Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 20 janvier 2023.

Frank Galsworthy SHAW / 146401 et 994312
21 A. Bondgate, Selby, Yorkshire, Angleterre
Né le 28 janvier 1909 à Selby, Yorkshire / † en mai 1985
Fl Lt, RAF Bomber Command 77 RAF Squadron, mécanicien

Handley Page Halifax Mk II, n° série LL125, KN-K , abattu la nuit du 20 au 21 décembre 1943 lors d'une mission sur Frankfurt par l'Oblt Heusler du IV/NJG1.
Écrasé à Fronville, 6 Km à l'Est de Baillonville (à la limite des Provinces de Namur et de Liège), Belgique.
Durée : 6 mois
Arrêté le 6 juillet 1944 à Spontin, Belgique.

Informations complémentaires :

L'appareil décolle d'Elvington à 16h30 et est abattu au retour de mission au-dessus de la frontière belgo-allemande. Cinq hommes perdront la vie et sont enterrés au Cimetière de Hotton au nord-est de Marche-en-Famenne : le pilote, Sqn/Ldr Herbert Frank Bickerdike, le navigateur P/Off Robert William Pendergrest, le radio/mitrailleur Sgt Ronald Frederick Walter, les mitrailleurs Sgt William Atkinson Cockburn et le F/Off Gordon Leonard Hills. Le pilote Bickerdike donne l’ordre d’évacuer le Halifax en feu et après avoir quitté l’appareil, le bombardier, Terence Bolter, actionne l’ouverture de son parachute et se rend compte que ses six camarades ne pourront pas évacuer l’avion qu’il voit se disloquer et s’écraser en flammes. Bolter est le seul de cet appareil qui réussira à s'évader.

Notre ami chercheur britannique John Howes a pu retrouver aux National Archives à Kew, le rapport d’interrogation établi par Frank Shaw à son retour de captivité. Ce rapport M.I.9/Gen/41369 signé le 11 mai 1945 par Shaw est très succinct. Il ne donne aucun renseignement sur son parcours depuis son atterrissage, ni sur les gens qui l’ont aidé. Il signale ne pas avoir été blessé ; avoir été arrêté “près de Dinant“ le 6 juillet 1944 ; ne pas avoir été interrogé après son arrestation ; être arrivé au Stalag Luft 1 à Barth le 24 juillet ; y avoir été brièvement ausculté en janvier 1945 et suspecté d’avoir la tuberculose…

Découvert en janvier 2023, le dossier d’Hubert HALIN (réseaux Clarence et Groupe G), du 225 Rue Derrière-Aye, à Aye, mentionne qu’il a reçu Shaw (de qui ? à quelle date ?) à la gare de Marloie et l’a remis à Louis HARSIN, chef de gare à Marloie (habitant 49 Avenue Delvigne à On).

Le dossier de Nicolas SCHMID ("Hess"), né à Pétange, Luxembourg, en 1910 et habitant à Gand, nous apprend que le 23 décembre 1943 il a reçu Frank Shaw de Madeleine SERON, épouse de Joseph THONET, Chaussée de Rochefort à Marloie (Namur), l’a logé une nuit avant de le confier le lendemain à la famille DELHAYE, ferme Sandron, Bois-du-Loup à Falisolle. Madeleine THONET-SERON a été arrêtée suite à une dénonciation le 25 mars 1944 et incarcérée avec d’autres résistants à la prison de Namur, puis à la prison de St-Gilles à Bruxelles du 12 au 19 août 1944. Elle est envoyée en Allemagne et passe par le camp de Gommern avant d’arriver au camp de concentration de Ravensbrück qu’elle quitte en marche forcée en fin février 1945. Elle arrive au camp de Mauthausen en Autriche le 2 mars 1945. Blessée dans un bombardement Allié le 20 mars, elle décèdera à l’hôpital du camp d’Amstetten (Mauthausen) le même jour, âgée de 32 ans.

Dans son dossier, Marcel LAMBILLOTTE ("Maurice"), de la Rue Claminforge à Falisolle, membre du Front de l’Indépendance et de Solidarité, mentionne qu’il a reçu Shaw et Harold Matthews de Joseph MELCHIOR à Tamines, qu’il les a logés une nuit avant de les remettre à MELCHIOR. Il y est repris un extrait du rapport LIB 590 d’Harold Matthews, que lui et Frank Shaw, se trouvant à Tamines, ont été présentés à LAMBILLOTTE et son épouse d’origine anglaise. Matthews indique que Shaw et lui sont arrivés le 8 mars à Tamines. Pas d’autres détails…

Par ailleurs, selon le rapport LIB de Matthews, il a rencontré "en janvier 1944" Frank Shaw chez la famille RENARD. Des archives confirment l’intervention dans la filière d’évasion, de Mr et Mme RENARD, 35 Rue du Village à Franc-Waret (Vezin) au nord-est de Namur… Le dossier de André CROONENBERGHS, du 51 Avenue des Acacias à Jambes (Namur), indique qu’il a confié (date ?) Harold Matthews à Jean "KEFFER", peintre, du 117 Avenue des Acacias et que ce dernier l’a caché pendant 2 mois avant de le confier à nouveau à CROONENBERGHS. Dans la liste des Helpers Belges, le nom de "KEFFER" est lié à celui de RENARD. Des archives confirment l’intervention dans la filière d’évasion, pour 2 aviateurs anglais (Shaw et Harold Matthews), de Mr et Mme Joseph et Yvonne RENARD, 35 Rue du Village à Franc-Waret (Vezin) au nord-est de Namur. Il y différentes orthographes de Keffer, parfois repris comme Kiffer ou Kuffer. Il est aussi question dans une nécrologie suisse du décès d’une parente, du couple belge Joseph et Yvonne RENARD-KÜFFER. André CROONENBERGHS indique également une prise en charge (logement semble-t-il) par "PROVIS". Il doit s’agir de Mme Juliette PROVIS-VERSTRAETEN du 33 Rue Raymond Noël à Bois-de-Villers (Namur). Pas d’autres détails.

Une lettre de Jean KEFFER (à Frank Shaw datée du 27 septembre 1945 figure à la page https://www.ipswichwarmemorial.co.uk/wp-content/uploads/2016/09/Frank-Galsworthy-Shaw-10.jpg . Jean y mentionne son arrestation le 12 août 1944, les horribles tortures lors de ses interrogatoires, sa détention dans des camps avant son retour en Belgique le 26 mai 1945. Il n’y est pas question des RENARD, seulement mention d’une Joséphine…

Toujours selon Matthews, Shaw et lui ont quitté Tamines le 26 mars pour retourner à Namur, où ils sont apparemment séparés, Shaw étant à nouveau hébergé par les RENARD, Matthews allant ailleurs. Matthews mentionne que le 10 mai, Frank Shaw, Jack Macknight (également hébergé par les RENARD) et lui ont quitté leurs cachettes pour aller à Dinant (il ne précise pas que c’est en train et depuis la gare de Namur, le but étant de les mener à un camp secret dans les Ardennes – Opération Marathon). Un contrôle d’identité se passe apparemment mal, car les aviateurs et leur guide doivent descendre du train et sont arrêtés. Frank Shaw et Jack Macknight s’en tirent, mais Matthews se fera arrêter…

Nous ignorons tout du parcours de Frank Shaw entre le 10 mai et sa rencontre avec John Bradley et Royce McGillvary le 28 juin 1944, qui renseignent dans leurs rapports qu’ils sont déjà (ce doit être sur la route de Wépion à Mettet) dans une voiture où Shaw embarque. Ils arrivent au château “Thozée”, rue de Thozée à Mettet chez Mme Élisabeth ROPS (fille de Paul Rops et de Valentine Meuffels et petite-fille du peintre Félicien Rops), décédée en 1996. Ils y rencontrent le F/Off Stuart Leslie ainsi que d’autres membres de la famille ROPS : Pierre ROPS, 32 ans, le frère d’Élisabeth, et Danielle ("Dany"), 17 ans, la fille de Philippe ROPS, un autre frère d’Élisabeth. "Dany" est décédée le 15 avril 2018. Jean ROPS, un autre frère d’Élisabeth, était à ce moment prisonnier de guerre en Allemagne. Il est décédé à Hammelburg en Bavière le 6 avril 1945 à l’âge de 38 ans. Les précisions concernant la famille ROPS ayant hébergé les aviateurs nous ont été apportées en septembre 2018 par Madame Monique Cuvelier-Ladot, Présidente du Fonds Félicien Rops, qui a très bien connu Élisabeth ROPS. Nous remercions ici Madame Cuvelier pour ces précieuses informations. Le site du Fonds Félicien Rops : http://www.fondsrops.org/

Tous ces aviateurs restent chez les ROPS jusqu'au 6 juillet, jour où Paul FRAPIER, du 6 Rue Verte à Namur, vient les chercher en camion-navette conduit par Henri POUPIER de Namur (du réseau Zéro) pour les amener au bord de la Meuse. FRAPIER et les deux aviateurs font la traversée en barque. Ils attendent alors l’arrivée de POUPIER qui a fait le tour avec son camion pour passer la Meuse à Namur. Le camion arrive après une heure et FRAPIER, Bradley et McGillvary, rejoints par Shaw et Leslie montent à bord, le chauffeur prenant en route d’autres passagers en roulant vers le sud.


Arrivés à Spontin, un contrôle allemand se passe mal. On trouve les plaquettes d’identification de McGillvary et ils doivent tous avouer être des aviateurs. Un interprète venu de Namur les questionne mais ils ne donnèrent que leur nom, grade et n° de matricule.

Amenés à la prison de Namur, ils sont questionnés par des hommes de la Wehrmacht, puis, le 7 juillet dans l’après-midi, pris en charge par la Luftwaffe. Ils passent la nuit suivante sur une base de la Luftwaffe et sont ensuite transférés le 8 juillet vers un centre d'interrogation de la Luftwaffe à Bruxelles. Enfermés séparément dans des cellules exiguës, ils sont régulièrement interrogés et tous refusent de donner des renseignements sur leur parcours, les identités de ceux qui les ont aidés dans leur fuite, les lieux traversés.

Le 14 juillet, Bradley est transféré à la prison de Saint-Gilles où il apprend que s'y trouvent également Frank Shaw, Stuart Leslie et Royce McGillvary. Shaw est rapidement envoyé en Allemagne et interné au Stalag Luft 1 (West Compound) à Barth – prisonnier n° 4709.


Libéré en début mai 1945, Frank Shaw est rapatrié en Angleterre et restera dans la RAF Volunteer Reserve jusqu’au 10 février 1954.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters