Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 31 août 2021.

David William O'BOYLE Jr / O-687896
102 Grasmere Street à Newton, Middlesex County, Massachusetts, USA (son rapport d'évasion indique : 7554 Hoover Street, St Louis, Missouri…)
Né le 13 novembre 1920 à Framingham, Massachusetts / † le 3 juin 2005 à Denver, Colorado
2nd Lt, USAAF 95 Bomber Group 335 Bomber Squadron, navigateur
Atterri en parachute près de Court-St-Etienne, Brabant wallon, Belgique.
Boeing B-17G-BO Flying Fortress - 42-37756 (OE-O), "Roarin' Bill, abattu par la Flak lors d'une mission sur Eschweiler/Frankfurt le 24 janvier 1944.
Appareil écrasé près de Glabais, Brabant wallon, Belgique.
Durée : 7 mois
Resté caché à Bruxelles jusqu'à la Libération le 3 septembre 1944.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2259. Rapport d'évasion E&E 1798.

Le temps sur le Continent est exécrable et les bombardiers qui avaient déjà décollé pour cette mission 191 sont rappelés à leur base en milieu de matinée. Une cinquantaine d'appareils, dont le "Roarin' Bill", se trouvaient déjà à hauteur de la frontière allemande et il est décidé de tenter de trouver des cibles secondaires. Le "Roarin' Bill" sera l'un des 2 appareils du 95 Bomber Group abattus.

Le pilote, 2nd Lt Charles H. Mowers, sera le seul tué, quatre autres membres de son équipage étant fait prisonniers presqu'immédiatement : le copilote 2nd Lt Gerald E. Roderick, l'opérateur radio T/Sgt Carlton H. Griffin, le mitrailleur ventral S/Sgt Ceber M. Creech et le mitrailleur gauche S/Sgt Frank A. Bialas.

Outre David O'Boyle, quatre autres hommes parviendront à s'évader : Howard Gebert, Charles Warren, Andrew Torok et Gerald Dechambre.

En pages 69 et 70 du livre de l'AFEES paru en 1992 chez Turner Publishing, David O'Boyle raconte sous "Friends in Belgium" (résumé et complété par des éléments de son rapport E&E) :

L'avion est touché au-dessus de Court-St-Etienne, le moteur n° 1 est mis hors d'usage, le n° 2 est en feu et l'ordre de l'évacuer est donné. O'Boyle, blessé à la fesse par une balle de mitrailleuse, saute d'une altitude d'environ 4.000 m et atterrit au sommet d'une colline partiellement boisée à 4 km au Sud-Est de Waterloo. Quatre jeunes ouvriers agricoles l'aident à se débarrasser de son parachute, de sa Mae West et de ses bottes. Il court se cacher dans les bois, suivi par deux des garçons qui lui déclarent qu'ils reviendront le soir avec des vêtements. A la nuit tombée, ils lui donnent les habits et le guident vers une meule de foin où il passe la nuit.

Le lendemain à 04h00, ils le réveillent pour l'amener à une ferme où il boit un ersatz de café et mange un peu de pain noir. On lui indique le chemin vers le Sud en direction de Charleroi (c'est probalement l'abbé DE RAESE qui lui indique l'adresse de Mme LEJEUNE). Le même jour, le 25, il marche environ 45 km jusqu'à un endroit au Sud de Charleroi, qu'il atteint sous une pluie battante et glacée. Il essaie de s'abriter dans une cabane à moutons puis, transi de froid, il se risque à frapper à la porte d'une ferme. On le fait entrer et il reste finalement une quinzaine de jours chez ces fermiers, le temps que la résistance puisse être contactée (probablement Oscar PETIT au 37 Rue de la Régence à Charleroi), via Elise CAËLS (veuve d' Arthur HUBEAUX), qui l'a logé du 14 au 16 février au 74 Rue de Couillet à Marcinelle.

[Dans son rapport E&E 1798, il déclare avoir été en contact, dans la première ferme où il s'était adressé, avec un homme (dont on lui dira plus tard qu'il était un faux patriote) qui lui dit qu'il pourrait le faire rentrer en Angleterre. O'Boyle lui remet son argent et ses photos de son kit d'évasion, l'homme lui disant qu'il lui rapportera de faux papiers. Trois jours plus tard, prévenu du danger, O'Boyle s'enfuit par une fenêtre quelques minutes avant le retour de l'individu. Poursuivi par l'homme brandissant une arme, O'Boyle dit que, coincé par lui dans un jardin clôturé, il a finalement dû le tuer. Il ajoute que le lendemain un homme nommé "GAIN" le mène ailleurs à Charleroi et lui dit qu'il va essayer de contacter une organisation. Il termine ce chapitre en précisant qu'il a été caché ensuite à deux autres endroits dont il ne se souvient pas des adresses, avant d'être guidé à Bruxelles où il est à nouveau interrogé.]

Une nuit, une jeune femme arrive (Simone GAZET) et lui déclare en bon anglais "You come with me." Après l'avoir accompagnée jusqu'à sa maison à Loverval en marchant plusieurs kilomètres, il y passe une nuit avant qu'il soit guidé vers un chalet de campagne vide, propriété de la famille. Il y reste quelques jours avant d'être mené en tram vers la maison d'un gendarme, puis vers celle d'un boulanger, près d'une gare de chemin de fer.

En fait, Aline DUMONT ("Lili/Lily"/"Michou", qui a dû fuir vers la France), et sa mère, Marie DUMONT-PLESSIX, mettent alors Simone GAZET en contact avec Anne BRUSSELMANS-MAGNEE et Louise KNOPS à Bruxelles.

Après plusieurs jours passés à Loverval, un jeune garçon (Valentin GILLIEAUX) vient chercher O'Boyle au Chéniat à Loverval pour l'amener en train vers Bruxelles. Dans un appartement bruxellois, il est interrogé par des membres de Comète qui s'assurent de qui il est réellement.

On prévient le pompier d'Anderlecht Bernard ROBERT, qui à son tour contacte Lucien KLEYNNAERT (membre du groupe des Insoumis) qui tient une pharmacie au 853 Chaussée de Mons dans la même commune. Jacques DELHAYE est prévenu lui aussi et O'Boyle est conduit chez Louise KNOPS qui le place chez Mme Anne VERMEULEN-DE BERG au 2 Boulevard Aristide Briand à Anderlecht. [L'Appendix " C " de son E&E indique la date de son arrivée là : le 19 février.] C'est ainsi qu'il reste jusqu'en juin chez Anne DE BERG au 3e étage au coin de ce boulevard et de la Chaussée de Mons à Anderlecht où tout est en place pour l'accueillir.

L'E&E renseigne qu'il est resté Avenue Aristide Briand jusqu'au 13 juin. Pendant les nombreux mois passés là, O'Boyle fut introduit auprès d'un groupe de jeunes belges appartenant au groupe des Insoumis dont le but était d'effectuer des opérations de sabotage suffisamment "légères" que pour ne pas entraîner de représailles de la part des Allemands. Il les a accompagnés dans certaines de leurs sorties (incendies de kiosques à journaux, dégonflements de pneus de véhicules allemands, vols de vélos d'estafettes allemandes, inversion de panneaux routiers directionnels, enregistrement de données sur les dégâts de bombardements alliés à transmettre à Londres, …)

Ce n'est qu'après la guerre qu'il a appris que ces actions énervaient beaucoup ses logeuses, (qui craignaient une arrestation éventuelle et le risque de fuites pouvant mettre la ligne d'évasion en péril). Pendant ces 4½ mois, la Chaussée de Mons était un endroit idéal pour observer le trafic sur cette artère importante de la voie reliant l'Allemagne à Paris. Lorsque le quartier devint dangereux (et que sa conduite jugée indisciplinée fut connue de Louise KNOPS), il fut transféré au 93 Avenue de l'Opale à Schaerbeek (chez M. et Mme GODEFROID, cités dans son E&E 1798), entre le Tir National, siège d'un QG allemand, et une école servant de casernement à des troupes allemandes. De la fenêtre de sa cachette, il put souvent voir passer le matin et le soir des compagnies de soldats allemands marchant en chantant des marches militaires.

Dans cette maison, outre Roger Blake, se cachaient également quatre juifs et des membres de la famille des hébergeurs. Ils resteront là jusqu'à leur libération en septembre par les Irish Guards du British Tank Corps.

[D'après le récit d'O'Boyle, en comptant le temps entre son atterrissage et l'arrivée à Bruxelles : 25 janvier Charleroi + "15 jours" + 1 nuit + "quelques jours" + "plusieurs jours", cela fait environ 1 mois, ce qui nous méne à fin février 1944… Ici, le récit d'O'Boyle diverge de ce que nous avions déjà sur sa page : Sa version le voit pendant 4½ mois (de février à juin) à l'Avenue Briand avant de passer Avenue de l'Opale où il restera jusqu'à la Libération… Mais pour cette période, nous avons : "chez Louise Knops, 199 rue de Flandre"… : elle répartissait les logements. Effectivement, un rapport indique qu'il a été remis par une Mme Simone (GAZET) de Charleroi, et qu'il est hébergé de février à juin 44 par Louise KNOPS épouse NAVARRO au 199 Rue de Flandre à Bruxelles. Louise le place par l'intermédiaire de Jacques DELHAYE chez Mme VERMEULEN au 2 Avenue Aristide Briand à Bruxelles, où il rencontre William Eddy dont il ne parle pas dans son récit), qui lui se souvient que O'Boyle parlait très bien le français. Louise KNOPS signale également avoir dû le remettre à Anne BRUSSELMANS en juin 44, à cause de sa "conduite indisciplinée" (les activités dans la Résistance évoquées par O'Boyle).

On le renseigne hébergé également par le groupe de Georges AUQUIER, industriel membre de l'A.S. - Zone IV - 22/Z4 et aidant à l'évasion d'aviateurs via le Front de l'Indépendance.

Rentré aux USA en septembre 1944, David O'Boyle est démobilisé en 1946 et débute alors une carrière commerciale, déménageant plus tard à Denver dans le Colorado. Il repose là au Fort Logan National Cemetery.


Fausse carte d'identité française préparée pour David O'Boyle en vue de son évacuation vers la France. Il n'eut pas à s'en servir, vu les ordres aux aviateurs de rester cachés jusqu'à leur libération.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters