Dernière mise à jour le 14 avril 2016.
John Frank BUICE / 34267523
613 Church Street, Decatur, Géorgie, USA
1910 en Géorgie / † ? 1970 Gwinnett County, Géorgie, USA ?
T/Sgt, USAAF 94 Bomber Group 331 Bomber Squadron, mécanicien et mitrailleur de tourelle dorsale
Atterrit à une vingtaine de km à l’Est du Bourget
Boeing B-17F-20-DL Flying Fortress (QE-?) 42-3071 abattu le 14 juillet 1943 par des chasseurs Fw190 lors d'une mission sur l'aérodrome du Bourget
écrasé à Gonesse, près du Bourget, Seine-Saint-Denis, France
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées : le 14 octobre 1943
Rapport de perte d'équipage : MACR 113. Rapport d'évasion E&E 202 (disponible en ligne).
De l'équipage du pilote Floyd Bentley Watts. L'appareil décolle de Bury St Edmunds vers 06h00 et est attaqué près de l'objectif par quelques Fw190. Malgré des manœuvres d'évitement, il est touché à plusieurs reprises dans le nez. Le moteur n° 3 en feu, il perd rapidement de l'altitude. Lorsqu'un deuxième moteur rend l'âme et qu'une aile prend feu, les mitrailleurs latéraux, le S/Sgt Burton H. Reppert et le S/Sgt Lawrence B. Phillips tentent d'ouvrir la trappe d'évacuation et sont tués par l'explosion d'un obus. Dans la partie avant, un obus explose entre le navigateur 2nd Lt Allan C. Eastman et le bombardier le Lt Richard N. Manning, les blessant tous les deux.
La situation devenant trop critique, Watts donne l'ordre d'évacuer l'appareil en perdition. Eastman et Manning sautent les premiers, suivis du copilote, le 2nd Lt John W. Bieger Jr, de John Buice et de l'opérateur radio le T/Sgt Samuel E. Potvin, Watts évacuant en dernier la cabine de pilotage.
L'interphone étant hors d'usage, le mitrailleur ventral, le S/Sgt John L. Carpenter va trouver le mitrailleur arrière, le S/Sgt Joseph E. Manos, pour le prévenir, avant de quitter lui-même l'avion. Outre Buice, quatre autres membres de l'équipage purent s'évader : le pilote Watts (E&E 92) ; le copilote Bieger (E&E 133 - évacué par la ligne Suzanne-Renée en octobre 1943) ; le radio Potvin (E&E 100, atterri près de Bondy, blessé aux bras et aux jambes par des éclats d'obus) ; le mitrailleur ventral Carpenter (E&E 101). Les blessés, Eastman et Manning, seront fait prisonniers et le sergent Manos perd la vie.
John Buice saute d'environ 6.000 m et en approchant du sol aperçoit un homme et des enfants marchant sur une route à moins d'un km de l'endroit où il atterrit vers 08 heures, un grand champ de blé où il se cache pour le restant de la journée. Il n'a aperçu qu'un seul autre parachute. De sa cachette, il entend puis voit des soldats allemands à sa recherche, qui heureusement ne décèlent pas sa présence. Quelques heures plus tard, les environs étant plus calmes, il enterre son parachute et sa Mae West avant de s'endormir peu avant le crépuscule. Il se réveille la nuit, sous la pleine lune et, s'aidant de sa boussole, il commence à marcher en direction du Sud. Il marche jusqu'au matin puis se cache dans un bois toute la journée suivante. Ces trois premiers jours, il se nourrit du chocolat et des tablettes Horlicks de son kit d'évasion et boit de l'eau où il parvient à en trouver.
Le 17 juillet, il arrive à une grande ville qu'il pense être Melun. Bien qu'il soit toujours vêtu de sa combinaison de vol, personne ne semble lui prêter attention lorsqu'il marche dans la ville, même pas quelques soldats allemands qui le croisent. Il arrive sur une grande place et il remplit sa bouteille d'eau à la fontaine qui s'y trouve. Il atteint l'extrémité de la ville et s'adresse à un jeune français a vélo, lui demandant s'il parle anglais. Le gosse disparaît rapidement et Buice poursuit sa route, s'arrêtant vers deux ou trois heures du matin auprès d'une maison isolée. Il se décide à y frapper et le jeune homme qui vient lui ouvrir ne le fait entrer qu'après une forte insistance de sa part.
L'homme lui dit qu'il avait été fait prisonnier de guerre et venait d'être remis en liberté. Ses parents donnent du pain et des pommes de terre à l'aviateur, l'avisant de ce qu'une patrouille allemande se trouve à seulement trois km de là, faisant comprendre qu'ils ne peuvent le garder chez eux. Ils lui permettent de se raser avant que le fils ne l'accompagne un peu pour lui montrer une route traversant des bois.
A nouveau seul, Buice dort le restant de la journée dans le bois avant de se remettre en route dès la tombée de la nuit. A l'entrée d'un village, un premier cycliste hésite à l'approcher, un deuxième semblant comprendre la situation, l'emmène chez lui. L'homme est polonais, sa famille le nourrit et Buice peut à nouveau se raser.
Il date cette rencontre de "probablement le 21 juillet" et précise dans son rapport qu'à ce moment, pensant qu'il pourrait ne pas tenir le coup jusqu'à la frontière espagnole, son but était de gagner la Suisse, qui lui semblait une destination plus proche. Il poursuit sa route, marchant pendant plusieurs jours jusqu'à ce qu'il approche d'une autre grande ville, dans laquelle il ne rentre qu'à la nuit tombée. Il apprendra peu après qu'il se trouve à Fontainebleau.
Il s'adresse à deux jeunes enfants qui lui indiquent une maison où ils connaissent quelqu'un parlant l'anglais. Buice frappe à la porte, n'a pas de réponse et se fait interpeller par une femme à l'étage de la maison voisine. Il lui demande si quelqu'un parle anglais et la femme lui répond dans cette langue, le faisant ensuite entrer chez elle. Elle explique qu'elle est citoyenne britannique, apparemment originaire d'Afrique du Sud et elle lui donne à manger. Sentant que la famille est effrayée, il pense qu'il vaut mieux quitter cette maison. On lui propose des vêtements civils, qu'il juge plus prudent de ne pas prendre et vers minuit il accompagne le fils de la maison jusqu'à un bois à la périphérie de la ville. Le garçon lui indique la route vers Orléans avant de le quitter.
Buice marche toute cette nuit-là et dort le reste du lendemain dans une meule de foin. En cours de route, à l'approche d'un village, des gens lui donnent à manger. Il marche à nouveau dans la nuit du 22 au 23 mais le temps pluvieux et le froid engourdissent ses membres et il peut à peine marcher au matin. Il décide alors de prendre le risque de marcher en plein jour.
Après neuf jours de marche depuis son atterrissage, Buice arrive dans un village d'où son évasion est dorénavant organisée. Un capitaine d'artillerie français nommé FROT (phonétiquement), tenant un commerce d'ustensiles de cuisine et un docteur prennent des contacts et on peut l'emmener à Saint-Mandé, où il connaît des personnes ayant déjà aidé des aviateurs. Mme FROT reçoit également des recommandations vers un monastère ou couvent proche à Avalon en Yonne, où Buice est emmené par un un camionneur de marché noir et qu'il rémunère avec l'argent de sa trousse d'évasion. Mme FROT et l'épouse du docteur l'accompagnent. L'abbé parle un excellent anglais et a déjà aidé des Britanniques. Il y voit des Hollandais et des gens d'un réseau français. On lui apporte des faux papiers réalisés avec des photos faites au monastère. On lui recommande d'aller en Suisse, mais il sait qu'il vaut mieux aller en Espagne.
Après une ou deux semaines, il n'entend plus rien et l'abbé revient avec les nouvelles de l'arrestation de ces personnes. La Gestapo devenant très active, Buice est conduit comme sour-muet à un orphelinat dépendant du monastère à Guipy en Nièvre, 50 km plus au Sud. Il y reste une semaine et demande à être conduit à Paris. Un camion le conduit via Auxerre dans un couvent de religieuses en banlieue. Le docteur local le conduit à l'appartement d'un Dr GOTHEAU. Après cinq jours, il est emmené chez un autre docteur.
Un jour, le 11 octobre, il y rencontre une femme de 35 ou 36 ans habillée en noir. Elle porte des grosses et épaisses lunettes d'écailles (Fernande ONIMUS-PHAL). Peter Smith est avec elle. Ils vont dans un restaurant, un homme roux lui donne de nouveaux papiers réalisés avec ses photos amenées d'Angleterre, mais cette fois avec une adresse dans les Pyrénées, et plus en Suisse. Ensuite, le soir du 11 octobre, les deux hommes prennent le train de 22 heures pour Bordeaux, voyageant en 3e classe avec leurs tickets de 2de (le train était bondé).
Ils changent de guide à Bordeaux où ils mangent. Pendant le repas, leur guide montre une toute petite femme (Marcelle DOUARD), qui a guidé deux Anglais, Norman Fairfax et Roderick MacLeod.
Un homme d'environ 25 ans (Jean-François NOTHOMB) les guide en train à Dax, où, le 12 octobre vers midi, ils prennent des vélos du compartiment à bagages. Une femme rousse (Elvire DE GREEF) guide les deux Anglais. Juste devant une Kommandantur allemande, l'imperméable de Buice tombe du vélo et il doit s'arrêter. Ils vont dans un bois et mangent un picnic. Leur guide revient avec deux jeunes femmes et ils continuent à vélo longeant une rivière sur la plus grande partie du trajet. En soirée, ils arrivent à Bayonne où ils s'arrêtent au Café Pierre (Pierre ARRIEUMERLOU) où ils logent et restent jusque dans l'après-midi du 13.
Buice loge ensuite à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA. C'est la 62e traversée de Comète. Son groupe passe par Larressore avec les seuls guides de Pierre ETCHEGOYEN.
Vers 18 heures le lendemain, ils partent en vélo, rencontrent leurs guides de montagne, et donnent leur restant d'argent français à une des femmes. Leurs guides les laissent se reposer quand ils en ont besoin. Ils traversent la frontière vers 02 heures, vont dans une ferme espagnole (Jauriko borda, chez les MENDIHARA), et dorment dans la grange à foin.
Vers 10 heures le lendemain, un jeune garçon les emmène et ils marchent jusqu'à l'épuisement. Un policier les embarque et les prend dans une ville. Dans son rapport, Buice mentionne : "± 16h00 ELIZONDO". Ils passent la nuit en geôle et sont pris à Pampelune le lendemain matin, accomplissant le trajet de 50 Km en étant assis sur le toit d'un bus. Le soir, un autre bus les mène à Lecumberri dans un hôtel sous surveillance où ils restent du 16 au 24 octobre. Ils y sont internés dans l'hôtel Ayestarán à Lecumberri. C'est un hôtel réquisitionné et transformé en camp de réfugiés pour des Néerlandais, des Belges et des Français. Nos quatre aviateurs y partagent une chambre pour quatre et peuvent communiquer leur présence au Consul d'Urruguay. John Buice y reçoit 300 Pesetas du vice-consul américain à Bilbao, Ils y perçoivent tous une solde hebdomadaire de 25 Pesetas et 20 Pesetas de la Croix-Rouge la première semaine. Fairfax, qui parle couramment l'espagnol, négocie avec un garde local un coup de téléphone depuis une cabine publique à l'Attaché Militaire de l'ambassade britannique de Madrid.
Le consul d'Uruguay et son épouse viennent les voir au nom des consuls américains et britanniques. Buice voit le vice-consul d'Amérique à Bilbao, Mr Wannemaker, qui lui fait signer un certificat de sécurité les enjoignant de ne pas parler de leur évasion.
Dans l'hôtel se trouvent deux déserteurs allemands, paraissant âgés de 25 à 27 ans et se faisant passer pour des Américains. L'un d'eux, Harry Smith, un petit homme aux cheveux foncés qui avait l'air d'un Juif, prétend qu'il a été aviateur. L'autre prétend la même chose sous l'identité de Roger Dennis. Ce dernier passe à Buice des notes sur la "Struktur des Abwehrdienstes'', que Buice joint en appendice B à son E&E. Ils prétendent s'être échappés d'Allemagne après avoir été condamnés à mort pour trahison et déclarations défaitistes. Vers le 06 novembre, les deux allemands sont déplacés à Miranda. Buice passe par Madrid avant d'arriver le 10 novembre à Gibraltar où il est débriefé. Dans le train, ils ont presque une bagarre avec un Espagnol irascible de la Division Azul.
John Buice quitte Gibraltar par avion le 19 novembre 1943 et arrive à Bristol en Angleterre le lendemain.