Dernière mise à jour le 8 octobre 2024.
Norman James HOGAN "Jackie" / 3444749
Stanley Street, Ramsbottom, Manchester, Angleterre.
Né le 3 juin 1914 à Haslingden, Lancashire, England / † en décembre 1995 à Accrington, Lancashire, England.
Caporal, RASC (Royal Army Service Corps), 2nd Division..
Capturé
Durée : 18 mois.
Passage des Pyrénées : le 8 février 1942.
Rapport d'évasion SPG 3308/698.
Le rapport d’évasion de Norman HOGAN a été établi après son interrogatoire du 13 mars 1942 à Londres par le MI.9. Il y mentionne du service dans la British Army depuis 9 ans ½ (1932…), son occupation dans la vie civile étant musicien. Nous avons pu retrouver à son sujet mention de l’octroi de la General Service Medal, avec comme date le 29 février 1940, la Palestine comme endroit et son unité, le 1st Battalion, Loyal North Lancashire Regiment. La même unité est reprise dans le rapport (date 18 août 1940) le déclarant comme manquant, en France…
Son rapport d’évasion, qui ne mentionne pas le Loyal North Lancashire Regiment, reprend son parcours et nous en donnons ci-dessous la traduction, des détails résultant de nos recherches et provenant d’autres sources étant repris dans le corps du texte.
"J’ai été blessé au pied le 17 mai 1940 à Santbergen [ Zandbergen ] à environ 30 km à l’ouest de Bruxelles et j’ai été évacué au 17/21 General Hospital à Boulogne. Le 22 mai l’hôpital a été pris [par les Allemands] et nous avons été menés à Paris-Plage, près du Touquet. Nous sommes arrivés là vers le 4 juin et je me suis évadé le même jour. J’étais en liberté pendant 2 jours, me dirigeant vers Berck [ Berck-sur-Mer ], dormant à la belle étoile et recevant de la nourriture de la part de Français. A ce moment j’étais encore convalescent. Comme je n’avais pas de carte d’identité, j’ai été capturé à nouveau, par une patrouille allemande et reconduit à Paris-Plage. Les patients de l’hôpital furent alors délogés et placés dans un hôpital à Lille. Vers le 7 juin, je me suis évadé de cet hôpital, portant sous mon uniforme, des vêtements civils que j’avais reçu à Paris-Plage. J’ai trouvé refuge à Lille et suis resté dans la ville jusqu’au 26 septembre. Durant ce séjour, j’ai effectué un voyage vers Louvil, à environ 10km au sud-est de Lille où je suis resté 8 jours dans la maison du maire. [ Le maire de Louvil, près de Cysoing, était Henri Jules MILLEZ. Né en 1882 à Cappelle en Pévèle, il était marchand de grains de profession, marié et père de deux enfants. Blessé pendant la guerre de 1914-1918, il est élu maire de la commune en 1929. Il héberge des soldats écossais en 1941 et parvient à les faire passer en zone libre. À la suite d’une dénonciation, Henri MILLEZ est arrêté à son domicile par la Gestapo. Déporté en Allemagne, il meurt décapité le 27 janvier 1945 dans le camp de concentration de Dachau en Allemagne (prisonnier n° 134641). ] Je m’étais rendu là pour enquêter sur des histoires que j’avais entendues, parlant de possibilités de rentrer à la maison par avion. N’ayant pas trouvé de substance à ces histoires, je suis retourné à Lille.
"J’ai été arrêté dans un café à Lille dans la soirée du 25 septembre, de même que le sergent Myles (Gordon Highlanders, le Driver Key 26 Hy, Field Battery R.A., du Private Russel, Duke of Wellington's Regiment et du Private Hoyle,The Buffs. Nous cinq étions dans ce café vers 19h15 lorsque deux civils sont entrés, ont fermé la porte et ont demandé au cafetier s’il nous connaissait. Il leur dit que non. Les civils firent mine de sortir des revolvers et nous mirent nos mains en l’air. Un des hommes nous tint en garde, l’autre sortant pour donner un coup de sifflet. Quatre voitures arrivèrent avec des officiers de la Gestapo et des soldats qui nous escortèrent un par un jusqu’à la voiture. On nous a conduits jusqu’au QG de la Gestapo où notre interrogatoire dura depuis environ 19h45 jusqu’à 1 heure du matin le 26 septembre." [Jacques RONDEAU, né le 30 janvier 1898 à Tours (Indre-et-Loire), vétéran de la guerre 1914-1918, s’était installé à Valenciennes avant de déménager à Lille. C’est lui qui dirigeait le café, qui appartenait à sa seconde épouse, Henriette Pauline RONDEAU, née Van Cleef, une Lilloise, née à Paris le 22 janvier 1895. Engagé dans la Résistance, il fit partie du Réseau Shelburn, du mouvement ‘Action 40’ et créa le Réseau ‘Jaro’. Il ne fut pas inquiété lors de la descente de septembre dans le café, mais fut arrêté le 5 mai 1942 pour diffusion de presse clandestine et détention d’armes. D’abord interné à la Prison de Lille, il fut détenu à celle de Saint-Gilles (Bruxelles) avant d’être déporté en Allemagne. Détenu au camp de concentration de Buchenwald et mis aux travaux forcés dans les Kommandos de Bochum, Essen puis Dortmund, Jacques RONDEAU fut exécuté à Dortmund le 2 septembre 1943. Son épouse Henriette, également active dans ‘Shelburn, survécut à la guerre.]
"Mon interrogatoire dura environ deux heures et on me demanda en anglais :
Je ne leur ai donné aucune information, excepté le nom de mon unité et mon numéro de matricule. L’interrogateur prit une attitude brutale et dit que la guerre finirait bientôt sur une victoire allemande, que nous y gagnerions à tout leur dire."
"Au même moment, le major Lowden, du York and Lancaster Regiment, le capitaine Wright, du 9 Queen’s Guard Royal Lancers et le lieutenant Walsh, 2nd Battalion Manchester Regiment, qui se trouvaient également logés à Lille, furent arrêtés, de même que leur hôtesse, avec les Privates McDonald et Easton des Gordon Highlanders, qui se trouvaient dans la même maison. La dame française fut relâchée après un temps, mais elle avait donné un tas de renseignements au sujet d’autres membres de l’organisation à laquelle elle appartenait ainsi qu’à propos des soldats Britanniques qu’ils avaient aidés. Sa dénonciation eut pour résultat l’arrestation de trois Français."
"Après l’interrogatoire de la Gestapo, nous avons été menés à la Maison Cellulaire de Loos, une prison civile contrôlée par la Gestapo. Le 29 septembre, nous les dix Britanniques, fûmes interrogés collectivement. On nous posa les mêmes questions qu’auparavant, mais les résultats furent à nouveau négatifs et on nous remit en cellules où nous sommes restés durant une quinzaine de jours. Nous avons alors été menés à Lille pour identifier quatre ou cinq personnes qui nous avaient aidés. L’une des Françaises qui m’y avaient hébergé dit qu’elle me connaissait. J’ai nié l’avoir jamais vue. Les Allemands demandèrent aux autres membres de notre groupe si je m’étais trouvé avec eux et ils dirent que non. La Française déclara aux Allemands que j’avais réparé un poste de radio tandis que je me trouvais chez elle et, bien qu’ils n’en aient aucune réelle preuve, ils considérèrent que j’avais bien été là.
Ils trouvèrent également des papiers dans la chambre de la deuxième maison où j’avais logé à Lille. Questionné à leur sujet, je leur dis que j’en ignorais tout et que je pensais qu’ils y avaient été plantés là par les Allemands eux-mêmes. Ils trouvèrent également là sur la table des cartes d’identité et des documents allemands de libération conditionnelle de prisonnier. Je déclarai ignorer tout à ce sujet, disant que j’y avais simplement dormi dans le lit. Vers la mi-octobre, nous fûmes rudoyés lors de la dernière phase des interrogatoires. Pour ma part je reçus quatre ou cinq coups au visage et des coups de pied de la part des trois gardes Allemands, des coups assez sévères."
"Durant les quatre mois suivants, je fus interrogé à peu près une fois par semaine, étant tout le reste du temps enfermé dans ma cellule. Pas d’exercice et un bain une fois par mois environ. La nourriture m’était passée par un trou dans la porte. Il y avait un lavabo dans la cellule. J’étais seul au début et fus ensuite rejoint par Key. Un officier allemand me dit que je pouvais envoyer des lettres chez moi via la Croix Rouge. J’écrivis plusieurs lettres, mais elles ne quittèrent jamais la prison. Je les ai vues dans mon dossier personnel lors d’un des interrogatoires. Durant mon séjour en cellule, je fus battu trois ou quatre fois par les gardes, sans raison aucune."
"Au début de février 1941, j’ai été mené à Charleville [Charleville-Maisières], où on m’a donné des vêtements militaires belges et gardé cinq ou six jours dans un camp de concentration. [Il n’y avait pas de camp de concentration à Charleville, simplement une prison. Il veut peut-être dire camp de regroupement…]. Un groupe de 38 Britanniques de grades divers furent alors mis dans un petit camion, puis dans un train dont on nous dit qu’il allait à Essen. Dans la wagon se trouvaient 3 officiers, la Major Lowden, le capitaine Wright et le lieutenant Walsh. On nous avertit que nous serions abattus si nous essayions de nous évader."
"Le train roulait très lentement. Après trois jours, nous arrivâmes à Muhlheim en Allemagne. J’avais réussi à fracturer l’ouverture du ventilateur de notre wagon et Key et le sergent Myles me soulevèrent et, après que je me fus faufilé à travers l’ouverture, me soutinrent de l’autre côté jusqu’à ce que je sois prêt à sauter hors du train. Je sautai alors qu’il roulait à environ 30 km à l’heure. Je tombai à plat sur un tas de rocaille le long de la voie et me blessai à la tête. Les gardes se mirent à tirer et des projecteurs s’allumèrent à l’arrière du dernier wagon. Je fus blessé par une balle dans la main gauche. Le train ne s’arrêta pas. Il y avait 15 gardes allemands dans le train, répartis entre nous et les officiers dont le wagon était deux voitures vers l’avant. Ce train était à la fois de marchandises et de voyageurs. Tout ceci est arrivé vers 17 heures le 16 ou 17 février [1941]."
"Après le passage du train, je me relevai, enveloppé ma main dans un mouchoir et rebroussai chemin le long de la voie. Après un moment, je vis un train de voyageurs avec des wagons de marchandises à l’arrière et je montai à bord de l’un des wagons. Ce train roula ensuite jusqu’à environ 6 km à l’ouest d’Aix-la-Chapelle [Aachen] Là, je pus monter à bord d’un camion dont le chauffeur m’amena de l’autre côté de la frontière avec les Pays-Bas. A cette époque, il n’y avait pas de contrôle douanier sur les routes. Je descendis en Hollande et me rendis dans un couvent à 8 ou 9 kilomètres de Bunde (environ 5 km au nord-est de Maastricht). Je demandai à manger, dit que j’étais catholique et un prisonnier de guerre Français (je portais toujours l’uniforme belge). On pansa ma main, me donna à manger et me demanda de partir. [Le couvent est celui des Zusters Franciscanessen, où il put se restaurer et dormir une nuit dans la section Hommes de la Kolonie Huis, avant de partir seul vers le sud.] J’allai alors à Bunde, où je fus hébergé pendant deux jours par un homme qui travaillait à Maastricht. Le 21 février, cet homme me conduisit vers un petit village où il me confia à des amis. Ces derniers me donnèrent des vêtements civils, me conduisirent jusqu’à la frontière belge et me confièrent à un fermier possédant des terres des deux côtés de la frontière. Je restai 2 ou 3 heures avec ce fermier et lorsque les patrouilles allemandes étaient parties, on m’a envoyé de l’autre côté, tout seul. [Le nom de "Jack Hogan" et "1941 ou 1942" est repris au rapport de Mathieu PINCKAERS, 80 Rijksweg à Gronsveld (au sud-est de Maastricht). Il y reprend une collaboration avec les sœurs du couvent de Bunde et déclare avoir remis Hogan à Hubert Piet CLAESSENS, 74 Rijksweg à Gronsveld "qui l’a fait passer en Belgique"… Hogan précise que la date de ce passage est le 21 février 1941. Dans son propre rapport, CLAESSENS indique qu’il n’a noté aucun nom des évadés qu’il a aidés, disant seulement qu’il en a aidé 6 sans G. JENNISSEN, d’autres avec lui. Georges JENNISSEN est instituteur et habite 17 Dorpstraat à Demelen et son rapport ne mentionne aucune date ni nom d’évadé aidé…] Je me rendis d’abord au village de Sacre [ ? ] et puis à Visé. J’ai traversé la Meuse avec un fermier qui m’avait hébergé pour la nuit. Il paya 25 centimes et nous fit passer sur une barque à câbles-chaînes. Nous avons alors marché pendant 10 minutes avant de traverser la Canal Albert, également en ferry-boat. De là, je suis parti à Ans, à la périphérie de Liège avant de poursuivre mon voyage à pied et en tramway à Saint-Trond [ Sint-Truiden ], Louvain [ Leuven ], Bruxelles et Ninove. Je voyageais principalement la nuit, me cachant le jour. J’atteignis Ninove le 27 février 1941 et m’effondrai là. [ L’Appendix C du rapport d’évasion de Hogan indique qu’il a logé chez Mr et Mme DECOSTER, 7 Doornweg à Ninove, du 27 février 1941 au 6 février 1942 et que les DECOSTER le finançaient et lui avaient fourni des cartes d’identité. Voir plus bas des détails au sujet du couple DECOSTER.]"
"Je suis resté à Ninove jusqu’au 6 février 1942. [Dans l’Appendix C, Hogan précise que le 1er janvier 1942, il est allé loger chez Mr et Mme ROGGEMAN, au 44 Rue de la Drève à Woluwé-Saint-Lambert (Bruxelles) et qu’il y est resté jusqu’au 5 février, ajoutant que deux journaux clandestins étaient dactylographiés et polycopiés là. Voir plus bas les détails concernant le couple ROGGEMAN.] Durant mon séjour, j’ai distribué des journaux clandestins à Bruxelles, Charleroi, Mons et Nederbrakel. Ces journaux m’étaient fournis par un agent à Uccle et j’en distribuais environ 150 par mois. [L’Appendix C précise que cet agent était M. PARIS, membre du Club d’échecs "Alekhine"/"Atkinne" [Arlequin], chaussée d'Alsemberg à Forest ou Uccle, Bruxelles.] Le système impliquait que je fasse ma tournée en vendant des cigares au marché noir à des Belges pro-Britanniques. Les journaux étaient placés au fond des boîtes à cigares. Les journaux que j’ai distribués étaient ‘La Libre Belgique’ et ‘La Voix des Belges’. Chacun de ces journaux étaient constitués d’une seule feuille en papier ministre, pliée pour former quatre pages. J’ai vendu ces journaux pendant environ six mois (de mai à novembre [1941]… [Le tailleur Jules VAN CAULAERS, du 21 Aalstsesteenweg à Ninove rapporte qu’il a fait des réparations et livré un costume à l’intention de Hogan.]"
"En novembre, je fus dénoncé par une dame Belge et vers le 15 du mois la Gestapo arriva dans une maison où je logeais. [L’Appendix C mentionne que la dénonciation était du fait de "M. et Mme VAN CAMP, Rue du Tournoi à Forest" et que Joseph et Élise DECOSTER furent arrêtés par la Gestapo, Joseph ayant été relâché après 15 jours, Élise, elle, étant toujours incarcérée au début de février 1942.] Ayant vu la Gestapo approcher, j’ai couru vers une maison à proximité d’où je partis vers la gare pour prendre un train pour Bruxelles. Après 8 jours, je suis parti à Hamois, au nord-est de Ciney, en Province de Namur, restant dans une ferme jusqu’au 1er janvier 1942. [Cela pourrait être chez la famille de Joseph LOMBA, à la Ferme de Mars-aux-Frênes à Hamois. Le fils de Joseph, Jean, cité ci-dessous, engagé dès 1941 dans la Résistance, faisait partie du Groupe "Luc"…] Je suis alors retourné à Bruxelles et fus hébergé dans une maison où deux autres journaux clandestins étaient polycopiés. Ces journaux étaient ‘La Succursale’ et une publication luxembourgeoise. Le 6 février 1942, j’ai quitté Bruxelles en train pour l’Espagne selon des arrangements pris par une organisation."
Jules ROGGEMAN et sa femme Emma HOFFMAN habitaient au 44 Rue de la Drève à Woluwé-Saint-Lambert, dans une maison où deux journaux clandestins étaient imprimés : "La Succursale" et un autre pour le Luxembourg : "De Freie Lötzeburger". C’étaient Albert SERVAIS et son épouse Marie-Louise, née KINET, qui se chargeaient de leur diffusion, outre leur collaboration à un réseau d’évasion d’aviateurs et d’aide à une personne juive. En juillet 1944, Albert et Marie-Louise, enceinte, furent sauvagement assassinés à la mitraillette par des Rexistes dans la cave de leur domicile, Avenue Marie-José. La Rue de la Drève fut rebaptisée rue Albert Servais et Marie-Louise Kinet en 1945. Hogan ira un jour chez Jean LOMBA et reviendra le lendemain chez les ROGGEMAN, puis partira, guidé par le docteur Egide RENWA, chez "Marcel" SNELLAERS à Boitsfort grâce à Jeanne BOONE et "Marcel CHENOI". Le docteur RENWA, du 25 Rue du Luxembourg (à la limite de la ville avec la commune d’Ixelles), est membre de l’Armée Secrète, Groupe "Zéro". Il est crédité pour le logement, de 1940 à 1942, d’environ 67 évadés Alliés et d’une assistance médicale pour 5 d’entre eux (aucun nom ni date précise...) La liste des Helpers Belges reprend Eugène SNELLAERS, policier, habitant au 20 Rue des Archives à Watermael-Boitsfort, qui a hébergé durant environ 1 mois avec son épouse, un évadé Allié (pas de nom ni de date…). Dans la liste des Helpers, Jeanne BOONE est reprise au 54 Rue des Moissons à Saint-Josse-ten-Noode et c’est aussi l’adresse de Jeanne BULTOT, sténographe, née en 1906. Une mention pour l’attribution du Grade 5 à Jeanne BULTOT précise qu’elle ("Mme RENWA"…) était guide dans Bruxelles d’un logement à l’autre pour des évadés en 1941 et 1942. Arrêtée le 30 août 1942, elle fut relâchée le 8 octobre pour raisons de santé…
Hogan quitte Bruxelles avec Frédéric DE JONGH le 6 février, et rejoint sous le pseudo de "Monsieur Jacques" les Belges Paul Henry de la Lindi et Georges Osselaer à Mons. Paul Henry décrit Hogan comme "un jeune homme large et trapu, dont la figure de boxeur est couronnée d'une puissante chevelure d'un noir de jais". Quand Paul Henry lui offre une cigarette, il répond "Aôh, mêci bôcoup", déclenchant un regard réprobateur de M. DE JONGH et Hogan ne parlera plus jamais en public jusqu’à Bilbao en Espagne… Paul Henry ajoute encore qu'Hogan est tatoué de la tête aux pieds (il porte des manchettes de cuir pour cacher ses tatouages aux bras) et que Hogan lui avait raconté qu'il avait déjà fait plusieurs fois le tour du monde comme marin civil à 22 ans. A partir de Paris, il s'appellera "Etchepare" (et depuis Madrid, le "Private Hopkins"…)
A la frontière française, Hogan et les deux Belges sont passés à Andrée DE JONGH et Elvire MORELLE, dont c'est le premier voyage, et qui reconnaît les itinéraires pour pouvoir remplacer ou assister Andrée DE JONGH. Le nom de Hogan figure dans le rapport de Elvire MORELLE (infirmière à Fieffes-Montrelet) comme ayant été aidé à passer la frontière belgo-française "depuis Quiévrain". A Feignies, juste passé la frontière, Frédéric De JONGH les fait descendre pour les présenter à leurs guides définitifs : "il se dirige vers un groupe de trois jeunes femmes dont il embrasse l'une, et comme par hasard, c'est la plus jolie". La troisième rentre à Bruxelles avec lui (Andrée DUMONT, alias "Nadine", guide de Bruxelles à Valenciennes à l’époque et habitant au 21 Rue Papenkasteel à Uccle, Bruxelles – Arrêtée chez elle le 11 août 1942, détenue d’abord à la Prison de Saint-Gilles puis déportée en Allemagne, elle se retrouvera au camp de concentration de Ravensbrück, dont elle reviendra en mai 1945).
A Tergnier, le train s'arrête à la ligne de démarcation. Quasi personne n'a de laissez-passer dans le convoi. Dégoûté, le contrôleur allemand laisse passer tout le monde. Andrée DE JONGH explique à ses évadés que, parfois, il faut prendre le train suivant pour pouvoir passer. Arrivés à Paris le 6 février au soir, les cinq vont se restaurer près de la gare du Nord, et les hommes y achètent un béret basque. Le 6 février à 21 heures, ils prennent le train de nuit vers Bayonne. Ils arrivent à Bayonne le 7 février au matin et passent la nuit à Anglet, chez des Belges (la famille DE GREEF).
Le 8 février, ils embarquent dans un bus pour Saint-Jean-de-Luz. Mme Françoise IRASTORZA et son mari, à la Maison Tomas-Enea à Urrugne, la dernière "safe house" en France sont repris comme ayant hébergé plusieurs aviateurs, dont Hogan. Les guides basques (Manuel ITURRIOZ et Tómas ANABITARTE) les emmènent ensuite sans encombre en Espagne. Paul Henry raconte néanmoins comment Osselaer dut être porté par un des deux guides basques pour arriver jusqu'au gîte, épuisé par la marche effectuée. C'est le 7e voyage de Comète via Endarlaza avec Andrée DE JONGH qui apprend ainsi le trajet à Elvire MORELLE. Cette dernière se cassera la jambe en rentrant de Bilbao.
Après s'être arrêtés à la ferme avant Irun, un jeune homme les conduit chez son père Bernardo ARACAMA, garagiste à San Sebastian, 7 Calle Aguirre à Miramon, où ils passent la nuit après un repas plantureux. ARACAMA les guide ensuite par le train jusque Bilbao, au 76 Gran Via, chez un industriel belge, Édouard CHAUMONT. Son épouse y faisait la liaison entre Comète et le consulat britannique local. Militaire britannique, Hogan quitte les autres pour se rendre au consulat, en ville.
Pour le voyage en Buick diplomatique jusque Madrid, Hogan est déguisé en tenue de chauffeur, mais c’est un colonel de la RAF qui conduit le véhicule. Hogan sera du voyage des "Mirandiens" (des prisonniers incarcérés à Miranda) avec Paul Henry jusque Gibraltar, où ils se quittent. Hogan quitte Gibraltar par bateau le 4 mars 1942 et arrive à Gourock en Ecosse le 10 mars 1942. Il est interviewé par le M.I.9 le 13 mars 1942 aux fins d’établissement de son rapport d’évasion.
Norman Hogan fut décoré de la Distinguished Conduct Medal (London Gazette 8 mai 1942) :