Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 12 mars 2024.

Ronald Ian MURRAY / Aus 419202
2 Sarnia Avenue, Mildura, Victoria Province, Australie
Né le 10 décembre 1923 à Mildura, Victoria Province, Australia / en vie en 2022
Fl/Sgt, RAF Bomber Command 44 Squadron "Rhodesian", Bombardier
Atterri aux environs des localités de Brou, Arrou et Chapelle-Royale, au nord-ouest de Châteaudun, Eure-et-Loir, France.
Avro Lancaster Mk I, n° série ME694, KM-L, abattu la nuit du 25 au 26 juillet 1944 lors d'une mission sur Stuttgart.
Écrasé entre Langey et Cloyes-sur-le-Loir, Eure-et-Loir, France.
Durée : 1 mois.
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3348/319.

L'appareil décolle à 21h10 de Dunholme Lodge et a été touché par une bombe d'un autre appareil qui brûlait au-dessus de lui. Le mitrailleur F/S Thomas William Whitehand, 20 ans, est tué. Il repose au Cimetière Saint-Pierre à Amiens. Outre Ian Murray, cinq autres hommes parviendront à s'évader : Edwin Greatz, Dudley Ibbotson, Frank Wells, Ken Andrews et Joseph Worrall.


L'équipage du Lancaster ME694 KM-L en mai 1944, depuis la gauche :
Tom Whitehand Anglais Mitrailleur dorsal (tué), Frank Wells Anglais Mitrailleur arrière, Ken Andrews Anglais Radio,
Ted Greatz Australien Navigateur, Dud Ibbotson Australien Pilote, Ray Worrall Anglais Mécanicien, Ian Murray Australien Bombardier

Ian Murray quitte l'appareil le premier, à à environ 2000 m, et atterrit dans un champ près d'Amiens. Il marche vers le Nord et vers 03h00 du matin, il s'endort dans un fossé à l'abri d'une haie et est réveillé vers 04h30 par le vrombissement de Lancasters rentrant vers l'Angleterre. Il se remet en route et peu après le lever du soleil aperçoit une ferme où plusieurs personnes se préparent pour la traite de vaches paissant dans le pré.

Il s'adresse à une des jeunes filles, qui lui indique d'aller voir son père à l'intérieur de la ferme. Le fermier l'accueille dans la cuisine et sa femme lui prépare une omelette et du café. Il essaie sans succès de faire comprendre qu'il souhaite joindre le QG des Forces britanniques à Bayeux et le fermier l'installe pour la nuit dans une grange. Il reste caché trois jours dans cette ferme, ne quittant sa cachette que dans les soirées, pour se dégourdir les jambes.

Au matin du 3ème jour, on lui présente dans la cuisine une jeune femme, institutrice du village, qui se débrouille vaguement en anglais et Murray lui explique son problème. Le lendemain, la femme revient avec son mari, membre de la résistance locale. L'homme lui déconseille de se rendre en Normandie, trop de troupes allemandes se trouvant encore sur l'itinéraire qu'il emprunterait.

Dans la soirée, un autre homme, "Georges", arrive à la ferme, se présente comme le fiancé d'une institutrice d'un autre village et lui remet un papier de sa part disant qu'on avait récupéré son navigateur, Edwin Greatz. Lorsque Georges lui montre également une petite boussole dont Murray sait que c'était un cadeau fait à Greatz par une petite amie anglaise, il commence à se méfier, pensant que Greatz ne se serait jamais séparé de cet objet si personnel. Murray demande de rencontrer son navigateur. Il se change et revêt une chemise et une salopette, replie son pantalon sur ses bottes de vol et il accompagne Georges jusqu'à un petit village à environ 7 km. Ils frappent à la porte arrière d'un atelier de maréchalerie où on les fait entrer. A la lumière d'une chandelle, Georges le mène à l'étage et, après avoir enlevé deux planches couvrant un mur latéral de la cage d'escalier, lui dit que c'est là qu'il devrait se cacher pour le cas où des Allemands arriveraient. De plus en plus inquiet, Murray demande où se trouve son navigateur, ce à quoi Georges répond "Demain..." et le conduit à une chambre à l'étage où Murray finit bientôt par s'endormir. Il est réveillé par le bruit de camions allemands empruntant la route sous sa fenêtre, mais il n'ose pas se montrer et est persuadé maintenant que Greatz doit être torturé ou est peut-être mort. Selon des informations communiquées en juin 2014 par Claire Cornic, son père Georges CORNIC, de Chapelle-Royale, qui connaissait le docteur Pierre BIÉTRIX de Courtalain, a aidé Edwin Greatz et Ronald Murray à rejoindre au début du mois d’août le camp de Bellande, dans la Forêt de Fréteval. Nous supposons donc que le "Georges" cité ici est Georges CORNIC.

Le lendemain matin au déjeuner, Georges lui apporte un steak, probablement de cheval pense Murray, lui dit qu'il avait été emprisonné pendant neuf mois par les Allemands pour refus de travailler pour eux et le quitte après avoir annoncé le passage dans l'après-midi d'un médecin, qui le prendrait dans sa voiture pour le conduire auprès de Greatz. Ce médecin pourrait donc être le docteur BIÉTRIX cité plus haut.

Effectivement, vers 16h00 une voiture s'arrête devant la maison et un homme et une femme montent dans sa chambre. La femme s'adresse à lui en premier dans un bon anglais et lui dit qu'il va être conduit dans un camp où il pourra rencontrer plusieurs membres de son équipage. Il accompagne donc la femme et le docteur en voiture et passent d'abord chez une dame écossaise vivant dans le coin à la demande de celle-ci, qui souhaitait parler à un compatriote, ce qui lui manquait depuis 1938.

Après cette rencontre qui dura environ une heure, le groupe roule jusqu'à un autre village où Murray est pris en charge par une famille, de laquelle il apprend des détails concernant un camp dans la Forêt de Fréteval proche et où sont cachés plus d'une centaine d'aviateurs alliés. Il y est mené à vélo le lendemain et à sa grande joie, retrouve Dudley Ibbotson, Ken Andrews, Raymond Worrall et Edwin Greatz.

Celui-ci lui explique que dans sa joie d'être recueilli par la résistance, il avait spontanément donné la boussole à ses nouveaux amis sans penser à ce moment qu'il devrait donner un jour une explication à sa petite amie anglaise... Ibbotson, quant à lui, avait atterri chanceusement à seulement 300 m du camp et avait donc pu sauvegarder son parachute, qui servit de couverture pour une dizaine d'hommes.

Son mitrailleur arrière, Frank Wells, arriva quelques jours après. Il avait été blessé accidentellement par le coup d'un revolver exhibé par de jeunes résistants. Ils attendirent tous vainement l'arrivée de leur autre mitrailleur, le Fl/Sgt Thomas William Whitehand - 3000298 - et n'apprirent que plus tard qu'il avait été tué.

Le camp de Fréteval est libéré le 13 août par des troupes américaines et Ian Murray est interrogé à Londres le 17 août 1944 par l'I.S. 9. Murray est démobilisé en Australie le 1er avril 1946.

Voir aussi le site Web de Murray à http://www.ian.com.au/contact/default.htm.


Lors d’une réunion à Mildura en 1955 :
de gauche à droite, Dudley Ibbotson, Kenneth Andrews, Ian Murray et Edwin Greatz.


Ronald Ian Murray en avril 2014 - photo de « The Guardian », journal local australien
(http://www.theguardian.com.au/story/2240768/it-was-an-adventure/)


Autres photos de Ronald Ian Murray, provenant de son dossier militaire (Australian WWII Service Records)


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters