Dernière mise à jour le 20 avril 2021.
William Cecil ANDERSON / R.70818
Box 19, Arran, Saskatchewan, Canada
Né le 26 décembre 1915 à Brandon, Manitoba, Canada / † le 27 juillet 2010 à Belleville, Ontario, Canada
Sergent, RAF 619 Squadron, mécanicien
Atterri à 12 km au Nord-Ouest de Liège.
AVRO Lancaster MkIII–ED978, PG-B abattu au-dessus du Limbourg belge par l’Oblt. Walter Barte du 4./NJG 1, lors de la mission du 11-12 juin 1943 sur Düsseldorf en Allemagne.
Écrasé sur un remblai de chemin de fer près de la Neremweg à quelques kilomètres au Sud-Est de Tongeren, Belgique,
Durée : 8 semaines.
Arrêté à Paris le 7 août 1943, ligne Jackson.
Rapport LIB 563 établi le 29 mai 1945 (obtenu en avril 2021 via notre ami canadien Michael LeBlanc).
Le Lancaster décolle de Windhall Spa le 11 juin 1943 à 22h37, dans cette toute première opération, tant pour le 619 Squadron que pour ce Lancaster ED978.
En route vers l’objectif, l’appareil rencontre quelques ennuis mécaniques et à l’approche de Köln (Cologne) environ 20 minutes avant d’atteindre Düsseldorf, il est attaqué par le chasseur Ju88 de Barte. Le Lancaster se trouve à 4000 m d’altitude lorsque le pilote, F/L Taylor donne l’ordre d’évacuer l’appareil en feu. Tous les aviateurs atterrissent en parachute. Certaines sources indiquent que le mitrailleur arrière Chisholm parvint à abattre le Junker lors d’une deuxième attaque. Si c’est bien le cas, l’Oblt Barte aura en tout cas survécu car il a été actif jusqu’à la fin de la guerre.
Le pilote, F/L Colin Ogden Taylor parviendra à s’évader et rentre en Angleterre le 5 septembre 1943 (SPG 3314/1391). Certaines sources le mentionnent erronément comme ayant été fait prisonnier. Le navigateur F/O Stewart E. Harris (sévèrement traité par la Gestapo avant son envoi au Stalag Luft 3, sera rapatrié le 2 février 1945 à bord du "Laetitia" dans la cadre d’un échange de prisonniers), l’opérateur radio Sgt Douglas Ernest Inggs, le mitrailleur arrière Sgt Ronald Edward Chisholm, un Américain engagé dans la RCAF et le mitrailleur dorsal Sgt J. H. Henderson (blessé, hospitalisé) sont immédiatement faits prisonniers. Le bombardier Sgt Roy Evans pourra s’évader pendant quelques semaines avant d’être arrêté le 18 septembre 1943 près de Waterloo.
Quant à William Anderson (la présente fiche), il atterrit vers 1h25 dans la nuit du 12 juin. Il enterre immédiatement son parachute et sa Mae West et se met à marcher en direction du sud-ouest. Se cachant de jour et ne bougeant que la nuit, après quatre jours de marche il rencontre un fermier près de Saint-Georges-sur-Meuse, au sud-ouest de Liège. Le fermier le conduit chez lui et Anderson loge là pendant quatre jours, y recevant des vêtements civils. Il se remet en route, traverse la Meuse et arrive au village de Fraiture où, vers le 20 juin (son rapport LIB mentionne erronément le 20 septembre…) il rencontre 3 "Lieutenants", membres de la Résistance. Dans l’Appendix C de son rapport LIB, Anderson ne cite comme Helper que le Sergent DELBROUCK, qui lui a fourni de la nourriture, le logement et des vêtements civils, du 16 au 20 juin… La liste des Helpers belges reprend bien Adolphe DELBROUCK et une ferme aux abords de Saint-Georges-sur-Meuse.
Anderson rapporte qu’après les 4 jours restés en compagnie de ces hommes, on le déplace à environ 20 km à l’ouest de Fraiture, dans la "maison" de l’Ambassadeur de Belgique auprès des USA. Des recherches nous permettent de préciser qu’il doit s’agir ici du Château de Ponthoz, rue de Ponthoz, sur la commune de Clavier, à une vingtaine de km au sud-ouest de Fraiture. Ce château était propriété du Comte Robert VAN DER STRAETEN-PONTHOZ, effectivement ambassadeur aux USA de 1935 à 1945. Le nom du comte, qui a vraisemblablement passé la guerre aux États-Unis, n’apparaît pas dans la liste des Helpers belges. Cette liste reprend, à la lettre P : "PONTHOZ – Concierge des Château, Ponthoz Liège". C’est donc ce concierge dont le nom restera inconnu, qui aura pris tous les risques dans la propriété de son employeur. Anderson indique qu’il est resté là pendant 19 jours et qu’il s’y trouvait en compagnie du "Lieutenant Count d’OUTREMONTE" qui déclarait envoyer des messages vers Londres. Il s’agit en fait de Charles-Émile d’OULTREMONT. Anderson ajoute que c’est là qu’on lui a donné un revolver.
Après ce premier séjour au château, Anderson va loger 4 jours chez Paul OTTO, un chimiste à Ochain-Clavier. De là, il retourne loger au château pour quelques jours avant d’être envoyé par train à Bruxelles. Il indique que ce voyage a été organisé par "N. du VERCHIERS" (?), qui avait servi d’interprète aux forces Britanniques durant la guerre 1914-1918. Il signale qu’arrivé à Bruxelles, il fut pris en charge par Mlle Dominique PAULI, vivant avec sa mère Isabelle ANSPACH (Veuve PAULI) au 30 Rue de Naples à Ixelles. Il y reste du 19 juillet au 5 août, avec une interruption de quelques jours.
Les archives de Comète mentionnent qu’Anderson a été aidé par Ernest Van Moorleghem. Anderson ne le mentionne pas et rapporte une tentative de le faire passer en France, ainsi que deux guides et le Flight Officer Reginald Giddey qui était arrivé chez Isabelle PAULI-ANSPACH le 26 juillet. Anderson y reste du 19 juillet au 5 août. Le contact n’ayant pas pu être établi avec un nouveau guide à Sivry, Anderson (qui ne dit pas si Giddey l’accompagne ou pas) retourne loger 3 jours chez Isabelle ANSPACH. Sivry-Rance se trouve tout près de la frontière française, au sud-ouest de Charleroi.
Anderson rapporte qu’à Bruxelles, il est passé ensuite à 3 personnes différentes dont il ignore les noms, avant d’être mené dans une grande maison à Bruxelles où il rejoint un groupe de 10 évadés Alliés. Selon les archives de Comète, Anderson a été remis à Madeleine MERJAY, directrice d'une maison d'œuvres (le "Home de la Femme") au 34 Avenue Voltaire à Schaerbeek, puis à Élisabeth BISSOT, du 25 Rue Klipveld à Uccle. Cette dernière sera arrêtée, envoyée en Allemagne et internée au camp de Ravensbrück. Elle y sera libérée en avril 45 et rentrera en juin par la Suède.
La "grande maison" doit être celle du 369 Avenue Slegers à Woluwé-Saint-Lambert à Bruxelles, surnommée "le Pensionnat", utilisée par le traître belge Prosper De Zitter pour piéger les évadés dans sa fausse filière d’évasion jusque novembre 1943. Anderson reste 3 nuits là avant de partir avec un guide et 9 autres évadés en train vers Paris. Le groupe y arrive le 7 août et est mené dans un petit hôtel où tous sont arrêtés 15 minutes plus tard par la Gestapo.
Anderson, comme les autres, est placé dans la Prison de Fresnes. Il indique dans son rapport qu’il est resté incarcéré là pendant 71 jours (jusqu’au 19 octobre) et y a été interrogé par la Luftwaffe, la Gestapo et des membres de la SS. Il signale avoir été sévèrement battu par un sergent-major de la SS. Il quitte Fresnes le 20 octobre pour le Dulag Luft, centre d’interrogation de la Luftwaffe à Wetzlar, près de Frankfurt en Allemagne, avant d’être envoyé le 29-30 octobre au Stalag IVB à Muhlberg. Il y est libéré le 23 avril 1945 par des troupes russes de l’Armée Rouge.