Dernière mise à jour le 21 décembre 2018.
Stuart MacKenzie LESLIE / J.26786
157 Kenny Street, Norwood, Province de Manitoba, Canada.
Né le 21 février 1924 à Winnipeg, Canada. / † le 21 février 2018 à Vancouver, Canada.
Fl/Off RCAF, RAF Bomber Command 429 Squadron, pilote.
Atterri près d’Oudenaarde, Flandre Orientale, Belgique.
Handley Page Halifax B MkII, LW415, AL-K, abattu par l’Oblt Georg Hermann GREINER, commandant du groupe de chasse 11./1 NJG dans la nuit du 1er au 2 mai 1944 lors d'une mission sur la gare de Saint-Ghislain, Hainaut, Belgique.
L'avion explose, débris éparpillés entre Petegem et Bevere-Meerschaert à 3 km du centre d'Oudenaarde, Flandre Orientale, Belgique
Camps : Capturé et enfui puis libéré à Bruxelles
Rapport d’évasion SPG 3350/1499.
Le Halifax décolle de Leeming à 22h12 heure anglaise. Un compas défaillant entraîne un retard de l’appareil, qui arrive au-dessus de l’objectif près d’un quart d’heures après les 13 autres avions de l’escadrille. Isolé sur le vol du retour, il est attaqué par l’Oblt Georg-Hermann Greiner du 11./NJG1 dont les tirs provoquent l’incendie de deux moteurs. L’appareil étant en perdition, Leslie, dont c’était la 10ème mission, donne l’ordre de l’évacuer alors qu’il survole Edelare. Alors qu’il s’apprête à sauter lui-même, l’appareil explose et Stuart Leslie est projeté hors de l'appareil sous le souffle de l'explosion. Il atterrit à environ 200 m de l’appareil écrasé et abandonne son parachute, coincé dans une clôture, puis enterre sa Mae West. Stuart Leslie sera le seul survivant. Les autres membres de l'équipage sont enterrés à l’ancien Cimetière Communal d'Oudenaarde, à la Dijkstraat : Sgt George Algernon Elliott, mécanicien ; F/Off Robert James Webster, navigateur ; F/Off John Elie Frederick Hawke RCAF, bombardier ; WO2 Garnet Edward McCann RCAF, radio/mitrailleur ; P/Off George Graham Vipond RCAF, mitrailleur ; Sgt Earl Freiman Baldry RCAF, mitrailleur arrière.
Le rapport de Stuart Leslie est assez succinct et ne mentionne aucun nom de Helper. Il signale qu’il s’éloigne en courant vers le champ le plus proche et se cache pour la nuit. Au matin du 2 mai, à l’aide de la carte de son kit d’évasion, il découvre où il se trouve et commence à marcher en direction du sud-ouest, vers la France. Après deux jours et deux nuits passés à se cacher, il s’adresse le 4 mai à des fermiers. Ces derniers le mettent ensuite en présence de deux jeunes filles parlant l’anglais. Elles l’emmènent à leur château (endroit non précisé), où il reste loger jusqu’au 25 mai.
Son rapport ne précise pas ce qu’il a déclaré lors d’interviews ultérieures : lors de sa marche après son atterrissage, il arrive au bord de l’Escaut (De Schelde) et suit le cours du fleuve jusqu’à Petegem (Petegem-aan-de-Schelde). Il s’adresse effectivement le 4 mai à une ferme où on lui laisse le temps de laver son visage ensanglanté et de manger un petit peu avant de lui faire comprendre qu’il y a trop de danger à ce qu’il reste. Le 5 mai, il arrive à la ferme de Maurice et Marcel DE CLERCQ à Kerkhove (actuellement dans l’entité d’Avelgem), où il peut se rafraîchir et se restaurer. Maurice DE CLERCQ le conduit ensuite au château de Kerkhove, entre la Molenstraat et l’Escaut, où Melle Alice VAN WASSENHOVE et sa sœur Elisabeth l’hébergent pendant 3 semaines.
Contact est pris avec la Résistance et on lui confectionne de faux papiers. C’est Alice VAN WASSENHOVE qui le guide à vélo à Bruxelles. Le rapport de Leslie ne reprend pas tous ces détails, indiquant seulement que le 25 mai, il roule à vélo jusqu’à Bruxelles où il sera hébergé à différents endroits. Nous savons qu’il passe une nuit en juin 44 chez Anna VERMEULEN-DE BERG au 2 Boulevard Aristide Briand à Anderlecht. Marie Thérèse ELIOT (épouse d’Edouard ELIOT, 1696 Chaussée de Wavre à Auderghem) a eu vent de son arrestation et doit l'avoir convoyé dans Bruxelles.
Stuart Leslie indique qu’il quitte Bruxelles (pas de date) en auto vers Namur pour arriver à un château à environ 20 km de cette ville. Par recoupement, son voyage a dû avoir lieu le 27 juin, car il rencontre chez Mme Élisabeth ROPS au château de Thozée, rue de Thozée à environ 2 km au nord-est du centre de Mettet où il se trouve déjà, John Bradley, Royce McGillvary et Frank Shaw qui arrivent en voiture le 28 juin 1944.
Madame Monique Cuvelier-Ladot, Présidente du Fonds Félicien Rops, qui a très bien connu Élisabeth ROPS, décédée en 1996, nous a apporté en septembre 2018, des précisions concernant la famille ROPS ayant hébergé les aviateurs. Élisabeth ROPS était la fille de Paul Rops et de Valentine Meuffels et petite-fille du peintre Félicien Rops. Se trouvaient également au château, Pierre ROPS, 32 ans, le frère d’Élisabeth, et Danielle ("Dany"), 17 ans, la fille de Philippe ROPS, un autre frère d’Élisabeth. "Dany" est décédée le 15 avril 2018. Jean ROPS, un autre frère d’Élisabeth, était à ce moment prisonnier de guerre en Allemagne. Il est décédé à Hammelburg en Bavière le 6 avril 1945 à l’âge de 38 ans. Nous remercions ici Madame Cuvelier pour ces précieuses informations. Le site du Fonds Félicien Rops : http://www.fondsrops.org/
Tous ces aviateurs restent chez les ROPS jusqu'au 6 juillet, jour où Paul FRAPIER (du 6 Rue Verte à Namur) vient les chercher en camion-navette pour les amener au bord de la Meuse. FRAPIER et les deux aviateurs font la traversée en barque. Ils attendent alors l’arrivée de POUPIER qui a fait le tour avec son camion pour passer la Meuse à Namur. Le camion arrive après une heure et FRAPIER, Bradley et McGillvary, rejoints par Shaw et Leslie montent à bord, le chauffeur prenant en route d’autres passagers en roulant vers le sud.
Arrivés ce 7 juillet à Spontin, à environ 20 km au sud-est de Namur, un contrôle allemand se passe mal. On trouve les plaquettes d'identification de McGillvary et ils doivent tous avouer être des aviateurs. Un interprète venu de Namur les questionne mais ils ne donnèrent que leur nom, grade et n° de matricule. Arrivés à la prison de Namur, ils sont questionnés par des hommes de la Wehrmacht, puis, le 7 juillet dans l’après-midi, pris en charge par la Luftwaffe. Ils passent la nuit suivante sur une base de la Luftwaffe et sont ensuite transférés le 8 juillet vers un centre d'interrogation de la Luftwaffe à Bruxelles. De là, Leslie est envoyé à la prison d’Evere, puis à celle du Petit Château à Bruxelles avant d’être interné à la prison de Saint-Gilles, également à Bruxelles, où comme ses camarades, il est interrogé par la Gestapo.
John Bradley indique dans son rapport que le 14 juillet, il est transféré à la prison de Saint-Gilles où il apprend que s'y trouvent également Stuart Leslie et Royce McGillvary. Après plusieurs semaines de détention, on les embarque le 2 septembre à bord d'un train en direction de l'Allemagne avec des dizaines d’autres aviateurs et environ 1500 détenus belges. Durant la nuit, le train s'arrête à environ 30 km de Bruxelles pour y retourner le lendemain... A la gare de triage de Schaerbeek, l'Armée Blanche attaque le train qui déraille, permettant des évasions. C’est l’épisode fameux du "Train Fantôme"/"Ghost Train" du 2 septembre 1944. A la tombée de la nuit, Bradley, McGillvary et Leslie s'échappent de leur wagon. Dans leur fuite, ils sont accompagnés par le Lt William G. Ryckman (rapport d'évasion E&E 1591) et le Lt Ford Babcock. McGillvary et Leslie s’en vont de leur côté, tandis que Bradley et Ryckman partent d’un autre. Arrivés à un petit canal, le groupe se reforme et rencontre le Lt Alfred Sanders (rapport d’évasion E&E 1595) avec lequel ils empruntent un pont et arrivent dans la cour d'une usine de l'autre côté du canal. Avec l'accord du propriétaire, ils dorment dans une péniche hollandaise amarrée sur un autre canal proche.
Le lendemain 3 septembre, ils voient arriver des chars d'une unité de transmissions canadienne et sont finalement conduits vers un hôtel bruxellois où ils passent la nuit. Convoyés par la suite en camion vers Amiens puis Paris, un C-47 les emmena en Angleterre, arrivant à Northolt le 6 septembre 1944. Stuart Leslie est interrogé à Londres par l’IS9 le 14 septembre. Il rejoint son unité avant d’être rapatrié au Canada au début novembre 1944 via le "Queen Mary".
En mai 1994, Stuart Leslie, accompagné de son épouse Lois et de leur fils cadet sont venus en Belgique et se sont rendus dans la région d’Oudenaarde. Le dimanche 6 mai 2007, en présence de Stuart Leslie et son épouse, une plaque commémorative a été inaugurée au cimetière de Bevere, près des tombes de ses infortunés coéquipiers. http://www.luchtvaarterfgoed.be/content/gedenkplaat-halifax-lw415-al-k )
Merci à notre ami le chercheur canadien Michael LeBlanc de nous avoir procuré une copie du rapport SPG de Stuart Leslie et de nous avoir ainsi permis de reprendre le nom correct de l’aviateur et de retrouver d’autres détails.
Après ses études d’enseignement secondaire, Stuart Leslie avait travaillé dans un atelier de la Trans Canada Airlines. Ayant menti à propos de sa date de naissance et sans dévoiler qu’il souffrait de mal de l’air, il fut engagé dans la RCAF en 1942 et obtint son brevet de pilote. Envoyé en Europe, il fut affecté au 61 Squadron avant d’être transféré au 429 Squadron le 31 mars 1944. Rendu à la vie civile après la guerre, il travailla comme contrôleur aérien pour Air Canada jusqu’à sa retraite en 1989. Membre actif de la Royal Air Force Escaping Society (RAFES), il fit de nombreux voyages en Europe pour renouer des contacts avec les gens qui l’avaient aidé durant son évasion.