Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 26 mai 2023.

Donald Morris BOYD “Don”/ 12168148
29 Leonard Street, Dansville, Livingston County, New York, USA
Né le 4 mars 1923 à Groveland, Livingston County , État de New York / † le 1er février 2015 à Dansville, New York, USA
S/Sgt, USAAF 388 Bomb Group 563 Bomb Squadron, mitrailleur arrière
Atterri dans la Bosstraat à Berlaar, à environ 7km au sud-est de Lier, Province d’Anvers.
Boeing B-17G-Flying Fortress (Forteresse Volante), n° série 42-30202, abattu par la Flak et achevé par Hans Walter Sander du 8./JG26 le 30 juillet 1943 lors de la mission du 30 juillet 1943 sur Kassel (usines Waldau Fieseler).
Écrasé à Bosstraat, quartier "Broek Els", un peu au sud-est de Berlaar, au sud-est de Lier, Province d'Anvers / Antwerpen
Arrêté le 4 septembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 3125. Rapport RAMP établi le 25 mai 1945.

Les informations que nos recherches ont permis de retrouver sont parfois divergentes ou contradictoires selon les sources. Nous les reprenons en citant leur origine et en nous efforçant de coller au mieux à ce qui nous paraît être la réalité.

L’appareil décolle de Knettishall et doit effectuer des manœuvres pour se positionner dans la formation, dont certains appareils doivent la quitter pour problèmes techniques ou autres. C’est le cas également pour le 42-30202 et sur le vol du retour, l'appareil est touché par la Flak à hauteur d'Anvers. Le moteur n° 2 est en feu et les flammes s’étendent jusqu’à l’arrière. Voyant la tournure des événements, le copilote F/Off Billy Hooker, qui à ce moment avait pris le relais de son pilote, le Fl/Off Earl E. Pickard, donne l'ordre d'évacuer. Tous les hommes sautent à hauteur de Rijmenam / Putte, près de Malines. Pickard sera fait prisonnier comme huit autres membres de son équipage. Parmi ceux-ci, trois parviendront un temps à échapper à la capture, Donald Boyd (la présente fiche, et dont c’est la 3ème mission), le bombardier Wallace Soderberg et le navigateur Robert Hoke. Les autres sont l’opérateur radio T/Sgt Walter E. Togel, le mitrailleur dorsal T/Sgt Orville W. Lewis, les mitrailleurs S/Sgt Ralph T. May, S/Sgt Sam H. Tucker Jr et S/Sgt Harlan C. Oakberg. Seul le copilote Billy Hooker réussira son évasion. Le MACR ne donne pas partout les mêmes positions de tir des mitrailleurs, mais il se confirme que Boyd est bien mitrailleur arrière et non latéral…

Selon un récit de son évasion rédigé par Donald Boyd en janvier 2010, il aurait atterri "near Ghent" (ce serait plutôt le Klein-Gent, Torekens à Hombeek que Boyd aurait entendu mentionner par Theodore GEETS – voir plus bas) et s’est caché dans un fossé jusqu’à la tombée de la nuit. Il trouve alors un fermier qui lui indique sur la carte de son kit d’évasion où il se trouve, lui donne du pain noir, du café et du lait battu. Vu la barrière de la langue, ils ne se comprennent pas, mais le fermier lui explique vaille que vaille la direction qu’il doit prendre. Boyd le quitte, trouve une haie à l’abri de laquelle il passe la nuit.


Theophil Gijsbrechts (cherché par les Allemands et caché chez SERNEELS) derrière Soderberg (gauche) et Boyd (droite)
A droite, Céline Serneels

Boyd se réveille au matin du 31 juillet, aperçoit des gens travaillant dans un champ de blé et parvient à attirer l’attention d’un homme. Celui-ci lui dit de rester caché et part chercher quelqu’un qui puisse l’aider. Boyd poursuit en disant que l’homme revint bientôt, accompagné de Jessie VAN DROMME, une jeune dame parlant parfaitement l’anglais. On lui donne des vêtements civils et un vélo qu’il dit enfourcher ensuite pour rouler dans la campagne en compagnie d’un membre de la Résistance.

Dans son rapport d’activités, Jessie VAN DROMME-TURNBULL du 101 Hoogstraat à Rijmenam, originaire de Brighton en Angleterre où elle est née le 16 mars 1916, indique que Boyd a été trouvé le 31 juillet sur la route de Meerbeek (Boortmeerbeek) par des enfants du village dans un petit bois près des voies du tramway longeant sa maison. Il tentait à ce moment de trouver la route vers Leuven/Louvain d’où il marcherait jusqu’à Bruxelles. Louis VERTONGEN, environ 16 ans, habitant la Sint-Marcusweg toute proche est venu prévenir Jessie où Boyd se trouvait et elle l’a amené chez elle. Prévenu, Florimond VAN DE VLIET, un jeune homme travaillant pour le père de Jessie lui demande si elle ose prendre le risque de convoyer Boyd jusqu’à Putte où il serait pris en charge par un ami de Florimond. Jessie guide donc Boyd en tram jusqu’à l’arrêt du Pasbrug, près de la Putsesteenweg à l’extérieur de Mechelen/Malines, avant de prendre un autre tram les menant à Putte. A noter que selon le rapport de Florimond VAN DE VLIET, cordonnier au 133b Liersebaan à Beerzel, près de Putte, il a accompagné Jessie en tram jusqu’au domicile de ses parents à Putte, où Boyd a pu se restaurer. Il avertit GIJSBRECHTS dont il savait qu’il s’occupait d’évasion d’aviateurs. Ce dernier est venu immédiatement chercher Boyd le 31 juillet à 22h00. Il s’agit de Theofiel Frans GIJSBRECTHS du H42 à Heist-op-den-Berg. Jessie déclare ne pas connaître le nom de l’homme auquel elle y a remis Boyd. Elle précise avoir conservé chez elle, cachés dans un coussin, le bracelet, la bague, une partie de la carte d’évasion, une très petite boussole et une plaquette d’identification (dog tag) que lui avait remis Boyd avant de partir de chez elle. Selon les souvenirs de Jessie, décédée en mai 2001, les pièces de son uniforme avaient été enterrées dans un bois local, le Rijmenamsebos. Selon son fils Basil, la famille VAN DROMME possédait encore en 2010 le bracelet portant son matricule et l'anneau qu'il leur avait laissé.


Ce bracelet et la bague ont été rendues à Boyd et sa famille en 2010, grâce à l’intervention du groupe Hangar Flying de Hombeek (cf https://www.hangarflying.eu/fr/2010/02/hombeek-iii-lezers-reageren/)

Boyd ne précise pas qu’à Putte, il a été aidé par Jules OP DE BEECK du 25A Mechelsesteenweg, ni qu’il avait logé auparavant chez Jessie VAN DROMME-TURNBULL à Rijmenam.



Lettre de Jessie VAN DROMME figurant dans son rapport d’activités,
et détaillant son rôle dans l’évasion de Boyd (Archives NARA-USA)

Selon le rapport de GIJSBRECHTS , lui et deux compagnons, Richard BASTIJNS (221 Bergstraat, Heist-op-den-Berg) et Jozef CALUWAERT, notaire (141B Hallaarstraat, Heist-op-den-Berg), ont pris Boyd dans un bois à Putte où il avait été amené par les frères VAN DE CASTEELE (Jules et Florimond), les frères OP DE BEECK (Jules et Jozef) et Hubert Alfons CAMPS (28A Mechelbaan, Putte). Toujours selon GIJSBRECHTS, lui et CALUWAERT et BASTIJNS ont convoyé Boyd jusqu’à Heist-op-den-Berg où il se sont arrêtés environ 30 minutes chez BASTIJNS avant de mener Boyd chez le fermier Alfons SERNEELS au 33C Isschot à Itegem. Après 3 jours passés chez SERNEELS, Boyd (et Soderberg) sont remis à BASTIJNS, GIJSBRECHTS et CALUWAERT, qui mènent les 2 aviateurs à Hombeek via Putte, Peulis, Bonheiden et Mechelen/Malines, pour les remettre à Adolf NOBELS, curé de la paroisse Sint Martinus à Hombeek.

Dans un rapport rédigé sur les activités de BASTIJNS, il est fait mention que le 31 juillet (sic), il aurait reçu Boyd de Florimond VAN DE VLIET et qu’avec Bert IMBRECHTS, Johannes (Jan) HEREMANS, GIJSBRECHTS et Gaston TORFS, il aurait mené l’aviateur chez le curé Adolf NOBELS… A noter que selon ce qui figure dans le rapport de Jules OP DE BEECK (25A Mechelbaan, Putte), ce convoyage n’aurait concerné que le seul Soderberg…

Boyd ne mentionne pas de noms dans son court récit et ne reprend dans son rapport RAMP établi le 25 mai 1945 (voir plus bas) que 2 noms de Helpers, dont celui de "Alphonse Van Camphout" à Hombeek. Il s’agit en fait de Alfons VAN CAMPENHOUT, Bankstraat 109 à Hombeek, qui est repris à la liste des Helpers belges et qui le loge du 2 au 14 août…

Signalons ici que Richard BASTIJNS, né le 31 décembre 1896, a été arrêté par la Gestapo le 2 novembre 1943. Déporté en Allemagne le 8 janvier 1944, il est décédé le 2 février 1945 au camp de Groß-Rosen. Son épouse Maria, née Gysbrechts, avait été arrêtée en même temps que lui mais relâchée 4 jours après. Quant à Jozef CALUWAERT, né le 27 mars 1904, il avait été arrêté le 10 septembre 1943. Emprisonné à Anvers/Antwerpen puis à Saint-Gilles-Bruxelles, il est également parti vers l’Allemagne le 8 janvier 1944. Il est renseigné comme décédé le 25 mars 1944 au camp de concentration d’Esterwegen. Bert IMBRECHTS, lui, né le 10 septembre 1919, et arrêté comme BASTIJNS le 2 novembre 1943, est repris comme prisonnier n° 109936, décédé au camp de Nordhausen le 4 avril 1945.

Encore ailleurs, on signale que Boyd aurait été remis au curé Adolphe NOBELS de Hombeek par le Lieutenant belge Theodore GEETS, commandant de la Section "Mechelen" de l’Armée Secrète. Il est ensuite remis par Jean MERTENS de la Gijsbeekstraat à Hombeek, alors agent de NOBELS, à Achille OLIEU et sa sœur au 427 Avenue des Pagodes à Laeken où il revoit Soderberg. Ceci est confirmé dans le récit de Boyd. Ils restent chez eux du 15 au 28 août 1943. Seize aviateurs avaient déjà été cachés auparavant à cet endroit. Durant cette période, ils vont 24 heures chez Antoine DE WIT au 25 Rue De Wand à Laeken et J. COENEN au 23 de la même rue. Jean MERTENS (du Groupe MERTENS de Boortmeerbeek) se fait arrêter le 15 août et l'abbé Adolf NOBELS vient s'habiller en civil chez OLIEU et y séjourne du 15 au 16 août, avant de partir (le 12 septembre) pour l'Angleterre, via la France et l’Espagne. Il deviendra aumônier de la Brigade Piron.

Après ces 13 jours, Soderberg et Boyd sont remis le 28 août 1943 par Achille OLIEU à Mme Yvonne PIRA-VANDENBRANDE et à Arthur DEGROEVE (Service Luc-Marc V.N.31), du 770 Chaussée de Gand à Molenbeek-Saint-Jean. DEGROEVE, qui avait été arrêté en octobre 1942, était parvenu à s’échapper, avait rejoint le maquis, mais fut repris à Namur le 18 juillet 1944 sur dénonciation. Déporté le 2 septembre 1944 en Allemagne, il fut détenu au camp de Neuengamme. Libéré, il est rentré en Belgique le 25 mai 1945.


Boyd confirme avoir été hébergé par Achille OLIEU, du 15 au 31 août… Il conclut en signalant qu’il s’est passé 36 jours entre son atterrissage et sa capture.


Donald Boyd et Wallace Soderberg en Belgique durant leur évasion
(cliché provenant des archives d’Alfons Van Campenhout)

Dans son récit, Boyd ne reprend pas les détails figurant aux paragraphes précédents. Il signale seulement que les aviateurs vont de "Ghent" à Rijmenam en passant par différentes caches, jusqu’à ce que onze d’entre eux soient prêts à partir vers l’Espagne. Il dit qu’ils voyageaient en tant qu’équipe de football, avec trois guides, le groupe parlant anglais, allemand et français. Tous disposent de faux papiers et sont revêtus d’effets civils. Un midi, le groupe monte à bord d’un train. Il ajoute que, décidant d’en descendre pour le lunch, on leur avait recommandé de ne pas se déplacer en groupe. Il mentionne un long boulevard, leur arrivée à un restaurant, leur passage aux toilettes à l’étage, décidant entre-temps de qui mangera à la même table que qui d’autre. Il termine en disant qu’à leur grande surprise, cinq ou dix minutes plus tard, une dizaine d’officiers de la Gestapo leur lancent "Hände hoch !" avant de les arrêter.

Parmi les noms des personnes qui l'ont aidé, Boyd se souvient encore de MOUSSET (Louis, de Berchem-Antwerpen OU Raymond, de Bruxelles ?) et de HANSON…

Dans son dossier d’activités, Marc HANSON (pilote à la SABENA, 31 Boulevard Auguste Reyers à Schaerbeek ) cite les noms des aviateurs qu’il a aidés : Boyd et Soderberg en août 1943, Arthur Fay et Robert Frost en août et septembre 1942. Il ne connaît pas les noms de nombreux autres pour lesquels il est intervenu. Il précise que son aide consistait à servir d’interprète, fournir de la nourriture, des vêtements, des livres, des cigarettes, etc., afin de faciliter l’évasion des aviateurs tombés sur notre sol et de rendre leur séjour momentané aussi agréable que possible. Extrait de son dossier, concernant particulièrement Donald Boyd :



Lettre de remerciement de Donald Boyd du 3 septembre 1943, rédigée la veille de son départ vers l’Espagne
et envoyée de France via porteur vers la Belgique.

Le 3 septembre 1943
Mes chers amis,
Aujourd’hui est encore un de ces réellement beaux jours, mais il y a beaucoup de choses pour lesquelles je dois davantage de reconnaissance, spécialement
à des gens comme vous et les autres amis qui nous ont aidés.
Cette nuit sera la dernière dans ce pays et forcément vous savez que je suis très heureux de partir, car au plus tôt je pourrai rentrer en Angleterre, au plus heureux tout le monde le sera, surtout mes parents. Je sais que vous serez heureux d’apprendre notre arrivée en Espagne et je pense qu’il vous sera possible de le savoir par la personne qui vous remettra cette lettre
.En conclusion, je tiens encore à vous remercier du plus profond de mon cœur pour tout ce que vous avez fait pour moi, car cela a été une des meilleures choses que qui que ce soit ait jamais fait pour moi.
Sincèrement
Donald Boyd
P.S. Ici, juste encore quelques lignes pour vous aviser et dire à Mr Hanson, Monique,Therese que je penserai toujours à eux aussi et que j’espère les revoir après que ceci (guerre) soit terminé. J’aimerais bien que vous les remerciiez de ma part et leur disiez que j’ai vraiment apprécié leurs visites.

Dans son questionnaire, rempli le 5 août 1945, HANSON écrit : "Je signale l’imprudence involontaire commise par le S/Sgt Boyd dans sa lettre du 3 septembre 1943 (voir photocopie produite par Mr OLIEU) dans laquelle il mentionne mon nom véritable. Cette erreur a, certes, été provoquée par l’énervement du départ mais aurait pu amener des complications très graves. Je demande expressément qu’aucun ennui ne soit fait au S/Sgt Boyd."

Dans la page qu’il signe dans le MACR 3125, Donald Boyd précise qu’il a été arrêté le 4 septembre 1943, sur dénonciation de "some Frenchman". Il semble donc que ce soit en même temps que Soderberg pour lequel cette même date est annoncée.

Donald Boyd passera par le centre d’interrogation Dulag Luft à Oberursel près de Frankfurt avant d’être interné au Stalag 17B (XVIIB) à Braunau-Gneikendorf, près de Krems, Autriche. Soderberg, étant officier, ira d’Oberursel au Stalag Luft 3 à Sagan.

Merci à Franz Van Humbeek et Ward De Kempeneer ( http://users.skynet.be/hoembeka/) pour les renseignements qu’ils nous ont communiqués.


Cette photo de Donald Boyd en uniforme nous a été transmise par sa fille Linda que nous remercions ici.

Donald Boyd repose au Holy Cross Cemetery à Dansville, New York. La photo en couleur provient de sa nécrologie à http://hindlefuneralhome.com/tribute/details/461/Donald-Boyd/obituary.html#tribute-start

Merci à Dany Mertens, petit-fils de Alfoons Serneels, pour la photo prise chez son grand-père.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters