Dernière mise à jour le 22 mai 2019.
John Joseph BRADLEY / O-795189
119 Longfellowstreet, Carteret, New Jersey, USA
Né le 19 février 1917 à Carteret, New Jersey / † 5 février 2005 à Newhall, Californie
1st Lt, USAAF 92nd Bomber Group 327th Bomber Squadron, navigateur.
Atterri dans une forêt à l’est de Vierlingsbeek, près de la frontière allemande et à environ 30 km au sud-est de Nijmegen, Pays-Bas.
Boeing B-17G-Flying Fortress (Forteresse Volante), n° série 42-39831, UX-L, abattu le 5 novembre 1943 par un chasseur Focke-Wulf 190, piloté par le Fw Peter Ahrens du JG26/3. lors d'une mission sur Gelsenkirchen.
Écrasé près de Vierlingsbeek, non loin du moulin à eau, sur la Grotestraat menant à Maashees, Pays-Bas.
Durée : 15 semaines
En fuite le 26 févier 1944, arrêté le 6 juillet 1944 et évadé à nouveau deux mois plus tard.
Rapport de perte d'équipage MACR 1383. Rapport d'évasion E&E 1590 disponible en ligne.
John Bradley et l’équipage de John Booker avaient déjà été touchés (par la Flak) lors de la mission du 6 septembre 1943 sur Stuttgart. Ils étaient à bord du B-17 42-30007 qui, à court de carburant, ne put rejoindre sa base et comme 11 autres B-17, tomba dans la Manche. Tous les hommes à bord de ces appareils furent récupérés par des bateaux de l’Air Sea Rescue britannique.
Le B-17 décolle dans la matinée de Podington et juste après le largage de ses bombes alors qu’il quitte la zone de l’objectif, il est touché par le chasseur allemand. L’appareil perd le contact avec la formation et est aperçu pour la dernière fois au nord-est de Kempen et 8 ou 9 parachutes sont vus se déployer. Le pilote, le Captain John O. Booker Jr, assuré que tous ses hommes ont quitté l’appareil, saute en dernier. Son navigateur, John Bradley (la présente fiche), sera le seul à pouvoir s’évader. Le mitrailleur droit, le S/Sgt Ray V. Cupp, gravement blessé à la jambe, est d’abord soigné dans un hôpital allemand puis envoyé en camp en Allemagne. Amputé d’une jambe, il sera rapatrié aux Etats-Unis en août 1944 dans le cadre d’un échange de prisonniers. Les autres hommes, y compris le pilote Booker, seront tous arrêtés et prisonniers : le copilote Major Wilson P. Todd, commandant du 357th Squadron, le bombardier 1st Lt Robert S. Wilkins, le mécanicien/mitrailleur dorsal T/Sgt William L. Warren, le mitrailleur ventral S/Sgt John W. Hancock, le mitrailleur gauche S/Sgt Eugene M. Simpson, le mitrailleur arrière 1st Lt James A. Mc Avoy et l’opérateur radio/mitrailleur T/Sgt Porfirio D. Garcia.
John Bradley (qui avait effectué 24 missions auparavant) saute à environ 6000 m et se foule une jambe en atterrissant près d’un champ, au fond d'une rigole d'écoulement. Des témoins lui confirment qu'il est bien en Hollande. Il dissimule son équipement et marche alors pendant près de deux heures vers le sud-ouest.
Après un repos, il repart et voit un fermier dans son champ, auquel il demande des vêtements. L'homme revient 20 minutes plus tard avec un manteau, un pantalon et quelques tartines. Les deux hommes ne comprenaient pas leurs langues respectives, et le fermier se borne à lui montrer le chemin.
Après 5 minutes, il est rejoint par le jeune Jo TISSEN (P. J. TISSEN…), de Bergen (de l’autre côté de la Meuse / de Maas, à l’est de Vlieringsbeek), qu'il ne comprend pas davantage. TISSEN le mène au centre d'un champ où il le couvre de paille en montrant "9 heures" sur sa montre. Il réapparaît à 20 heures. Ils sont rejoints par un ami, Piet van MIL, de Bergen, qui parle anglais et lui apprend l’arrestation de son copilote Wilson P. Todd.
Bradley enfourche le porte-bagage du vélo de l'un des deux et ils se dirigent vers Bergen (Noord Limburg.) Il est emmené dans une maison où il peut se restaurer et se rafraîchir. Arrive "Harry", chef du réseau local. Après un court interrogatoire, Bradley l'accompagne à vélo, avec TISSEN et van MIL, vers la Meuse qu'ils traversent en barque.
A Vlieringsbeek, Bradley est présenté à Antonius MOOREN et son épouse, ainsi qu’ à des soeurs, Josephine et Nellie. Harry déclare que l'aviateur doit rester caché dans le café/maison des MOOREN à la Kerkstraat pendant 4 ou 5 jours.
Le 6 au soir, Bradley reçoit la visite de Wim JANSEN de la Spoorstraat à Vierlingsbeek. Le 7, le Docteur Gerard SMALS (de Nijmegen) vient soigner sa jambe foulée. Le lendemain Antonius MOOREN lui apprend que son pilote (Captain John O. Booker) a été arrêté, dénoncé par les occupants d'une ferme où il s'était réfugié. Dans la soirée, "Henry CHELBERLEN", Piet van MIL, Jo TISSEN et Arnoldus NELISSEN (de Oirlo, vraisemblablement le "Harry" cité plus haut) lui rendent également visite.
Le 10 au soir, revêtu de vêtements civils, Bradley est mené jusqu’à la Meuse par Harry (NELISSEN) et Antonius MOOREN. Ils rencontrent un policier qui les attend de l'autre côté et sert de guide et ils se rendent chez le bourgmestre DOUVEN, sa femme Sophie, une nièce et un neveu, à Well, à une dizaine de km au sud-est de Vlieringsbeek. De 1937 à 1950, un Sebastiaan DOUVEN était bourgmestre de Bergen à quelques kilomètres au nord-ouest de Well. A 21h40, Johannes KREBBERS vient chercher Bradley pour l'amener chez lui à Griendtsveen, où les attendent Mme KREBBERS et leur fille.
Le 11 novembre, ils partent à vélo et passent en bac une rivière toute proche. Après la traversée, ils passent par plusieurs villages, dont un s'appelant America… A un autre village, ils se rendent à la maison d'un policier, Richard VAN DER POLL, beau-père de KREBBERS. (Le rapport E&E de Bradley reprend le nom du policier comme étant peut-être "Richard Van Pelt (?)")
Le 12 au soir, Bert POELS vient chez les VAN DER POLL et annonce à Bradley qu'on va le conduire en Belgique. Le 14, Bert POELS prend des photos de Bradley, dont une où il porte l’uniforme de POELS. La liste des Helpers Néerlandais reprend les seuls L.A. et J. POELS, tous deux habitant le Zwarte Plak à America.
Le 16 au matin, Bradley est pris en charge par un autre guide parlant l'anglais et qui lui dit qu'ils devront rouler environ 50 km. Dans "une ville importante", ils se rendent chez Hendrik HENRIX, à Haelen, Rijksweg 150A, où son guide obtient une auto, dans laquelle Bradley et lui poursuivent alors leur route. Après quelques kilomètres, ils rencontrent de nouveaux guides, un homme et sa jeune sœur, qui, à vélo, les guident. L’homme est identifié comme étant Gerard HEYTHUIZEN de Neeritter. Bradley et son guide descendent de voiture et suivent les jeunes gens jusqu’à une ferme en bordure d’une route. Peu après, un policier arrive et sur son signal le suivent à pied arrivant bientôt à une autre ferme. La fermière recommande à Bradley d’aller se reposer dans une chambre à l’étage et une heure plus tard, elle lui amène un prêtre, officiant dans un monastère proche. L’ecclésiastique parle l’Anglais et lui dit qu’il passerait en Belgique cette nuit-là. Dans la soirée du 16 novembre, appelé par la fermière, Bradley descend et voit quatre hommes assis dans la cuisine. Après un repas, un groupe quitte la ferme, dans l’obscurité totale, Bradley et HEYTHUIZEN suivant deux autres hommes (le néerlandais Renier van de VIN et le belge Theodore FLORQUIN, de Ophoven). Après une demi-heure et le passage de deux petits ruisseaux, ils arrivent sur le territoire belge. van de VIN rebrousse chemin vers la Hollande et FLORQUIN guide Bradley jusqu’à une ferme où il passe la nuit (chez les FLORQUIN ?)
Le 16 novembre au soir, il accompagne quatre hommes vers la frontière. Après quelques ruisseaux passés, ils arrivent sur le territoire belge et Bradley passe la nuit dans une ferme (chez les LORQUIN ?)
Le 17 vers 15 heures, il accompagne à vélo le fermier qui l'amène chez un couple pour la nuit. Il s’agit de Severin/Severinus MOORS de Dilsen et de son épouse. Severin avait succédé à sa sœur Gertrude MOORS après l’arrestation de celle-ci par la Gestapo le 18 juin 1943 (elle tenait le moulin à Dilsen par où passèrent des dizaines d’aviateurs évadés. Envoyée en camp en Allemagne, Gertrude est disparue, considérée décédée le 5 mai 1945 à Ravensbrück.) Un médecin d’origine canadienne et son épouse passent chez les Moors dans la soirée et Bradley peut converser en anglais avec eux.
Dans la soirée du 18, Severin MOORS et Bradley partent à vélo et arrivent à Lanklaar, à la maison de Martin OPDEKAMP et son épouse, qui avaient 4 filles et 2 fils. Bradley reste deux jours chez eux et y rencontre Albert BIDELOT, habitant également Lanklaar, son nouveau guide. Il devait partir avec lui le 21 au soir, mais Martin OPDEKAMP lui apprend que le propriétaire de son abri précédent a été arrêté par la Gestapo, de même que celui chez qui on se préparait à le conduire. On devine dans le texte du récit de Bradley qu’il avait été hébergé juste auparavant par "Elens", qui devrait alors être Ludovic ELENS, notaire à Rekkem (?)
Le soir du 21 novembre, c’est donc Martin OPDEKAMP qui mène Bradley à pied dans un couvent proche (vraisemblablement le cloître des Zusters van Voorzienigheid à la Dorpstraat à Dilsen-Stokkem) où Bradley reste jusqu'au 28 novembre, une sœur THÉRÈSE lui servant d'interprète. Un soir, Martin OPDEKAMP lui rend visite avec Albert BIDELOT et le prend en photo pour ses faux papiers.
Le 29 après-midi, il va à vélo à une gare (vraisemblablement celle de Dilsen) avec Albert BIDELOT et Martin OPDEKAMP. Bradley et Martin OPDEKAMP montent dans une micheline (Bradley dit "a tram", à 3 ou 4 wagons, tirés par une machine à vapeur) qui les amène à Lanaken. Là, un ami de BIDELOT vient à leur rencontre.
Ils sont alors présentés à Jean SCHOENMAECKERS, de Rekkem, le guide suivant. Bradley et SCHOENMAECKERS prennent un train à Lanaken vers Hasselt. Au buffet de la gare de Hasselt, ils rencontrent Florent BIERNAUX, qui prend le relais. Bradley est mené ensuite chez Florent, sa femme Olympe (née DOBY) et leurs enfants Raymond, 18 ans et Elaine, 12 ans environ au 16 Thonissenlaan à Hasselt où il loge 3 semaines. Durant son séjour chez les BIERNAUX, il reçoit plusieurs visites. Jean SCHOENMAECKERS lui apprend que son père et son frère ont été arrêtés par la Gestapo (ils mourront en camps en Allemagne). Mme Laura DEGUELDRE, tenancière de café, et sa fille Simone lui apportent des gâteaux et des biscuits, et du cognac à l’occasion. Au soir du 22 décembre les instructions arrivent et Bradley apprend qu’il partira le lendemain. Le 23 au matin, il part avec Olympe prendre un train vers Bruxelles, débarquant à la gare du Nord.
Dans la capitale, ils rencontrent deux dames, dont une Mme Gabrielle BALTUS (née GOEMANS en 1878) et habitant 1 Rue de la Cordialité à Anderlecht, qu'on leur indique de suivre. Rejoints par la suite par deux hommes, Jean et François DELEU, ils prennent différents trams pour arriver chez Mme Marcelle DELEU habitant avec ses parents, François DELEU et Sophie SLUYS, au 45 rue des Fraises à Anderlecht où tous soupent ensemble.
Après la Noël, le vicaire VAN CAUWENBERGHE d’Anderlecht rend visite à Bradley, le prend en photo avec la famille DELEU et lui procure un de ses pantalons. Bradley reste dans cette maison jusqu'au 5 janvier 1944, date officielle de son entrée à EVA.
Le soir du 6, Charles HOSTE et d’autres hommes viennent chercher Bradley pour le conduire en tram chez le poissonnier Prosper SPILLIAERT au 394 Chaussée d’Anvers à Bruxelles. On lui fait remplir un questionnaire, le reprend en photo, lui fait remettre son kit d'évasion, ses cartes, sa boussole et son argent français et anglais, trop dangereux à avoir sur soi. On lui remet 100 francs belges et 500 francs français avant de l'amener chez M. et Mme Joseph HOEBANCX et Alice VAN ELDERS, au 30 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek, qui avaient un appartement à l'arrière de leur petit magasin de droguerie. Pendant son séjour chez eux, une cousine, Mlle Caroline VERMEYLEN, s'emploie à lui apprendre le français. Il y rencontre également Jean PORTZENHEIM alias "Hubert" qui apporte à Mme HOEBANCX des timbres pour son ravitaillement. Bradley aide souvent sa logeuse dans la préparation des journaux clandestins dont son hôte était un important distributeur.
Le 2 février, il est amené chez l’infirmière Yvonne BIENFAIT au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek, pour y rencontrer un autre aviateur qu'elle héberge : Royce McGillvary du même Bomber Group que Bradley. McGillvary était également passé après lui chez Florent et Olympe BIERNAUX à Hasselt. Le 3 février (le 8 février selon les archives EVA), Charles HOSTE, Jean PORTZENHEIM et René WARNY (le beau-fils de SPILLIAERT) viennent les chercher pour les amener en tram chez Jules PETRYNS, propriétaire d'une petite "fonderie" (quincaillerie) à côté de sa maison au 50 Avenue Vanderaey à Uccle. PETRYNS, qui parlait très bien l’anglais, hébergeait également son contremaître Henri et d'autres réfractaires belges. Le 19 février, Bradley fête là son 27ème anniversaire, le même jour que celui de Jules PETRYNS. Un gros rhume oblige Bradley à s’aliter quelques jours.
Le soir du 26 février, la Gestapo sonne à la porte des PETRYNS et Bradley et McGillvary s'encourent par la porte arrière de la quincaillerie. McGillvary est en veste et Bradley en pantoufles, sous la neige fondante.
Tentant désespérément de pouvoir obtenir des vêtements, ils sonnent à une porte. L’homme qui vient leur ouvrir, effrayé, leur claque la porte au nez et les deux aviateurs marchent jusqu’à une autre maison où une dame leur conseille de sonner chez sa voisine, qui connaît l’anglais. Ayant ainsi sonné à la porte des DAMMANS, ils reçoivent un manteau pour McGillvary, des chaussettes et des chaussures pour Bradley.
Ils se réfugient ensuite chez une ISABELLE pour une nuit, et le lendemain une "Christina"/ CHRISTINE leur apporte des vêtements. Dans son récit, Bradley indique que CHRISTINE le conduit avec McGillvary et "Joseph DE BOE" jusqu’à un café où ils restent jusqu’à 14h lorsqu’arrive Jules PETRYNS. Celui-ci leur apprend qu’il avait été questionné par la Gestapo suite à une dénonciation. La Gestapo lui ayant proposé un marchandage afin de coincer un autre homme qu’ils recherchaient, PETRYNS avait accepté, s’était rendu au rendez-vous à la gare du Midi où il devait remettre un paquet. Finalement c’est cet autre homme qui avait été arrêté, PETRYNS pouvant s’en aller. Il ne peut donc plus retourner chez lui et accompagne Bradley et McGillvary chez des amis, un médecin et son épouse, chez qui ils prennent le thé. De retour au café, les deux évadés apprennent que PETRYNS n’a pas pu contacter PORTZENHEIM ni leur trouver un nouveau logement. C’est ainsi qu’ils retournent chez le médecin, chez qui ils passent la nuit. Ils sont renseignés comme ayant logé la nuit du 2 au 3 mars 44 au 1280 de la Chaussée d'Alsemberg chez une personne non identifiée. (Les Almanachs de Bruxelles renseignent un F. BORDYN, chaisier, à cette adresse en 1939 et 1946-7, mais aucun autre détail n’a pu être trouvé pour corroborer cette identification.)
C’est Jacques DE BOE, domicilié au 4 Rue Egide Van Ophem à Uccle, qui convoie Bradley à Bruxelles avec MacGillvary le 3 mars 44 et qui les a recueillis quand ils étaient recherchés par la SiPo. Jean LAPORTE, à la même adresse, reste en leur compagnie. La liste des Helpers belges reprend seulement deux DE BOE, Jacques à cette adresse et Joseph (voir paragraphe précédent) au 133 Chaussée d’Alsemberg à Linkebeek, commune voisine d’Uccle…
Jules MICHAUX et son épouse Jeanne LALLEMAND, domiciliés à Uccle au 36a Dieweg, hébergent McGillvarry et Bradley du 3 au 4 mars 44. Jacques DE BOE les reprend chez eux vers midi le 4.
Par après, Jules PETRYNS et CHRISTINE mènent les deux aviateurs en tram à une gare (vraisemblablement la gare du Luxembourg) et les accompagnent en train jusque Namur. Le groupe prend alors un tram à destination de Wépion où Berthe PETRYNS-SERWY, la mère de Jules, louait une maison, ayant vendu celle de Malonne où se trouvaient d’autres aviateurs auparavant. Jules et Christine étant retournés à Bruxelles le 29, Bradley et McGillvary logèrent principalement à Wépion chez Berthe PETRYNS qui les fait passer pour des ouvriers flamands et où ils occupèrent leurs journées à scier du bois et veiller aux tâches ménagères. Dans son E&E, Bradley mentionne un séjour de 4 mois à Wépion. Ayant appris que son voisin, Arsène COLIN, faisait partie de la Résistance, Mme PETRYNS finit par dire à celui-ci qu'elle cachait deux aviateurs américains. Ceux-ci ont par la suite des contacts avec d'autres résistants.
Vers le 27 mai, Roland DEPATOUL (du 51 Avenue Vanderaey, en face de chez Jules PETRYNS), arrive de Bruxelles pour avertir Jules PETRYNS qu’il était activement recherché et que la Gestapo pouvait débarquer à tout moment chez sa mère à Malonne. Bradley et McGillvary sont transférés en voiture par un DÉSIRÉ à Malonne chez "RONNIE"/"RENÉ", un neveu d’Arsène COLIN. Ce DÉSIRÉ et sa femme habitaient chez RONNIE, car DÉSIRÉ, marchand de charbon, était également recherché par la Gestapo. Bradley et McGillvary restent là à Malonne du 29 mai au 5 juin.
Le 6, ils apprennent le débarquement en Normandie et, conduits en voiture par DÉSIRÉ, ils retournent loger dans la maison de Berthe PETRYNS à Wépion. Jules PETRYNS et CHRISTINE, sur ordre de leur hiérarchie, avaient entretemps quitté Bruxelles, devenue trop dangereuse pour eux et allèrent vivre dans une ferme et firent de l'espionnage avec la Résistance namuroise. Durant leur séjour chez Berthe, elle leur donna à chacun un chien, "Cookie" pour Bradley et "Jimbo" pour McGillvary. Un jour, elle les avisa que des dispositions avaient été prises pour les faire passer en France.
Le 28 juin, un guide vient chercher les deux hommes en voiture. En route, ils prennent le Lt Frank Shaw et arrivent au château "Thozée", rue de Thozée à Mettet chez Mme Elisabeth ROPS (fille de Paul Rops et de Valentine Meuffels et petite-fille du peintre Félicien Rops, décédée en 1996). Ils y rencontrent le F/Off Stuart Leslie ainsi que d’autres membres de la famille ROPS : Pierre, 32 ans, le frère d’Élisabeth, et Danielle ("Dany"), 17 ans, la fille de Philippe ROPS, un autre frère d’Élisabeth. "Dany" est décédée le 15 avril 2018. Jean ROPS, un autre frère d’Élisabeth, était à ce moment prisonnier de guerre en Allemagne. Il est décédé à Hammelburg en Bavière le 6 avril 1945 à l’âge de 38 ans. Les précisions concernant la famille ROPS ayant hébergé les aviateurs nous ont été apportées en septembre 2018 par Madame Monique Cuvelier-Ladot, Présidente du Fonds Félicien Rops, qui a très bien connu Elisabeth ROPS. Nous remercions ici Madame Cuvelier pour ces précieuses informations. Le site du Fonds Félicien Rops : http://www.fondsrops.org/
Tous ces aviateurs restent chez les ROPS jusqu'au 6 juillet, jour où Paul FRAPIER, du 6 Rue Verte à Namur, vient les chercher en camion-navette conduit par Henri POUPIER de Namur (du réseau Zéro) pour les amener au bord de la Meuse. FRAPIER et les deux aviateurs font la traversée en barque. Ils attendent alors l’arrivée de POUPIER qui a fait le tour avec son camion pour passer la Meuse à Namur. Le camion arrive après une heure et FRAPIER, Bradley et McGillvary, rejoints par Shaw et Leslie montent à bord, le chauffeur prenant en route d’autres passagers en roulant vers le sud.
Arrivés à Spontin, un contrôle allemand se passe mal. On trouve les plaquettes d'identification de McGillvary et ils doivent tous avouer être des aviateurs. Un interprète venu de Namur les questionne mais ils ne donnèrent que leur nom, grade et n° de matricule.
Amenés à la prison de Namur, ils sont questionnés par des hommes de la Wehrmacht, puis, le 7 juillet dans l’après-midi, pris en charge par la Luftwaffe. Ils passent la nuit suivante sur une base de la Luftwaffe et sont ensuite transférés le 8 juillet vers un centre d'interrogation de la Luftwaffe à Bruxelles. Enfermés séparément dans des cellules exiguës, ils sont régulièrement interrogés et tous refusent de donner des renseignements sur leur parcours, les identités de ceux qui les ont aidés dans leur fuite, les lieux traversés.
Le 14 juillet, Bradley est transféré à la prison de Saint-Gilles où il apprend que s'y trouvent également Stuart Leslie, Frank Shaw et McGillvary. Ce dernier mentionne que vers le 2 août, lorsqu’il fut emmené pour un nouvel interrogatoire au QG de la Gestapo (à l’Avenue Louise à Bruxelles), il y vit plusieurs femmes âgées de 50 à 65 ans qui avaient été sauvagement battues par les Allemands. Il avait aussi assisté à l’arrachage d’une dent d’un détenu civil qui refusait de parler et vu une dame aux cheveux gris dans l’un des bureaux et qui portait de terribles contusions aux jambes suite aux coups de pieds d’agents de la Gestapo.
Après plusieurs semaines de détention à Saint-Gilles, on les embarque le 2 septembre 1944 à bord d'un train en direction de l'Allemagne avec 1500 belges et plusieurs dizaines d’autres aviateurs Alliés. Durant la nuit, le train s'arrête à environ 30 km de Bruxelles pour y retourner le lendemain... A la gare de triage de Schaerbeek, l'Armée Blanche attaque le train qui déraille, permettant des évasions. C’est l’épisode fameux du "Train Fantôme"/"Ghost Train". A la tombée de la nuit, Bradley, Royce McGillvary, Stuart Leslie et le Lt William G. Ryckman (E&E 1591) s'échappent de leur wagon. McGillvary et Leslie s’en vont de leur côté, tandis que Bradley et Ryckman partent d’un autre. Arrivés à un petit canal, le groupe se reforme et rencontre le Lt Alfred Sanders (E&E 1595) avec lequel ils empruntent un pont et arrivent dans la cour d'une usine de l'autre côté du canal. Avec l'accord du propriétaire, ils dorment dans une péniche hollandaise amarrée sur un autre canal proche. Le lendemain 3 septembre, ils voient arriver des chars d'une unité de transmissions canadienne et sont finalement conduits vers un hôtel bruxellois (le Métropole) où ils passent la nuit.
Convoyés par la suite en camion vers Amiens puis Paris, un C-47 emmena Bradley et d’autres évadés en Angleterre, arrivant à Northolt le 6 septembre 1944.
Un compte-rendu de 1945 sur les expériences de John Bradley, et dont nous avons développé certains détails, se trouve à http://www.92ndma.org/92nd/Life92/BradleyJ/bradleydiary.pdf
John Bradley est enterré au Riverside National Cemetery à Riverside, Californie.