Dernière mise à jour le 22 mai 2022.
William Allan POULTON ("Allan W") / 1575535
107 Laurel Road, Dudley (Birmingham), Grande-Bretagne
Né le 31 mars 1921 / † le 25 février 1974 en Angleterre.
Sgt, RAF Bomber Command 51 Squadron, bombardier
Lieu d'atterrissage : près de Balen-Wezel, sur la limite entre les provinces belges d'Anvers et du Limbourg.
English Electric Halifax Mk II - JD244 (MH-K),touché par la Flak dans la nuit du 21 au 22 juin 43, lors d'une mission sur Krefeld.
Atterrissage forcé dans un bois à Koekhoven, près de Balen-Neet au Sud de Mol, Province d'Anvers, Belgique.
Durée : 14 mois.
Arrêté en juillet 1944 à Anvers (fausse ligne KLM)
Rapport LIB M.I.9/S/P.G./LIB/65.
L'équipage a décollé de Snaith un peu passé minuit le 22 juin.
L'appareil est atteint par la Flak dans deux moteurs au-dessus de l'objectif et le pilote, Frederick Heathfield, constatant que l'avion est tellement endommagé qu'il ne pourra atteindre l'Angleterre, donne l'ordre à l'équipage de sauter. Une fois que le dernier à sauter, un mitrailleur blessé, a quitté l'appareil, il est trop tard pour que Heathfield saute lui aussi et il effectue un atterrissage sur le ventre à Koekhoven.
Quatre hommes seront fait immédiatement prisonniers : le P/Off Harold James Dothie, les sergents Douglas George Keane, William Charles Beresford et Robert Cooper. Tout comme Poulton et son pilote Heathfield, le Sgt R. H. Masters (RCAF) parviendra d’abord à s’évader, mais il sera arrêté le 23 décembre 1943 près de Besançon, en route vers la Suisse.
William Poulton cache immédiatement parachute et équipement et il retrouve le mitrailleur arrière ("son rapport indique qu’il a oublié le nom de Robert Cooper) avec son bras gauche en très mauvais état. Ils peuvent entrer dans un café local et il y bande le bras de son équipier. Portant toujours leurs vêtements militaires, les deux hommes se rendent à une gare pour prendre un train pour Bruxelles. A la gare, ils rencontrent un ex-sergent de l'armée belge prénommé Achille, dont les parents résident au 3 Oudenberg à Baelen près de Mol, et Poulton lui explique leur situation en français. Cet Achille leur dit qu'il y a trop d'Allemands en patrouille aujourd'hui. Quant au mitrailleur, vu l’état de son bras, ils décident qu'il vaut mieux l'amener chez un docteur et le laisser se faire arrêter, pour ne pas risquer de perdre son bras. Poulton entendra plus tard qu'il (Cooper) a effectivement été fait prisonnier.
Poulton passe la nuit dans les bois et se change en civil avec des vêtements apportés par le sergent belge. Le 23, il prend le train vers Bruxelles via Anvers, accompagné par ce sergent et un ami. Il reste une semaine chez le sergent, puis est transféré en fin juin / début juillet chez une Anglaise, membre d'un mouvement de résistance, Mme HARDY (née Edith BAGSHAW) au 54 Rue Théodore Roosevelt à Schaerbeek. Poulton y est rejoint par Robert Hoke. Les deux hommes logent là deux jours ensemble et Poulton reçoit de Mme HARDY la moitié d'un timbre poste à remettre à son retour en Angleterre à un agent nommé pour faire état de la nécessité d’envoyer un marconiste en Belgique. Durant six mois, Poulton changera ainsi souvent de logement, étant continuellement assuré d’un départ prochain. Poulton confirme que Edith HARDY lui remet des faux papiers d'identité et se charge de lui trouver des logements.
Poulton et Hoke sont conduits à la fin juin chez Eleuthère THIRYN, au 328 Rue du Noyer, à Schaerbeek, où ils ne restent qu'une nuit. On signale également Poulton comme ayant été aussi aidé par Henry MALFAIT, au début de ses activités (juillet 43 ?), qui le transmet à Emile ROISEUX, ce dernier le remettant ensuite à Raymond TREFOIS du 191 Rue Saint Bernard à Saint-Gilles. Poulton précise que les THIRYN le logent très souvent d'août 43 à février 44.
Claire KEEN-THIRYN, la fille d’Eleuthère nous confirme en août 2013 que Poulton a effectivement logé dans sa famille de fin juin 1943 jusqu’au 6 février (ce doit être janvier) 1944, ne changeant de logement qu’à l’occasion et pour seulement peu de jours. Impatient de partir vers le Sud, Poulton trouvait le temps long et demandait une attention continue, prenant certains risques, jouant par exemple du piano chez ses hôtes, dont les voisins savaient que personne chez eux ne savait en jouer, débouchant à l’occasion dans une pièce alors que ses hôtes y avaient des visiteurs dont ils n’étaient pas entièrement sûrs, se plaignant parfois de la nourriture…
La chronologie du parcours d'évadé de Poulton n'est pas aisée à établir et nous reprenons ici en vrac les éléments qui sont venus à notre connaissance au cours de nos recherches. Du 12 juillet 43 au 27 janvier 44, Mariette GORLIA déclare le loger au 2 Rue de la Longue Haie à Etterbeek, mais comme on le déménage souvent, rien ne dit qu'il soit réellement resté longtemps chez elle. Poulton déclare qu'il y est allé à quelques reprises entre août et février. Joseph BERNARD de Schaerbeek (18 Rue Léopold Courouble) le mentionne chez Mme HARDY-BAGSHAW d'août 43 à janvier 44. Quant à Léon DAUTREBANDE du 120 Rue de Tenbosch à Ixelles, il parle d'un "Allan ,107 Laurel Road Dudley Worcs, caché en décembre 43 à la Rue des Tanneurs et qui vomit son râtelier en or dans le WC". Nous savons que Maurice OLDERS et Yvonne PELERIN, hébergeurs de Charles HOSTE (EVA) depuis octobre 43, habitent au 187 Rue des Tanneurs à Bruxelles, mais est-ce chez eux que l'incident s'est déroulé ? Par ailleurs, Claire KEEN-THIRYN indique que Poulton, malgré les conseils de prudence, serait passé à quelques reprises à l’adresse de son frère Louis THIRYN au 60 Avenue des Cerisiers à Schaerbeek, ceci, après l’arrestation de ce dernier. Après son arrestation Louis THIRYN a fait partie du convoi du 19 juin 1944 à destination de Buchenwald. Il est décédé à Segelentz le 17 avril 1945 lors du mitraillage aux environs de Nauen d’un convoi de prisonniers évacués du Kommando d’Ellrich vers celui d’Oranienburg. Il était né le 3 février 1918 à Bexhill-on-Sea, East Sussex, Angleterre.
Le 24 janvier 44, Poulton est passé à la sœur de Mariette GORLIA, au Square de l'Aviation n° 9 à Bruxelles-ville. Il est renseigné à Alphonse ESCRINIER par M. Philippe VAN EECK, ingénieur technicien assistant du professeur Albert Pirard, domicilié 39 Avenue des Villas à Saint-Gilles. On retrouve aussi Poulton mentionné comme hébergé à trois reprises de juin à octobre 43 par Mme Anne Irène RADERMACKERS (Vve Frédéric BALIEUX) au 87 Boulevard de Waterloo à Bruxelles. Cette dernière déclare l'avoir vu entre novembre 43 et juin 44, l'avoir reçu de Marliette GORLIA et l'avoir conduit chez "le curé Léo à La Hulpe".
Le Service EVA confirme Poulton comme recueilli par lui et son identité vérifiée par Alphonse ESCRINIER. On le transfère ensuite au domicile de Louis et Paul HINDRYCKX, clerc de notaire au 29 Rue du Métal à Saint-Gilles, où il reste du 20 janvier au 9 février 1944.
Dans son rapport, Poulton dit qu'il est transféré à Charleroi en février 44, avec toujours la même vague assurance d'être bientôt rapatrié. Il signale avoir mangé et dormi deux semaines de février chez le curé de Laneffe, Léon LABOULLE, Rue de la Cure à Laneffe (Grade 5). En mars, il dit être resté plusieurs jours chez Paul CARLIER au 367 Rue de Philippeville à Couillet. Peu de temps après, il se retrouve chez Mme Jeanne WILMET, au 45 Rue Emile Tumélaire à CHARLEROI (Grade 5). Mme PILLOY, de la pâtisserie au 60 Rue Neuve à Charleroi, le cache trois semaines en mars et supervise son logement jusque juillet, lui apportant de la nourriture. Il déclare être alors retourné de sa propre initiative à Bruxelles et être demeuré chez une dame qui l'avait déjà logé. A cette date, Poulton, inquiet quant à sa sécurité, retourne furtivement de lui-même chez Mme Irène RADERMACKERS-BALIEUX au Boulevard de Waterloo à Saint-Gilles, où Jean PORTZENHEIM le visite régulièrement. Il dit avoir logé en tout six semaines chez elle sur une année. Le 20 avril, ce dernier convoie Poulton et Derwood Macklin pour les remettre tous deux à Mme VAN TUYKOM du 2 Rue Martin Lindekens à Woluwé-Saint-Pierre. A ces dates, il devrait pourtant s’être trouvé à Charleroi…(?)
Poulton est signalé par EVA comme parti par ses propres moyens en mai ou juin 44 vers la France. On le signale transmis par la suite à M. DAELEMANS en gare de Vilvorde pour évacuation par la Ligne KLM. Tombé dans le piège tendu à cette ligne par la Gestapo, Poulton est arrêté à Anvers, le 16 août 1944 selon ses déclarations.
Cette date pourrait ne pas être correcte, comme nous le signale Oliver Clutton-Brock, parce que Poulton arrive au Stalag Luft VII de Bankau avec 72 autres prisonniers dans la Trupp 21 (Peloton 21) le 5 août 1944. Ceci est confirmé par sa Kriegsgefangenenkarte. Il aurait pu avoir été arrêté un mois plus tôt, en juillet. Son transport au Dulag Luft de Oberursel, son interrogatoire, le camp de transit de Wetzlar, puis son transport en train à Bankau nous amènent à une date proche du 16 juillet.
Poulton déclare avoir été prévenu de son départ vers le 10 août 44. Il part de Bruxelles à Anvers avec deux membres du réseau, et y reste dans une maison jusqu'au 16 ou 17 août. Ce jour, une jeune femme lui dit avoir arrangé son voyage et qu'il devait la suivre. Elle le remet à deux hommes, qui lui déclarent faire partie d'un comité de contrôle financier du gouvernement belge qui doit distribuer des récompenses aux personnes ayant aidé un évadé et vérifier si ces personnes ont bien vraiment aidé les évadés. Poulton répond qu'il refuse de donner ces noms, et il est conduit au QG local de la Gestapo (ou GFP ?).
Durant deux semaines dans une cellule, il est menacé d'être fusillé comme espion avant d'être finalement envoyé en Allemagne. Il passe 2 jours au centre d’interrogation Dulag Luft, près de Francfort puis jusqu'au 19 janvier 45 au Stalag Luft VII de Bankau (en Silésie et dont le nom polonais est Bakow). Ce 20 janvier, les prisonniers sont conduits en marche forcée vers le centre de la Silésie, territoire allemand, revenu à la Pologne après la guerre.
Tous en santé médiocre, 22 d'entre eux se font déclarer inaptes à la marche après deux jours, auprès du médecin britannique, le Capitaine Howatson. Le 21, ils sont transportés à l'hôpital SS de Lossen (en polonais Losiow), près de Schurgast (Skorogoszcz), en Haute Silésie. On leur dit là qu'il n'y a pas de chambres et qu'ils doivent aller à Brieg-sur-Oder (Brzeg). Ils dorment finalement dans le château local. Le pasteur du village les prend chez lui et leur fournit de la nourriture et un abri.
Le 25 janvier, ils sont obligés de partir à l'annonce de l'arrivée de troupes SS, mais s'assurent d'avoir de la nourriture. Ils sont pris en charge par le gardien autrichien d'un camp de prisonniers français voisin. Ils feignent un état de maladie plus grave devant les SS qui les visitent et leur disent qu'ils reviendront. Ils décident alors d'aller se réfugier dans le camp de prisonniers français grâce au garde autrichien. Le camp est atteint par les troupes russes le 04 février après quelques bombardements et mitraillages et le contingent libéré est emmené à Oppeln (Opole), avant de poursuivre à pied vers Gleiwitz (Gliwice). Ils arrivent à Odessa, en Ukraine, le 3 mars 1945.
Poulton ne figure pas dans le listing des prisonniers de la RAF, mais on l'indique comme "rentré en Grande-Bretagne via Odessa le 8 mai 1945". Son SPG/LIB le dit libéré le 5 février 1945 à Lossen (Losiow). Rentré au Royaume-Uni, Poulton est interviewé à Londres par le MI-9 le 19 juin 1945.
William Poulton est décédé en 1974 d'une crise cardiaque. La photo en médaillon provient de sa famille et du site http://www.planehunters.be/wp-content/uploads/2012/05/crew-JD244.pdf.