Dernière mise à jour 7 décembre 2021.
David Russell TALBOTT / O-742224
Bristol, Maryland, USA
Né le 24 juin 1918 à Bristol, Anne Arundel County, Maryland / † 11 décembre 1997 à Annapolis, Maryland
1st Lt, USAAF 44 Bomber Group 66 Bomber Squadron, pilote
Atterri à Nieuwleusen, près de Ommen, à l'Est de Zwolle, Overijssel, Pays-Bas
Boeing B-24H Liberator, n° série 42-52332, My Ass'Am Dragon, abattu par des chasseurs FW190 le 15 mars 1944 lors d'une mission sur Brunswick
Écrasé dans le hameau de den Hulst, à 3 km de Nieuwleusen, Overijssel, Pays-Bas
Durée : 5 mois et demi
Camps Marathon : Beffe
Rapport de perte d'équipage MACR 3220. Rapport d'évasion E&E 1693, disponible en ligne.
L'avion décolle de Shipdham et encourt des ennuis mécaniques au-dessus de la Manche lors du vol aller. Il atteint son objectif mais sur le chemin du retour, il perd peu à peu le contact avec la formation et est attaqué à 6700 m par un groupe de FW190. Un réservoir de carburant est touché, entraînant une fuite d'huile dans la soute à bombes, qui alimente l'incendie qui s'y était déclaré. Comme l'avion perd rapidement de l'altitude, le pilote donne l'ordre de sauter. Tous les hommes dans la partie avant avec Talbott rejoignent l'arrière via la soute à bombes et quittent l'appareil, Talbott se préparant à sauter en dernier.
Outre Talbott, dont c’était la 11ème mission, l’équipage se composait du copilote 1Lt Lemoine H. Clausen ; du bombardier 1Lt Clifford F. Moriarty ; du navigateur 1Lt Arthur Goldman ; du mécanicien/mitrailleur T/Sgt Ernest W. Arbon ; de l’opérateur radio T/Sgt Raymond E. Swick ; du mitrailleur ventral S/Sgt Sammy W. Haddock Jr ; du mitrailleur latéral droit S/Sgt Jack D. Williamson ; du mitrailleur latéral gauche S/Sgt Herman C. Gasser et du mitrailleur arrière S/Sgt Cecil H. Sympson. Le bombardier Moriarty et le navigateur Goldman sont tués à bord du B-24. Talbott mentionne avoir assisté à leurs funérailles le 17 mars à Nieuwleusen. Leurs corps ont été rapatriés aux USA après la guerre, Moriarty à Memphis, Tennessee et Goldman à Brooklyn dans l’Ohio. Les autres seront faits prisonniers. Seul l’opérateur radio Swick parviendra également à s’évader. Blessé par un éclat d’obus de 20mm à la cheville droite, il est sans connaissance après son atterrissage puis constate qu’il a une épaule déboîtée. Il est pris en charge par des citoyens et Résistants hollandais. Caché à divers endroits, Swick est finalement libéré le 11 avril 1945 à Heeten (Province d’Overijssel, au NE de Deventer) par des troupes canadiennes (E&E 2953).
Se préparant à sauter en passant sous le pont de vol, Talbott voit le bombardier Moriarty et le navigateur Goldman, restés à leur poste et que personne n'avait apparemment prévenu. Il arrive près de la soute et, avant qu'il puisse leur crier de quitter l'avion (ignorant qu’ils sont morts), il est heurté violemment par la roue avant de l'appareil sortie brusquement de son logement. Le B-24 expose et propulse Talbott hors de l’appareil. Il perd connaissance et lorsqu'il revient à lui, il se trouve au sol, vers 13h00 (heure anglaise), près du village hollandais d'Ommen. Il se lève, sent une douleur au dos et se rend compte qu'il a un éclat d'obus dans l'épaule et des brûlures à la tête et au visage, une coupure à une jambe.
Il se décide cependant à marcher et voit bientôt un homme qui vient à sa rencontre lui demandant s'il peut l'aider. L'homme lui dit qu'il sera certainement observé et lui recommande de poursuivre son chemin dans une direction déterminée, de ne pas se retourner et de ne pas s'arrêter en route. Talbott aperçoit bientôt l'homme dont on lui avait dit qu'il le verrait bientôt le dépasser, descendant la route à vélo. Préférant ne pas s'en approcher trop rapidement, Talbott se cache sur la berge d'un canal et ne poursuit sa route qu'après environ une heure.
Marchant toujours dans la direction indiquée, Talbott rencontre un autre homme qui lui dit de se cacher dans un champ. Il s'exécute et on le recouvre de branchages en lui disant de rester là jusqu'à la tombée de la nuit.
On revient le chercher dans la soirée et on le conduit à Nieuwleusen, où il reste quelques jours. L'avion s'était abattu à proximité de la maison où il est abrité et il assiste au dégagement des corps de son navigateur, le 1st Lt Arthur Goldman et de son bombardier, le 1st Lt Clifford D. Moriarty, qui sont ensuite enterrés dans le village. Ils seront exhumés après la guerre, et leurs restes rapatriés aux États-Unis, respectivement à Brooklyn, Ohio et Memphis, Tennessee.
Ses helpers hollandais sont identifiés comme Paulus LANDMAN à Hilvarenbeek, Johanna "Joke" FOLMER et son père Herman, à Zeist, ainsi que Frans Jacob KROEZE à Eijsden, au sud de Maastricht. Dans sa liste d’aviateurs aidés, Joke FOLMER reprend Talbott comme reçu en mars 1944 de Pieter van den HURK précisant qu’il est resté 10 jours chez elle avant qu’elle le confie à Jacques van den BRINK. Talbott cite dans son rapport "Meuhlman", en fait Hendrik MEULMAN, à Nieuwleusen, Herman "Daglett", en fait DAGELET, à Deventer, Lambertus OFFERMAN chef de la police à Heerlen, "Mme TOSSEF, near Leigh" (sic) (il pourrait s’agir de Liége ?), Victor LAYTON "chef du maquis FFI au Nord de Nouzonville" en France, près de la frontière belge. Le Lieutenant Victor Jerome LAYTON, est né LUSTIG de parents tchèques émigrés aux Etats-Unis ; naturalisé américain ; engagé dans l’US Army et incorporé dans l’OSS, parachuté par le SOE sur la France en juin 1944 dans le cadre de l’Opération "Citronelle" destinée à aider la Résistance française après le Débarquement. Il est actif avec des maquisards dans le secteur de Nouzonville, Renwez, Joigny-sur-Meuse, débordant sur la Belgique (Rienne, Thilay).
Talbott rencontre William Elsberry à Meppel. Il mentionne dans son rapport qu’Elsberry et lui sont restés ensemble jusqu'au 30 juillet en Belgique. Elsberry dit qu'ils sont conduits à Heerlen en train, puis à Maastricht en voiture. Là, ils attendent jusqu'à la nuit en bordure de la frontière. Des guides néerlandais les mènent dans une carrière de sable désaffectée près de Kanne et ils marchent plus d'une heure en sous-sol. Ils ressortent à l'air libre à 3 Km du fort d'Eben-Emael le 5 mai à 3 heures du matin. Ils logent dans une maison en ruine à 300 mètres du fort durant trois jours. Ils vont ensuite dans un souterrain où se trouvent déjà 11 aviateurs américains. Il s’agit du tunnel sous la Sint Pietersberg, au sud de Maastricht, près de la frontière belge, au nord-est de Kanne.
Le 14 avril 44, Talbott, le Sgt Donald S. Beckwith (RAF - SPG 3322/2279) et les aviateurs américains, le T/Sgt Clifton E. Hanley (E&E 1977), le S/Sgt Howard B. King (E&E 1983) et le Sgt Richard E. Denny (E&E 2115) passent en Belgique par le tunnel "secret" d'Adolphe VAN BELLEGHEN de Petit-Lanaye qui est fraudeur et cafetier. Ce dernier les donne à Jeanne DEFROIDMONT, du "Kanneweg" à Eben-Emael, qui elle-même les repasse à la section Paul ALEN (Armée Secrète) à Ans près de Liége. Dans cette section, les centres de rassemblement pour 2 à 10 jours après l'arrivée avant de trouver un logement, se situent à divers endroits : dans les dépendances du charbonnage de Ans et Rocourt (Adm. délégué Léon DEJARDIN, géomètre BOURDOUX) où Josée REDOUTE épouse CABAY les ravitaille / ou encore dans la cantine du charbonnage d'Espérance et Bonnefortune (Sylvestre NOVAK de Montegnée/ Ans) / ou encore dans l'école communale de Ans (Joseph THONNARD, Maria REDOUTE veuve COURA [la belle-mère d'ALEN], Laurent TILKIN de Ans).
Talbott gagne ainsi la Belgique pour se retrouver finalement - nous ignorons comment et avec l’aide de qui - au Camp Marathon de Beffe. Son rapport d’évasion est daté du 6 septembre 1944 et Talbott n’y indique pas où il a été libéré. On peut penser qu’il ait volontairement quitté le camp de Beffe (libéré plus tard) pour soit tenter d’aller à la rencontre des forces américaines, soit rejoindre l’un ou l’autres maquis… ce qui expliquerait sa mention du Lt Victor Layton (?)…
Décédé en 1997, David Talbott repose au Saint James Parish Episcopal Church Cemetery à Lothian, Anne Arundel County, Maryland.