Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 8 octobre 2013.

Reginald Milmer KING / 137474 (& 1264897)
Birchfield Middle Green, Langley, Slough, Birkshire, Royaume-Uni.
Né le 3 juin 1920 / † le 30 mars 2010
P/Off, RAF Bomber Command 103 Squadron, navigateur.
Atterri près de Termes (entité actuelle de Chiny), à environ 25 km à l’Ouest d’Arlon, Province du Luxembourg, Belgique.
Avro Lancaster B Mk III, ND417, PM-P "for Peter", abattu la nuit du 25 au 26 février 1944, par la Flak au retour d'une mission sur Augsburg.
Atterrissage forcé à Grapfontaine (Bertrix) le 26 à 1 heure.
Durée : 4 semaines.
Arrêté le 25 mai 1944 à Bruxelles ou Anvers (KLM)

Informations complémentaires :

Une copie du rapport SPG/LIB 1396 de Reginald King, établi après sa libération et datant son interview au 20 octobre 1945 à Londres par le I.S.9, n’a pu être obtenu que le 7 octobre 2013.

L’appareil décolle de Elsham Wolds vers 22 heures (heure anglaise) le 25 février. Le système H2 de localisation était défectueux, l'appareil est arrivé en retard au point de rendez-vous de la formation. Après le largage des bombes sur l’objectif, l’appareil est touché à environ 7600m d’altitude par deux salves de Flak. Les moteurs en feu, perdant de son carburant, l’appareil plonge à 3000m. Le pilote William Eddy parvient à éteindre les flammes en plongeant, mais son avion étant touché à nouveau par la Flak, il donne l'ordre à l'équipage de sauter. Les hommes hésitent à le laisser seul car ils savent qu’il n’a pas de parachute. Finalement, l’ordre est confirmé et l’équipage quitte l’appareil : le navigateur King (la présente fiche) ; le F/Sgt Jack Woodward, mécanicien (RAF 520106 - arrêté à Anvers le 6 mai 44 – prisonnier n° 68 aux Stalag Luft 7 et IIIA à Luckenwalde) ; le Sgt Ossie J. R. Fry, radio (prisonnier n° 2425 au Stalag Luft 6 et Camp 357); le Sgt Reginald Gilbert Styles, bombardier (RAF 657885 - arrêté à Anvers le 6 mai 44 – prisonnier n° 59 dans divers camps, dont le dernier, le Stalag Luft 7); le Sgt Emerson RCAF, mitrailleur arrière (prisonnier n° 2424 au Stalag Luft 6 et Camp 357); le Sgt R. W. Smith, mitrailleur dorsal (prisonnier n° 2362 au Stalag Luft 6 et Camp 357), le F/Sgt John Miller, copilote (RAF 656301 - arrêté à Anvers le 6 juillet 1944 – prisonnier n° 400 au Stalag Luft 7 puis au Stalag IIIA à Luckenwalde). Ce n’est que plus tard que le pilote apprendra qu’en plus d’avoir été atteint par la Flak, son appareil avait été achevé vers 21h28 (heure continentale) au sud-est de Neufchâteau par un chasseur allemand, le crédit de cette victoire étant attribué au Fw Günther Bahr du 3./NJG 6.

Selon son rapport LIB 1396, King enterre son parachute dès son atterrissage et va se réfugier dans un bois où il passe le reste de la nuit. Au matin du 26 février, il s’adresse à une ferme où toute aide lui est refusée. Il marche alors le long d’une route et rencontre un paysan qui l’emmène dans sa charrette vers le village de Termes. Il est recueilli par deux dames belges âgées qui tiennent une épicerie. Il ne nomme que l’une d’elles, Melle Ida RION, ("Rue de Jamoigne »), précisant qu’il reçoit durant son séjour le logement, la nourriture, des vêtements civils et qu’il reçoit la visite du 1er Sergent Aviateur Gustave WIESELER, membre d’une organisation de Résistance, qui lui remet de faux papiers d’identité. Un médecin (non nommé) est cité comme étant venu lui apporter des soins. Il ajoute que Marie (l’autre dame) et deux frères lui ont également apporté de l’aide, dont il ne précise pas la nature. A noter qu’une Marie-Jeanne RION ainsi qu’un Alfred RION (l’un des deux frères ?) sont mentionnés, habitant à Termes, dans la liste des Helpers belges établie après la guerre en vue de l’appréciation des services rendus.

King quitte cette maison de Termes le 12 mars 1944, et est conduit à moto par Gustave WIESELER chez lui à Arlon (170 Route de Bastogne), où il ne reste que quelques heures, attendant l’arrivée d’un ami de WIESELER. Arrive alors Adrien WITTAMER, également membre de l’organisation, qui l’emmène chez lui, à la Rue Francq à Arlon. Dans la première partie de son rapport, King indique qu’il a logé chez ce Résistant pendant dix semaines. Dans la seconde partie, il précise le rôle de WITTAMER "du 12 mars au 24 mai 1944 " : remise de cartes de rationnement, s’est occupé de lui trouver du logement et de l’aide dans son évasion. A apporté des livres, des cigarettes et un nouveau costume. Il n’a donc pas été hébergé par WITTAMER.

En effet, King précise plus loin que le logement trouvé pour lui est en fait chez Georges DIFFERDANGE et sa sœur Joséphine THOMMES, à "Vivelle", chose que nous a confirmée Madame Edith Hesse, petite-nièce de Georges, Emile et Joséphine DIFFERDANGE en octobre 2013 : Reginald King est caché depuis le 12 mars jusqu’au 24 mai 1944 à Viville (Arlon) dans la ferme de la famille Differdange rue du Moulin-à-Huile 47 à Viville (actuellement le restaurant « Le Fenil », appartenant toujours à la famille DIFFERDANGE), où vivaient Georges et Emile DIFFERDANGE, Joséphine DIFFERDANGE et son fils Gaby Thommes, âgé de 4 ans, dont le père, Joseph Thommes, avait rejoint la Grande-Bretagne au début de la guerre et revint en Belgique fin 1944 lorsque les allemands n’occupaient plus le territoire pour repartir ensuite à nouveau quelques mois de plus en Grande-Bretagne pour l’armée belge. Ce dernier, ayant été informé par la famille qu’elle avait caché Reginald, put en informer les parents de Reginald en Angleterre.

Au matin du 24 mai 1944, Georges DIFFERDANGE (né en 1917) guida Reginald King (appelé sous son pseudonyme « Jacques Müller » par la famille) jusqu'à Arlon afin qu’il puisse de là prendre le train pour Bruxelles. Marchant à quelque distance devant King, Georges DIFFERDANGE eut très peur en passant près de soldats allemands en exercices à la pleine des manœuvres à Arlon, craignant qu’ils s’adressent à l’aviateur qui ne parlait ni Luxembourgeois, ni Français, les deux langues parlées dans la région.

Dans son rapport, King ne cite pas Georges DIFFERDANGE comme étant son guide vers la gare d’Arlon, indiquant seulement qu’après son séjour à Viville, il a été conduit vers une autre maison, à Arlon, qui servait de point de rendez-vous. Là, il est confié à une guide qui lui a acheté un ticket de train et l’a accompagné jusqu’à Bruxelles, indiquant qu’il est arrivé dans la capitale dans la matinée du 25 mai.

Il semble y avoir des discordances : le rapport de King signale que la femme guide l’ayant amené à Bruxelles avait tenté à leur arrivée de contacter un autre membre de l’organisation…qui ne vint pas au rendez-vous. Il ajoute qu’il se mit à déambuler dans Bruxelles jusqu’à ce qu’on lui tape sur l’épaule. C’était un agent de la Gestapo, en civil, qui lui demande alors ses papiers. Il mentionne qu’on le soupçonnait d’être un ouvrier polonais en fuite et qu’il est emmené à un QG pour y être interrogé. Il ajoute que sa guide avait d’abord tenté de parler en sa faveur (nous comprenons au moment de son interpellation), mais que, voyant que c’était inutile, elle parvint à s’esquiver et King ne la revit plus jamais par la suite. Son récit dans son rapport se termine par la mention qu’il fut alors détenu pendant 10 jours dans une prison civile (vraisemblablement la Prison de Saint-Gilles) avant d’être envoyé en Allemagne.

Dans des archives de Comète, Reginald King est renseigné comme ayant été logé "deux jours" chez Anne Irène RADERMACKERS (Veuve de Frédéric BALIEUX) au 87 Boulevard de Waterloo à Bruxelles, sans précision de ces dates… Cette cellule ayant été infiltrée par l'Abwehr, King se fait arrêter le 25 mai 1944 pour être interné, d’abord à la Prison de Saint-Gilles avant d’être envoyé au Stalag Luft 3 à Sagan / Zagan (Pologne) puis au Stalag IIIA à Luckenwalde, d’où il est libéré par des troupes russes le 22 avril 1945.

Selon notre ami Michael Leblanc, Maria DOMS-ELAERTS d'Anvers le signale comme convoyé et remis au traître belge René Van Muylem. A noter que selon la liste des Helpers belges établie après la guerre en vue de l’octroi de récompenses, il n’y a mention que de Rosa DOMS-ALAERTS, au 53 Rue de l’Etang / Vijverstraat, Anvers/Antwerpen…

Reginald King est venu revoir la famille Differdange à Viville après la guerre. La photo ci-dessous, prise lors de cette visite en août 1946, nous a été transmise par Madame Edith Hesse, que nous remercions pour ce cliché de même que pour ses renseignements concernant le séjour de King dans sa famille à Viville.


Reginald King, Nicole (fille de René DIFFERDANGE,
autre frère de Georges) et Georges DIFFERDANGE.

© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters