Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 12 août 2011.

Roger Jules Jacques VERHULST
276 Avenue Molière à Uccle, Bruxelles
Né le 29 octobre 1907 à Saint-Josse-ten-Noode, Bruxelles / † le 13 avril 1994 à Auderghem, Bruxelles
Activité en mai 40 : Est mobilisé à Soheit-Tinlot (Huy) - Directeur de Banque pour la L.G. Beaubien & C° de Montréal
Agent de liaison à la fondation de Comète
Pseudonymes/Noms de guerre : "Cyrano" pour Comète, "Caroline" pour le SOE, "René Verstraeten"
Sûreté de l'Etat puis Royal Navy à Londres. Durée : 3 jours.
Passage des Pyrénées : le 12 mars 1942

Informations complémentaires :

Dossier matriculaire 000.690.265

Roger VERHULST a fait son service au Corps de Transport Automobile en 1927 (matricule 247/2487). Il est mobilisé le 01 septembre 1939 à Soheit-Tinlot près de Huy comme Maréchal des Logis au P.A.M.A. du Corps de Transport de la 1e Division de Cavalerie. Il se trouve à Slype (Middelkerke) au moment de la capitulation en mai 1940 et est envoyé à Merksem comme prisonnier de guerre. Libéré le 10 juin 40, il est désigné en juillet 40 par la Croix-Rouge pour aller installer à Roye (au Sud de Péronne, entre Amiens et Saint-Quentin, en France), un poste d'accueil pour réfugiés belges rentrant d'exode. En octobre 40, il est secrétaire bénévole du colonel Bastin pour démarrer l'Oeuvre du Colis du Prisonnier.

Beau-fils de William HALOT, alias "Valon" ou "Legrand", Verhulst travaille avec lui pour organiser l'hébergement et l'alimentation des soldats britanniques évadés en 1940, puis d'aviateurs, en créant un service appelé Escape. Ce nom fort générique et imprécis cache en fait la base du financement initial et de la collecte d'aviateurs de Comète. Ses bureaux sont sis au 4 Rue de la Presse, à Bruxelles, dans des locaux d'un ami du fils du fondateur du réseau Luc-Marc.

Avec sa secrétaire, Anne AELBRECHT, épouse de Georges HOYEZ ("Friquet"), William HALOT avait évacué en France des prisonniers par diverses organisations, dont celle du Dr Jean-Marie DERSCHEID. A l'arrestation (sur dénonciation) de William HALOT en novembre 1940, Roger Verhulst continue son activité de directeur de banque, reprenant également ses affaires d'assurances comme couverture. William HALOT sera libéré en avril 1941.

Vers septembre 1941, via Georges GUILLON, un aviateur canadien de 14-18 retraité, Verhulst entre en contact avec Frédéric DE JONGH. William HALOT est un de ceux qui avancent des fonds à Comète, avant que des remboursements ne puissent arriver du consulat anglais de Bilbao. En novembre 1941, via Jean Cassart fraîchement parachuté, HALOT peut faire vérifier à Londres l'identité de certains aviateurs évadés et est partiellement remboursé de ses frais. HALOT remet à Jean CASSART un rapport à destination de Londres sur le financement nécessaire à Comète, mais ce rapport est intercepté à Neufchâteau par les Allemands, lors d'une opération manquée de pick-up par avion Lysander au profit de Jean Cassart.

C'est VERHULST qui escorte Paul Henry de la Lindi et Georges Osselaer de Bruxelles à Mons lors de leur départ de Belgique, et qui les y remet à Frédéric DE JONGH, arrivé entretemps à Mons avec Norman Hogan.

En janvier 1942, suite à l'infiltration et l'arrestation d'un Belge et de son épouse anglaise (Pearl ENGELS-JONES), 44 autres personnes seront arrêtées et le 28 février 1942 ce sera au tour de William HALOT et de sa femme.

Pour échapper à cette vague d'arrestations, Roger Verhulst quitte Bruxelles le lundi 09 mars 42 au soir avec Georges Jaspis et part pour Londres, comme Georges OSSELAER. C'est ainsi qu'Osselaer apparaît au dossier "Caroline" au SOE, après avoir remis des papiers de Roger Verhulst à la section T (Belgique) du SOE, auprès du Capitaine Jocelyn CLARK (Roger Verhulst avait épousé en septembre 1936 la sœur de ce dernier, Marion Germaine Clark, dont il signale l'adresse, avec ses deux enfants, à 7 The Close, West Byfleet, dans le Surrey. Marion Clark travaille comme secrétaire pour Hubert Pierlot, Premier ministre du gouvernement belge exilé à Londres). "Caroline" est aussi le nom de code de son organisation, qui n'est autre que le service Escape de HALOT.

Atteignant Biarritz via Paris par leurs propres moyens, Verhulst et Jaspis franchissent les Pyrénées avec seulement un guide basque le 12 mars 1942, lors du 9ème passage effectué par Comète. Le récit biographique du passeur Manuel ITURRIOZ explique que Andrée DE JONGH s'était foulé la cheville au passage précédent, ce qui explique qu'elle ne les accompagne pas. Ils arrivent à San Sebastian le 13 mars au soir, y logent chez Bernardo ARACAMA au n°7, 5e étage à gauche, Calle Aguirre, au quartier de Miramon. Ils partent pour Bilbao le lendemain avec lui. VERHULST, tout comme Paul Henry de la Lindi, déclare qu'il est un mauvais convoyeur.

A Bilbao, ils restent chez Edouard CHAUMONT au 76 Gran Via à Bilbao jusqu'au matin du 19 mars lorsqu'ils partent en train pour León où ils arrivent le soir, sans avoir été contrôlés. Ils sont nourris par l'excellent guide de "Eliza" (Luis LIZARRITURRI, l'homme de confiance de la Sûreté au consulat belge de San Sebastian).

Verhulst et Jaspis logent le 19 au soir dans un hôtel à León et en partent à 07h30 le lendemain pour Monforte, près de Palencia. Ils passent deux contrôles entre Monforte et Ourense (Orense), mais on ne leur demande pas leurs papiers. En fait, Verhulst et Jaspis n'avaient comme documents personnels qu'un faux salve conducto imprimé à Bruxelles et déclarant qu'ils étaient libérés du camp de Miranda. Ils arrivent à Ourense le 20 à 18h00 et sont logés là par les guides. Le 21, ils partent en taxi jusque "Cabarelos"(?) dont ils repartent à minuit, franchissant ensuite la frontière portugaise et arrivant chez "le Sergent" (de douane ?) vers 04h30. Ils descendent en autobus jusque Ponte da Barca, marchent 4 kilomètres et reprennent un taxi jusque Prado. De là, ils partent le soir en train pour Porto, d'où ils prennent un autre train pour Lisbonne.

Selon sa déclaration, Verhulst arrive à Lisbonne "18 jours" après son départ de Belgique, mais il indique "le 23 mars" à la Sûreté. Il déclarera le 13 mai à la même Sûreté qu'il n'eut aucun ennui, bien qu'ayant voyagé sans papiers. Un visa pour le Royaume-Uni est demandé pour lui le 30 mars et il perçoit une solde pour la période du 01 au 21 avril. Le 22 avril, il quitte Lisbonne par hydravion et il atterrit à Poole en Angleterre le lendemain.

Entré aux Patriotic Schools, il en sort le 26 avril pour être incorporé le 04 mai 42 aux FBGB (Forces Belges en Grande-Bretagne) avec le matricule n° 2584. Il est mis à la disposition de la Sûreté de l'Etat jusqu'en juillet 1943.

Pour ses frais de voyage, il déclare un forfait de 7.500 FB (£ 62.10) et il déclare comme adresse 2 Brackwell Gate, Frognal Lane à Hampstead NW3, comme étant celle de son épouse. On le reconnaîtra par après comme agent ARA (auxiliaire de 1e classe) pour la période du 01 octobre 41 au 13 mars 43.

Le 05 janvier 43, il s'engage à naviguer comme radiotélégraphiste sur les navires belges pour la durée de la guerre. Le 22 janvier 43, il est versé à la Régie de la Marine et est mis à la disposition de l'Amirauté le 22 juillet 43. Il deviendra lieutenant supplétif à la Royal Navy (Royal Navy Volunteer Reserve, Special Branch - Intelligence) et sera affecté au "Victory" à Portsmouth (le vaisseau amiral de Horatio Nelson lors de la bataille de Trafalgar, un navire-musée qui bat encore pavillon anglais). Après divers entraînements, il participe à la libération de Dieppe et d'Anvers comme officier de Renseignement (Staff Officer Intelligence).


Mot de remerciement laissé chez les De Greef à Anglet le 11 février 1942.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters