Dernière mise à jour le 4 novembre 2017.
Joseph Matthew HAGER / 33168527
Route #1, Freeport, Armstrong County, Pennsylvania, USA.
Né le 20 mars 1918 à Pittsburgh, Pennsylvanie / † le 23 juin 2015 à Natrona Heights, Pennsylvanie, USA
S/Sgt, USAAF 323 Bomber Group 453 Squadron, mitrailleur ventral.
Lieu d'atterrissage près de Vraignes-lez-Hornoy, Somme, France.
Martin B-26 Marauder, 41-34706, VT-H / Miss Fortune, abattu par la Flak le 31 juillet 1943 lors d'une mission sur l'aérodrome de Poix-de-Picardie, Somme, France.
Ecrasé à Vraignes-lès-Hornoy, Somme, France.
Durée : 2 semaines.
Passage des Pyrénées : le 14 août 1943.
Rapport de perte d'équipage MACR 213. Rapport d'évasion E&E 84 disponible en ligne.
L'appareil décolle de Earls Colne et guide la formation, en pointe de la 453e escadrille. Vers 11h25 à 10.000 pieds (3000 mètres) à l'approche au-dessus de l'objectif, l'appareil est touché dans la soute à bombes et l'aile droite les ailes et le fuselage, puis dans le moteur gauche. L'interphone ne permet plus de communiquer et Hager voit les ailes se désintégrer et un violent incendie se déclarer dans le poste avant, l'empêchant d'atteindre le pilote et les autres à l'avant de l'appareil. L'avion part en vrille et le bombardier/navigateur, George P. Edwards, bien que grièvement blessé, parvient à larguer les bombes. L'avion pique du nez puis remonte tout droit, le nez vers le ciel. L'équipage d'un B-26 voisin voit quelques hommes sauter. Il y aura quatre morts (le Capitaine John P. Lipscomb, pilote (Commanding Officer du 453rd Squadron) ; le 2nd Lt Roger Morwood, bombardier, le S/Sgt Roland E. Clark, radio et le Lt George P. Edwards, navigateur. Celui-ci est abattu dans son parachute avant son arrivée au sol. Lipscomb, Clark et Edwards reposent au Cimetière Américain de Normandie à Colleville-sur-Mer. Le corps du Lt Morwood a été rapatrié aux Etats-Unis où il repose au Forest Park Cemetery à Houston, Texas.
Le S/Sgt William Crowe mitrailleur dorsal et le Sgt James P. Berry, mitrailleur de queue, sautent avant Hager qui, lui, quitte l'appareil à 2000 m. Du sol, des mitrailleurs allemands tirent sur lui pendant sa chute et l'atteignent à la cheville. Une cheville en sang, il atterrit dans un champ d'avoine en apercevant le B-26 qui explose dans le ciel dans un fracas de fumée et de flammes. Hager atterrit ainsi à 300 mètres de son appareil et roule son parachute quand des Français lui font signe de se coucher. Il rampe alors plus loin et, après une heure, est recouvert d'avoine. Les fermiers font semblant de travailler en lui soignant sa jambe. Ils lui passent des habits civils qu'il enfile progressivement sur son uniforme. Il rampe jusqu'à un bois et deux hommes reviennent comme promis. La liste des Helpers français ne reprend qu’un seul nom à Vraignes-lès-Hornoy. Il s’agit de Alfred OBIN, au sujet duquel nous n’avons pas d’autres renseignements, mais dont nous ne pouvons que supposer qu’il a pu intervenir de l’une ou l’autre manière dans l’évasion de Crowe et Hager, tous deux tombés à proximité…
Quelques heures plus tard, Hager retrouve Crowe dans un village voisin et ils poursuivent ensemble leur évasion. Des patrouilles allemandes ratissent les environs et les deux hommes manquent souvent d'être repérés. On leur conseille de ne jamais engager de conversation avec quiconque et de toujours suivre leurs guides. Le Sgt Berry les rejoint à un certain moment et les trois hommes sont convoyés à bord d’une voiture. Lors d’un arrêt, Berry quitte un instant le véhicule pour aller fumer une cigarette un peu plus loin… et se fera arrêter par ce que les deux autres pensent être des SS. Berry sera interné au Stalag Luft 3 à Sagan, Pologne.
Hager est emmené par Joseph BALFE de l'Hôtel de France à Hornoy-le-Bourg, en Somme le 31 juillet. Ils rejoignent Crowe dans son café à 20 heures. Ils vont ensuite dormir dans le grenier d'une ferme. Un jeune Belge travaillant dans un aérodrome voisin les aide. Jean Marie Auguste GILBERT, du 1447 Chaussée d'Alsemberg à Uccle-Bruxelles, a été arrêté à Amiens en voulant rejoindre l'Angleterre et devait travailler à l'aérodrome de Beauvais-Tillé, puis pour Siemens à Poix. GILBERT aide Balfe durant six mois à partir de juin 42 jusqu'au 12 novembre 43. BALFE le fait alors partir pour l'Angleterre.
Le lendemain, 1er août, Hager et Crowe sont guidés vers une maison vide où ils restent 5 journées, dormant la nuit à la ferme. BALFE les visite tous les jours à la maison. Durant leur séjour, une infirmière française vient prendre leur photo et dit qu'ils seront emmenés en Suisse. Mais BALFE leur dit qu'il connaît une autre organisation plus efficace.
Le 5 août, Joseph Patrick BALFE (fils) et GILBERT conduisent Crowe et Hager à Amiens chez le coiffeur René LEMATTRE au n°3 Rue Blin de Bourdon près de la gare Saint-Roch à Amiens. LEMATTRE, 33 ans, qui est un ami de résistance, est identifié comme "Jean Le Maitre" dans le rapport de l’aviateur Thomas Slack (voir sa page.) De plus, bien que tous les rapports mentionnent "Jean", il s’avère qu’il s’agit bien de René LEMATTRE, coiffeur tout comme son épouse Odette à l’adresse ci-dessus et repris sous ces noms à la liste des Helpers français. La confusion provient vraisemblablement de ce que son pseudo de guerre était "Jean-Marie LEMAITRE"... Hager et Crowe logent deux jours chez les LEMATTRE. John BALFE vient les prévenir le 6 qu'ils partiront le lendemain. Le 7 août, Joseph BALFE et Jean GILBERT les guident en train à Corbie. Ils vont alors chez "Nanette" et son compagnon russe dans un village voisin. Il s'agit de Renée "Nenette" BOULANGER et Ignace SOBIESZUK, fermiers, Rue de Corbie à Hamelet, chez qui ils restent deux jours.
Le 9 août, un homme vient les questionner et les identifier. Cet homme les prend à Paris et les conduit à une église, leur disant qu'ils vont rencontrer une femme portant un journal. Crowe et Hager sont vraisemblablement guidés à Paris par Marcel ROGER et sont alors pris en charge par Comète. Ils lui passent leurs photos dans l'église pour confection de faux papiers. La femme avec son journal apparaît et passe ledit journal à un jeune homme qu'ils suivent jusqu'à un magasin de papier à tapisser et son appartement. Ils y restent dans une chambre à l’écart. Il doit s'agir ici de Vassili LAMI, époux de Albertine VERHULST, peintre-décorateur. Vassili LAMI, né à Ovieto (Italie) le 4 avril 1914, est renseigné comme habitant au 151 Boulevard Davout, non loin de la Rue du Cher. Il a été arrêté le 27 juillet 1944 et envoyé au camp de Neuengamme en Allemagne par le convoi du 29 août 1944. Il est décédé le 7 avril 1945 à Luneburg (Allemagne.) Son adresse n’est pas loin d’une autre cache du groupe de Fernande PHAL épouse ONIMUS au n° 7 Rue du Cher à Paris XXe (Place Gambetta, maison connue des aviateurs comme "maison à 4 pattes" car il faut en effet rentrer dans une pièce secrète par une sorte de cheminée.)
Marcel ROGER vient les voir le 10 août avec des faux papiers et des vêtements, et leur dit qu'ils seront conduits à une femme le lendemain. Le 11 août, Crowe et Hager partent pour Bordeaux avec une femme. Elle cherche "Franco" (Jean-François NOTHOMB) à l'arrivée, et ils repartent pour Dax avec lui depuis une autre gare.
Hager se souvient que lors de l'un des voyages, dans un silence pesant, Crowe et lui se trouvaient assis en face de deux soldats allemands mangeant des pommes, leurs genoux frôlant les leurs. La tension était grande et ne fut levée que lorsque le convoi fut la cible de tirs (d'avions ? de partisans ?) et que des éclats de verre furent projetés un peu partout.
A Dax, le 12, ils prennent trois vélos et y rencontrent "deux Français" (Athur Daubleu, qui en fait est Belge et Pierre Leclerq) et un Belge, Charles-Emile d'Oultremont. Ils vont dormir à l'étage du café "Chez Pierre" au 12 Quai Augustin Chabo à Bayonne (chez Pierre ARRIEUMERLOU et son épouse Catherine, née LESCOULIER). Le 13 août, ils repartent à vélo vers Saint-Jean-de-Luz et atteignent l'orée d'un bois au pied des Pyrénées.
C'est le 51e passage de Comète avec comme guide Jean-François NOTHOMB par l'itinéraire de Saint-Jean-de-Luz, du groupe de William Crowe, Joseph Hager, Arthur Daubleu et Pierre Leclerq. Le 14 août, ils arrivent à une ferme et partent vers 15 heures prendre un tram vers San Sebastian. Ils y restent deux jours, Michael CRESWELL venant les prendre en voiture le 16.
Crowe et Hager sont conduits en auto vers Madrid où ils restent cinq jours à l'ambassade britannique, interrogés par le major Clark le 17, avant de gagner Gibraltar en train le 21, où ils sont interrogés par le major Lewis le 22. Ils sont transportés par air, d'abord vers l'Afrique à Marrakech le 24 août puis vers Londres le 27. Après une tournée dans 14 bases de l'USAAF en Angleterre pour raconter leur évasion, Crowe et Hager sont rapatriés aux Etats-Unis le 15 octobre 1943.
Joseph Hager restera en service comme instructeur de tir jusqu'à sa démobilisation le 29 octobre 1945. Il repose au Saint Marys Cemetery à Freeport, Pennsylvanie, USA.