Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 14 mars 2015.

Oscar RAMSDEN / 647735
22 Rockford Avenue, Chamberlain Road, Hull, Yorkshire, Angleterre
Né le ? / † ?
Sgt, RAF Bomber Command - 97 Squadron, mitrailleur dorsal
Zone d'atterrissage : Sibret (province Luxembourg), Belgique
Avro LANCASTER Mk III, N° série JA707, OF-T abattu la nuit du 27 au 28 août 1943 lors d'une mission sur Nuremberg.
Atterrissage forcé près de la gendarmerie à Sibret (près de Bastogne), à 200 m au Sud du carrefour des routes Neufchâteau-Bastogne et Sibret-Chaumont.
Durée : 6 semaines
Passage des Pyrénées : le 18 octobre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3316/1563 (incomplet et commun à celui de Rainsford).

Le Lancaster décolle de Bourn vers 22h00. Après le largage de ses bombes sur l’objectif, il est d’abord touché par la Flak (selon Kenny), puis par un chasseur Ju88. Les tirs de ce dernier endommagent fortement le fuselage et atteignent la tourelle arrière, tuant le mitrailleur arrière, le F/S Thomas William Newport McGrath, 29 ans. Le pilote, le F/S néo-zélandais Herbert Alexander Pond, mène l’appareil de 5000 à 2700m et une nouvelle attaque atteint le moteur gauche intérieur, qui prend feu. Le pilote met ce moteur en drapeau et descend à une altitude d’environ 600m, mais comme l’altimètre ne fonctionne pas ou plus correctement, le Lancaster se trouve maintenant trop près du sol et il est trop tard pour sauter. L’avion heurte un pylône électrique avant de s’écraser en feu.

Le bombardier, le F/O Victor Charles Peters, 26 ans, est tué dans le crash. Thomas McGrath et Victor Peters reposent tous deux au cimetière communal de Florennes, au sud de Charleroi en Belgique.

Le mécanicien Ernest Gillman rapporte que l’opérateur radio Joseph Kenny, le mitrailleur dorsal Oscar Ramsden (la présente fiche) et le navigateur James Rainsford (qui, lui, ne faisait pas partie de l’équipage habituel d’Herbert Pond) subissent des coupures. Gillman précise qu’avec l’aide du pilote Pond, de Joseph Kenny et d’Oscar Ramsden, il extirpe James Rainsford des débris, avant que les rescapés quittent l’endroit.

Le pilote, Herbert Pond s’en est allé seul et n’a pas suivi le même parcours que les autres évadés. Aidé par diverses personnes, il passera par Bouillon, Sedan, Reims et Fismes pour être pris en charge par le réseau Possum. Il sera évacué depuis le Mont de Dhuisel, près de Fismes par avion Lysander le 13 septembre 1943, en même temps que le Sgt E.G. Gardiner (SPG 3315/1403) et l’agent belge Pierre GEELEN, recherché par la Gestapo. Herbert Pond et les autres arrivent à Tangmere en Angleterre le 14 (rapport d’évasion de Pond : SPG 3315/1402 ; de Gardiner, SPG 3315/1403).

Les éléments repris ci-dessous proviennent des rapports établis après leur évasion par Rainsford et Ramsden, de ceux de Kenny et Gillman rédigés après leur retour de captivité en Allemagne ainsi que d’autres sources (dossiers de helpers, recherche sur des noms, etc.,…)

Joseph Kenny et Ernest Gillman se dirigent ensemble vers le Nord, tandis que Ramsden et Rainsford partent tous deux de leur côté. A l’aube du 28 août, Kenny et Gillman s’adressent à un homme (travaillant dans un champ selon Kenny, roulant à vélo selon Gillman…), qui leur apprend où ils se trouvent (à 8 km de la ville de Marche-en-Famenne) et leur indique la direction d’un village où il pense qu’ils pourront être aidés. En cours de route, Kenny et Gillman retrouvent Ramsden et Rainsford, et les quatre hommes poursuivent leur route ensemble. Tous se dirigent alors vers le village de Sibret, où, dans la dernière maison, un homme leur donne à manger et à boire. Selon Gillman, l’homme leur a demandé de partir et, tandis que les évadés marchaient le long d’une route, ils le virent les dépasser à vélo, avant que les aviateurs le suivent vers un bois où ils s’arrêtent. Gillman déclare qu’ils ont expliqué à cet homme qu’ils avaient besoin d’une assistance médicale. Gillman conclut en indiquant que l’homme leur a dit de rester cachés dans le bois tandis qu’il allait chercher un médecin Sans autres détails, Gillman termine sa relation de son évasion en disant qu’à partir de ce moment son évasion fut arrangée.

Par ailleurs, selon le rapport de Kenny, arrivés au village, ils rencontrent "un ami" dans un café, qui les a menés vers une maison abandonnée dans le bois d’une grande propriété, où ils restent loger 3 jours. Ce qui suit résulte de l’examen de détails qui figurent aux rapports de Kenny et Gillman, complétés par des précisions provenant d’autres sources (dossiers de helpers, recherche sur des noms, etc.,…) Il semble que Kenny, Gillman, Rainsford et Ramsden se soient trouvés ensemble jusqu’à Paris où ils furent séparés par paires.

Selon les rapports de la section AS de Libramont, les quatre aviateurs tombés à Sibret erraient à pied quand ils rencontrent Roger GIOT (habitant à Champs, près de Bastogne), qui les conduit chez sa sœur Berthe GIOT, fermière desservant le château de Rolley à Longchamps, propriété de Gaston MAUS de ROLLEY. Les rapports de Kenny et Gillman indiquent que le 29 août (le rapport de l’AS mentionne le 28…), "Mme Mons", qui parlait anglais, est venue les chercher (dans le bois) et a conduit les 4 hommes à la maison du bourgmestre de Bastogne où ils sont cachés dans une remise. Il doit s’agir de Mme MAUS de ROLLEY, l’épouse de Gaston et la "maison" est en fait le château de Rolley.

Kenny et Gillman mentionnent qu’ils sont restés au château jusqu’au 31 août vers 23h00. Pendant leur séjour, Victor HASTIR, un des trois dirigeants de la section AS de Libramont, domicilié à Bastogne (49 Rue d’Arlon), au courant d’aviateurs tombés non loin, les recherche pour les aider. Il rencontre Firmin CENSIER de Champs qui pense les avoir vu à Longchamps, et le charge de les retrouver. Via André SALMON et Gilbert GALLOIS de Libramont, CENSIER contacte Jean GREGOIRE, agent de Zéro.GREGOIRE, habitant au 5 Rue de la Scierie à Libramont, informe Maxime VAN PRAAG alias "Rouleau", alors chef de Zéro à Bruxelles, qui accepte de les aider et envoie des Form E à remplir. Les Form E sont transmis à Bruxelles pour vérification de l’authenticité des aviateurs auprès de Londres.

En attendant la réponse, Victor HASTIR les fait déplacer. Le 31 août à 13 heures, deux guides (Victor HASTIR et Firmin CENSIER) arrivent en sifflant "Tipperary" et leur donnent des instructions écrites : "Follow the guide to the right-hand side of the road; hide until someone comes along with a white handkerchief. Reply by using a white handkerchief. Follow at 10 metres distance until someone speaks to you in English out of the bushes".
Les évadés sont alors convoyés jusque Mande, où HELMBACHER prend la place de CENSIER. A Houmont, les quatre sont remis à l'abbé Edmond LALLEMAND. [A noter que la liste des Helpers belges établie après la guerre reprend "2Lt. HEIMBACHER – 362 Bataillon Fusiliers Belges, Libramont".]

A 15 heures, toujours le 31 août, ils rencontrent un homme et deux garçons. Leurs rapports décrivent l’homme, "1m75, 40 à 45 ans, lunettes, moustache grise. Il nous dit de dire au major KING qu'ils avaient été entre les mains du capitaine BRADLEY". L'homme ajoute qu'il est un agent britannique parachuté d'un Halifax. Les aviateurs suivent l’homme et le deux jeunes hommes et sont cachés dans un baraquement pour réfractaires et puis dans un chalet de chasse abandonné. On rapporte qu’ils y sont restés jusqu'au 11 septembre.

Les rapports de Kenny et Gillman reprennent les détails suivants (sans préciser s’ils se trouvent à 2 ou à 4) :
* Le 31 août : partis à 23h00. Marché pendant 2 heures à travers bois. Passé la nuit dans une étable ("shed").
* le 1er septembre : partis dans la soirée; marché jusqu’aux abords de Libramont. Passé la nuit dans un autre shed.
* le 2 septembre, amenés pour rencontrer un agent du MI.9, un Belge parlant anglais, qui les guide vers une maison vide à l’extérieur de Libramont. Restés jusqu’au…  Leurs rapports sautent alors au 16 septembre.

Le 11 septembre à 15 heures, les aviateurs sont amenés tous les quatre près de Libramont par Albert ETIENNE, habitant Bastogne, sur ordre de HASTIR, et y arrivent vers 21 heures et demi. Jean GREGOIRE devait les attendre sur la route de Remagne, mais le rendez-vous est manqué. Abandonnés sur place, nos quatre aviateurs ont de la peine à retrouver leur chalet, qu’ils finissent cependant par rejoindre.

Le 13 septembre, Victor HASTIR les remet à Jean GREGOIRE au même endroit. Pendant ce temps, Max BRAHMS, le radio luxembourgeois de GREGOIRE, a été présenté à Marie-Louise GRINGOIR du 20 Rue des Archers à Koekelberg, à Bruxelles. Marie-Louise GRINGOIR viendra chercher les 4 aviateurs le 16 septembre à Libramont en vue de les remettre à Comète (Yvon MICHIELS était aussi dans Zéro). Elle est attendue par Jean GREGOIRE (un bouquet de bruyères à la main) à la gare de Libramont. Le soir de ce 13 septembre, ils sont logés dans un chalet de la forêt de Remagne sous la garde du maquis du Lt DOMINIQUE.

Max BRAHMS y amène le Sgt Peter Smith. BRAHMS signale que la Gestapo les recherche tous. Ils apprennent aussi que le chef de gare, son fils et deux gendarmes de Sibret sont condamnés à six mois de prison pour ne pas avoir signalé à la Gestapo que les aviateurs avaient fui de leur appareil en flammes.

Le 8 (ou le 14) septembre à 15 heures, ils sont amenés tous les cinq à Libramont par Jean MARTIN et Jean GREGOIRE. Rainsford, Ramsden et Smith doivent se cacher dans une petite cabane d'un chantier des Pères Dominicains (à leur insu), une église en construction sur les hauteurs de Bonance un peu à l’est, juste en dehors de la ville. Gillman et Kenny, eux, vont loger chez Paul LAMBERT, le garde-salle de la gare de Libramont, dont il est prévu qu’il les aidera à y prendre le train.

Le 16 septembre à 21 heures, le rendez-vous à la gare étant raté, Kenny, Gillman, Ramsden, Rainsford et Peter Smith sont guidés tous les cinq depuis le chantier des Dominicains par le jeune Jean MARTIN, du 2 Rue de l’Eglise à Libramont. Seul, Martin les guide vers le Nord à travers bois (vraisemblablement le Bois de Bèrnihè) et ils traversent la voie de chemin de fer reliant Libramont à Grupont. Un gendarme les guide une partie du trajet. Ils arrivent enfin au château de Ronfay, où ils sont accueillis par le baron et la baronne Eric de WYKERSLOOTH de ROOYESTEYN. Ce château est situé sur le territoire d’Ochamps à mi-chemin entre Libramont et Libin et dispose d'une piste d'aviation privée. Des piquets sont plantés - mais peuvent être enlevés en quelques heures - sur ce terrain qui pourrait convenir à des bimoteurs. Les 5 aviateurs reçoivent des vêtements frais, sont nourris, peuvent enfin prendre des bains chauds. Ils logent dans une des dépendances du château. Dans leurs rapports, Kenny et Gillman déclarent être arrivés le 18 septembre au château et y être restés jusqu’au 21…


Le château de Ronfay à Ochamps.

Le 19 septembre Jean MARTIN et Jean GREGOIRE les ramènent au pont de Libramont, où Max BRAHMS les prend en charge pour les conduire jusqu'à la gare. Le train part à 8 heures du matin en direction de Bruxelles et les hommes voyagent en 2e classe. Le "capitaine BRADLEY" les regarde partir de loin. Comme c'est BRAHMS qui est allé à Bruxelles se faire présenter Mme GRINGOIR, cette dernière ne manque plus le rendez-vous comme le 16 septembre, où elle n'avait pas reconnu Jean GREGOIRE et son bouquet de bruyères.

A Bruxelles, Mme GRINGOIR les remet à Mme Dominique PAULI en gare du Luxembourg. Elle les emmène tous non loin de là chez une "Pauline" (Isabelle ANSPACH, veuve PAULI, sa mère), au 30 rue de Naples à Ixelles, non loin du square de Meeûs. Un QG allemand est situé trois maisons plus loin, et beaucoup d'officiers allemands sont logés de l'autre côté de la rue. Dominique PAULI procède à leur interrogatoire afin de s’assurer que les aviateurs sont authentiques et non des agents infiltrés. Ils entendent parler d'un aviateur américain, du T/Sgt Victor Ciganek /32392925, qui était à bord du "Dame Satan" 42-2990. Il était de Jersey City, New Jersey (243 Halladay Street...) Opérateur radio. Blessé par la Flak et soigné dans un hôpital de Bruxelles avant d'être envoyé en Allemagne. Prisonnier aux Stalag 9C et Stalag Luft 4.

Comme Isabelle ANSPACH ne peut loger que trois hommes, Peter Smith les quitte le 19 à 14 heures et demi et est conduit en tram et en train dans une maison de la banlieue de Groenendael, Rue ou Avenue des Anglais, chez Marcel et Suzanne BOUFFA, où il reste trois semaines.

Le 8 ou le 14 octobre, (Kenny et Gillman parlent du 9…), Rainsford, Ramsden, Kenny et Gillman se retrouvent tous dans une gare, avec leurs guides. Rainsford y a été guidé par Jean Ferdinand FISCHBACH, du 103 Boulevard de Waterloo, Bruxelles, où il se trouvait du 19 septembre au 7 octobre. Le groupe part en train à Mons avec de fausses cartes d'identité, et arrivés à Mons, ils poursuivent en tram jusqu’à Erquennes. Là, ils attendent jusqu’au soir dans la maison d'un douanier (François BOURLARD à Erquennes). Kenny et Gillman disent avoir alors passé une nuit, soit chez BOURLARD, soit chez Georgette DIEU. Ils y rencontrent deux guides français, un homme et une femme. On mentionne également un passage par Quiévrain, d’où ils marchent vers la France, passent la frontière et logent jusqu’à 8 heures du matin chez André DEWAUVRAIN, fermier et bourgmestre de et à Camphin-en-Pévèle

Le 10 octobre, Rainsford, Ramsden, Gillman et Kenny prennent un train pour Valenciennes, où ils changent. Ils arrivent à la gare du Nord, à Paris, à 15 heures, en ayant encore changé de train. Ils sont accueillis par deux hommes parlant anglais et sont amenés dans une pièce cachée dans un quartier d'appartements. Ils sont chez Mme Suzanne BASTIN au 16 Rue du Chevalier de la Barre à Montmartre. Ils y sont interrogés et on les prend en photo.

Le 17 octobre, une femme guide tard Rainsford et Ramsden, séparés des autres, tard le soir à la basilique du Sacré-Coeur, à Montmartre. Ils allaient être emportés à Bordeaux. Un homme avec beaucoup de dents en or, apparaît et annonce que quelque chose a mal tourné (le GRELLE a été suivi). L'homme les emmène dans son flat, tout près, et y détruit les cartes d'identité et les visas.

Le matin suivant, 18 octobre, deux guides viennent les prendre séparément. Un va au 13 Rue Gerando à Paris IXe, chez William SCHRADER (et ses fils William et Gerald), logeurs de Fernande ONIMUS-PHAL, l'autre dans une maison près de Sainte-Marie-d'Issy (Dr Camille HAUSHERR au 27 Rue Henri Tariel chez Raoul TOUQUET et son épouse Lucienne au 16 Rue Henri Tariel, à Issy-les-Moulineaux - ce dernier couple sera arrêté par la suite et déporté mais seul Raoul survivra à la guerre, Lucienne trouvant la mort le 30 avril 1945 au camp de Ravensbrück). Rainsford et Ramsden se retrouvent à un pont sur la Seine le 21 octobre. Marcel ONIMUS recense Ramsden parmi les aviateurs logés au 84 Rue des Rondeaux à Paris XXe.

Une femme les conduit à la gare d'Austerlitz et ils prennent le train pour Bordeaux à 23 heures 45, en seconde classe. Le 22, ils changent de guide et de train et parviennent à Dax. Rainsford et Ramsden ne mentionnent pas avoir voyagé de Bordeaux à Dax avec Arthur Beard et William Palmer. Ils y retrouvent Peter Smith. Ils vont à vélo à Bayonne. Ils logent à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA. Le lendemain, ils poursuivent à vélo en compagnie de Max ROGER, Elvire DE GREEF et Denise HOUGET en direction de Saint-Jean-de-Luz.

C'est la 63e traversée de Comète par Saint-Jean-de-Luz. Son groupe passe la Bidassoa avec un guide et Marcel ROGER. Ils traversent la frontière le 17 octobre et sont guidés chez le consul belge à San Sebastian le 18.

Ils partent à Madrid, qu'ils quittent le 26 en voiture pour Séville. Le 1er novembre, ils vont à la côte et sont embarqués sur un vaisseau norvégien de 2.400 tonnes, le S.S. STAR. Un U-Boat est coulé sur le chemin de Gibraltar. Rainsford et Ramsden quittent Gibraltar par avion le 6 novembre 1943 et arrivent le lendemain à Londres où ils sont interrogés par le MI.9.


Mot de remerciement de Ramsden dans le carnet de Pierre Elhorga.

James Rainsford et William Palmer, photographiés entre Sutar et Saint-Jean-de-Luz par Denise Houget.

© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters