aux soins d’un autre membre de l’"organisation". Ils restent là une nuit avant d’être confiés à un homme se faisant appeler "Captain" (l’un des très nombreux alias du traître belge Prosper Dezitter) qui les conduit vers une grande maison où se trouvent dix autres aviateurs, un civil belge d’âge moyen et un prêtre, tous s’attendant à être dirigés par l’organisation vers le sud de la France et l’Espagne. Cette maison doit être celle utilisée par la bande à Dezitter, au 369 Avenue Slegers à Woluwé-Saint-Lambert, Bruxelles.

Un jour, un homme, petit, jovial et corpulent, "Marcel", vient chercher Arseneaut et Williston pour les conduire au centre de la ville et les faire prendre en photos, destinées aux faux papiers dont ils auront besoin pour voyager vers le sud. Quelques jours plus tard, les deux hommes voient avec plaisir "Marcel", qui vient les chercher en voiture pour les emmener vers la France avec un aviateur américain, John Anderson, et le prêtre. Ce John Anderson doit être le mitrailleur dorsal T/Sgt John L. Anderson, co-équipier du major Clifford Cole (B-17 n° 42-30194 abattu le 12 août 1943.) Quant à ce "Marcel", il devrait s’agir du traître Marcel Nootens, adjoint de Dezitter.

Après environ une demi-heure de route, le véhicule est arrêté par un soldat allemand et est rapidement encerclé par d’autres soldats pointant leurs armes sur le groupe. Ils sont tous extirpés de la voiture, sauf "Marcel", qui remet quelques papiers à l’officier en charge avant de poursuivre sa route. Arseneaut et Williston se retrouvent à la Prison de Saint-Gilles, d’où ils partiront vers l’Allemagne quelques semaines plus tard, Arseneaut portant le n° de prisonnier 261413, interné au Stalag IVB (Mühlberg) puis au Stalag Luft III (Sagan, en Pologne annexée.)


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters