Aviateurs de l'opération Marathon

Dernière mise à jour le 17 avril 2023.

William Edward STRUCK ("Bill")/ R.197206
Preston, Ontario, Canada
Né le 20 mars 1925 à New Dundee, Canada / † le 17 novembre 1997 à Cambridge, Ontario, Canada
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 100 Squadron, mitrailleur arrière
Lieu d'atterrissage : près de Ménestreau-en-Villette.
Avro Lancaster BI/BIII - LM621, HW-C abattu par un chasseur de nuit (et/ou par la Flak) lors d’une mission sur les installations ferroviaires de Vierzon, dans le Cher, le 1er juillet 1944.
Écrasé dans un bois près de Vouzon, à 5 km au nord-est de Lamotte-Beuvron, Loir et Cher, France.
Durée : 7 semaines.
Camps Marathon : Fréteval

Informations complémentaires :

Rapport d’évasion SPG 3321/2129.

Le Lancaster décolle à 22h06 de Grimsby et est atteint à hauteur de Ménestreau-en-Villette, au sud d’Orléans. Le mitrailleur dorsal F/Sgt John Eason Sharpley sera tué. Il repose au cimetière communal de Vouzon, Loir-et-Cher. Le mécanicien Sgt Harry Dale - 1512979 - est arrêté et sera interné comme Prisonnier 259 au Stalag Luft 7.

Dans une attestation datée du 14 août 1944 et qui figure dans son rapport d’évasion E&E 1086, le bombardier F/O James Douglas Frink - T.223124, américain détaché au RAF 100 Squadron, signale que du 1er au 12 juillet, il se trouvait dans une maison, sous la protection et les soins de maquisards, près de la route entre Menestreau ( =Ménestreau-en-Villette) et Orléans en compagnie de son pilote P/O William Kay, du navigateur F/Sgt Frederick Harold Fulsher et de William Struck. Ce dernier avait été blessé lors de l’explosion d’un obus et avait été trouvé, inconscient, par des membres de la Résistance après son atterrissage en parachute. Le 12 juillet, n’ayant pas pu entrer en contact, via le Maquis, avec l’Angleterre, les quatre évadés quittent le camp, séparés en 2 groupes. Kay et Fulsher voyagent ensemble et seront arrêtés par la suite à Paris le 19 juillet, suite à l’action du traître Jacques Désoubrie. Ils passeront tous deux par la Prison de Fresnes, puis le camp de concentration de Buchenwald avant d’être repris en charge par la Luftwaffe et transférés le 19 octobre 1944 au Stalag Luft 3 à Sagan, Pologne. Quant à l’opérateur radio, le Sgt Ernest Harrop, il réussira son évasion, restant près du lieu de son atterrissage et allant à la rencontre de troupes américaines à la libération d’Orléans le 16 août 1944 (SPG 3324/2638).

Frink poursuit : William Struck et lui se dirigent à pied vers la Normandie dans l’espoir de rencontrer des troupes Alliées. Le 20 juillet, ils contactent un groupe de Résistance à Louvigny, dans la Sarthe. Il cite plus loin "Jean BEDOUIN" ( ?) de Louvigny. On leur procure des vêtements civils et ils sont placés dans une ferme à environ 1 km de Louvigny où ils restent jusqu’au 3 août. A cette date, les Résistants les conduisent dans un camion de laiterie jusqu’à Montmirail, toujours en Sarthe, et les placent dans la famille "BASHILLEE (phonetic)" (en fait, chez Jean BACHELIER, chef du Maquis local). Frink quitte la ferme le 11 août, Struck restant chez BACHELIER. Frink rencontre finalement des troupes américaines au Mans et, malgré ses demandes de pouvoir retourner à Montmirail et retrouver Struck, il n’y est pas autorisé. Dans l’Appendix "C" de son rapport, daté de la veille (le 13 août 1944), Frink modifie un peu les lieux et les dates : après leur départ de Ménestreau-en-Villette, c’est à Mamers, au nord du Mans, que Struck et lui contactent la Résistance, restant là jusqu’au 20 juillet, jour où on les conduit à Montmirail où ils sont hébergés jusqu’au 11 août dans une famille (les BACHELIER, donc…). De Montmirail, ils sont conduits en camion de laiterie jusqu’à Vibraye. Vu des rumeurs indiquant que les Allemands allaient arrêter tout le monde, Frink indique qu’ils ("we") se rendent immédiatement à "St Mars" (ce doit être Saint-Mars-la-Brière) et le lendemain au Mans où ils ("we") sont récupérés par des troupes américaines. Il poursuit en disant que plus tard, il tenta vainement de retourner à Saint-Mars-la-Brière pour retrouver Struck, qui en fait ne faisait pas partie du "we"…

Frink mentionne que Struck a été "picked up by tank unit" (récupéré par une unité blindée) et il s’avère que cela s’est passé à Montmirail le 13 août 1944, Struck rencontrant le groupe "Sherwood" (Opération Marathon) à Busloup, quelques kilomètres au sud de Bellande (Forêt de Fréteval). C’est ainsi que le nom de Struck se retrouve lié aux évadés cachés à Fréteval.

Conduit jusqu’à Paris où il est interrogé une première fois, William Struck quitte la France par avion le 18 août 1944 et arrive le même jour à Northolt, d’où il sera mené à Londres pour nouvel interrogatoire et établissement de son rapport d’évasion.

William Struck s’était engagé à l’âge de 14 ans dans la Highland Light Infantry of Canada et se porta volontaire pour servir sur les théâtres d’opérations dès sa mobilisation en juin 1940. Lorsque cette unité fut envoyée outremer en juillet 1941, il n’avait pas encore 18 ans et il fut renvoyé vers ses foyers. Il s’engagea alors dans le Perth County Regiment et à peine transféré vers la côte Est du pays, se vit à nouveau recaler car trop jeune. Une 3ème tentative, le 23 mars 1942, cette fois avec les Scots Fusiliers of Canada, échoua pour la même raison. Cela ne l’empêcha pas de s’engager quelques mois après, en août 1942, dans la Royal Canadian Air Force. Après son entraînement de mitrailleur, il est envoyé en Europe et sert dans le RAF No. 100 Squadron. Il est revenu à Vouzon en 1995, peu de temps avant son décès.

La photo en uniforme nous a été transmise en février 2017 par son fils Patrick, que nous remercions ici.

La photo de gauche en médaillon et certains détails biographiques proviennent de sa page sur le site https://www.cambridge.ca/en/learn-about/cambridge-hall-of-fame.aspx


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters