Dernière mise à jour le 22 octobre 2021.
William PALMER / 1576800
The Yews, Berkswell, Coventry, Warwickshire, Angleterre
P/Off, RAF Bomber Command 77 Squadron, Premier Radio TSF / mitrailleur arrière
Atterri dans un fossé près d’Ochain, à environ 5km d’Ouffet, à l’est de Modave, Province de Liège, Belgique.
Handley Page Halifax B II, N° série JD371, immatriculation KN-O, abattu par l'Oblt. Martin Drewes, Commandant du 11./NJG1, dans la nuit du 27 au 28 août 1943 lors d'un raid sur Nuremberg
Ecrasé Rue Survillers, à environ 1 km au sud de Modave, Province de Liège, Belgique
Durée : 7 semaines
Passage des Pyrénées : le 17 octobre 1943
Rapport d'évasion SPG n° 3316/1540 (incomplet).
Le Halifax décolle à 22h30 de Elvington, largue ses bombes sur l'objectif et à mi-chemin du vol de retour, à hauteur de la frontière germano-belge, non loin de Darmstadt, il est attaqué par un chasseur. L'Oblt Martin Drewes est crédité de cette victoire, ayant touché le Halifax à 03h19 (heure continentale) à une altitude de 5300 m au Sud de Modave. Un violent incendie se déclare à bord et le pilote F/Sgt Augustine Brannigan (RCAF) donne l'ordre d'évacuer. Afin d’éviter que l’appareil ne s’écrase sur Modave et ne provoque une catastrophe, Brannigan et son copilote Rodgers (RCAF) maintiennent l’appareil en vol et manoeuvrent pour qu’il s’éloigne du village. N’ayant plus assez d’altitude, l’appareil s’écrase dans une prairie à Survillers.
Le pilote Brannigan, le copilote Sgt Ronald Rodgers, le bombardier F/Sgt Peter Rowland Humphries, le mécanicien Sgt James Seaforth Silver (RCAF) et le mitrailleur dorsal Sgt Alexander George Templeton trouveront la mort. Ils reposent tous les cinq au Heverlee War Cemetery près de Leuven / Louvain.
Outre William Palmer, deux autres membres de l'équipage parviendront à s'évader : le navigateur Arthur Beard et l'opérateur radio William Catley.
William Palmer atterrit assez brutalement et a le front éraflé dans sa chute (visible sur la photo en haut de page, à droite, provenant d’Ann Brown, sa fille, et prise deux jours après le crash par des gens qui l’ont aidé dans la région de Modave). Nous supposons que c’est la famille de Robert DÉSIRON (Jenneret n° 21 à Bende-Ouffet) qui l’a pris en charge rapidement après son atterrissage.
Nous ignorons comment William Palmer se retrouve ensuite à Ciney mais c'est dans cette ville qu'il est amené chez le boulanger Ernest JAMOTTON au 18 Cour Monseu par des jeunes gens qui, méfiants et craignant une infiltration de l'organisation par un faux évadé, souhaitent faire vérifier son identité par un autre aviateur anglais qui s'y trouve. En fait, cet autre aviateur n'est autre que son co-équipier Arthur Beard… qui peut évidemment certifier qu'ils sont tous deux des aviateurs de la RAF, et non pas les deux hommes annoncés aux résistants locaux comme devant arriver d'Angleterre et être parachutés dans le secteur en vue de les entraîner aux techniques de sabotage.
Palmer et Beard resteront ensemble pratiquement tout le temps de leur évasion et nous reprenons ici les détails que nous avons pu trouver dans le récit de Beard dont il est question sur la page de ce dernier.
Palmer et Beard quittent Ciney et sont conduits dans une forêt près de Marche-en-Famenne dans les Ardennes où ils rencontrent un groupe d'étudiants se cachant là pour échapper au travail obligatoire en Allemagne. Selon Beard, après une dizaine de jours, il rencontre un étudiant (MARCEL ?) qui parle anglais et qui lui dit qu'il connaît une femme à Bruxelles qui pourra les aider. [ André VAN GLABEKE, surnom " SIMBA ", habitant Avenue du Duc Jean à Ganshoren, Bruxelles, membre d'un maquis du côté de Manhay, rapporte que lui et ses amis ont caché Arthur Beard et William Palmer dans un camp dans les bois. Il ajoute que les deux aviateurs ainsi que les résistants ont dû s'enfuir précipitamment du camp le 19 septembre 1943, suite à une attaque de troupes allemandes - voir sur http://www.wartimememories.co.uk/belgium.html. Dans son récit, Beard mentionne que le camp a été attaqué pendant que l'étudiant se trouvait à Bruxelles…]
Par la suite, Palmer et Beard sont amenés, nous ignorons comment et par qui, à la gare de Liège. Beard signale que c'est à la gare qu'ils ont croisé par hasard l'étudiant qui revenait de Bruxelles, où il avait été voir Anne BRUSSELMANS. L'étudiant prend avec eux un train pour Bruxelles, puis un autre pour Mechelen / Malines, où cinq autres étudiants les guident dans la ville. Celui qui connaissait le réseau les conduit avec un homme chez Mlle MARTEN, une juive qui avait un frère dans les services de renseignements britanniques en Belgique. Palmer doit y rester au lit pendant dix jours à cause de fièvres. Le frère de Mlle MARTEN les emmène ensuite Palmer et Beard chez un prêtre à Malines, qui leur annonce que William Catley, leur opérateur radio, est sain et sauf.
Vers la mi-septembre, "Lily", une fille de 20 ans (Aline DUMONT), envoyée à Malines par Anne BRUSSELMANS, les emmène à Bruxelles par le train pour y rencontrer Anne BRUSSELMANS et son mari Julien. Selon Beard, c'est Anne BRUSSELMANS qui s'est occupée de leur procurer des faux papiers et permis de travail. Beard ne le précise pas, mais Palmer et lui passent quelques jours par le centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Après une séance de photographie, ils sont guidés chez Marc DELCAMPE, (peintre en bâtiments et membre du module de logement de René PIRART) au 290 Rue des Coteaux à Schaerbeek. L'épouse de DELCAMPE est en Angleterre et la maison de Schaerbeek sert d'abri aux évadés. Après 5 ou 6 jours, (selon le rapport de Catley, ce serait le 27 septembre) "Lily" y amène Catley qui retrouve ses deux co-équipiers Palmer et Beard. Les trois évadés restent ensemble 10 ou 11 jours (ou 5 à 6 selon le rapport de Catley…) chez Marc DELCAMPE.
Le 28 septembre à 06h00, "Lily" mène Palmer et Catley à la gare pour prendre un train en direction de Mons. Les évadés y rencontrent Peter Smith avec lequel Beard fait le même voyage en compagnie d'un autre guide. A Mons, tous prennent un autre train pour la frontière. Après un voyage de cinq minutes en tram vicinal jusqu'à Erquennes, les guides les amènent chez un douanier (François BOURLARD), Palmer et Catley restant chez BOURLARD jusqu'au lendemain. Henriette HANOTTE est de ce passage, avec Georgette DIEU.
Beard et Smith traversent la frontière de nuit dans la voiture du douanier en uniforme qui a reçu l'autorisation de son chef. Il les guide chez un contrôleur de la SNCF à Houdain-lez-Bavay. Dans son récit, Beard dit que le douanier (BOURLARD, qu'il ne nomme pas), les a effectivement conduits à la frontière d'où un autre chauffeur les a conduits à " Barvay " (Bavay). Il ajoute qu'arrivés là, le chef de gare, Léon GERARD, leur a acheté des tickets pour Paris et les a confiés à une guide qui les accompagne. Selon nos sources, il s'agit de Fernande ONIMUS-PHAL une parisienne de 30 ans. Vu le blocage de toutes les routes aux abords de Paris et le contrôle renforcé des allemands à bord des trains, Fernande signale aux deux hommes de quitter leur compartiment dès l'arrêt en gare avant la fouille. Tout se passe bien, et elle les conduit ensuite vers une maison. De là, deux jeunes femmes emmènent Palmer et Beard séparément dans Paris.
Beard est séparé de Peter Smith et loge du 11 au 15 octobre dans l'appartement de Raoul TOUQUET (ex-sergent de l'armée française, affecté au 8e Génie en 1924, mobilisé en 39, prisonnier en 40 et évadé) et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux.
Beard déclare dans son récit qu'il est ensuite rejoint par Palmer et conduit avec lui à la gare du Nord par une dame. (Selon Catley, cela se passe le 2 octobre…date à laquelle Palmer quitte le logement du Dr PIGUET, 28 Rue Gay-Lussac, Paris Ve où il a logé une semaine.) Beard ne le précise pas, mais Palmer et lui font le trajet de Paris à Bordeaux avec une femme d'âge moyen de très petite taille (Marcelle DOUARD), qui ne savait pas parler anglais. A Bordeaux, sans avoir été contrôlés, elle leur remet de nouvelles cartes d'identité pour la zone frontalière et leur prend leurs tickets de train, afin qu'on ne puisse trouver sur eux de preuves qu'ils venaient de Paris. Beard mentionne qu'à Bordeaux, ils ont pris immédiatement un train à destination de Bayonne. Il ajoute qu'arrivés là, ils ont roulé à vélo jusqu'à une ferme où ils devaient attendre l'arrivée de deux autres aviateurs évadés. D'après ce qui figure plus bas, il semble que depuis Bordeaux, ils soient d'abord passés par Dax.
Oscar Ramsden et James Rainsford, qui sont guidés par un homme, arrivent bientôt et, au crépuscule, ces quatre évadés voyagent ensemble jusque Dax, guidés par deux femmes dont Denise HOUGET et probablement Elvire DE GREEF. Beard mentionne, sans les nommer, qu'il y avait cinq guides en tout…
Beard ne le mentionne pas dans son récit, mais depuis Dax, ils vont à vélo jusqu'à 1 Km au Sud de Bayonne où ils passent la nuit, et restent dans un café (chez Jeanne VILLENAVE, Mme MENDIARA) jusqu'à 16h00. Le groupe est ensuite guidé via Saint-Jean-de-Luz jusqu'à la frontière espagnole. C'est la 63e traversée de Comète. Le groupe passe la Bidassoa avec un guide et Marcel ROGER, entre en Espagne dans la nuit du 17 au 18 octobre et arrive à San Sebastian dans la journée du 18.
Beard indique que le lendemain, 19 octobre, le Consul britannique de Bilbao vient les voir et leur annonce qu'une voiture viendra les prendre pour les conduire à l'Ambassade à Madrid. C'est ce qui se passe et Beard, Palmer et les autres sont interrogés à Madrid par un officier du MI-5. Ils restent 6 jours à Madrid, avant d'être conduits à Séville dans la même voiture que celle qui les avait amenés, puis passent trois jours dans une maison sur les quais, rejoignant Gibraltar sur un navire norvégien de 2.400 tonnes, le S.S. STAR (S.S. signifie Steamer Ship).
Le 6 novembre, ils sont rapatriés par avion de Gibraltar à Bristol en Angleterre d'où un train les mène à Londres. Comme les autres, William Palmer y est interrogé le 8 novembre 1943.
Le 14 novembre 1944, le roi George VI décore William Palmer de la DFM (Distinguished Flying Medal) pour services rendus au palais de Buckingham. La distinction de cette distinction honorifique avait déjà été publiée en janvier 1944. En avril 1958, Anne BRUSSELMANS, en visite au Royaume-Uni à l’invitation de la RAF Escaping Society (RAFES), eut l’occasion de rencontrer William Palmer et Arthur Beard à Birmingham.
Une stèle à la mémoire des victimes du crash du Halifax JD371 avait été inaugurée le 31 mai 2006. Elle se trouve à environ 2 km au sud de Modave, dans le hameau de SURVILLERS, le long d'un chemin de campagne sans nom, un chemin latéral de la Rue Survillers. Voir à http://www.aviationheritage.eu/nl/content/gedenksteen-halifax-jd371.
William Palmer s’est vu décerner la Distinguished Flying Medal pour "gallantry and devotion" dans l’exécution d’opérations aériennes (Supplement to the London Gazette, 7 janvier 1944) :
En décembre 2012, un groupe de quatre passionnés souhaitant honorer la mémoire des membres de l'équipage s'est constitué à Modave : le Groupe Halifax-Modave (https://halifaxjd371kno.com/), composé de Eric DEMONTY, Marc LAMBOTTE, Christophe MATHY et André NICOLAS, aidés par le canadien Geoff WARREN, dont l'oncle, le F/Sgt George Warren a été tué la même nuit lors du crash du Halifax JD368 (RAF 10 Squadron) près d'Estinnes, au sud-est de Mons. Grâce à leurs efforts, la commune de Modave a décerné officiellement le 28 août 2013, 70 ans exactement après le crash du JD371, le titre de citoyen d'honneur à titre posthume à tous les membres de son équipage.
Le même jour, une impressionnante et très émouvante cérémonie s’est déroulée à l’extérieur du cimetière de Modave, où une stèle à leur mémoire a été inaugurée en présence de plusieurs personnalités et de membres des familles des aviateurs Augustine Brannigan et Ronald Rodgers, venus spécialement du Canada. Etaient également présents, le fils et le neveu de William Catley. Malheureusement, la fille d’Arthur Beard a eu un empêchement de dernière minute et n’a pu assister en compagnie de ses filles aux diverses manifestations. Un survol de chasseurs F-16 de la Composante Air de la Force Aérienne Belge, d’abord à deux, puis à nouveau ensemble, l’un d’entre eux inclinant ses ailes au-dessus de l’assemblée, en signe d’hommage aux disparus et finalement, l’un des deux chasseurs repassant symboliquement seul, fut un des moments forts de cette journée inoubliable, tant pour les familles des aviateurs que pour les très nombreux participants.
Des échos de la presse au sujet de cette commémoration sont en ligne sur le site du Groupe Halifax-Modave à https://halifaxjd371kno.com
Ci-dessous, quelques photos de la cérémonie.