Personne passée à une autre ligne d'évasion

Dernière mise à jour le 3 février 2023.

Douglas Maxwell COX /R 104339 et J 88380
Halifax, Nouvelle-Ecosse, Canada
Né le 5 août 1919 Halifax, Nouvelle Ecosse, Canada / † le 17 avril 2012 à Lunenburg, Nouvelle Écosse (Nova Scotia), Canada.
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 7 Squadron, navigateur.
Lieu d'atterrissage: à environ 1 km d'Élan, au Sud de Charleville-Mézières (Ardennes), France.
Short Stirling Mk I, R9149, MG-B, abattu par un chasseur (piloté par le Lt Helmut Bergmann du 7./NJG4) dans la nuit du 9 au 10 mars 1943 lors d'une mission sur Munich.
Écrasé vers 22h10 à Élan (11 Km SSE de Charleville-Mézières, Ardennes), France

Évadé par la ligne Shelburn-Oaktree.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG/LIB 3314/1328 (complet, sans Appendix C).

L'appareil a décollé de Oakington vers 20h04 et a été attaqué de front à l’ouest du Grand-Duché de Luxembourg et abattu par un chasseur de nuit en se rendant sur sa cible. Le pilote, P/Off RCAF Frank Morton Tomlinson, 20 ans, donne l’ordre d’évacuer lorsque l’appareil perd trop rapidement de l’altitude. Il ne survivra pas au crash et il repose au cimetière de Élan, au sud de Mézières. L’opérateur radio Sgt C. Davies, le mitrailleur dorsal Sgt J. Jennings et le mitrailleur arrière Sgt Vincent A. Fox de la RCAF ont été prisonniers. Davies et Jennings ont été internés aux camps L1/L6 et 357 sous les n° 988 et 1008. Fox est allé aux camps L1/L6 et L4 sous le n° 994 et a été tué lors du mitraillage de sa colonne de prisonniers par des Typhoons le 19 avril 1945 ; il est enterré au cimetière militaire de Berlin.

Trois hommes parviendront à s'évader : le mécanicien Sgt Leonard Marsh (évacué par la Ligne Possum - SPG 3318/1754), le bombardier Sgt George Reginald Howard (évacué par la ligne Oaktree - SPG 3314/1329) et le sergent Cox.

Dans le rapport commun de Cox et George Howard (SPG 1328 et 1329), la partie concernant Cox indique qu’il saute en dernier de l’appareil et atterrit dans un arbre au "nord" de Charleville-Mézières (il s’agit plutôt du sud-est…) Il se met à marcher vers cette ville, qu’il atteint vers 02h00 du matin le 10 mars. S’éloignant de la ville, il se réfugie dans une étable et y dort avant de se remettre en route vers le sud-ouest, en direction de Boulzicourt. Passé ce village, il poursuit sa route vers le sud et atteint Poix-Terron, toujours dans les Ardennes. Il s’adresse à un homme travaillant dans une forge et, tandis qu’ils conversent, le forgeron appelle un homme âgé qu’il voit passer devant son atelier. Cet homme remet 200 francs à Cox et lui dit qu’il lui enverrait quelqu’un qui pourrait l’aider à gagner Paris. Le 12 mars vers 13h00 un ami de cet homme conduit Cox en voiture à Attigny, à une vingtaine de km au sud de Poix-Terron, où ils rentrent dans un café en face de la gare. Ils y reçoivent à manger et à boire. Cox est mené vers la gare où, à 22h00, on le place dans un wagon d’un train de marchandises dont on lui dit qu’il devrait arriver à Paris à 6h00 du matin. Son guide semblait avoir de bons contacts avec le personnel de la SNCF.

Arrivé à la Gare de l’Est à Paris, Cox attend dans le wagon qu’on vienne le chercher comme il avait été convenu. Comme personne ne se présente, après 2 heures d’attente, Cox quitte le wagon et s’adresse à un jeune employé chargeant des marchandises dans un camion. Le jeune homme lui dit qu’il ne peut l’aider mais lui remet son colis de nourriture. Cox quitte la gare et, se rendant compte de son aspect hirsute, entre dans un salon de coiffure, s’y fait raser et couper les cheveux, puis va acheter du cirage pour ses bottes. Le propriétaire de ce magasin lui déclare qu’il ne peut l’aider et qu’il est dangereux de rester dans Paris sans papiers. Il lui donne 10 francs et un peu de pain.

Douglas Cox quitte alors Paris, se dirigeant vers le nord-est. Le 13 mars, vers 18h00, il arrive à Bobigny et entre dans le restaurant "Au Papillon Bleu". Son rapport indique qu’après avoir bu une bière, il s’identifie auprès de la patronne et lui demande de l’aider. Elle s’adresse à un homme dans le restaurant, un tailleur qui parle très bien l’anglais et lui dit qu’il pourra loger dans l’établissement et que l’on pourra l’aider. Cox rapporte être resté "Au Papillon Bleu" jusqu’au 15 mars, une organisation d’évasion ayant été contactée entretemps à Coubron-Montfermeil. Le garagiste Léon Lucien FOUARD arrive au restaurant, le questionne puis l’emmène au 111 Avenue des Sciences à Montfermeil (Seine & Oise) où il vit avec son épouse Yvonne. C'est un hébergeur de Comète recruté par Charles MARCOT depuis novembre 42. Dans un e-mail de février 2017, Mme Largeau, une petite-fille d’Abel MARTIN, nous transmet le texte d’une lettre que lui a envoyée en 2008 son oncle Pierre (âgé en 1943 de 19 ans), le fils d’Abel. Il apparaît que c’est avec l’aide de cheminots de la SNCF que Cox s’est retrouvé à la Gare de l’Est à Paris. Le 13 mars, dans l’après-midi, il arrive, épuisé, au café "Au Papillon Bleu", un café-restaurant tenu par Abel MARTIN au 155 Rue de Bobigny à Paris (établissement qui sera bombardé plus tard, dans la nuit du 17 au 18 avril 1944). Cox souhaite y boire un verre et, de fil en aiguille, y reste quelques jours (dans son rapport, Cox parle d’environ 2 semaines…). Suite à ses démarches en vue d’aider Cox à poursuivre sa route, Abel MARTIN finit par contacter un réseau de Résistants à Coubron-Montfermeil. Ceci nous apporte des précisions utiles sur l’arrivée de Cox chez Lucien FOUARD à Montfermeil. A ce titre, la famille MARTIN a été remerciée pour son courage exceptionnel par la Royal Air Force Escaping Society. La famille MARTIN apprendra par la suite que Douglas Cox est bien arrivé en Angleterre.

Muni de nouveaux vêtements civils et de documents d’identité, Cox est remis par Léon Lucien FOUARD à Raymond ADELINE (qui assure la liaison entre Comète et la ligne Brandy) au 15 Avenue d'Eylau à Paris XVIe. C'est Raymond ADELINE qui avait présenté Jacques Désoubrie (se faisant alors passer pour "Jacques Leman") et lui avait confectionné ses faux papiers au nom de Jean Masson, lui permettant sans pouvoir se méfier d’ainsi d'infiltrer Comète pour le compte de la Gestapo de la Rue des Saussaies à Paris. FOUARD et ADELINE seront donc arrêtés le 9 juin 1943, le surlendemain de la vague où Frédéric DE JONGH, Robert AYLÉ, etc. avaient été arrêtés en gare du Nord à Paris. Ils en savaient trop. Léon Lucien FOUARD, déporté en Allemagne, y décède le mars 1945, âgé de 48 ans.

Dans son rapport, Cox ne cite pas le nom d’ADELINE, mentionnant seulement que le 2 avril, il est mené vers l’appartement d’Aimable FOUQUEREL au 10 Rue Oudinot, Paris VIIe (Aimable FOUQUEREL sera également arrêté - le 7 juin 1943 - et fusillé au Mont-Valérien le 28 mars 1944.)

Il semble bien que Douglas Cox ait eu le temps d'être remis à Paris à l'équipe d'Élisabeth BARBIER, et il aurait été initialement prévu de l'évacuer par la ligne Oaktree vers la Bretagne. Son rapport mentionne que c’est chez FOUQUEREL qu’il retrouve son bombardier George Reginald Howard le 2 avril et qu’il y est resté avec lui jusqu’au départ d’Howard vers Saint-Quay en Bretagne le 9 mai… lui-même (Cox) partant 3 jours plus tard… Dans ses propres déclarations, Howard ne mentionne ni FOUQUEREL ni ADELINE, pas plus qu’il n’indique qu’il ait rencontré Cox à Paris avant de partir pour la Bretagne… D’autres évadés se trouvant dans la même filière à cette époque donnent des dates différentes pour les séjours et leurs logeurs. Le P/O Borden Dennison donne la date du 6 mai pour le départ de Howard vers Saint-Quay ; selon le F/L Brian Barker, Douglas Cox et Jack Luehrs sont avec lui "le 30 avril" dans le train de nuit qui les mène à Saint-Brieuc où ils arrivent… "le 1er mai" (ces dates nous paraissent correctes) … Par ailleurs, Howard indique qu’il se trouvait avec Borden Dennison et Gordon Spencer (Halifax BB250 – SPG 3314/1315) lors de leur voyage depuis Charleville-Mézières jusqu’à Paris… où ils seraient arrivés le 7 avril. Howard ne pouvant être passé en Angleterre, il était revenu sur Paris le 20 mai avant d’être évacué vers le Sud avec Cox et les autres…

Il s’avère que Douglas Cox est l'un des aviateurs qui se trouvaient chez Émilie CELLARIÉ de "La Chimère" au 25 Rue des Dalliots, Quartier des Dalliots, à Tréveneuc, avec son bombardier George Howard et l’aviateur américain Jack Luehrs. Selon Olivier Clutton-Brock, à la page 164 de son livre "RAF Evaders", Cox et Howard se retrouvent avec d'autres évadés le 28 mai à la Gare d'Austerlitz à Paris. Le groupe passe par Pau et arrive à Dax dans la nuit du 28 au 29 mai. Le 31 mai, à 3h du matin, Cox, Howard et neuf autres aviateurs plus cinq évadés français montent à bord d'un camion et rencontrent un premier guide basque à l'extérieur de la ville. Rejoints par trois autres guides basques, les évadés passent en Espagne, près du Pic de la Coura, peu après le lever du soleil le 3 juin.

Outre Douglas Cox, Brian Barker et George Howard, le groupe comprend les aviateurs Squadron Leader Peter William Lefevre (Spitfire BS114 abattu le 16 avril 1943 - SPG 3314/1301 - tué le 6 février 1944 en mission) ; le F/L Brian D. Barker (Halifax DT734 abattu le 10 mars 1943 - SPG 3314/1298) ; le P/O Borden C. Dennison, RCAF et le F/Sgt Elmer L. Bulman, RCAF tous deux abattus le 12 mars 1943 dans leur Halifax BB250 - SPG respectifs 3314/1325 et 3314/1326) ; le Sgt Reginald W. Adams (Stirling BK653 abattu le 17 avril 1943 - SPG 3314/1321) ; le F/Sgt John N. Barry, RCAF, le Sgt Edward R. Turenne, RCAF et le Sgt Richard Martin, tous trois à bord du Halifax W7885 abattu le 14 février 1943 - SPG 3314/1299, 1314 et 1315) ; l’américain Charles Edward McDonald, Spitfire R7279 abattu le 21 août 1941 - arrêté, interné au Stalag VIIIB à Lamsdorf, puis au Stalag Luft 3 avant de retourner à Lamsdorf dont il parvient à s’échapper - atteint la France et est rapatrié en Angleterre - SPG 3314/1316.

On leur dit de se présenter à un hôtel à Isaba, où le 4 juin ils sont arrêtés par la Garde Civile et incarcérés momentanément à Pampelune. Ils y reçoivent la visite de Michael CRESWELL et d'un Mr FROST, de l'ambassade britannique de Madrid, et ils passent ensuite par un hôtel à quelque distance de Pampelune où ils restent du 11 au 22 juin, jour où une voiture vient les chercher pour les conduire à Madrid. Les hommes sont alors évacués vers Gibraltar, et le 6 juillet, Cox, Howard et quelques autres montent à bord du SS "Samaria" en rade de Gibraltar. Le bateau reste bloqué au port vu l'imminence de l'Opération "Husky" de débarquement allié en Sicile. Le 13 juillet, quatre d'entre eux sont choisis pour être rapatriés par avion en Angleterre. Cox, Howard et les autres doivent attendre le 17 juillet avant que le navire ne quitte Gibraltar à destination de Liverpool où ils arrivent le 24.

Douglas Cox reprend du service et participe à des opérations avec le 433 Squadron jusqu'au 25 octobre 1944.

Il reçoit la DFC (Distinguished Flying Cross) en 1945 : COX, P/O Douglas Maxwell (J88380) - Distinguished Flying Cross - No.433 Squadron - Award effective 19 January 1945 as per London Gazette of that date and AFRO 471/45 dated 16 March 1945. Born in Halifax, 5 August 1919; home there; trained as a teacher; enlisted in Halifax 19 July 1941. Trained at No.1 ITS (graduated 25 September 1941), No.1 AOS (graduated 16 February 1942), No.3 BGS (graduated 28 March 1942) and No.1 ANS (graduated 27 April 1942). After service in Ferry Command he delivered a Mitchell to Britain on 2 July 1942. Assigned to No.7 Squadron, he flew five sorties, 7 February to 9 March 1943 when his aircraft was shot down by a night fighter. In January 1997 the Royal Air Forces Escaping Society (Canadian Branch) presented to the National Aviation Museum a "dossier" (actually more like an album) with extended autobiographical notes on members (catalogued in the museum as D.805 C3 L96 1995 NMM). This included much information on Cox. See also his article, "It Was a Long Walk Home", Roundel, May 1961. No citation other than that in air operations he had "displayed outstanding bravery, fortitude and devotion to duty, setting an example of a high order." DHist file 181.009 D.2988 (RG.24 Vol.10633) has recommendation for an immediate DFC dated 15 November 1944. He had flown 31 trips (146 hours 55 minutes) including his time with No.7 Squadron; the second tour was 18 July to 25 October 1944. NOTE: This is one of the most remarkable stories associated with what was ultimately a Non-Immediate award.

On one occasion, namely the night of March 9/10, 1943, when detailed to attack the German city of Munich, the aircraft in which this officer was the Navigator was shot down by an enemy fighter from a height of 8,000 feet in the Luxembourg-Alsace Lorraine area. Pilot Officer Cox assisted some of the crew out and then checked to make sure the captain's parachute was properly placed before baling out himself. The aircraft crashed at a point about a mile distant from where this officer landed and he immediately returned to the crash to see if it was possible to assist the pilot, as he realized he might not have had the opportunity to bale out. Despite the fact that the starboard mainplane and entire fuselage was ablaze and the ammunition was exploding, he conducted a search, but no sign of the pilot was found. For the next four and a half months, by constant courage, resourcefulness and initiative, he successfully evaded capture and finally reached England, via Gibraltar, in late July.

After a short leave this officer returned to operations and has now completed a successful tour consisting of twenty-six trips over a wide variety of well defended targets in Germany and France. He has consistently displayed a high degree of navigational ability and I consider his splendid record plus his dogged determination and devotion to duty fully merits the immediate award of the Distinguished Flying Cross.

La photo en uniforme nous a été envoyée en février 2017 par Mme Largeau, la petite-fille d’Abel MARTIN. Celle en couleurs provient de sa nécrologie en ligne à http://www.sweenysfuneralhome.com/2012/Cox,%20Douglas%20Maxwell.html, qui renseigne erronément qu’il a été "POW" (Prisoner of War). Voici le verso de la photo en noir-et-blanc :


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters