Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 6 septembre 2016.

Bryce DOMIGAN / 1342347
13 Playingfield Crescent, Crosshouse, Kilmarnock, Ecosse.
Né le 10 novembre 1920 / † ?
Sgt, RAF Bomber Command 408 RCAF Squadron, bombardier.
Lieu d'atterrissage : dans un bois à Udenhout, à une dizaine de km au sud-est de ‘s-Hertogenbosch, Pays-Bas.
Handley Page Halifax B MK II, DT769, EQ-J, abattu la nuit du 13 au 14 juillet 43 lors d'une mission sur Aachen par le Lt Rolf Bussman du 1./NJG1.
Ecrasé à 01h40 à Fellenoord, faubourg au nord-est de Einhoven, Noord-Brabant, Pays-Bas.
Durée : 2 mois.
Arrêté : A Saint-Jean-de-Luz le 10 septembre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport post-libération Lib 1416 disponible.

Le Halifax décolle de Leeming à 22h30 le 13 juillet. Sur le vol du retour, il est attaqué par le chasseur allemand. L’appareil, trop endommagé, doit être évacué et seuls deux hommes survivront, Bryce Domigan et le navigateur F/O James John Kelly. Ce dernier sera rapidement arrêté et envoyé en camp, interné au Stalag Luft 3, prisonnier n° 1776. Cinq membres de l’équipage seront tués : le pilote canadien, P/O Alan Osborn Smuck ; le mécanicien Sgt John Foggon, 19 ans ; l’opérateur radio/mitrailleur Sgt Robert Barneveld, 19 ans ; le mitrailleur arrière Sgt Douglas George McKay ; le mitrailleur dorsal canadien Sgt David Lloyd George Brown, 20 ans. Ce dernier repose au Canadian War Cemetery de Bergen-op-Zoom, tandis que les quatre autres sont inhumés au Tilburg General Cemetery Vredehof à la Gilzerbaan, Tilburg, Pays-Bas.

Bryce Domigan atterrit dans un bois et, échappant à des soldats allemands patrouillant dans le secteur, il marche pendant 5 km avant de se reposer dans un buisson. Il reste deux jours dans cette forêt et le 16 juillet se met en route. Il traverse le village d’Udenhout et s’adresse à une maison, y demandant un peu de lait. L’homme qui l’accueille lui conseille de traverser un champ où un jeune homme travaillait dans des buissons. Domigan s’exécute et le jeune homme, qui parle un peu l’anglais, le mène à une ferme où l’aviateur reçoit un repas chaud. Le jeune homme lui remet alors une salopette, quelques victuailles et lui indique la route à suivre vers Tilburg.

Domigan se met en marche vers Tilburg, qu’il atteint au matin du 17 juillet. Il passe alors deux jours dans l’étable d’une ferme juste à l’ouest de la ville. Le fermier (nom inconnu) ne parle pas l’anglais, mais le met en contact avec une infirmière et un prêtre catholique (noms inconnus) qui connaît un peu d’anglais. Ces personnes, craignant trop la réaction de l’occupant et ne pouvant lui être d’aucune aide, Domigan quitte la ferme le 19 juillet et se dirige alors vers la frontière belge. Il atteint la route principale (la Roosendaalsebaan ?) longeant le champ d’aviation de Breda et sa présence n’est pas remarquée. Le 20 juillet, il traverse la frontière juste au nord de Merksplas et vers 9 heures du matin, il s’y adresse à une ferme. Le fermier lui donne des œufs à manger et lui remet un caban en caoutchouc. Domigan quitte la ferme vers 17h00 et marche vers le sud sur les conseils du fermier. La nuit suivante, il dort dans une charrette près de Geel (étant vraisemblablement passé près de Turnhout) et il marche ensuite toute la journée du 21 juillet en direction de Diest. Il rencontre trois ouvriers de ferme qui, bien que ne parlant pas l’anglais, lui font comprendre que l’un d’entre eux est membre d’une organisation. L’un des hommes va chercher son supérieur et dès qu’il a pu prouver qu’il est bien un aviateur britannique, ils le mènent vers une maison où il passe la nuit. Son rapport Lib, qui ne mentionne aucun nom de Helper indique seulement que dès ce moment son évasion est organisée.

Domigan se retrouve ensuite à Heppen, près de Leopoldsburg, avec la belle-soeur de Peter "Jozef" CLAES, commissaire de police adjoint d'Aarschot et agent de Marc. Jozef CLAES et Jules ROELANTS le prennent en charge le 26 juillet 43 chez un forgeron de Tessenderlo et l'abritent quelques semaines à Aarschot. La Witte Brigade Fidelio de Malines s'en charge alors.

Nous ignorons par qui et comment Domigan arrive à Bruxelles. Une source indique qu’il aurait pu être aidé à Hombeek (Malines/Mechelen) par Theo GEETS et Adolphe NOBELS, mais ceci n’est pas confirmé. Arrivé à Bruxelles, Domigan est remis à Aline DUMONT et logé trois jours chez René PIRART au 8 Rue des Tournesols à Anderlecht.

Guidé en train depuis Bruxelles jusqu’à Bordeaux et Bayonne via Paris, Bryce Domigan arrive dans le Sud de la France, au pied des Pyrénées. Le 10 septembre 43, Denise HOUGET, Jean-François NOTHOMB, Adriaan Van Bemmel et Bryce Domigan rejoignent Saint-Jean de-Luz à vélo, les deux Belges pédalant une centaine de mètres devant les aviateurs. Une patrouille allemande surgit soudain d'un chemin latéral. Malgré les signes désespérés de NOTHOMB avec son béret, Van Bemmel et Domigan continuent et rencontrent les Feldgendarmes. Ces derniers leur demandent leurs papiers et, constatant leur impossibilité de communiquer, les arrêtent tous deux.

Il s'agissait du 55e passage de Comète via Saint-Jean-de-Luz et la rivière Bidassoa formant une frontière naturelle entre la France et l’Espagne. Domigan et Van Bemmel sont alors conduits par deux soldats allemands à la gare de Saint-Jean-de-Luz où l’officier qui les interroge et consulte leurs (faux) papiers d’identité n’est pas du tout certain qu’ils soient des Britanniques ou pas. Amenés au QG de la Wehrmacht à Hendaye le lendemain 12 septembre, ils sont ensuite conduits au QG de la Gestapo à Hendaye et après interrogatoire, ils partent en train pour Paris.

Comme tous les militaires pris en tenue civile au Sud de la ligne de démarcation, ils sont considérés comme espions et la Gestapo les interne à Fresnes (prison de Paris) où ils subissent de nombreux interrogatoires. Les deux aviateurs ne rejoignirent un camp de prisonniers qu'à l'issue de cette enquête, en février 1944.

Jozef CLAES et son frère Léon furent pris dans une descente à Aarschot. Deux jours plus tard, trois autres résistants belges sont arrêtés. Jozef CLAES est exécuté avec Lambert Jozef VAN HORICK (arrêté le 24 octobre) le 30 novembre 1943 au camp Polygone à Maria ter Heide, Brasschaat (Anvers). Les autres Résistants d'Aarschot furent déportés comme Nacht und Nebel. Seuls Georges MERTENS et Frans STORMS du même groupe de Résistance purent s'échapper et survécurent à la guerre.

Dans son rapport Lib, Domigan indique qu’arrivé à la prison de Fresnes, il a été placé en cellule d’isolement, soumis à un régime strict, limité à de la soupe et du pain. Durant tout le temps qu’il a passé là, il a reçu la visite à 2 ou 3 reprises d’un officier de la Luftwaffe qui lui promettait l’envoi en camp de prisonniers s’il dévoilait le n° de son Squadron et l’objectif de sa mission la nuit où son avion avait été abattu. Domigan refusa de donner ces informations et resta en cellule - avec le même régime alimentaire - durant "6 mois" (selon son rapport Lib, mais en fait environ 4 mois). A la fin janvier 1944, Domigan fait partie d’un groupe de 25 prisonniers, dont le Lt américain "Bethell" (en fait, Van Bemmel) et un F/Lt RAF nommé Ball (vraisemblablement le F/Lt Geoffrey Francis Ball, 182 Squadron - pilote du Typhoon JP400, abattu le 19 août 1943 dans la Somme) qui sont transférés en train vers Francfort où ils sont placés d’abord dans une prison civile. Domigan y reste 17 jours et est envoyé en février en train au Centre d’Interrogation Dulag Luft à Oberursel près de Francfort. Il y reste 2 jours et part ensuite au Stalag Luft 6 où il est interné jusqu’en juillet 1944. De là, on l’envoie au Stalag 357 à Thron avant de le transférer au Stalag 357 de Fallingbostel d’août 1944 à avril 1945. Prisonnier n° 1476, il est libéré à Luneburg le 2 mai 1945 par une unité de la 11th Armoured Division (blindée) Britannique. Par étapes, il est conduit à l’aérodrome de Rheine, d’où il rentre en avion en Angleterre le 10 mai 1945. Il est interviewé le 22 octobre 1945 pour l’établissement de son Lib Report.

Voir le site http://www.hangarflying.eu/fr/node/198 d’où proviennent certains détails du texte ci-dessus.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters