Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 3 février 2023.

Gerald Peter DECHAMBRE ("Gerry") / O-682013
1514 Highland Avenue, Wilmette, Cook County, Illinois, USA
Né le 20 juillet 1923 à Wilmette, Illinois / † le 11 octobre 2015 à Sun City, Maricopa County, Arizona
2nd Lt, USAAF 95 Bomber Group 335 Bomber Squadron, bombardier
Atterri en parachute vers 11h00 près de Wavre, Brabant wallon, Belgique.
Boeing B-17G-BO Flying Fortress - 42-37756 (OE-O), "Roarin' Bill", abattu par la Flak lors d'une mission sur Eschweiler/Frankfurt le 24 janvier 1944.
Écrasé près de Glabais, Brabant wallon, Belgique.
Durée : 7 mois.
Resté caché à Bruxelles jusqu'à la Libération le 3 septembre 1944.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 2259. Rapport d'évasion E&E 1799 disponible en ligne.

Le temps sur le continent est exécrable et les bombardiers qui avaient déjà décollé pour cette mission 191 sont rappelés à leur base en milieu de matinée. Une cinquantaine d'appareils, dont le "Roarin' Bill", se trouvaient déjà à hauteur de la frontière allemande et il est décidé de tenter de trouver des cibles secondaires. Le "Roarin' Bill" sera l'un des 2 appareils du 95 Bomber Group abattus.

Le pilote, 2nd Lt Charles H. Mowers, sera le seul tué, quatre autres membres de son équipage étant fait prisonniers, certains immédiatement, d’autres plus tard : le copilote 2nd Lt Gerald E. Roderick, l'opérateur radio T/Sgt Carlton H. Griffin, le mitrailleur ventral S/Sgt Ceber M. Creech et le mitrailleur gauche S/Sgt Frank A. Bialas.

Outre Gerald Dechambre, quatre autres hommes parviendront à s'évader : Howard Gebert, Charles Warren, Andrew Torok et David O'Boyle.

Le rapport E&E 1799 de Dechambre est assez succinct, ne précise pas de dates et ne mentionne que peu de noms de personnes qui l’ont aidé.

Traduction résumée de son rapport : Légèrement blessé au front, au visage et aux mains, Dechambre saute à 5.600 m et est immédiatement rejoint par des fermiers dès son atterrissage. Ces hommes emportent son parachute, sa Mae West, etc et lui apprennent qu'il se trouve près de Wavre. Il est mené à une ferme (chez René CHARLIER) où son visage est nettoyé du sang qui le macule. Comme des Allemands sont à sa recherche dans le secteur, on lui recommande d'aller se cacher dans des bois. Il leur abandonne sa combinaison et ses bottes de vol avant de se cacher dans un bois d'où un homme vient le chercher pour le conduire à une autre maison. Là, on lui donne des vêtements de paysan et il aide ses hôtes à enterrer son uniforme.

Le dossier du baron Michel de SELYS-LONGCHAMPS du château de Ways à Genappe (époux de Pauline, née CORNET de WAYS-RUART) indique que "le personnel du baron et de la baronne a mené les trois aviateurs [Dechambre, Roderick et Creech] au château directement après leur descente en parachute. Avant que les Allemands viennent pour perquisitionner la maison, les aviateurs avaient été habillés en civil, avec des vêtements du baron. Deux des trois aviateurs [Roderick et Creech] ont été transportés dans la voiture personnelle du baron chez Mme GOUSSET à Maransart (Genappe). Le troisième [Dechambre] partait une heure plus tard, escorté de Mme la baronne, qui les a conduits chez Mme CASSIERS [épouse de l’avocat Georges CASSIERS au 42] Rue Ernest Allard à Bruxelles. [Uccle]". Il est indiqué dans ce même rapport que Roderick et Creech ont été ensuite transférés à Bruxelles. Dénoncés par Jacques Jussy, ils ont été arrêtés dès leur arrivée chez le "docteur Errera"...

Par ailleurs, dans son dossier, Franz HOLEMANS (La Hutte 2, Ways) indique que le 24 janvier, il a remis Dechambre et un autre aviateur (nom inconnu) à Mme DE SELYS-LONGCHAMPS. Le deuxième aviateur, étourdi par sa chute, a été dénoncé par un habitant de Ways chez qui il avait été amené…

Poursuivons le rapport de Dechambre : Une dame le conduit alors en train à Bruxelles et l'amène chez elle où elle lui dit que l'une de ses amies s'était occupée un peu plus tôt de deux de ses co-équipiers, mais qu'ils avaient été arrêtés par les Allemands.

Après être resté dans la maison de "cette dame", il arrive au "18 rue du Culte" ( ?) où il rencontre le Dr KERCKHOFS. Il mentionne avoir logé par la suite chez ce dernier pendant trois semaines au 106 Rue de Laeken à Bruxelles-Ville. D'autres sources parlent d'un hébergement d'un jour chez un Mr BINAME avant de passer une dizaine de jours chez le Dr KERCKHOFS. La liste des Helpers belges reprend Émile BINAMÉ au 18 Rue des Cultes à Bruxelles-Ville.

Dechambre indique qu’il est ensuite guidé par Georges AUCQUIER (habitant au 115 Boulevard Brand Whitlock à Woluwé-Saint-Lambert/Bruxelles) dont il relate que c'est lui qui le mène chez Gaston LYNEEL, au 434 Chaussée de Mons à Anderlecht/Bruxelles où il rencontre le Lt William Kosseff. Celui-ci est un copilote de l'USAAF (B-17 42-31295 du 385th Bomber Group/548th Bomber Squadron abattu le 4 février 1944 - Rapport d'évasion E&E 1800). Kosseff, blessé à la cuisse, a été soigné chez LYNEEL par le docteur Florent DELOR (100 Rue de la Clinique, Anderlecht.) Dans son rapport E&E, Dechambre signale que depuis ce moment lui et Kosseff sont toujours restés ensemble, précisant qu'il se trouve avec Kosseff dans les bureaux de l'Intelligence Service lorsqu'ils y sont interrogés le 9 septembre 1944.

Dechambre mentionne aussi qu'ils ont été cachés dans une pièce de l'immeuble voisin, un bâtiment appartenant également à LYNEEL et que ce dernier a prêté à la Croix Rouge pour y entreposer des cercueils destinés aux victimes de bombardements. Dechambre cite également un Mr TROMME, habitant rue Érasme à Anderlecht. (Il s'agit de Camille TROMME, 62 Rue Érasme, Commandant national et fondateur du Groupe des Affranchis auquel appartient Georges AUCQUIER). Selon d'autres sources, ce serait TROMME qui aurait amené Dechambre chez LYNEEL. Le rapport E&E de Kosseff indique que Dechambre l'y a rejoint 2 semaines après le 8 février, soit environ le 22. On signale par ailleurs que Dechambre aurait été passé le 3 mars à Mr TROMME, par l'intermédiaire de Robert ADAM, convoyeur dans Bruxelles et habitant 30 Rue Karel Vande Woestijne à Anderlecht. Le rapport de Camille TROMME indique que Dechambre a été caché chez lui du 3 mars au 7 septembre 1944… Toutes les sources consultées sont assez confuses dans la chronologie des évènements et leur date précise, pour autant qu'elles les renseignent.

Une photo montrant Dechambre et Kosseff chez Gaston LYNEEL à Bruxelles se trouve dans le dossier de Camille TROMME aux Archives américaines (NARA) :


Dechambre et Kosseff chez Gaston LYNEEL

Elle est reproduite sur le site du CEGESOMA (Recherche par : N° Image – 12996) avec la légende : "A gauche Dechambre Gerald, aviateur américain lieutenant bombardier matricule 0682073 né le 20 juillet 1923 à "Welmette"- Illinois abattu à Wavre le 24/1/44. Au milieu, assis sur le cerceuil [sic], moi-même. Gaston Lineel [sic]. Volontaire, invalide 14/18. Volontaire 40 - résistant. A droite Kosseff William, aviateur américain co-pilote matricule O-151152 né le 29 mai 1923 à Brooklyn - New York - abattu près de Hasselt le 4 février 1944. Ceci dans l'immeuble, chaussée de Mons 436, Anderlecht."

Détails complémentaires : Un jour, selon Kosseff c'était dans la première semaine de juillet, Gaston LYNEEL reçoit une lettre lui disant que s'il ne remettait pas à une Mlle Marie Thérèse HURTS, de Stockel, faubourg de Bruxelles, la somme de 20.000 FB, on le dénoncerait aux Allemands pour hébergement d'aviateurs américains. On soupçonne alors un ou des traîtres dans l'organisation.

Le même dossier TROMME comprend une photo de Dechambre (vraisemblablement prise chez LYNEEL…) :


Dechambre (probablement) chez Gaston LYNEEL

Comme on l'a vu, Georges AUQUIER, industriel membre de l'A.S. - Zone IV - 22/Z4 et aidant à l'évasion d'aviateurs via le Front de l'Indépendance (FI) fut également un des hébergeurs de Dechambre, qui l'aurait logé chez lui du 27 janvier jusqu'à la fin de février 1944. Un rapport d'AUQUIER signale que LYNEEL avait reçu 20.000 FB pour le logement de Dechambre, ajoutant que LYNEEL travaillait aussi pour l'occupant et que son fils aurait fait partie un temps d'une organisation pro-allemande (vraisemblablement du travail forcé pour l’organisation TODT) jusqu'en juillet 43. Le fils, prénommé Jean dans le rapport de Kosseff, se serait ensuite enfui et caché chez son père pour se soustraire aux recherches des Allemands. Kosseff confirme que le fils est resté caché avec eux jusqu'à la fin. Le dossier pour collaboration économique n° 55643/45 de Gaston LYNEEL est classé sans suite le 9 septembre 1946, mais son comportement avait suffi, pendant le reste du conflit, à le faire rayer des Affranchis. A toutes fins utiles, notons également que le CEGESOMA possède une farde contenant des archives personnelles de Gaston LYNEEL, dont nous n’avons pas pris connaissance… Documents de Gaston Lyneel concernant la collaboration contre la résistance et la Croix-Rouge Anderlecht, [1943-1945]. (http://pallas.cegesoma.be/pls/opac/opac.search?lan=E&seop=6&sele=3&sepa=1&doty=___&sest=guerre%20mondiale%20(1939-1945)--collaboration--belgique&chna=&senu=4896&rqdb=1&dbnu=1 )

Suite aux menaces, Dechambre, Kosseff et Dean McCall sont placés chez un NAGY puis chez un VAN BRUSSEL pour huit jours environ. [La liste des Helpers belges reprend Antoine NAGY au 348 rue au Bois, Stokkel, en fait Woluwé-Saint-Pierre ; elle reprend un Philippe VAN BRUSSEL au 430 Chaussée de Mons à Anderlecht…] Ils reviennent ensuite chez Camille TROMME (et non chez Gaston LYNEEL…) qui héberge Dechambre et Kosseff jusqu'à la Libération, McCall étant caché ailleurs.

Gerald Dechambre rencontre ensuite son navigateur O'Boyle à Bruxelles le 8 septembre et il est interrogé par l'IS9 le 9 septembre 1944 avant de rentrer en Angleterre au centre de rassemblement du 63 Brook Street.

Décédé en 2015, Gerald Dechambre repose au Saint Mary Catholic Cemetery à Lake Forest, Lake County, Illinois.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters