Dernière mise à jour le 20 janvier 2023.
Harold MATTHEWS / 149150
108 Peabody Estate, Herne Hill (actuellement Rosendale Road), London SE24, Royaume-Uni
Né ± 1920/1921/ † ?
Pilot Officer, RAF Bomber Command 35 Squadron, bombardier
Lieu d'atterrissage : près de Alken, Province de Limbourg, Belgique
Handley Page Halifax Mk.III, HX270, TL-M,abattu par la Flak lors de la mission du 20 décembre 1943 sur Frankfurt, Allemagne.
Ecrasé le 20 décembre 1943, près de Zepperen, au nord-est du champ d’aviation de Brustem-Sint-Truiden / Saint Trond, Province de Limbourg, Belgique.
Durée : 4½ mois
Arrêté le 10 mai 1944 en gare de Dinant, Belgique.
Rapport LIB WO208/3331/590.
Le Halifax décolle de Graveley vers 17h30 heure anglaise le 20 décembre. Touché par la Flak au-dessus du Limbourg, il s’écrase près de Sint-Truiden / Saint Trond.
Trois hommes, tous trois néo-zélandais, sont tués : le pilote F/L James Henry Wright, le navigateur F/L Sidney Colin Reave Mackie et le mitrailleur arrière P/O Thomas Andrew Robson. D’abord inhumés au cimetière militaire de Sint-Truiden le 23 décembre 1943, ils reposent dans une sépulture commune au Heverlee War Cemetery, près de Leuven / Louvain, Belgique.
Les autres, comme Harold Matthews (la présente fiche) parviendront un temps à s’évader, mais seront tous arrêtés ultérieurement. L’opérateur radio F/S William Robert John Dingle, atterri près de Alken, est hébergé chez des bûcherons à Alken où il est rejoint le 22 décembre par le mécanicien F/S William McRae Sinclair. Les deux hommes sont ensuite cachés dans la région de Tongeren (Tongres) puis, via Rekkem qu’ils rejoignent à vélo, ils sont guidés vers Liège où ils reçoivent de faux papiers. Ils sont rejoints par un autre évadé, un navigateur hollandais d’une autre escadrille de la RAF et prennent tous trois un train en direction de Bruxelles le 6 janvier 1944. Contrairement à ceux de Dingle et Sinclair, les papiers du navigateur ne sont pas en ordre et tous se font arrêter lors d’un contrôle à bord. Leur jeune guide peut s’échapper, mais on apprendra plus tard que lui aussi se fera appréhender et sera envoyé en Allemagne.
Harold Matthews est aidé dans la région de Alken et est guidé vers le sud. Dans son dossier de Helper, découvert en janvier 2023, Émile Raoul VANDERSMISSEN, 20 ans, indique que le 25 janvier 1944, Matthews a frappé à la porte de ses parents, fermiers au "Vivier Waron (Bienvenu)" à Wépion-sur-Meuse (Province de Namur). En fait, il s’agirait de la ferme de Vévy Weron, près du Chemin du Bienvenu. Son père, Henri, et sa mère l’ont immédiatement nourri et hébergé. Pendant que Matthews dormait chez eux, Emile est parti à Namur avec son beau-frère pour rencontrer Monsieur PIRET, chef de l’Armée Secrète dans le secteur. Ce dernier leur a conseillé d’aller voir Pierre WERENNE à la Rue de Bomal à Namur, qui pourrait trouver une possibilité d’évacuation de l’aviateur. WERENNE leur déclare que son organisation est en mauvaise position, ajoutant qu’ils devraient laisser partir Matthews. Émile VANDERSMISSEN signale que sa famille a tenu bon (malgré les risques connus) et que ce n’est que le 9 février qu’ils ont remis Matthews à WERENNE qui a pris contact avec "une autre organisation".
Le dossier d’Hubert HALIN (Réseaux Clarence et Groupe G), du 225 Rue Derrière-Aye, à Aye, mentionne qu’il a reçu Matthews (de qui ?) à la gare de Marloie et l’a remis à Louis HARSIN, chef de gare à Marloie (habitant 49 Avenue Delvigne à On). Par ailleurs, selon le rapport LIB de Matthews, il a rencontré "en janvier 1944" Frank Shaw (voir sa page sur le présent site) chez la famille RENARD. Le dossier de André CROONENBERGHS, du 51 Avenue des Acacias à Jambes (Namur), indique qu’il a confié (date ?) Matthews à Jean "KEFFER", peintre, du 117 Avenue des Acacias et que ce dernier l’a caché pendant 2 mois avant de le confier à nouveau à CROONENBERGHS. Dans la liste des Helpers Belges, le nom de "KEFFER" est lié à celui de RENARD. Des archives confirment l’intervention dans la filière d’évasion, pour 2 aviateurs anglais (Shaw et Harold Matthews), de Mr et Mme Joseph et Yvonne RENARD, 35 Rue du Village à Franc-Waret (Vezin) au nord-est de Namur. Il y différentes orthographes de Keffer, parfois repris comme Kiffer ou Kuffer. Il est aussi question dans une nécrologie suisse du décès d’une parente, du couple belge Joseph et Yvonne RENARD-KÜFFER. André CROONENBERGHS indique également une prise en charge (logement semble-t-il) par "PROVIS". Il doit s’agir de Mme Juliette PROVIS-VERSTRAETEN du 33 Rue Raymond Noël à Bois-de-Villers (Namur). Pas d’autres détails.
Matthews arrive le 9 janvier 1944 chez la famille POLLARIS-FARMER au 11 Rue Vauban à Jambes (Namur). Cette rue a été rebaptisée Rue Renée Prinz par la suite.
Gladys POLLARIS-FARMER, née en 1885 à Hexham-on-Tyne, Northumberland, Royaume-Uni, avait épousé un belge, acquérant sa nationalité. Le couple avait 3 enfants, deux garçons et une fille. Dans son rapport LIB et le dossier de Gladys POLLARIS, il est précisé que ces enfants sont âgés respectivement de 27, 24 et 20 ans. La liste des Helpers belges reprend, outre Gladys, une Angèle POLLARIS à la même adresse. Des recherches nous ont permis de retrouver qu’il s’agit de Angela Marie POLLARIS, née le 11 juillet 1921 à Floreffe (Namur). Elle a rencontré l’Américain Edward Milton Elwell en Belgique alors qu’il était militaire (engagé le 9 août 1944) et qu’elle travaillait pour la Croix Rouge. Ils se sont mariés le 9 janvier 1949 dans l’État du Maine, USA. Edward est décédé en mai 1991 et Angela le 3 avril 1998 à Buxton, Maine, USA. La même liste des Helpers reprend un ”Polacis, Reginald, Jambes, Namur”…qui pourrait bien être l’un des deux fils…
Matthews mentionne que Gladys et son mari belge l’ont logé, nourri pendant "14 semaines", qu’ils ont établi divers contacts (en vue de l’organisation de son évasion et de son retour vers l’Angleterre), lui ont servi de guides, procuré des cartes, une boussole et des vêtements civils.
Dans son rapport, Matthews indique qu’il quitte la maison des Pollaris le 8 mars 1944 pour y revenir le 26 mars, restant à nouveau caché chez eux, jusqu’au 10 mai 1944.
Le rapport de Louis HARSIN, de Marloie, reprend un extrait du rapport LIB de Matthews :
Il y est confirmé que le 8 mars, il a été transféré de même que Frank Shaw à Tamines, puis que Matthews est retourné à Namur le 26 (vraisemblablement chez les POLLARIS, qu’il ne nomme pas...)
Dans son dossier, qui ne précise pas de dates, Marcel LAMBILLOTTE ("Maurice"), de la Rue Claminforge à Falisolle, membre du Front de l’Indépendance et de Solidarité, mentionne qu’il a reçu Frank Shaw et Harold Matthews de Joseph MELCHIOR à Tamines, qu’il les a logés une nuit avant de les confier à nouveau à MELCHIOR. Il y est repris que Harold Matthews et Frank Shaw, se trouvant à Tamines, ont été présentés à LAMBILLOTTE et son épouse d’origine anglaise.
Nous ignorons où et par qui Matthews a été aidé / caché après le 26 mars. Une fiche à son nom avait été établie le 12 février 1944 pour le groupe EVA et la filière d’Anne BRUSSELMANS. Le but initial était vraisemblablement de tenter de l’exfiltrer vers la France et l’Espagne, mais vu les arrestations dans Comète et l’évolution prévue, un débarquement étant annoncé, les plans durent être modifiés. Quoiqu’il en soit, Matthews est retourné le 26 mars à Jambes chez les POLLARIS.
Le rapport de Louis HARSIN, de Marloie, reprend un extrait du rapport LIB de Jack Macknight (qui a également une page sur le présent site) :
Selon Macknight, à une date non précisée, il a été mené à "Jemeppe" où il a rencontré Matthews et Frank Shaw… Il nous semble que ce puisse être à Jemelle, plus proche de la région où ces 3 aviateurs ont été cachés.
Nous reprenons ci-après ce qui figure dans d’autres archives : Le 10 mai 1944, alors qu’il est accompagné par Gladys Pollaris, Matthews monte en gare de Namur à bord d’un train (probablement en direction de Dinant et de là vers un camp secret dans les Ardennes) Un contrôle d’identité se passe apparemment mal, car Gladys et ses "colis" doivent descendre du train. Le rapport de Matthews indique qu’il avait fait le voyage avec Frank Shaw et Jack Macknight et que seul lui avait été arrêté à ce moment…
Matthews est d’abord incarcéré à la Prison de Namur, puis transféré à celle de Saint-Gilles (Bruxelles) avant d’être envoyé au Stalag Luft 1 à Barth en Allemagne - Prisonnier n° 4797. Libéré dans les premiers jours de mai 1945 lors de l’arrivée de troupes russes, Harold Matthews pourra rejoindre l’Angleterre.
Pour son action lors d’une mission sur Mannheim en septembre 1943, Harold Matthews s’était vu décerner la Distinguished Flying Cross (DFC) – Mention dans la London Gazette, 8 October 1943 :
Pilot Officer Harold MATTHEWS (149150), Royal Air Force Volunteer Reserve, No. 35 Squadron.
One night in September, 1943, Flight Lieutenant Wright, and Pilot Officers Mackie and Matthews were pilot, navigator and air bomber respectively of an aircraft detailed to attack Mannheim.
The operation demanded a high degree of skill and the success achieved reflects the greatest credit on the efforts of these members of aircraft crew who executed their task faultlessly.
They have taken part in many previous operations and have always displayed courage, determination and devotion to duty of a high order.