Dernière mise à jour le 1 avril 2024.
John SANDULAK / R.208898
Sperling, Manitoba, Canada
Né le 25 novembre 1922 à Narcisse, Manitoba, Canada / † le 22 mai 2010 à Carman, Manitoba, Canada
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 428 Squadron, mitrailleur arrière
Atterri entre Saint-Laurent-des-Bois et Poisly, au sud d’Ouzouer-le-Marché, dans le Loir-et-Cher, France.
Victory Aircraft Lancaster Mk X N° série : KB740 Immatriculation/Nom : NA-V, collision en vol avec le Lancaster KB743 du même Squadron lors d'une mission sur Stuttgart dans la nuit du 24 au 25 juillet 1944 (les deux avions sont rentrés à la base.)
Appareil rentré à la base
Durée : 1 mois.
Camps Marathon : Fréteval
Rapport d'évasion SPG 3321/2120.
L'appareil décolle à 21h09 de Middleton-St George pour la cinquième mission de cet équipage. Vers 03h00 du matin, volant à environ 2700 m, le Lancaster entre en collision avec le KB743 de la même escadrille à hauteur de Salbris, Loir-et-Cher, à environ 70 km au Sud d'Orléans. Le KB740 a les portes des soutes à bombes arrachées, des hélices tordues, le train d'atterrissage endommagé. Deux moteurs sont en feu et Sandulak entend l'ordre de sauter donné par le pilote, le P/Off Cecil M. Corbet, RCAF.
Sandulak , qui voit des flammes lécher sa tourelle, n’hésite pas, attrape un parachute stocké dans le fuselage, l’endosse et saute au-dessus de la France, à hauteur de Salbris au sud-ouest d’Ouzouer-Loir-et-Cher selon son rapport d’évasion, trop tôt que pour entendre le pilote dire qu’avec un peu de chance l’incendie pourrait s’éteindre et annuler son ordre d’évacuer. Sandulak sera le seul à abandonner l’appareil. En effet, Cecil Corbet parvient rapidement à le stabiliser tandis que l'incendie est en voie de s'éteindre et a finalement le ramener fort endommagé en Angleterre où il effectue un atterrissage forcé à Woodbridge le 25 juillet à 03h26 heure locale.
John Sandulak, qui avait perdu une botte en quittant l'appareil, rapporte qu’il devait être vraisemblablement inconscient lorsqu’il toucha le sol. Lorsqu’il revint à lui, il dit avoir aperçu son Lancaster qui brûlait à environ 800 mètres de là. En fait, il s’agissait du Lancaster LM178 (voir la page de Sam Dunseith), écrasé à quelques centaines de mètres de là, juste au nord de Saint-Laurent-des-Bois. Ayant entendu des voix à proximité, il attend avant de bouger puis enroule son harnais de parachute et sa Mae West pour les cacher dans le champ où il avait atterri.
Il reste caché dans le champ jusqu’à 11 heures du matin et contacte alors quelques ouvriers agricoles au travail. John Sandulak signale avoir vu un parachute dans le même champ, à quelque distance de sa cachette. Les ouvriers le mènent à une ferme près d’Ouzouer où on lui donne à manger et des vêtements civils et en le logeant chez eux pour la nuit.
La première partie de son rapport ne mentionne pas qu’il participe un peu à la récolte de betteraves et se termine en indiquant que depuis ce moment, son évasion est organisée.
Selon l’Appendix « C » de son rapport, le 26 juillet le chef d’un maquis local lui rend visite à la ferme et l’interroge avant de le mener dans un camp dans la Forêt de Marchenoir à 3 ou 4km du village de Marchenoir, où il rencontre le F/Sgt Sam Dunseith, un membre l’équipage du Lancaster LM178 qu’il avait vu brûler dans le champ. Il en conclut que le parachute qu’il avait aperçu devait être celui de Dunseith. John Sandulak termine en précisant que Dunseith et lui sont restés dans ce camp jusqu’au 5 août avant d’être guidés par le chef de ce maquis vers le camp du Wing Commander belge « Lucien » (Lucien BOUSSA) à Fréteval.
John Sandulak et Dunseith, comme les autres occupants de ce camp sont libérés par des troupes américaines le 13 août 1944.
Selon des informations reçues en juin 2014 de la famille de John Sandulak, il appert que la famille qui l’a hébergé était celle de Pierre GRILLON et son épouse Janine. Dans de la correspondance d’après-guerre émanant d’André LAROUSSE, le groupe de Résistance qui est venu l’y chercher était la section du Maquis de Marchenoir - 55 hommes cachés dans la Forêt de Marchenoir, à quelques km au nord-ouest de Villemuzard. Ce groupe faisait partie des 800 hommes constituant la 4ème Compagnie du 1er Bataillon des F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) commandée par le capitaine André LAROUSSE, ingénieur à l’usine à gaz de Montoire-sur-le-Loir. Sandulak et Sam Dunseith sont restés quelque temps dans ce maquis avant d’être convoyés vers le camp de Fréteval. Dans une lettre adressée en 1947 à John Sandulak par le résistant Eugène BERTA (surnom de guerre "Marin"), ce dernier mentionne un convoyage en camion de Sandulak et de Sam Dunseith par lui ou en sa compagnie, mais il n’est pas clairement décelable si c’était en route vers la forêt de Fréteval ou pour les conduire à la rencontre de troupes alliées après la libération du camp de Fréteval…
John Sandulak quitte la France en avion depuis Banville le 18 août 1944 et arrive à Northolt en Angleterre le même jour. Il rentre au Canada par le RMS "Mauritania" de la Cunard White Star Line et débarque au Pier 21 à Halifax, Nova Scotia, le 7 octobre 1944. Ses co-équipiers, ayant trouvé son parachute à bord à leur retour de mission le 25 juillet 1944, imaginaient le pire quant au sort de Sandulak, qu’ils croyaient mort, ignorant qu’un parachute supplémentaire avait été placé à bord de l’appareil. Ce n’est que lors d’une réunion au Canada en août 1945 qu’ils apprirent qu’il s’en était sorti sain et sauf. Après la guerre, John Sandulak et Sam Dunseith restèrent bons amis et leurs familles se réunirent souvent.
John Sandulak repose au Greenwood Cemetery à Carman, Manitoba, Canada. Ses photos en médaillon proviennent de sa famille, que nous remercions ici, de même que celles qui figurent ci-dessous.
Janine GRILLON, qui avoua ne pas bien se souvenir de ces événements lointains nous précisa cependant que la ferme où elle et son mari Pierre (1914-1990) avaient caché John Sandulak, se trouvait en fait à Poisly, à quelques km au nord de Villemuzard. Elle nous a parlé d’un deuxième aviateur également caché chez eux par après et elle a cru reconnaître Sam Dunseith sur une photo. Nous avons retrouvé cette ferme, l’une des deux situées à La Boëche, à 2 km au nord-ouest de Poisly.
Lors de notre visite sur place, le copropriétaire actuel de ce complexe fermier, Jean-Michel Venot nous a appris que la famille Grillon l’avait vendue à sa famille après la guerre et qu’il ignorait absolument tout de cette histoire d’aviateur caché là. Passé par la suite à Bellande, il nous apprit que renseignements pris après notre visite auprès d’un voisin âgé de 90 ans, ce dernier lui a précisé qu’il avait connu l’ouvrier agricole qui avait trouvé Sandulak dans un champ et l’avait amené en charrette à la ferme des GRILLON, dissimulé sous du foin. Selon ce témoignage, il se confirme que John Sandulak est resté deux jours chez les GRILLON.