Dernière mise à jour le 7 octobre 2013.
William "Bill" Edward Montague EDDY / 126609
Argentine Club, Hamilton Place, Londres.
Né le 05 août 1909 à Penkridge, Staffordshire, Grande-Bretagne / † le 25 juillet 1988 à Carmen de Patagones, Argentine.
Fl/Lt, RAF Bomber Command 103 Squadron, Pilote.
Atterri avec l'appareil à Grapfontaine (La Hollière).
Avro Lancaster B Mk III, ND417, PM-P "for Peter", abattu la nuit du 25 au 26 février 1944, par la Flak au retour d'une mission sur Augsburg.
Atterrissage forcé à Grapfontaine (Bertrix) le 26 à 01 heure.
Durée : 6 semaines.
Passage des Pyrénées : le 07 avril 1944.
Rapport d'évasion SPG 1889 (complet).
L’appareil décolle de Elsham Wolds vers 22 heures (heure anglaise) le 25 février. Le système H2 de localisation était défectueux, l'appareil est arrivé en retard au point de rendez-vous de la formation. Après le largage des bombes sur l’objectif, l’avion est touché à environ 7600m d’altitude par deux salves de Flak. Les moteurs en feu, perdant de son carburant, l’appareil plonge à 3000m. Le pilote William Eddy parvient à éteindre les flammes en plongeant, mais son avion étant touché à nouveau par la Flak, il donne l'ordre à l'équipage de sauter. Les hommes hésitent à le laisser seul car ils savent qu’il n’a pas de parachute. Finalement, l’ordre est confirmé et l’équipage quitte l’appareil : le navigateur Reginald King ; le F/Sgt Jack Woodward, mécanicien (RAF 520106 - arrêté à Anvers le 6 mai 44 – prisonnier n° 68 aux Stalag Luft 7 et IIIA à Luckenwalde); le Sgt Ossie J. R. Fry, radio (prisonnier n° 2425 au Stalag Luft 6 et Camp 357); le Sgt Reginald Gilbert Styles, bombardier (RAF 657885 - arrêté à Anvers le 6 mai 44 – prisonnier n° 59 dans divers camps, dont le dernier, le Stalag Luft 7); le Sgt Emerson, RCAF, mitrailleur arrière (prisonnier n° 2424 au Stalag Luft 6 et Camp 357); le Sgt R. W. Smith, mitrailleur dorsal (prisonnier n° 2362 au Stalag Luft 6 et Camp 357), le F/Sgt John Miller, copilote (RAF 656301 - arrêté à Anvers le 6 juillet 1944 – prisonnier n° 400 au Stalag Luft 7 puis au Stalag IIIA à Luckenwalde). Ce n’est que plus tard que le pilote apprendra qu’en plus d’avoir été atteint par la Flak, son appareil avait été achevé vers 21h28 (heure continentale) au sud-est de Neufchâteau par un chasseur allemand, le crédit de cette victoire étant attribué au Fw Günther Bahr du 3./NJG 6.
Ses sangles de parachutes brûlées par l'incendie, William Eddy parvient à poser son appareil dans un mètre de neige après avoir survolé Bertrix "vers 1 heure du matin". Il fait sauter l'équipement et met le feu à l'appareil (il apprendra par après qu'il n'a pas complètement brûlé).
Eddy s'éloigne vers l'ouest et voit un panneau "Bertrix 10 Km". Il réalise alors qu'il est en Belgique. Il frappe à la porte d'une ferme isolée, d'où une femme âgée le conduit immédiatement chez son fils 400 m plus loin, Emile SCHMIDT, qui lui donne des vêtements civils, à manger et du tabac. Puis ils vont chez son beau-frère Léon, au centre de Bertrix où il reste deux jours. Le 27 février, on le présente au chef local de la résistance, alors que les Allemands fouillent tous les hôtels de la région et surveillent les gares. Le 28 février, le cheminot Léon HERMAND (habitant Bertrix, "rue de la Loi, 264") le prend comme chauffeur (avec salopette et casquette) à bord de sa locomotive et le conduit à la gare de Libramont, d'où le reste de son évasion est organisé, après un contrôle allemand.
Au bord de la gare de Libramont, Jacques REVELARD l'attend pour l'héberger durant trois jours, au même étage que des fonctionnaires allemands. La seconde soirée, un résistant de Bruxelles vient et prend des photos en l'interrogeant. Il lui apprend qu'il partira dans trois jours. Une semaine passe. Le 09 mars, il va ensuite dormir chez un autre cheminot nommé Léon pour deux autres nuits, et y reçoit le 10 mars du docteur local une carte d'identité au nom de Jules ... (?) et un permis de voyage pour aller voir un frère malade. La photo venait de Bruxelles.
Il lui est dit d'aller près d'un bois à 5 Km à 20 heures, et qu'il serait pris en voiture vers Bruxelles. Personne ne venant, il retourne chez le premier cheminot. Le 11 mars, le docteur lui passe un message lui indiquant d’aller chez une vieille femme à Libramont. Il y reste jusqu'au 13 mars.
Il dut apprendre comment acheter son ticket de train pour Bruxelles et reconnaître son contact féminin. Il devait la suivre et attendre qu'elle laisse tomber sa sacoche avant de se présenter. Cette fille qu’il qualifie d’assez gaie et s'appelait "Lulu" l'emmena chez son vieux père, qui avait habité en Angleterre. M. VANDER ELST, alias "Richard Lambert" de la ligne Zéro demande de la part du bourgmestre de Libramont (Célestin MARTIN) à Louise KNOPS de s'occuper d'Eddy (Le père de Louise, veuf, habite à Bertrix et est connu de la ligne). C'est ainsi que Louise KNOPS le prend le 13 mars à la gare du Luxembourg à Bruxelles et qu'il entre à Comète.
William Eddy loge trois jours chez elle, au 199 Rue de Flandre, jusqu'au 17 mars et il apprend qu'il y a tellement d'aviateurs à Bruxelles qu'il devra attendre deux mois avant de pouvoir partir. Le 14, Anne BRUSSELMANS vient lui porter un costume gris. Il lui dit qu'il n'attendra pas deux mois et lui demande une carte d'identité pour aller vers le Midi de la France à une adresse qu'il avait reçu à Bertrix. Anne BRUSSELMANS lui dit qu'il faudra une semaine pour l'avoir. Durant ces quelques jours, il apprend que son navigateur Reginald King s'est fait prendre par une patrouille. (Ceci n’est pas exact, King étant arrêté le 22 mai 1944…). William Eddy déménage alors par l'intermédiaire de Jacques DELHAYE (guidé par Louise KNOPS) chez Mme Anna VERMEULEN-DE BERG, au 2 Boulevard Aristide Briand à Anderlecht pour deux semaines.
Là, il rencontre un autre aviateur, un américain évadé, David O'Boyle, qui parlait très bien le français. Il signale aussi Edward Taylor, un pilote. Il apprend de Louise KNOPS qu'il a été finalement décidé de le faire partir.
Louise KNOPS le conduit en train à Charleroi le 29 mars 44 et le remet à Simone "Guzel". Avec Simone GAZET, il voyage alors jusque Mons (d'abord chez elle au 15 Rue de l'Ecluse à Châtelineau) et la frontière française (train en 3e classe jusque Saint-Homme). Il passe en France grâce au douanier François BOURLARD et à Georgette DIEU (habitant 3 Rue du Terminus à Erquennes). Ils marchent jusque Quiévrain et reprennent un train en 3e classe jusque Valenciennes. Ils y dorment et repartent le 1er avril vers Paris.
A Paris, Eddy loge chez une dame anglaise âgée, Mlle ABOT. Il déménage ensuite chez une dame russe, Mme Valentin FINN au 82b Rue Charles Laffitte à Neuilly-sur-Seine jusqu'au 06 avril. Ce sont deux logeuses trouvées par Simone GAZET.
Il y rencontre "Michillin" DUMONT et, partant de Paris le 06 avril 44 au soir, il fait le voyage avec elle en train jusque Bordeaux.
A Bordeaux, Aline DUMONT le guide à Bayonne en train en 3e classe. Eddy poursuit de Bayonne en vélo jusqu'à une auberge en bordure de la ville et y reste jusqu'au soir (Auberge Larre de Marthe MENDIARA à Sutar). "Michou" (Aline DUMONT) et une dame inconnue le guident alors jusque Saint-Jean-de-Luz. La traversée du pont se fait au moment où un groupe d'ouvriers le traverse.
Au crépuscule, il rencontre deux guides basques. Sa connaissance de l'espagnol l'aide beaucoup à communiquer avec eux. La route prise par son guide est par le Sud de Urrugne et de Biriatou. Ils arrivent à une ferme à Oiartzun à l'aube du 09 avril (date non confirmée par Elvire DE GREEF d’Anglet dans son relevé des passages).
C'est le 93e passage de Comète, par Saint-Jean-de-Luz. Après le passage des Pyrénées seul avec Florentino et Pedro jusqu'à une ferme, l'ambassade britannique le conduit à Madrid en voiture diplomatique, et il y reste jusqu'au 18. Une autre voiture le mène à Séville, puis une autre encore jusque Huelva. Il y embarque sur un navire britannique et parvient à Gibraltar le 21, d'où il revient en Grande-Bretagne à bord d'un destroyer. Son SPG indique, lui, qu'il quitte Gibraltar le 26 et qu'il arrive à Hendon en Angleterre le 27 avril 1944, ayant donc voyagé par avion. William Eddy est débriefé par le MI-9 le 27 avril 44.
Après son retour, il participe encore à 60 missions dans le 139 Squadron à bord de Mosquitos de Reconnaissance. Il est décoré de la DFC (Distinguished Flying Cross) puis de la DSO (Distinguished Service Order) pour ses états de service dans le 139 Sqn dont il était devenu le Squadron Leader - London Gazette 20 mars 1945.
William Eddy était un Britannique qui vivait en Argentine, où son père y était directeur à la British South American Railways (Ferrocaril del Sud). Marié avant la guerre à Imelda Mary Nicholl, ils avaient trois enfants. Eddy s'était engagé à Buenos-Aires avec son "voisin", Barney Dickinson. Eddy et Imelda retournèrent en Argentine après la guerre, arrivant le 3 avril 1946 à Buenos-Aires à bord du "Highland Monarch". Il devint rancher et s’établit en Patagonie à la Estancia Las Cortadores, couvrant 250.000 Ha.