Dernière mise à jour le 4 février 2019.
Terence Frank BOLTER ("Terry") / 156606
21 Fursby Avenue, Finchley, London N3, Angleterre
Né le 22 décembre 1922 à Londres / † le 9 mars 2015 à Alderley Edge, Cheshire, Angleterre.
P/Off, RAF Bomber Command 77 Squadron, bombardier
Atterri près de Somme-Leuze.
Handley Page Halifax Mk II - LL125 - KN-K, abattu par l'Oblt Heusler du IV/NJG1 dans la nuit du 20 au 21 décembre 1943 lors d'une mission sur Frankfurt.
Ecrasé à Fronville, à proximité de l’ancien Vivier (actuellement à l’intérieur du domaine militaire de Marche-en-Famenne), à 6 Km à l'Est de Baillonville, Province de Namur, Belgique.
Durée : 6 mois.
Retour en Angleterre via l'Espagne
Rapport d'évasion SPG 3320/1994 (nous ne disposons pas de son Appendix "C").
L'appareil décolle d'Elvington à 16h30 et est abattu au retour de mission vers la frontière belgo-allemande. Cinq hommes perdront la vie et sont enterrés au Cimetière de Hotton au nord-est de Marche-en-Famenne : le pilote, Sqn/Ldr Herbert Frank Bickerdike, le navigateur P/Off Robert William Pendergrest, le radio/mitrailleur Sgt Ronald Frederick Walter, les mitrailleurs Sgt William Atkinson Cockburn et le F/Off Gordon Leonard Hills. Le Fl/Lt Frank Shaw, hospitalisé avec une jambe cassée, sera arrêté.
Le pilote Bickerdike donne l’ordre d’évacuer le Halifax en feu et après avoir quitté l’appareil, Terence Bolter actionne l’ouverture de son parachute et se rend compte que ses six camarades ne pourront pas évacuer l’avion qu’il voit se disloquer et s’écraser en flammes. Bolter est le seul de cet appareil qui réussira à s'évader. Ce qui suit est une synthèse d’informations provenant d’archives de Comète, des souvenirs de Bolter lui-même (le récit, non publié, de son évasion : "Escape from Enemy-Occupied Europe" et résumé entre autres dans “Home Run“ de John Nicholl et Tony Rennell, qui ont interviewé Bolter en mai 2005) ainsi que d’extraits de presse (“Info 2000“, articles de 1993 et d’André Collard de Marche en 2003.)
Ayant perdu une de ses bottes fourrées lors de sa chute, Bolter ne peut progresser beaucoup dans sa marche. Il dort trois heures sous un abri après avoir vu des soldats allemands qui le cherchaient quelques kilomètres plus à l'Ouest, là où leur appareil s'est écrasé. Le lendemain (21 décembre), il entend des gens parler en français, langue qu'il comprend. Puisqu'il est en Belgique ou en France, il préfère demander de l'aide que de s'embarquer dans un train vers l'Ouest. Tard dans la soirée, un fermier arrive à vélo sur la route allant de Melreux à Grand-Han. Bolter l’accoste et lui demande de la nourriture et des souliers.
L’homme, Gaston MARCHAL (seulement identifié comme “Gaston“ par Bolter et repris à la Liste des Helpers belges comme habitant Rue du Centre à Somme-Leuze), ne le comprend pas mais devine qu’il a besoin d’aide et en tout cas de chaussures. MARCHAL dit à Bolter d’attendre son retour et se rend chez son père à Melreux, ramenant une paire de chaussures. Il le prend ensuite sur son vélo et le conduit à Somme-Leuze. Arrivés là, Bolter descend du vélo et marche derrière le cycliste pour ne pas éveiller les soupçons en traversant le village. Selon MARCHAL, Bolter passera quelques jours à son domicile tandis que l’organisation de son évasion se prépare. Camille confie alors Bolter au Lieutenant Alphonse LAFFUT, de Somme-Leuze, commandant de la plaine de parachutage “Sapin“ à Bonsin, utilisée par la Résistance pour réceptionner les largages de nuit depuis l’Angleterre.
Mené par LAFFUT au château STASSE (le château Coreux), Bolter se cache dans une meule de paille tandis que LAFFUT va s’entretenir avec les propriétaires, Mr et Mme Pierre STASSE, parlant anglais. Ces derniers accompagnent LAFFUT près de Bolter qui leur donnera des renseignements permettant de vérifier son authenticité et rassurer ses futurs hôtes. Bolter est alors accueilli au château où après un bon bain, il échange son uniforme (brûlé dans la chaudière) contre des vêtements civils. Après un bon repas, Bolter retourne se cacher pour la nuit dans sa botte de paille.
Alphonse LAFFUT accompagne alors (date ?) Bolter en train en direction de Huy où, après avoir évité un contrôle par les Allemands, ils prennent une heure plus tard un train pour Namur où il était convenu que LAFFUT devait rencontrer à 12h30 un contact sur un banc à droite de la sortie de la gare. Après une attente d’une heure, LAFFUT décide de se rendre au 2ème contact, chez del MARMOL à Namur, où Bolter et lui arrivent vers 13h45. Le contact étant établi, LAFFUT prend congé et retourne à Barvaux. Nous n’avons pas de détails quant à la localisation de ses contacts avant qu’il soit interrogé par un certain BARDOT du réseau Vic et c'est ensuite le réseau Zéro qui le fait évacuer sur Bruxelles. Dans son récit, Bolter indique qu’il se trouve le jour de Noël 1943 chez des résistants à Namur où il reçoit la visite de “MAX“, un agent anglais. Après avoir questionné Bolter pour vérifier son identité, “MAX“ l’invite à partager le repas du réveillon. Bolter mentionne le gendarme Jean JOIRET (de Saint-Servais, Namur) comme l’ayant pris sous sa protection à Namur.
Le 4 (ou le 5) janvier 1944, accompagné d’un homme, membre de la Résistance, Bolter est mené en train à Bruxelles. Sortis de la gare, ils prennent un tram et atteignent l’une des places principales de la capitale (la Place de Brouckère ?). Bolter est présenté à “ADRIAN“ (Adrien ? Adriaens ?), “un résistant très actif, qui vit avec sa femme Lulu, sa petite fille et sa belle-mère“. Nous pensons qu’il pourrait s’agir d’Adrien ALSTEEN, hébergeur d’autres évadés, au 24 Avenue Gustave Latinis à Schaerbeek. Il passera un certain temps chez “ADRIAN“ (nous ignorons la durée de son séjour), caché dans le grenier. Bolter rapporte sans précision de date, qu’un matin, lors d’une descente de la Gestapo, “ADRIAN“ et lui doivent s’enfuir par les toits, passer par une maison voisine (une maison de passe) pour finalement arriver en tram chez la mère d’“ADRIAN“, qui ne peut les héberger. Elle les guide chez des voisins, les DUBOIS, un couple âgé, où la dame indique à Bolter la cachette dissimulée derrière la bibliothèque dans le salon où il pourra se réfugier en cas de problème. “ADRIAN“ revient chez les DUBOIS avec “Marie“ sa cousine, une belle fille d’un peu plus de 20 ans, cheveux blonds, yeux bleus.
Plus tard dans la journée, “ADRIAN“, qui a pris contact avec une organisation, fait déplacer Bolter qui est confié aux soins de “Ady ANDRÉ“ qui vivait avec sa fille Francine et ses grands-parents. Dans ses souvenirs, Bolter mentionne avoir été guidé en tram dans Bruxelles en (fin ?) février 1944 par "Francine", étudiante, 19 ans, dont la mère habitait Rue Van Eyck. La liste des Helpers belges reprend Gilberte DENYS, habitant au 10 Rue Van Eyck à Bruxelles, mais nous ne pouvons vérifier qui est qui... L’aviateur indique qu’il a été hébergé par cette famille pendant 9 semaines. La famille ANDRÉ apprendra à la fin mai 1944 que Bolter, déplacé entretemps dans différentes cachettes dans Bruxelles, devait partir vers le sud de la France avec des aviateurs américains. A un moment donné, Bolter recevra une fausse carte d’identité le reprenant comme “Cyrille van der Elyst“, marchand de beurre du Limbourg.
Les archives du groupe “EVA“ indiquent par ailleurs que Bolter leur est confié via Mme Marie DUMONT-PLESSIX alias "François" et qu’il est hébergé par les soins d'Yvonne BIENFAIT au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek du 2 au 3 mai 44. Le 3 mai, il part pour Paris avec Henri NYS, Jacques BOLLE et Félix BECQUEVORT. Dans son récit, Bolter (qui ne cite pas de noms) rapporte qu’environ 5 heures plus tard, ils sont descendus dans une petite gare à 18 km de la frontière française. Là, ils changent de train et roulent pendant trois heures, arrivent en France et passent la nuit à Roubaix.
Après avoir été hébergé par Philippe et Virginia d'ALBERT-LAKE à Paris, Bolter dont Philippe considère non seulement que le français de Bolter est suffisamment correct, mais qu’il pouvait entreprendre seul son voyage vers le sud avec de bonnes chances de succès, décide donc de tenter sa chance seul. Bolter prend le train et arrive à Bordeaux en milieu de journée, se mêlant à la foule se dirigeant vers le portillon. A la sortie de la gare, une femme l’attendait dans l’escalier, tenant à la main une écharpe verte, indiquant qu’il s’agissait de son contact. La femme lui apprend que sa cellule avait été découverte la veille et qu’elle ne pouvait le prendre en charge, devant elle-même se cacher. Dès lors, Bolter passe toute la journée à déambuler seul dans la ville avant de prendre le train de minuit pour Bayonne où il arrive le lendemain matin. Un contact devait avoir lieu à l’étape suivante, Saint-Jean-de-Luz, mais, vu les perturbations dans la ligne, personne de Comète n'est au rendez-vous, et Bolter ne figure donc pas sur la comptabilité d'Elvire DE GREEF qui a permis d'établir la "Liste Jouan" des passages en Espagne.
Comme Philippe d’Albert-Lake lui avait renseigné un prêtre à contacter à Bayonne, Bolter se rend à l’église indiquée, à 2 km de la gare, où l’ecclésiastique lui demande en quoi il pouvait l’aider. Bolter lui répond qu’il souhaite passer la frontière et atteindre l’Espagne. Peu après, le prêtre lui amène “HUGO-le-Fraudeur“ qui avait accepté, moyennant finances obtenues de la Résistance, de guider Bolter vers l’Espagne. Le fraudeur repasse peu après à l’église avec deux vélos. Ils traversent Bayonne grouillant de troupes allemandes et atteignent la campagne. Là, Bolter passe le reste de la journée dans un champ. A la tombée de la nuit, les 2 hommes parcourent quarante kilomètres à vélo jusqu’à la ferme du frère d’Hugo où Bolter passe la nuit sur du foin, dans le fenil. Le lendemain, en fin d’après-midi, Hugo revient et lui donne une salopette bleue, un béret et des sandales en corde. Bolter et Hugo rejoignent une cabane isolée où ils abandonnent leurs vélos et se joignent au “reste de l’équipe“. Tous se mettent en marche et traversent les Pyrénées, s’arrêtant de temps en temps pour des pauses “cognac“. Ils traversent une rivière (non identifiée) et passent en Espagne.
Bolter traversera ensuite toute l’Espagne et parviendra à Gibraltar, d'où il partira en avion le 24 juin 1944 pour arriver le lendemain à Whitchurch (Bristol), en Angleterre. Après son retour en Angleterre, un message destiné à rassurer ses Helpers sera diffusé sur les ondes de la BBC : “La cravate rouge et bleue est bien arrivée“. La réussite de son évasion lui vaudra l’octroi de la DFC (Distinguished Flying Cross) et il sera transféré dans une unité de transports de la RAF, comme instructeur en navigation. Démobilisé, il entreprendra une carrière dans le Colonial Service (administration des biens dans les colonies britanniques) et sera basé au Nigeria pendant 11 ans. Terence Bolter reviendra en Belgique en 1990 pour rencontrer certains de ses Helpers belges.
Un monument a été inauguré le 30 septembre 1997 à la mémoire de l’équipage du Halifax LL125. Il se trouve à Fronville, à l’endroit du crash dans l’enceinte de la Base Militaire de Marche-en-Famenne, malheureusement non accessible au public. La plaque originale qui comportait des erreurs quant aux nombre de tués, 6 au lieu de 5, a été remplacée le 13 octobre 2010.
Merci à Diana Morgan pour la photo de Bolter en uniforme. Merci également à Stéphane Hérin pour les articles de l’“Info 2000“ transmis via Philippe Save en mars 2016.