Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 23 avril 2021.

Georges Franz Louis Gustave OSSELAER / O-31910
Drève de Nivelles 172 Bruxelles 15 ou Rue Fétis 42 à Etterbeek
Né le 15 octobre 1907 à Louvain / † ?
Activité en mai 40 : Escadron cycliste de la 12e Division d'infanterie
Rôle : Lieutenant d'active au 2e Lanciers
Pseudonymes/Noms de guerre : "T.1100.O" à Opinion
Devient agent auxiliaire ARA du 1 août 1941 jusqu'au 30 novembre
Genre : Forces Belges en Grande-Bretagne
Tutelle : Royal Navy VR (Min. des Communications)
Mission/Unité : Control Officer
Durée : 7 semaines.
Passage des Pyrénées : le 8 février 1942

Informations complémentaires :

Dossier Archives Notariales Défense OO-31910 et MI19 RPS (Royal Patriotic Schools) 616

Prisonnier de guerre en Allemagne le 28 mai 1940 à l'Offlag IXA, Georges Osselaer est rapatrié le 29 mai 1941 comme "grand malade". Il est en congé de convalescence jusqu'au 1er décembre 1941. Il entre en contact avec le commandant DORSIMONT, professeur à l’École de Guerre, grand spécialiste de TSF. Il envoie aussi un colis, contenant des articles pour une évasion à un camarade détenu mais les Allemands découvrent la chose et il est recherché par la Gestapo. Il contacte ainsi Simone LAGRANGE, épouse VINDEVOGHEL, au 233 Avenue Louise qui le passe à "Cyrano" (Roger Verhulst) qui le passe à Sœur Marie-Antoinette BECQUET, au 24 Rue Saint-Georges à Ixelles, une infirmière et hébergeuse de William HALOT. Sœur Marie-Antoinette BECQUET fut arrêtée par la suite et envoyée au camp de concentration de Dachau. Elle reviendra des camps et décèdera le 12 mars 1967 dans sa 75ème année.

Du 17 décembre 1941 au 6 février 1942, il se cache chez cette dernière. C'est une amie de Madeleine VERSTRAETEN, qui connaît bien son oncle, le prêtre OSSELAER, 10 rue Jenneval à Bruxelles. C'est William HALOT qui le convoie de chez Joséphine LACROIX chez "Antonine" BECQUET. Il reçoit souvent des visites de "Cyrano" et de "Valon", alias Roger VERHULST et son beau-père William HALOT.

Il paye 7.500 FB à "Cyrano" pour son passage par la ligne Andrée, qui est à court de liquidités. Il quitte donc son domicile en Belgique occupée le 17 décembre 1941 et atteint la Grande-Bretagne le 7 mars suivant, en passant les Pyrénées avec Paul Henry de La Lindi et Norman Hogan de Bruxelles à Madrid.

Ce 6 février, "Cyrano" emmène Georges Osselaer et Paul Henry de la Lindi prendre le train vers Mons. "Cyrano" y descend après les avoir présentés au "père d'Andrée", qui est en compagnie de Hogan.

A la frontière française, ils sont passés à Andrée DE JONGH et Elvire MORELLE, dont c'est le premier voyage, et qui reconnaît les itinéraires pour pouvoir remplacer ou compléter Andrée DE JONGH. Le groupe arrive à Paris le 6 février au soir, et attend trois heures avant de prendre le train de nuit vers Bayonne. Osselaer déclarera aux Patriotic Schools que "Dédée" avait un tas de papiers à transmettre en Angleterre (le courrier du réseau Beaver), ainsi qu'un fragment de nouvel obus allemand à y faire expertiser. Ils arrivent à Bayonne le 7 février au matin et passent la nuit à Anglet, chez des Belges (famille DE GREEF).

Le 8 février, ils embarquent dans un bus pour Saint-Jean-de-Luz. Ils y rencontrent leurs guides basques (Manuel ITURRIOZ et Tómas ANABITARTE) qui les emmènent sans encombre en Espagne. Paul Henry raconte néanmoins comment Osselaer dut être porté par un des deux guides basques pour arriver jusqu'au gîte, épuisé par la marche effectuée. C'est le 7e voyage de Comète via Endarlaza avec Andrée DE JONGH qui apprend le trajet à Elvire MORELLE. Cette dernière se cassera la jambe en rentrant de Bilbao.

Après s'être arrêtés à la ferme avant Irun, un jeune homme les conduit chez son père Bernardo ARACAMA à San Sebastian, 7 Calle Aguirre à Miramon, où ils passent la nuit après un repas plantureux.

Aracama les guide ensuite par le train jusque Bilbao, au 76 Gran Via, chez un industriel belge, Edouard CHAUMONT. Son épouse y faisait la liaison entre Comète et le consulat britannique local. Hogan les y quitte pour s'y rendre. Il semble que son itinéraire se sépare ici de celui de Paul Henry de la Lindi (mais Paul Henry raconte qu'ils se sont quittés à Madrid, où ils partagèrent une chambre sous les combles de l'ambassade, et que ce n'est qu'à la seconde tentative qu'il passera au Portugal). Des courriers de Luis LIZARRITURRI indiquent qu'il devait effectivement voyager par wagons-lits, mais qu'il fut prévenu par Lisbonne d'un autre arrangement.

Il est finalement conduit par Michael CRESWELL en voiture diplomatique jusqu'à la frontière portugaise, avec deux aviateurs polonais et un aviateur belge, Verporten.

S'ils ont mis trois jours pour aller de Bruxelles en Espagne, le restant de sa route se ralentit : CRESWELL les dépose la nuit à 7 Km avant la ville frontalière de Badajoz. Dans le noir, les deux Polonais et les deux Belges cherchent le domicile du guide qui les fera passer la frontière, demandant leur chemin à des passants. Le guide est au Portugal et rentre le lendemain les prendre. Osselaer se plaindra à Patriotic Schools du manque d'organisation. Ils ne reçoivent qu'un peu d'eau cette journée.


Mot de remerciement de Georges Osselaer à Anglet chez les De Greef.

Le passage de la frontière se fait de nuit sous la pluie. Trempés et crottés, ils arrivent à une ferme et sont abrités dans une grange bétonnée où ils ne peuvent se sécher, ni dormir avec un seul sac à paille et deux couvertures. Ils n'y reçoivent ni eau ni nourriture. La journée passée, ils prennent un bus jusque Lisbonne dans leurs souliers boueux qui les rendent suspects. Une voiture diplomatique était normalement prévue.

Osselaer parvient aux Patriotic Schools le 9 mars et est interrogé par le Néerlandais Oreste Pinto (l'officier de contre-espionnage qui démasquera son compatriote Christiaans Antonius Lindemans dit "King-Kong" après l'échec de Arnhem). Devant le mutisme de Osselaer, Pinto appelera un certain "T.J." (le capitaine Jocelyn Clark) qui est le beau-frère de "Cyrano" (Roger VERHULST, époux de Marion Clark) et également le beau-fils de William Halot. Finalement, Osselaer remet alors le message pour "Jo" ou "Joseph" à ce "T.J." quand il apparaît que Jean Cassart est "le serviteur de Joseph", qui n'est autre que ce "T.J." travaillant à la section belge du SOE. Le message était cousu dans sa ceinture.

Visiblement, Osselaer avait rencontré, à cette époque où le cloisonnement n'est pas encore très suivi, un tas d'agents ARA des réseaux Luc, Zéro, Metrat, etc. Il a rencontré le père Robert Jourdain du réseau Opinion [père jésuite professeur au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur né en 1897, "Robert Rolain, Robert Claeys" est en Angleterre en 40, et il obtient le brevet para en mai 41. Parachuté avec le marconiste Fernand Leblicq la nuit du 06/07 juin 1941 à Harsin près de Marche-En-Famenne. Il rencontre Scohier et Lheureux qui lui font profiter de leur poste. Il sera reparachuté comme aumônier SAS le 06 Sep 44 à l'Est de la Belgique pour l'opération NOACH].

Osselaer a aussi rencontré Ronald Watteeuw, agent ARA du réseau Les Trois Mousquetaires et qui avait succédé à l'agent Jean Scohier "Conjugal", qui avait été parachuté la nuit du 3 au 4 septembre 1941 à Purnode (sud de Namur), après avoir été entraîné par le SOE avec le Père Jourdain. Si Ronald Watteeuw a reçu le nom de code T.1100.H, Osselaer est dans cette même organisation comme T.1100.D. Ils furent donc tous deux des agents du réseau Opinion de Robert Jourdain.

Le 11 mars 1942, Osselaer est aux Forces Belges en Grande-Bretagne, matricule 5568. Il est mis à la disposition du ministère des communications (Royal Navy - Volunteer Reserve) le 31 mai 1943. Il y sera "lieutenant-commander, Staff Officer Security" du NOIC Ostende de septembre 1944 à mai 1945, participant directement aux opérations du siège de Dunkerque.

Il est remis à la Défense Nationale, à sa demande le 21 avril 1946. En 1949, il est désigné pour le 2e Lanciers. Il est pensionné le 1er janvier 1963 comme lieutenant-colonel.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters