Dernière mise à jour le 14 avril 2023.
John Francis BESTER /J-35747
130 Mills Street, London, Ontario, Canada.
Né le 17 avril 1922 à Cargill, Ontario, Canada / † le 1er juillet 1977 en Californie, USA.
Fl/Off, RCAF Bomber Command 427 Squadron, navigateur
Lieu d'atterrissage : près d'Adainville, Yvelines, France
Handley Page Halifax B III, LW166, ZL-S, abattu la nuit du 4 au 5 juillet 1944 lors d'une mission sur la gare de Villeneuve-Saint-Georges, au sud-est de Paris.
Écrasé au lieu-dit "Grolieu" à 150 m au sud de la Ferme d’Obville, près d’Allainville au sud-ouest de Dourdan.
Durée : 6 semaines
Camps : Fréteval
Rapport d'évasion SPG 3321/2122.
L'appareil décolle de Leeming à 22h10 et aurait été abattu par un chasseur de nuit JU88 quelques minutes après avoir largué son chargement de bombes. Le pilote, Fl/Off Claude Alexander Moss et le mécanicien, Sgt William Arthur Steel, perdent la vie et sont enterrés ensemble au Cimetière Communal d'Allainville. La veuve du Sgt Steel apprendra par après de la part de deux des trois évadés que son mari avait été abattu par des tirs de soldats allemands au sol lors de sa descente en parachute.
Les sergents G.G.C. Brown et James E. Finnie sont fait prisonniers, tandis qu'outre John Bester deux autres hommes parviennent à s'évader : le Fl/Off John David Siddall (SPG File 3349 - Report 8/159/442) et l'opérateur radio F/S Harold Atkin. Ce dernier, dénoncé par le maire d'Artenay, sera arrêté, incarcéré à Fresnes avant d'être envoyé vers les camps de Buchenwald et Stalag Luft 3.
Il semble que certains des rescapés avaient atterri près du village de Saint-Martin-de-Bréthencourt, dans les Yvelines, dont des habitants les auraient initialement aidés. Le rapport de Bester indique qu’il saute à hauteur de Dourdan et qu’il atterrit dans un champ de trèfles. Nous pensons que, vu l’itinéraire qu’il renseigne avoir suivi, il doit être tombé près de Hourdan, non loin d’Adainville et qu’il y a pu y avoir confusion entre Dourdan/Houdan et Allainville (lieu du crash) et Adainville. Quoiqu’il en soit, Bester cache son parachute et sa Mae West puis se met à marcher vers l’est jusqu’à 04h40 (vraisemblablement heure anglaise). Juste avant l’aube, il s’arrête dans un champ de blé où il passe toute la journée ainsi que la nuit suivante. A 10h00 du matin le 6 juillet, il prend contact avec deux fermiers travaillant dans un champ. Les hommes lui apportent de la nourriture et lui indiquent une route principale qu’il pourrait emprunter. Bester marche alors tout le restant de la journée, passant par Garancières, d’où il poursuit sa route, plein sud le long d’une voie secondaire, passant près de Rambouillet et probablement par Prunay-en-Yvelines.
A 2 heures du matin le 7 juillet, il s’arrête dans un champ pour dormir, avant de se remettre en route dans la matinée, direction ouest-nord-ouest vers Noir-Epinay. Là, un fermier le nourrit et le loge pour une nuit. Ce fermier lui donne alors une adresse dans un autre village. Bester s’y rend à pied le 8 juillet et indique dans son rapport qu’il est resté loger là « pendant 3 jours »...
Il ne cite pas de noms dans son rapport, mais John Bester, légèrement blessé, se trouve à Boisville-la-Saint-Père, en Eure-et-Loir, à une vingtaine de km au sud-ouest de Noir Epinay, chez Arthur FONTAINE, Gilberte CROMBEZ et leur fils Gilbert, 12 ans, le 9 juillet 1944 lorsque le résistant Albert COLLIN, de Boisville, membre du Maquis de Chevannes, y amène le capitaine américain William Davis (voir aussi sa page pour d’autres détails sur la famille FONTAINE-CROMBEZ).
Gilbert CROMBEZ, contacté par téléphone le 14 janvier 2014, confirme la chose et nous précise que ses parents, d’origine belge du côté de Tournai et arrivés en Beauce en 1926, s’étaient engagés dans la Résistance locale en octobre 1943. Il ajoute que son père s’occupait de la vente d’engrais et d’orge pour brasseries. Il indique également que c’est le même Albert COLLIN qui viendra chercher Bester et Davis chez ses parents pour guider les deux aviateurs à vélo (ces deux derniers utilisant un tandem) vers le camp de Bellande en bordure de la Forêt de Fréteval. Dans son rapport d’évasion, William Davis situe ce voyage comme ayant débuté le 15 juillet, mais ne parle cependant pas de vélo, indiquant seulement que le trajet s’est fait le plus souvent à pied… A noter qu’il y a environ 70 km de Boisville-la-Saint-Père jusqu’à Bellande.
Davis indique dans son rapport qu’en cours de route, à un point de contrôle, un allemand parlant très bien le français arrête Bester qui roulait devant Davis. Ayant trouvé les plaques d'identification de l'officier, un soldat allemand le frappe avec la crosse de son fusil. Cela entraîne l'énervement de son supérieur... et dans la confusion personne ne fait attention à Davis qui passe rapidement, sans problème.
John Bester arrivera lui aussi par la suite au camp de Fréteval et y sera libéré par des troupes américaines le 13 août 1944. Il quitte Banville par avion le 18 août 1944 et arrive le même jour à Northolt en Angleterre. Bester est rapatrié par la suite par avion au Canada et suit, comme son coéquipier John Siddall, un entraînement sur d’autres appareils que le Halifax. Au printemps 1945, Siddall et lui sont à nouveau envoyés en Angleterre. Le 12 avril, ils rendent visite à Scartho dans le Lincolnshire à Dalphine Steel, l’épouse du Sgt William Steel, leur mécanicien. Elle savait seulement qu’il était officiellement "Missing In Action" (manquant) et c’est avec regret et dans l’émotion qu’ils doivent lui apprendre que William est décédé.
Après la guerre, John Bester, pharmacien de formation, émigre aux Etats-Unis et devient citoyen américain. Il fera une brillante carrière dans le domaine pharmaceutique et sera l’auteur de nombreux ouvrages à ce sujet. En 1963, il partage avec d’autres professeurs de l’University of Southern California, une récompense pour l’excellence de leur enseignement. John Bester est à l’époque "Associate Professor of Pharmacy" dans cette université où il enseigne depuis 1953.