Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 20 mai 2019.

Royce Frederick McGILLVARY / 10601061
828 Adams Street, Gary, Lake County, Indiana
Né le 27 avril 1923 à Gary, Lake County, Indiana / † le 28 juillet 2011 à Los Angeles, Californie, USA.
S/Sgt, USAAF 92 Bomber Group 407 Bomber Squadron, mitrailleur latéral droit
atterri près de Wierden, Pays-Bas.
Boeing B-17 Flying Fortress (Forteresse Volante), 42-3184, PY-Q / "Aliquippa", abattu par un chasseur le 22 décembre 1943 lors d'une mission sur Osnabrück.
Atterrissage forcé près de Bornerbroek/Azelo, OverIjssel, Pays-Bas, vers 14h30
Durée : 8 mois
Arrêté à Namur, le 6 juillet 44 et libéré du Train Fantôme

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 1711. Rapport d’évasion E&E 2143 disponible en ligne.

Le B-17 fait un atterrissage forcé avec encore 3 hommes à bord, aucun d’eux n’étant blessé. Ils se débarrassent des parties trop voyantes de leur équipement et habillage et quittent rapidement les lieux. Des policiers arrivent sur les lieux ¾ d’heure plus tard et des civils qui se trouvaient près de l’appareil leur donnent de fausses pistes quant à la direction que ces aviateurs ont prise pour s’échapper. Le MACR ne les identifie pas, mais au moins le pilote et son copilote devaient se trouver parmi eux.

C’est la 10ème mission de Royce McGillvary. Le reste de l’équipage est composé du pilote 2nd Lt Henry J. Roeber ; du copilote 2nd Lt Casimir J. Paulinski ; du navigateur 2nd Lt Donald J. McPhee ; du bombardier 2nd Lt George Sokolsky ; du mitrailleur dorsal S/Sgt Walter T. Sybo ; du mitrailleur latéral gauche Sgt Seymour N. Wolfson ; de l’opérateur radio S/Sgt Hubert F. O’Neill ; du mitrailleur ventral S/Sgt Clayton C. Verlo et du mitrailleur arrière S/Sgt Irvin Sumpter.

Sur le vol du retour, le B-17 est touché par des obus d’un chasseur allemand et il perd de l’altitude et le contact avec la formation. Il est aperçu à hauteur de Lingen avec le moteur n°4 dégageant de la fumée, puis le n° 1. Dans son rapport d’évasion, qui parle également d’ennuis mécaniques, Royce McGillvary indique qu’il évacue le B-17 à une altitude d’environ 3500m, derrière Wolfson et juste devant Sumpter et que, dû à la forte couverture nuageuse, il ne peut apercevoir d’autres parachutes éventuels. Il atterrit dans un champ près de quelques fermes (il les situe près de Wierden, OverIjssel) et est recueilli par des paysans dans l’une d’elles où il reçoit de la nourriture et où se trouve son co-équipier Irvin Sumpter. En compagnie de ce dernier, il se dirige ensuite vers l’Ouest. Tard dans la soirée du 23 décembre, ils rencontrent à Wierden même des gens qui se montrent amicaux à leur égard et il déclare que dès lors leur évasion fut organisée.

Mc Gillavary et Sumpter seront les seuls à parvenir à s’évader, les autres ayant été faits prisonniers, Sokolsky, McPhee, O’Neill et Wolfson étant capturés le jour du crash dans la région d’Itterbeck et de Getelo, tout près de la frontière germano-hollandaise.

McGillvary mentionne dans l’Appendix "C" de son rapport qu’il a été aidé à "Etch" (en fait, Echt, près de la frontière belge) par Joseph HALBEEK jusqu’à la fin du mois de janvier 1944. La liste des Helpers néerlandais établie après le conflit en vue de l’octroi de manifestations de reconnaissance renseigne Joseph HALBEEK à la Grotestraat 71 dans cette localité. Guidé à travers la frontière par une jeune hollandaise de 23 ans, McGillvary déclare être resté quelques semaines à Bruxelles avant d’être guidé vers Wépion où il a logé de début février à la fin du mois de juin 1944 chez Mme PETRYNS. Cette partie de son rapport se termine par la mention d’un déplacement ultérieur chez "Mr ROPPE, Château Flazzee, near Saint-Germain, Belgium." Il ne donne pas davantage de précisions et ne développe que les circonstances de son arrestation… et de l’épopée du "Train Fantôme" (voir en bas de page).

Les archives de Comète nous apprennent que McGillvary et Sumpter sont pris en charge par Florent BIERNAUX, son épouse Olympe, née DOBY, et leurs enfants Raymond, 18 ans et Elaine, 12 ans environ au 16 Thonissenlaan à Hasselt. Olympe guide McGillvary et Irvin Sumpter en train jusqu’à Bruxelles.

Dans la capitale, Olympe, McGillvary et Sumpter rencontrent deux dames, dont une Mme Veuve Gabrielle BALTUS (née GOEMANS en 1878) et habitant 1 Rue de la Cordialité à Anderlecht, qu'on lui indique de suivre. Ils sont probablement passés par le magasin Tricomode de Gabrielle GOEMANS au 17b de la Rue du Fossé-aux-Loups à Bruxelles. Rejoints par la suite par deux hommes, Jean et François DELEU, ils prennent différents trams pour arriver chez leur sœur Mme Marcelle DELEU habitant avec ses parents, François DELEU et Sophie SLUYS au 45 rue des Fraises à Anderlecht. McGillvary est renseigné comme ayant logé chez les DELEU du 22 (ou 23) décembre au 5 janvier.

Charles HOSTE conduit alors McGillvary chez Joseph HOEBANCX et Alice VAN ELDERS au 30 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek, où il reste jusqu'au 8 février.

Dans les archives de EVA : McGillvary est recueilli le 17 janvier 1944 par Henri NYS et les Milices Patriotiques de Schaerbeek et identifié ce jour par Charles HOSTE. Entré à EVA le 20 janvier 1944 avec HOSTE et Prosper SPILLIAERT, Charles HOSTE conduit McGillvary à loger chez Olivier DUCULOT et Henriette GREEN au 5 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek.

John Bradley, lui, indique que le 2 février, il est amené chez l’infirmière Yvonne BIENFAIT au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek, chez qui il rencontre McGillvary pour la première fois...

Charles HOSTE convoie McGillvary et Bradley avec René WARNY (le beau-fils de SPILLIAERT) le 8 février 44, pour les emmener en tram loger chez Jules PETRYNS, propriétaire d'une petite "fonderie" (quincaillerie) à côté de sa maison au 50 Avenue Vanderaey à Uccle. Jean PORTZENHEIM sera l’officier welfare de McGillvary à EVA et est renseigné comme l’ayant convoyé les 6 et 8 février. PETRYNS hébergeait également son contremaître Henri et d'autres réfractaires belges.

Le 26 février, la Gestapo sonne à la porte des PETRYNS et Bradley et McGillvary s'encourent par la porte arrière de la fonderie, McGillvary en veste et Bradley en pantoufles, sous la neige fondante. Ayant sonné à la porte des DAMMANS, ils reçoivent un manteau pour Mc Gillvary, des chaussettes et des chaussures pour Bradley. Ils se réfugient ensuite chez une ISABELLE, puis chez un médecin.

Ils passent la nuit du 2 au 3 mars 44 au 1280 de la Chaussée d'Alsemberg à Uccle chez une personne non identifiée. (Les Almanachs de Bruxelles renseignent un F. BORDYN, chaisier, à cette adresse en 1939 et 1946-7, mais aucun autre détail n’a pu être trouvé pour corroborer cette identification.) Jacques DE BOE domicilié au 4 Rue Egide Van Ophem à Uccle convoie McGillvary à Bruxelles avec Bradley le 3 mars 44 et les a recueillis quand ils étaient recherchés par la SiPo. Jean LAPORTE, à la même adresse, reste en leur compagnie. Jules MICHAUX et son épouse Jeanne LALLEMAND, domiciliés à Uccle au 36a Dieweg, hébergent McGillvarry et Bradley du 3 au 4 mars 44. Jacques DE BOE les reprend vers midi le 4.

Ils sont aidés par Jules PETRYNS et une Christine qui les accompagnent jusqu’à la gare du Luxembourg où ils prennent un train jusque Namur, puis un tram à destination de Wépion où Berthe PETRYNS-SERWY, la mère de Jules, louait une maison, ayant vendu celle de Malonne où se trouvaient des aviateurs auparavant. Jules et Christine étant retournés à Bruxelles le 29, Bradley et McGillvary logèrent principalement à Wépion chez Berthe PETRYNS qui les fait passer pour des ouvriers flamands et où ils occupèrent leurs journées à scier du bois et veiller aux tâches ménagères. Dans son E&E, Bradley mentionne un séjour de 4 mois à Wépion. Ayant appris que son voisin, Arsène COLIN, faisait partie de la Résistance, Mme PETRYNS finit par lui dire qu'elle cachait deux aviateurs américains. Ceux-ci ont par la suite des contacts avec d'autres résistants.

Vers le 27 mai, Roland DEPATOUL (du 51 Avenue Vanderaey, en face de chez Jules PETRYNS), arrive de Bruxelles pour avertir Jules PETRYNS qu’il était activement recherché et que la Gestapo pouvait débarquer à tout moment chez sa mère à Malonne. Bradley et McGillvary sont transférés en voiture par un DÉSIRÉ à Malonne chez "RONNIE"/"RENÉ", un neveu d’Arsène COLIN. Ce DÉSIRÉ et sa femme habitaient chez RONNIE, car DÉSIRÉ, marchand de charbon, était également recherché par la Gestapo. Bradley et McGillvary restent là à Malonne du 29 mai au 5 juin.

Le 6, ils y apprennent le débarquement en Normandie et, conduits en voiture par DÉSIRÉ, ils retournent loger dans la maison de Berthe PETRYNS à Wépion. Jules PETRYNS et CHRISTINE, sur ordre de leur hiérarchie, avaient entretemps quitté Bruxelles, devenue trop dangereuse pour eux et allèrent vivre dans une ferme et firent de l'espionnage avec la Résistance namuroise. Durant leur séjour chez Berthe, elle leur donna à chacun un chien, "Cookie" pour Bradley et "Jimbo" pour McGillvary. Un jour, elle les avisa que des dispositions avaient été prises pour les faire passer en France.

Le 28 juin, un guide vient chercher McGillvary et John Bradley en voiture. En route, ils prennent le Lt Frank Shaw et arrivent au château "Thozée, rue de Thozée à Mettet chez Mme Élisabeth ROPS (fille de Paul Rops et de Valentine Meuffels et petite-fille du peintre Félicien Rops, décédée en 1996). Ils y rencontrent le F/Off Stuart Leslie ainsi que d’autres membres de la famille ROPS : Pierre ROPS, 32 ans, le frère d’Élisabeth, et Danielle ("Dany"), 17 ans, la fille de Philippe ROPS, un autre frère d’Élisabeth. "Dany" est décédée le 15 avril 2018. Jean ROPS, un autre frère d’Élisabeth, était à ce moment prisonnier de guerre en Allemagne. Il est décédé à Hammelburg en Bavière le 6 avril 1945 à l’âge de 38 ans. Les précisions concernant la famille ROPS ayant hébergé les aviateurs nous ont été apportées en septembre 2018 par Madame Monique Cuvelier-Ladot, Présidente du Fonds Félicien Rops, qui a très bien connu Élisabeth ROPS. Nous remercions ici Madame Cuvelier pour ces précieuses informations. Le site du Fonds Félicien Rops : http://www.fondsrops.org/


Tous ces aviateurs restent chez les ROPS jusqu'au 6 juillet, jour où Paul FRAPIER, du 6 Rue Verte à Namur, vient les chercher en camion-navette conduit par Henri POUPIER de Namur (du réseau Zéro) pour les amener au bord de la Meuse. FRAPIER et les deux aviateurs font la traversée en barque. Ils attendent alors l’arrivée de POUPIER qui a fait le tour avec son camion pour passer la Meuse à Namur. Le camion arrive après une heure et FRAPIER, Bradley et McGillvary, rejoints par Shaw et Leslie montent à bord, le chauffeur prenant en route d’autres passagers en roulant vers le sud.

Arrivés à Spontin, un contrôle allemand se passe mal. On trouve les plaquettes d'identification de McGillvary et ils doivent tous avouer être des aviateurs. Un interprète venu de Namur les questionne mais ils ne donnèrent que leur nom, grade et n° de matricule. Amenés à la prison de Namur, ils sont questionnés par des hommes de la Wehrmacht, puis, le 7 juillet dans l’après-midi, pris en charge par la Luftwaffe. Ils passent la nuit suivante sur une base de la Luftwaffe et sont ensuite transférés le 8 juillet vers un centre d'interrogation de la Luftwaffe à Bruxelles. Enfermés séparément dans des cellules exiguës, ils sont régulièrement interrogés et tous refusent de donner des renseignements sur leur parcours, les identités de ceux qui les ont aidés dans leur fuite, les lieux traversés.

Le 14 juillet, Bradley est transféré à la prison de Saint-Gilles où il apprend que s'y trouvent également Stuart Leslie, Frank Shaw et McGillvary. Ce dernier mentionne que vers le 2 août, lorsqu’il fut emmené pour un nouvel interrogatoire au QG de la Gestapo (à l’Avenue Louise à Bruxelles), il y vit plusieurs femmes âgées de 50 à 65 ans qui avaient été sauvagement battues par les Allemands. Il a aussi assisté à l’arrachage d’une dent d’un détenu civil qui refusait de parler et vu une dame aux cheveux gris dans l’un des bureaux et qui portait de terribles contusions aux jambes suite aux coups de pieds d’agents de la Gestapo.

Après plusieurs semaines de détention à Saint-Gilles, on les embarque le 2 septembre 1944 à bord d'un train en direction de l'Allemagne avec 1500 belges et plusieurs dizaines d’autres aviateurs Alliés. Durant la nuit, le train s'arrête à environ 30 km de Bruxelles pour y retourner le lendemain...

A la gare de triage de Schaerbeek, l'Armée Blanche attaque le train qui déraille, permettant des évasions. C’est l’épisode fameux du "Train Fantôme"/"Ghost Train". A la tombée de la nuit, John Bradley, McGillvary et Stuart Leslie et le Lt William G. Ryckman (E&E 1591) s'échappent de leur wagon.

McGillvary et Leslie s’en vont de leur côté, tandis que Bradley et Ryckman partent d’un autre. Arrivés à un petit canal, le groupe se reforme et rencontre le Lt Alfred Sanders (E&E 1595) avec lequel ils empruntent un pont et arrivent dans la cour d'une usine de l'autre côté du canal. Avec l'accord du propriétaire, ils dorment dans une péniche hollandaise amarrée sur un autre canal proche. Le lendemain 5 septembre, ils voient arriver des chars d'une unité de transmissions canadienne et sont finalement conduits vers un hôtel bruxellois (le Métropole) où ils passent la nuit.

Convoyés par la suite en camion vers Amiens puis Paris, un C-47 emmena McGillvary et d’autres évadés en Angleterre où ils arrivèrent le 15 septembre 1944.

Royce McGillvary, décédé en 2011, repose au Los Angeles County Crematorium Cemetery à Boyle Heights en Californie. Merci à Alice Hendershot pour ses informations concernant ces derniers éléments.


Page du carnet d'Henri Jean Nys.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters