Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 17 juin 2022.

Albert Smith KITE / O-809820
523 23rd Avenue, Columbus, Georgie.
Né le 9 janvier 1918 à Cussetta, Chattahoochee County, Georgia / † le 26 octobre 1987 à Roberta, Georgia, USA.
2nd Lt, USAAF 486 Bomb Group 835 Bomb Squadron, copilote.
Lieu d'atterrissage: aux environs d'Ichtegem/Eernegem, à 8 km au nord-ouest de Torhout, Flandre Occidentale, Belgique.
Ford B-24H-15-FO Liberator, 42-52758, H8-. / "Gin Mill Jill" - "Swingtime In The Rockies", abattu par la Flak le 1er juillet 1944 lors d'une mission sur le site de fusées V-1/V-2 à la Ferme du Mont Louis, à 2 km au sud d’Auxi-le-Château (Pas-de-Calais), France.
Atterrissage forcé près du Doolbos à Eernegem, à 10 km au Nord-Ouest de Torhout, Flandre Occidentale, Belgique.
Durée : 10 semaines.
Camps : Acremont et Villance.

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 6771. Rapport d'évasion E&E 1982 disponible en ligne.

323 bombardiers B-17 et B-24 participent à ce raid. Le temps se détériore et les appareils reçoivent l'ordre de rentrer avant d'atteindre la zone cible. Neuf appareils du 835 Bomb Squadron, qui avaient décollé de Sudbury dans l’après-midi, ne reçoivent pas le message et continuent leur vol vers l'objectif.

Touché par des obus de la Flak dès le largage de ses bombes, le 42-52758 doit quitter la formation au-dessus de Béthune, le moteur no. 4 en feu, le no 3 arrêté. Le pilote, le 2nd Lt Paul E. George, parvient à stabiliser le vol de l'avion pour permettre à son équipage de l'évacuer et au moment où il pense lui-même sauter, l'appareil est si bas que la seule solution qui lui reste est de tenter un atterrissage forcé. Il le réussit et met le feu au bombardier avant de s'enfuir.

Comme le pilote Paul George (caché en Belgique et libéré à Moorslede le 6 septembre 1944 par des troupes britanniques - E&E 1981), cinq autres hommes parviendront à s'évader : Albert Kite (la présente fiche); le navigateur/bombardier 2nd Lt Jack A. White (atterri près de Zedelgem, hébergé dans la région puis passé en France ; libéré par des troupes britanniques à Neuville-en-Ferrain le 2 septembre 1944 - E&E 2028); l'opérateur radio S/Sgt Willard J. Adams Jr (caché jusqu’à la Libération dans la région d’Oostkamp/Ruddervoorde - E&E 1869); le mitrailleur ventral S/Sgt Ralph Lynch qui se fera arrêter) ; le mitrailleur latéral S/Sgt James W. Laws (caché en Belgique jusqu’à la Libération - E&E 2029).

Trois autres seront fait prisonniers : le mitrailleur de tête S/Sgt John G. Gazda ; le mitrailleur dorsal S/Sgt Thompson E. Anderson ; le mitrailleur arrière Sgt Clifford A. Clark.

Albert Kite avait déjà effectué 16 missions, dont 11 en tant que pilote avec son propre équipage. Il faisait fonction de copilote pour cette mission du 1er juillet et n’était pas un membre régulier de l’équipage du Lt George. Il saute à 2100 m et se lacère un bras et se foule une cheville en atterrissant. Il enterre son parachute, harnais et Mae West avant de se diriger vers le Sud.

Selon l’Appendix "C" de son rapport d’évasion, il déclare s’être trouvé du 2 au 7 juillet avec (= hébergé chez…) Emiel "La Grau" (il s’agit d’Emile LAGROU) à Beveren, faubourg au nord-est de Roulers (Roeselare), qui "lui a été d’une excellente aide et mérite une récompense". Il ajoute qu’au moment où le rapport est rédigé, ce Helper est prisonnier… Il cité également, du 7 au 10 juillet, un hébergement par Maurice VANDEPUTTE à Kachtem.

Kachtem semble donc être la petite ville qu’il atteint et où il s'adresse en anglais à une jeune fille à sa fenêtre. La fille lui répond en anglais et il apprend qu'elle et son mari sont des belges nés au Canada qui étaient revenus en Belgique pour régler une question de propriété avec leur famille et qui n'avaient plus pu quitter le pays vu le déclenchement des hostilités. Le couple conduit Kite chez les SABBE à Izegem. Le rapport E&E confirme un séjour du 10 juillet au 7 août chez Gerard SABBE au 11 Prins Albertlaan à Izegem et ce doit donc être le couple VANDEPUTTE qui l’y a amené…A noter qu’un Étienne SABBE est repris à la même adresse à la liste des Helpers belges. Stefaan SABBE, le fils, réfractaire au travail obligatoire, est dans la Résistance comme son père et ils sont déjà tous deux dans le collimateur de la Gestapo avant que Kite n'arrive chez eux. Les SABBE l'hébergent pendant trois à quatre semaines donc, le faisant passer auprès de leur personnel pour un sourd-muet. Il est fait brièvement mention de Kite à la page http://www.ethesis.net/izegem_repressie/izegem_rep_deel_IV_3_1.htm#_ftn618 , où il aurait également été logé quelques jours chez Marcel HUYBRECHTS au 88 Marktstraat à Izegem…

Kite est alors conduit à moto à Bruges par le gendarme Maurice VERBRIGGHE de Bruges, repris à la liste des Helpers belges comme gendarme à Harelbeke (Courtrai / Kortrijk), chez qui son coéquipier Ralph Lynch signale s’y trouver déjà, en compagnie de leur mitrailleur James Laws. Kite mentionne un séjour chez VERBRIGGHE du 7 au 12 août. Après un voyage en train, menottes au poing, avec VERBRIGGHE - qui le fait passer pour un aliéné qu'il doit mener à un asile - il arrive à Bruxelles, où son rapport E&E indique qu’il est resté du 12 au 15 août dans une famille non identifiée… Les archives du Groupe EVA indiquent que Kite leur est confié par "LEBEE"…

D’autres sources indiquent qu’il aurait été hébergé "du 10 au 20 août 44" par "Mme BERCHMANS-LEBEE". Nous pensons que ce doit être tout au plus du 10 au 12 août, date à laquelle il part pour Bruxelles, et qu’il s’agit en fait de Mr et Mme Antoine LEBBE-BEECKMANS du 39 Gistelsesteenweg à Bruges / Brugge (qui avaient également hébergé Ralph Lynch du 4 au 7 août…)

Le rapport E&E de Kite mentionne que "du 15 août au 7 septembre", il se trouve "dans un camp dans les Ardennes, à 10 miles - 16km - au nord de Bouillon", qui doit être celui d’Acremont. Claire DE VEUSTER du 14 Rue Froebel Bruxelles le renseigne comme hébergé du 20 au 26 août, avant qu’il parte en vélo avec Angèle LENDERS jusque Wavre, puis Nil-Saint-Vincent pour arriver à Namur.

De là, il est mené vers les camps Marathon dans les Ardennes. Dans un article de l' "Atlanta Journal" publié en 1982, Kite raconte que, dirigé vers les Ardennes, il tombe dans une mauvaise filière et est fait pratiquement prisonnier par deux Russes, évadés eux aussi, et qui avaient établi leur propre camp dans la forêt. Il ajoute que les Allemands trouvèrent ce camp mais que lui et quatre autres américains parvinrent à s'échapper. Pris en charge par deux prêtres catholiques, ils sont confiés à des guides qui les mènent à un autre camp, dont il ne précise pas la localisation (Villance ?).

Comme ses compagnons, Albert Kite sera libéré par des troupes américaines le 7 septembre 1944. Il rentre en Angleterre le 11 septembre et rejoint les États-Unis à la fin du mois.

Albert Kite est enterré au Roberta City Cemetery à Roberta en Georgie.

Merci à son fils Albert S. Kite Jr pour ses informations ainsi que la photo de son père en uniforme.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters