Dernière mise à jour le 29 juillet 2024.
William Etienne Joseph BRAYLEY "Bill" / R108037
8 Fenwick Avenue, Montréal-West, Canada.
Né le 2 octobre 1922 à Rougemont, Quebec, Canada / † à New York, USA le 9 août 1973
Warrant Officer 2, RCAF, RAF Bomber Command 158 Squadron, navigateur.
Lieu d’atterrissage : dans la région de Montdidier, dans la Somme, France.
Handley Page Halifax BIII, LW723, NP-X, abattu la nuit du 10 au 11 avril 1944 lors d'une mission sur des installations ferroviaires à Tergnier, Aisne, France.
Écrasé à Erches, à environ 8 km à l’ouest-nord-ouest de Roye, dans la Somme, France.
Durée : 5 mois.
Camps Marathon : Fréteval.
Rapport d’évasion SPG 3348/188.
Le Halifax décolle de Lissett vers 21h00. Au retour de la mission, à une altitude d’environ 3700m, il est atteint par des tirs de la Flak, s’embrase immédiatement et le pilote Gibson donne l’ordre de l’évacuer. William Brayley dont le compartiment a été troué par un obus, se rend vers le poste de pilotage, mais en est repoussé par un co-équipier. Il endosse immédiatement son parachute et saute derrière le bombardier et l’opérateur radio. Ce seront les seuls survivants.
Le pilote P/O Arnold Roy Alexander Gibson (RCAF), le mécanicien Sgt James John Turner, le mitrailleur dorsal Sgt Dennis George Robbins et le mitrailleur arrière Sgt John Clifford Williams reposent au cimetière communal de Méharicourt dans la Somme, France. Le bombardier, Sgt Henry T. Jeffrey, réussit à s’évader avant d’être arrêté à Sarrancolin, au sud-ouest de Tarbes, avant de pouvoir passer les Pyrénées. Il parvient à s’échapper d’un train l’emmenant avec d’autres vers l’Allemagne et restera caché en France jusqu’à la libération de Toul le 2 septembre par des troupes américaines – SPG 3323/2490). Quant à l’opérateur radio/mitrailleur Sgt Philip Dowdeswell, d’abord évadé, il sera arrêté dans l’Oise le 27 juillet 1944. Il passera par la prison de Fresnes, près de Paris, avant d’être envoyé au camp de Buchenwald en Allemagne, puis au Stalag Luft 3 à Sagan, Pologne.
Après son atterrissage, William Brayley est aidé par un fermier qui le fait prendre un train à Montdidier pour Amiens et lui dit de s’y rendre au magasin "Dufred Frères", au coin des rues de Noyon et Robert de Luzarches, dans le centre (à noter que ces deux rues ne forment pas un coin et sont situées à quelque distance l’une de l’autre dans le même quartier…). Avant l’ouverture du magasin, Brayley s’identifie auprès du directeur qui l’informe de ce qu’il ne pourra l’aider, le propriétaire du magasin étant en prison pour avoir aidé d’autres aviateurs. Il recommande cependant à Brayley de contacter un médecin à Saint-Sauflieu, à une dizaine de km au sud d’Amiens.
Brayley se rend chez le docteur à Saint-Sauflieu [il doit s'agir du Dr Leo INTNER], apparemment un juif originaire de Roumanie, qui le conduit en voiture chez Georges HAAS, concessionnaire des automobiles Peugeot dans la localité. Pendant quelques semaines, il logera dans différentes maisons de la région. Le garagiste Albert Paul MAILLARD du 29 Rue d’Amiens à Saint-Just-en-Chaussée est repris comme l’ayant aidé, il n’est pas précisé de quelle manière. Le 3 juin 1944, William Brayley est guidé à vélo vers la maison d’un employé municipal de Clermont, dans l’Oise, qui est le chef de la Résistance locale. Il s’agit de la maison de Georges et Rachel FLEURY au 25 Rue de Mouy à Clermont. Georges FLEURY (alias "Carrière") est greffier de la Justice de Paix et Chef du secteur Centre-Oise de l’OCM (Organisation Civile et Militaire). C’est chez ce couple que Brayley rencontre Dennis Pepall, qui y était arrivé le 2 juin. Brayley et Pepall sont repris comme aidés (vraisemblablement logés) par Henri et Simone DOISY, agriculteurs, Rue Grande à Cressonsacq (à environ 10 km au sud-est de Saint-Just-en-Chaussée). Henri DOISY était chef du Groupe OCM de Cressonsacq. De l’aide non précisée est également apportée à Brayley par Jacques BUQUET, agriculteur à Laneuvilleroy (à 2 km au nord de Cressonsacq) et chef du Groupe OCM de cette localité.
Le fils de William, Bill Brayley nous a fait parvenir des documents en mai 2024, parmi lesquels une photo que son père avait envoyée aux DOISY après la guerre, avec ses remerciements.
Également la photocopie ci-dessous d’une photo prise lors de la visite de ses parents à des membres de la famille DOISY en juin 1965, montrant Raymond DOISY, William et son épouse Patricia, "Geneviève" (Ginette, née Guittard) et son mari Philippe DOISY et leur fille Sabine (après la guerre : Sabine (Doisy) Chapelle).
Leslie Berry arrive le 3 juin à Clermont dans une Citroën noire conduite par un employé du cimetière de Beauvais (Marissel), apparemment un avocat et chargé par les autorités allemandes d’assurer la liaison entre elles et les autorités françaises pour donner une sépulture décente aux aviateurs alliés décédés. Également à bord se trouvait un gendarme, assis devant. La voiture s’arrête devant la maison des FLEURY et Brayley et Pepall montent à son bord, à l’arrière à côté de Berry.
Arrivés à Montataire, toujours dans l’Oise, les trois aviateurs sont transférés dans un camion de laiterie à bord duquel ils sont rejoints par la propriétaire du camion et de la laiterie, Mme Marie DOREZ et sa fille (du 4 Rue de Condé à Montataire.) On conduit tout ce monde vers une boucherie à Chantilly, qui est le relais des évadés venant de Paris en route vers Châteaudun. Il s’agit des charcutiers Lucien Arthur PACTHOD et son épouse Denise Jeanne Berthe PACTHOD au Quai de la Canardière. De là, une femme-guide conduit Brayley, Pepall et Berry jusqu'à la gare, leur donne à chacun un ticket et les accompagne en train jusqu'à Paris.
A Paris, ils prennent le métro à la Gare du Nord et restent bloqués ce 4 juin durant une alerte aérienne dans un wagon rempli de SS. Ils ne sont pas inquiétés et arrivent finalement chez un fleuriste (selon le rapport de Brayley ; un magasin de vélos selon celui de Berry…) où leur guide les abandonne. C'est probablement dans la boutique de la fleuriste Andrée DONJON, au 60 Avenue de Bellechasse dans le VIIe. Une autre guide, "Anne" ou "Annie" (Germaine MELISSON alias "Anita" du 8 rue de Montessuy, près de la Tour Eiffel), environ 32 ans, les emmène dans un appartement au 1er étage d'un bloc situé au 1bis rue Vaneau, dans le 7e Arrondissement. C'est l'appartement de Philippe et Virginia d'ALBERT-LAKE et où ils rencontrent Thomas Yankus et Jonathan Pearson.
Le même 4 juin, Philippe d'ALBERT-LAKE informe les cinq aviateurs de ce qu'à la suite de trop nombreuses arrestations dans Comète, la ligne vers l'Espagne est bloquée (il ne parle pas de difficultés suite aux bombardements, ce qui renforce l'hypothèse de l'option diplomatique entre les alliés anglo-saxons et les alliés des territoires occupés). Berry, expert en mitrailleuses suggère de rejoindre un groupe local de sabotage, mais d’ALBERT-LAKE le leur déconseille. Yankus et Pearson sont alors guidés par Virginia vers un autre appartement, tandis que Berry, Brayley et Pepall sont transférés à l'appartement de Germaine MELISSON au 8 de la rue de Monttessuy, Paris VIIe, près de la Tour Eiffel.
Tôt au matin du 5 juin, Germaine les conduit à la gare d'Austerlitz pour prendre le train vers Châteaudun. La voie ayant été bombardée, le train s'arrête à hauteur de Choisy-le-Roi et les voyageurs doivent descendre. Le groupe marche alors pendant 14 km (accompagnés par de jeunes garçons, selon Yankus) jusqu'à Juvisy-sur-Orge en longeant une ligne proche du cours de la Seine. Arrivés à Juvisy, ils reprennent un train qui les amène en début d'après-midi à Châteaudun où ils rencontrent deux aviateurs américains guidés par "Anne-Marie" (Jeannine PIGUET, épouse PONCET, du 28 Rue Gay-Lussac Paris VIe).
Selon Thomas Yankus, à leur descente du train avant Châteaudun, ils ont été conduits jusqu’à une étable de la ferme de la famille RIDEAU qui les héberge. Il s’agit en fait du guide forestier André Paul RIDEAU, alias "Marcel", de Richeray-Busloup (Loir-et-Cher). On cite également Armand GUET, près de Cloyes-sur-le-Loir, qui héberge Brayley, Pepall et Berry du 5 au 10 juin. A noter que la liste des Helpers Français reprend Emmanuel GUET, fermier à la Petite "Hadrière, Cloyes-sur-le-Loir" (en fait la ferme à La Petite Audrière, à Cloyes-les-Trois-Rivières, un peu à l’ouest de Cloyes-sur-le-Loir…).
Le 6 juin, la BBC leur annonce le débarquement en Normandie à l’aube. Ils arrivent à la forêt de Fréteval vers le 8 juin, dans le camp secret à Bellande où environ 25 aviateurs sont déjà installés avec le "Colonel Lucien" (le Wing Commander belge Lucien BOUSSA). Ils vont ensuite aider Jean de BLOMMAERT à installer un second camp à Richeray, à quelques kilomètres plus loin, non loin d'un dépôt de munitions allemand. William Brayley y arrive le 25 juin. Il fallait garder le silence car les Allemands se doutaient de quelque chose. Le 12 août, des chasseurs américains P-51 les survolent et le lendemain le contact est établi avec des éléments de l'armée du Général Patton.
Jean de BLOMMAERT déclare que Brayley parlait très bien français et qu'il fut l'aviateur qui l'aida le plus pour le bon esprit et la bonne marche du camp.
William Brayley, dont une nécrologie le reprend comme William Guy Brayley, est décédé subitement à New York en 1973. Actif dans le monde des affaires et entrepreneur lui-même, il occupa à partir d’octobre 1970 à la Quebec House de New York le poste de Conseiller en chef de la branche Internationale du Département du Commerce et de l’Industrie de la Province de Québec. A sa mort, il était Directeur de la Canadian Society of New York et membre de l’Economic Club de cette ville. Son épouse Patricia, née Lukeman en 1925, est décédée en 2010 à Mississauga, Province de l’Ontario, Canada. Ils reposent tous deux au Cimetière des Saint Anges à Lachine, région de Montreal, Quebec, Canada.
Venu du Canada, William Brayley, le fils de l’aviateur, était présent à Busloup et Bellande les 6 et 7 juillet 2024 à l’occasion du 80ème anniversaire des camps de Fréteval. Le voici devant le panneau consacré à son père et réalisé par Marc Doucet pour l’exposition de matériel, maquettes, photos, etc organisée à cette occasion.