Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 30 avril 2019.

William Harold KESKEY ("Ralph", "Bill") / 16022965
Wakefield, Gogebic County, Michigan, USA.
Né le 19 février 1923 à Wakefield, Michigan, USA / † le 5 juin 1957 de ses blessures dans un accident de voiture près de Hatley, Wisconsin, alors qu’il rentrait chez lui à Wausau, Wisconsin
T/Sgt, USAAF 306 Bomber Group 368 Bomber Squadron, mitrailleur dorsal.
Atterri près de Zundert, Pays-Bas.
Boeing B-17 F Flying Fortress, 41-24465, "Montana Power",abattu le 5 avril 1943, touché par la Flak puis abattu par l’Oblt Otto Stamberger ou l’Olt Adolf Glunz du IV./JG26 durant une mission sur sur les usines ERLA à Anvers.
Écrasé près du "Klein Schietveld", côté Sud de la Heikantstraat, hameau du Heikant, à 4 km au sud-ouest de Kalmthout, Province d’Anvers, Belgique.
Durée : 7 semaines.
Arrêté : à Bordeaux le 18 juin 43 (ligne Jackson).

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 15534.

L'avion décolle de Thurleigh vers 12h30 heure anglaise. Après le largage de ses bombes, il est touché par la Flak dans le moteur n° 1 qui commence à fumer. Le B-17 doit quitter la formation et devient ainsi une proie facile pour les chasseurs. Le copilote Kramarinko signale par radio à l’équipage qu’une dizaine de Focke-Wulfs approchent de front. L’attaque commence et à un certain moment, la mitrailleuse de Walls s’enraye. Kramarinko donne l’ordre d’ouvrir la soute à bombes pour se préparer à sauter, mais la porte reste bloquée. On parvient finalement à l’ouvrir et à une altitude de 6000m, Roland Magee saute en premier, William Keskey ensuite, Walls sautant derrière lui, suivi de William Baker. On mentionne à la fois l’Oberleutnant Adolf “Addie” Glunz et l’Oberleutnant Otto Stamberger, tous deux pilotes dans le IV./JG26 comme l’ayant abattu.

Le B-17 est aperçu pour la dernière fois, deux moteurs en feu, virant pour retourner en direction de l’intérieur des Pays-Bas à hauteur de Westkapelle, à l’extrémité ouest de la presqu’île de Walcheren, Pays-Bas. Aucun parachute n’est vu et aucune recherche en vue de localiser l’appareil n’a pu être tentée.

Un article du pilote le Lt Robert W. Seelos paru dans l’édition de janvier 1987 du "306th Echoes" (www.306bg.org/PDFs/87jan121.pdf.be) confirme Stamberger, que Seelos a d’ailleurs eu l’occasion de revoir lors de son voyage en Belgique, Hollande et Allemagne en novembre 1984.

Le pilote Seelos, blessé, d’abord aidé par Elsa MOORS de Wuustwezel, fut rapidement fait prisonnier, de même que deux autres hommes : le navigateur Lt William W. Saunders et le mitrailleur arrière Sgt Roland Magee. Ce dernier avait été blessé à l’œil par un fragment d’obus de la Flak et se trouvait caché chez le fermier "METHEEUSSEN" (MATHEUWSEN ?) près de Loenhout, où les Allemands menèrent rapidement Seelos pour l’identifier. Le MACR renseigne Magee identifié dans un rapport allemand du 21 avril 1943 comme prisonnier et, blessé, transféré à un hôpital de campagne avant d’être envoyé au centre d’interrogation Dulag Luft près de Frankfurt. Trois hommes perdirent la vie : le bombardier Lt James E. Murray et l'opérateur radio T/Sgt Fred Ray Hampton dont les corps furent découverts dans les débris du B-17, ainsi que le mitrailleur dorsal T/Sgt Stanley P. Stemkoski, retrouvé le 8 avril au sud de Kalmthout par un ouvrier forestier. Tous trois furent inhumés le 12 avril 1943 au cimetière du Schoonselhof à Hoboken, près d’Anvers. Après la guerre, leurs dépouilles furent transférées au Cimetière Américain de Neupré (Neuville-en-Condroz).

Outre William Keskey, trois autres hommes parviendront à s'évader : Raymond Walls, Alexander Kramarinko et William Baker.

Certains furent arrêtés par la Gestapo avec Frédéric DE JONGH à Paris le 7 juin 1943, et d'autres par le traître belge Prosper Dezitter et l'Abwehr à Bruxelles en juillet 43.

Peu après son atterrissage, Keskey retrouve, caché dans un bois, Raymond Walls en discussion avec d’autres hommes. Ceux-ci leur disent d’aller se cacher ailleurs, dans un fossé et qu’ils reviendront le soir vers 21h00 avec de la nourriture et des vêtements civils. Après un quart d’heure cependant, les deux garçons à vélo qui avaient auparavant aidé Walls, blessé à la jambe, reviennent dans le bois pour leur dire que les Allemands arrivaient de leur côté.

Les garçons les guident vers un gros massif d’arbres plus à l’intérieur du bois. Ils leur demandent l’argent de leur kit d’évasion de manière à pouvoir leur acheter de quoi manger de même que des vêtements. Les aviateurs hésitent, tentent de ne leur donner qu’une partie de leur argent, mais finalement ils s’exécutent, les garçons emportant également leurs vestes de vol. Selon Walls, ils apprirent par la suite que les deux garçons furent arrêtés par après et emprisonnés et il déclare ne rien savoir quant à leur sort. Après le départ des garçons, les deux aviateurs se cachent dans un fossé, proche d’un sentier sur lequel ils voient bientôt un officier allemand marchant lentement, manifestement à leur recherche. Heureusement, l’officier poursuit son chemin sans les apercevoir.

Walls et Keskey restent cachés là le 5 avril jusqu’à 23h00. Apercevant alors la lumière de torches et entendant l’aboiement de chiens, ils décident de bouger, Walls étant obligé de ramper, vu sa blessure. Ayant pris pour une maison ce qui n’était qu’un massif d’arbres, ils décident d’attendre qu’il fasse plus clair. Sous la pluie, ils aperçoivent une ferme et hésitent à s’y adresser à cette heure de la nuit. Ils se reposent jusqu’à 09h00 au matin du 6 avril dans une étable de la ferme. Voyant le couple de fermiers dans la cour, ils décident de les approcher. Ils leur déclarent être Américains et après une longue discussion entre eux, le fermier et son épouse les laissent entrer. La fermière leur donne à manger et Keskey peut laver la jambe de Walls tandis que le fermier quitte la ferme en charrette.

Ils consultent les cartes de leur kit d’évasion de manière à choisir leur itinéraire. La fermière leur indique où ils se trouvent et les deux hommes décident de tenter d’atteindre la Suisse. Après environ deux heures, on les déplace dans une autre pièce et deux hommes arrivent. Ce sont des douaniers hollandais parlant un peu l’anglais et qui leur disent qu’ils peuvent les aider à s’évader et rejoindre la Suisse. Les douaniers leur disent de se cacher dans l’étable et qu’ils repasseraient dans la soirée. Finalement on fait cacher Walls et Keskey sous des broussailles à l’extérieur de l’étable et les deux douaniers y passent trois fois dans la journée pour leur apporter de quoi manger. Vers minuit, les douaniers réapparaissent, cette fois avec des vélos et en compagnie d’un officier belge. L’évasion des deux aviateurs est dès lors organisée.

Le groupe part à vélo, la première partie du voyage à travers des bois et par des sentiers voyant les aviateurs perchés sur la barre des guidons. Ils arrivent à la maison de l’un des douaniers à "Chelsea" (sic dans le manuscrit de l’intervieweur pour l’E&E – impossible de déterminer de quelle localité il s’agit…), toujours en Hollande. Walls ne l’indique pas, mais il semble qu’ils soient restés chez Louis van HASSELT de Zundert pour un ou deux jours "vers le 05 avril" (le jour même du crash? La date semble erronée). Dans son rapport, Walls indique qu’on leur prépare de faux papiers belges et que les deux évadés restent "là" du mardi soir (ce devrait donc être le 6 avril) au samedi matin (le 10 avril…), cachés dans une petite pièce au 1er étage. Durant leur séjour, un médecin passe et rassure Walls quant à l’état de sa jambe. Walls rapporte que le samedi, sa jambe va mieux et qu’au matin (donc le 10 avril, mais il ne précise pas de date) un officier belge (un douanier) vient les chercher avec des vélos.

Raymond Walls ne le précise pas davantage dans son rapport, mais il passe la frontière belge avec son co-équipier Bill Keskey, aidés par un douanier belge et deux douaniers néerlandais, CLAEYS (vraisemblablement August CLAEYS de Biervliet) et "DALHUIZEN" (Franzen Reinier DALHUISEN de Bennekom ?)

Selon le rapport de Walls "le" douanier guide Walls et Keskey à vélo jusqu’à Anvers où ils prennent un tram et de là vont à Bruxelles (vraisemblablement en train). Arrivés à Bruxelles, le douanier va à la rencontre d’un homme et les aviateurs suivent les deux hommes dans la rue jusqu’à ce que le douanier prenne congé d’eux. L’autre homme les guide alors vers une sorte de pension de famille ("ressemblant à un salon de massage"). Une femme médecin passe durant la soirée, soigne et panse la jambe de Walls et repasse deux fois le voir, les deux évadés restant jusqu’au lundi soir (12 ou 19 avril ?...) dans cette maison.

Selon des archives de Comète, Walls et Keskey auraient été convoyés à Bruxelles par Eugène MAYNE, qui serait allé les chercher près de Ninove avec Armand CHATEL du 52 de la Rue Malibran dans la même commune.

Le rapport de Walls mentionne que le lundi soir (12 ou 19 avril ?…), Keskey et lui sont menés vers une école de filles, conduits par deux hommes dont l’un est appelé GEORGES. Cachés dans le sous-sol, ils restent là durant 3 semaines, ajoutant qu’ils ont été à un moment transférés pour 2 ou 3 jours chez une dame âgée avant de revenir à l’école. Ceci confirme donc que c’est bien le concierge de l’école (en fait le Lycée de Saint-Gilles), Eugène TRUFFIN du 8 rue du Lycée à Saint-Gilles, qui les héberge pour 18 jours ou trois semaines. Après ce séjour, TRUFFIN est renseigné comme les remettant à Maurice ANDRIES et son épouse Edmonde, née LASSON, au 40 Rue Van Volsem à Ixelles (voisins de Eugène MAYNE, qui habite au 43). Dans le rapport de Walls, il est indiqué qu’ensuite, le dimanche de Pâques (mais ce serait alors le 19 avril…), GEORGES les a conduit auprès d’un homme appelé "Meurice", d’une autre organisation, qui les cache dans une pièce à l’étage… Il y est mentionné que "3 boys" se trouvent là également, se cachant des Allemands, qu’il y a aussi un Français attendant son départ vers l’Angleterre, qu’il y des revolvers et des grenades à main. Ceci confirme qu’il s’agit bien de la maison de Maurice ANDRIES.

Effectivement, ANDRIES leur avait procuré des pistolets 9 mm et les avait fait rencontrer un Français, un certain Jean CAIVEAU (fils de Marguerite CAIVEAU de Bordeaux), et Arthur DALMOTE du 395 Avenue Louise qui les loge un jour et les aide souvent. Ils restent au moins trois semaines chez les ANDRIES à Ixelles, et y seront séparés. Selon Bob Seelos, ils tirèrent à la courte paille pour qui partirait le premier avec une promesse d'être évacué par bateau. Keskey gagne... et, partant quatre jours avant Walls, il rejoint la fausse filière du "Pensionnat" du traître belge Prospère Dezitter, dans laquelle tombe aussi Eugène MAYNÉ. Walls, quant à lui, est évacué par Comète grâce à Fernando RADELET.

On signale par ailleurs Raymond Walls et Bill Keskey comme ayant été à un certain moment remis à Oscar GERARD et aboutissant chez Mme PAULI (Isabelle ANSPACH, au 30 Rue de Naples à Ixelles) où Walls est signalé comme hébergé du 22 au 24 avril 43.

Maurice et Edmonde ANDRIES, Eugène MAYNÉ, Jean CAIVEAU ainsi que Marcel DEMONCEAU, Joseph BAUWIN, Albert MEURICE et Marcel DEROME seront parmi ceux qui perdront la vie suite à une dénonciation, suivie d’une descente de plus de 300 policiers et soldats allemands au 43 Rue Jean Van Volsem à Ixelles à l’aube du 29 juin 1943. Armand CHATEL et Rita, l’épouse de Marcel DEMONCEAU seront arrêtés, envoyés en camps en Allemagne, d’où ils seront libérés au printemps 1945.

William Keskey eut un parcours chaotique. Il fut un des aviateurs nourris à la cantine de l'Armée du Salut au 78 Rue Antoine Dansaert à Bruxelles, tenue par Paul BOUTET, pour le centre de ramassage et d’hébergement de Madeleine MERJAY qui a convoyé Keskey dans Bruxelles. William Keskey est l'aviateur n° 176 des listes du Groupe EVA. Il est renseigné comme aidé par Mme Marie Louise SCHEINS née STEYNART (infirmière de la Clinique Longchamps) et remis à Charles HALLUT, étudiant d'agronomie tropicale au 85 Rue des Mélèzes à Ixelles chez ses parents, qui le remet à Jules DRICOT, 8 rue de la Réforme à Ixelles. Il venait de chez André MALHERBE au 11 Galeries de Waterloo, voisin de M. et Mme Julien BLANCHE au n° 10 (qui furent manipulés par Dezitter et gérèrent de bonne foi le "Pensionnat" au 369 Avenue Slegers à Woluwé-St-Lambert avant d'être envoyés en camps de concentration).

Keskey arrive ainsi au 369 Avenue Slegers à Woluwé-Saint-Lambert, sur les conseils du Dr Antoine GOETHALS du 34 Rue de la Vallée à Ixelles (mystifié lui aussi par Dezitter et sa maîtresse Giralt), et entre dans la filière "Jackson" de Dezitter le 20 mai 43. Il y rencontre "the captain" (Prospère Dezitter alias le capitaine Jackson), "Marcel" (Jean-Marcel Nootens) et "Anne" (Florentine Giralt).

Dans une lettre du 17 juin 1946, Keskey écrit qu'un soldat anglais (Stanley Cook, de Newcastle) partage avec lui des soupçons sur les gens de cette maison. On leur pose trop de questions et les "gérants" ne leur semblent pas sincères. Mais, les circonstances aidant, ils décident de tenter leur chance avec cette filière.

Un beau jour, "Marcel" guide Keskey, 3 Canadiens, un soldat anglais (Cook) et un civil belge en train à Paris, puis à Bordeaux. "Jackson" reste à Bruxelles. A Bordeaux, Nootens les laisse seuls en rue sous le prétexte d'un coup de fil à donner. Il revient ensuite les conduire dans un bureau rempli d'agents allemands. Keskey et les autres sont ainsi tous arrêtés le 18 juin 1943.

William Keskey est prisonnier au Stalag XVIIB à Braunau-Gneikendorf - Barracks 39A, Autriche.

Sa sœur écrivit à Carmen DALMOTE le 26 février 1945 de Palmer, Michigan, pour lui signaler que William est maintenant prisonnier de guerre, mais qu'il n'est pas blessé et en bonne santé. Raymond Walls écrit également à Carmen DALMOTE le 24 mars 1945 depuis Monongah, West Virginia, et confirme que Keskey a été arrêté.

William Keskey est de retour aux USA en juin 1945. Décédé en 1957, il repose au Pine Grove Cemetery à Wausau, Marathon County, Wisconsin, USA.


Article du Ironwood Daily Globe, 15 avril 1943,
annonçant que Keskey est Missing In Action.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters