Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 4 juin 2022.

Peter Bellamy SMITH / 1333883
Greenway, Boundary Lane, Woking, Surrey

Fl Sgt, RAF Bomber Command - 61 Squadron, navigateur
Atterri au lieu-dit "Les Cœuvins" à Habay-la-Neuve, Province de Luxembourg, Belgique.
Avro LANCASTER Mk I N° série: W4236, QR-K Abattu la nuit du 9 au 10 août 1943 lors d'une mission sur Ludwigschafen/Mannheim par un chasseur allemand (Lt Norbert Pietrek du 2./NJG4)
Écrasé près de la gare de Marbehan, Province de Luxembourg, Belgique
Durée : 15 semaines
Passage des Pyrénées : le 14 octobre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3316/1530 (Appendice C).

Le Lancaster décolle à 23h10 de Syerston et au retour de la mission est touché par les tirs du Lt Pietrek à une altitude de 4200m à hauteur de Tellin, à environ 10km au nord-ouest de Saint-Hubert. C’est la 5ème opération pour cet équipage. Le pilote Whitley donne l’ordre d’évacuer l’appareil, qui s’écrase à Marbehan. Le mécanicien Sgt George William Sidney Spriggs, le mitrailleur arrière Sgt Nevil Temple Holmes et le mitrailleur dorsal Sgt John Topham Kendall (RCAF) sont tués. Ils reposent tous trois au cimetière communal de Florennes, Province de Namur, Belgique.

Outre Peter Smith, trois autres membres de l’équipage parviendront à s’évader. Deux d’entre eux, le pilote Sgt John C. Whitley (SPG 3323/2519) et le bombardier Sgt Walter Walker (SPG 3320/1953) seront évacués vers la Suisse en décembre 1943 et rejoindront l’Angleterre en été 1944. Quant à l’opérateur radio Sgt Ernest F. Gardiner, il rentrera en Angleterre en Lysander en septembre 1943 (SPG 3315/1403).

Après avoir été attaqué pour la deuxième fois par un chasseur, l'avion prend feu et le pilote donne l'ordre de sauter. Smith atterrit dans un champ de maïs avec seulement une chaussure. Il découpe ses épaulettes et insignes et cache son parachute. Le 11 août, Smith aborde une femme à bicyclette qui lui indique de rester caché dans une haie en attendant son retour. La femme (Marie BODART) revient avec sa mère, de la nourriture et des vêtements. Le soir, Smith est emmené dans une ferme près d'Etalle, une dizaine de kilomètres à l'Ouest d'Arlon. Il va y séjourner trois semaines. M et Mme Joseph BODART et leur fille Marie lui apportent à manger tous les jours. A la fin de ces trois semaines (Smith pense qu'il s'agit du 31 août, car il a entendu un discours de Churchill à la BBC), il est conduit dans la maison de Marie BODART, toujours à Etalle, pour une semaine supplémentaire.

Le 7 septembre, Smith est conduit par Marie BODART en bicyclette à la gare de Marbehan. Ils prennent le train pour Libramont où l'attend un homme qu'il doit suivre. Après une dizaine de kilomètres, il doit attendre d'être rejoint à un carrefour, à 16 heures précises, par un homme qui se mouchera dans un mouchoir rouge et il devra employer le mot de passe "Jacques". Il est alors emmené en train et à vélo dans une maison en forêt, à environ 16 Km au Nord-Est de Libramont (le groupe de l'AS de Libramont n'a pas pu identifier la jeune fille qui leur remet Smith).

En chemin, il rencontre un capitaine BRADLEY. Même avec un nom anglais, il s'agit d'un agent belge. Ce dernier lui dit qu'il serait interrogé à Londres par un major King et il lui demande de lui signaler qu'il l'avait aidé dans son évasion. Ce capitaine Bradley est en fait le radio d'une mission SOE. Smith est donc emmené au château de Longchamps, à Champs, propriété du bourgmestre local, M. Gaston MAUS de ROLLEY. Le samedi 11 septembre au soir, il est emmené de nouveau à Libramont en bicyclette mais comme le guide qui doit le prendre en charge ne se présente pas et qu'il n'y a pas de train prévu le dimanche, il se cache dans une grange, près de la ville.

Le 13 septembre, il rejoint, guidé par le radio luxembourgeois Max BRAHMS, quatre autres sergents de la RAF dont il ne se souvient plus des noms [James Rainsford, Oscar Ramsden, Joseph Kenny et Ernest Gillman]. Il les rencontre donc ce 13 septembre dans un chalet de la forêt de Remagne, une cache du maquis du Lieutenant DOMINIQUE, un autre Luxembourgeois.

Le lendemain, des contacts sont pris avec des résistants. Le 14 septembre à 15 heures, ils sont amenés tous les cinq à Libramont par Jean MARTIN et Jean GREGOIRE. Rainsford, Ramsden et Smith doivent se cacher dans une petite cabane d'un chantier des Pères Dominicains (à leur insu) juste en dehors de la ville. Gillman et Kenny vont loger chez Paul LAMBERT, le garde-salle de la gare de Libramont, qui les aidera à prendre le train.

Le 16 septembre à 21 heures, le rendez-vous à la gare étant raté, ils sont guidés tous les cinq depuis le chantier des Pères Dominicains par le jeune Jean MARTIN seul, vers le Nord à travers bois et traversent un chemin de fer. Un gendarme les guide une partie du trajet. Ils arrivent enfin au château de Ronfay, où ils sont accueillis par le baron et la baronne de WYKERSLOOTH de ROOYESTEYN. Ce château est à mi-chemin entre Libramont et Libin et dispose d'une piste d'aviation privée. Des piquets sont plantés - mais peuvent être enlevés en quelques heures - sur ce terrain qui pourrait convenir à des bimoteurs. Ils reçoivent des vêtements frais, sont nourris et prennent des bains chauds. Ils logent dans une des dépendances.

Le 19 septembre à 8 heures, ils partent à Bruxelles en train et voyagent en 2e classe. [Smith ne décrit pas qu'ils vont à pied à Libramont en suivant une jeune femme qui leur achète des tickets pour Bruxelles, ni que le capitaine BRADLEY les regarde partir de loin.] Ce sont Jean MARTIN et Jean GREGOIRE qui les ramènent au pont de Libramont, où Max BRAHMS les prend en charge jusqu'à la gare. Comme c'est BRAHMS qui est allé à Bruxelles se faire présenter leur guide, Marie-Louise GRINGOIR, par le chef de Zéro Maxime Van Praag alias "Rouleau", Marie-Louise GRINGOIR ne manque plus le rendez-vous comme le 16 septembre, où elle n'avait pas reconnu Jean GREGOIRE et son bouquet de bruyères.

A Bruxelles, Mme GRINGOIR les remet à Dominique PAULI en gare du Luxembourg. Cette dernière les emmène tous non loin de là chez une "Pauline" (Isabelle ANSPACH, veuve PAULI, sa mère), au 30 rue de Naples à Ixelles, non loin du square de Meeus. Un QG allemand est situé trois maisons plus loin.

Comme elle ne peut loger que trois hommes, Smith les quitte le 19 à 14h30 et est conduit en tram et en train dans une maison à Groenendael, Avenue des Anglais, chez Marcel et Suzanne BOUFFA, où il reste trois semaines.

Le 8 octobre, il retourne chez Isabelle ANSPACH et y dort une nuit.

Smith est guidé à la gare, où il rencontre "Lily" (Aline DUMONT) qui amène Arthur Beard, William Palmer et William Catley. Ils se séparent en paires, avec un guide pour chacun et se rendent à Mons, où ils prennent un autre train pour la frontière (Erquennes). Les guides les y amènent chez un douanier (François BOURLARD), une promenade de cinq minutes. Henriette HANOTTE était guide ce soir-là, avec Georgette DIEU.

Smith et Beard traversent la frontière de nuit avec le douanier, en uniforme et avec l'autorisation de son chef. Il les guide chez un contrôleur de la SNCF à Houdain-lez-Bavay. Ils y restent la nuit et rencontrent une Parisienne de 30 ans, qui les prend à Paris. Beard est séparé de Smith le lendemain.

A Paris, un homme (Jacques le GRELLE) lui pose un tas de questions pour l'authentifier et le conduit en banlieue par le métro. Il dort une nuit (Il est logé du 10 septembre au 11 octobre chez Raoul TOUQUET et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux du groupe de Fernande ONIMUS-PHAL) et est conduit à la gare avec un sergent américain (John Buice). Smith et Buice font le trajet en 3e classe en compagnie de Norman Fairfax et Roderick MacLeod et arrivent à Bordeaux le 12 octobre, prenant alors un autre train pour Dax.

mith retrouve Rainsford, Ramsden, Beard et Palmer à Dax. Ces 5 hommes plus Buice, Fairfax et MacLeod vont à vélo à Bayonne, rejoints par deux nouveaux guides, dont Jeanine DE GREEF. Ils logent à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.


Mot de remerciement de Smith dans le carnet de Pierre Elhorga

Smith, Buice, Fairfax et MacLeod sont guidés vers la frontière espagnole en vélo le lendemain 13 octobre au soir. C'est la 62e traversée de Comète. Leur groupe, de quatre personnes au total, passe par Larressore, où ils arrivent à la tombée de la nuit, abandonnent leurs vélos et rencontrent les passeurs d'Espelette. Les guides basques les mènent en Espagne et le groupe arrive à 2 heures du matin à la grange "Jauriko borda". Leurs guides quittent les 4 aviateurs après leur avoir indiqué la direction à suivre.

Les quatre hommes repartent à pied le 14 octobre à 10 heures du matin. Ils suivent la N-121-B vers le sud et ne sont nullement inquiétés par les soldats espagnols rencontrés. Ils vont se rendre à la Guardia Civil à Elizondo, en Navarre, ce 14 octobre. Après une nuit en cellule, ils partent à Pampelune sous escorte, accomplissant le trajet de 50 Km en étant assis sur le toit d'un bus. A Pampelune, ils reçoivent tous des cartes d'identité provisoires et sont transportés en véhicule de police à Lecumberri.

Du 16 au 24 octobre, ils sont internés dans l'hôtel Ayestarán à Lecumberri. C'est un hôtel réquisitionné et transformé en camp de réfugiés pour des Néerlandais, des Belges et des Français. Nos quatre aviateurs y partagent une chambre pour quatre et peuvent communiquer leur présence au Consul d'Uruguay. John Buice déclare avoir reçu 300 Pesetas du consul américain. Tous perçoivent une solde hebdomadaire de 25 Pesetas plus 20 Pesetas de la Croix-Rouge la première semaine. Fairfax, qui parle couramment l'espagnol, négocie avec un garde local pour pouvoir donner un coup de téléphone depuis une cabine publique à l'Attaché Militaire de l'ambassade britannique de Madrid.

Un homme les prend enfin à Pampelune, où ils passent une nuit, et les remet à un officier aviateur espagnol, qui les conduit via Sarragosse par train, puis en voiture à Alhama de Aragón. Ils y sont internés un jour et demi dans un hôtel surnommé "Aircrew Hotel" et sont alors transférés à Madrid le 26 octobre où ils passent une nuit à l'ambassade. Un camion les conduit à Séville où, après ce voyage de 540 km ils passent une nuit à l'Hotel Inglaterra. Le même camion les amène à Gibraltar le 29 octobre, en un autre trajet exténuant de 340 Km.

Peter Smith quant à lui quitte Gibraltar par avion le 3 novembre à minuit et arrive à Portreath en Angleterre le 4 à 08h15. Il est interrogé au MI-9 à Londres le 5 novembre.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters