Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 13 mars 2016.

James Charles ALLISON / 124217
c/o Barclay's Bank, Oceanic House, 1 Cockspur Street, Londres SW1
Né le 16 octobre 1916 en Afrique du Sud/ † ?
Fl Off, RAF Fighter Command 107 Squadron, pilote
Douglas Boston IIIA, BZ237, OM-S abattu le 27 août 1943 par la Flak et un chasseur lors d'une mission sur une centrale électrique à Gosnay, faubourg de Béthune
Atterrissage de fortune à 19:15 hr, entre Greuppe et Beaumetz-lès-Aires, à ± 20 Km au Sud de Saint-Omer
Durée : 1 mois
Passage des Pyrénées : Le 28 septembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d’évasion SPG 3315 1461 (complet).

Ils décollent de Hartford Bridge pour aller bombarder la centrale de Gosnay au Sud-Ouest de Béthune. Au retour, un moteur est endommagé par la Flak et ils ne peuvent rester en formation. Un chasseur Focke-Wulf les achève et ils atterrissent en catastrophe à 17 heures 27 (heure anglaise). Tout l'équipage est sauf. Le navigateur Roddie MacLeod sort le premier, suivi par James Allison, et le radio-mitralleur Norman Fairfax et enfin Graham Kelly, le cinéaste. Une bombe incendiaire est jetée dans un réservoir et les quatre hommes courent se cacher dans un fossé. Ils s'éloignent de 1 mile en évitant quatre paysans qui regardent, médusés, la carcasse brûler.

Ils restent en vue de l'appareil jusqu'à la nuit pour ne pas se déplacer de jour et décident de se séparer en deux groupes. On tire à la courte-paille le compagnon de Kelly. Le pilote, James Allison et Graham White "Skeets" Kelly, le photographe s'en vont ainsi de leur côté, au Sud.

Il y avait quatre caméras à bord pour cette mission, et "Skeets" Kelly avait pu tourner les meilleures scènes de sa carrière. C'était sa 26e mission, ayant déjà volé à bord de B-17, de Lancasters, de Mitchells, et déjà deux fois en Boston.


Roderick MacLeod, James Allison et Norman Fairfax
le 16 août 1943, au retour de leur dernière mission avant d'être abattus le 27 août.

Allison et Kelly marchent jusque la nuit et se cachent dans un trou où ils mettent de la paille. Trois jeunes garçons leur amènent des œufs et du pain. Un homme leur signale une batterie allemande, à éviter, dans les parages. Ils déclenchent une alarme lors de leur marche suivante et se plaquent au sol sans être vus. Vers 5 heures du matin le 29 août, ils frappent à une porte à Febvin-Palfart, à six Km du lieu de crash (Allison dit qu'il a atterri juste au Nord de Fauquemberges). Ce fermier leur permet de se sécher et de se reposer jusqu'au matin du 30 août. Le fermier leur montre le chemin de Saint-Pol-sur-Ternoise et leur conseille d'éviter Heuchin.

Vers 9 heures, Kelly et Allison se séparent ce 30 août, car ils attirent l'attention de tout le monde en marchant à deux en uniforme. Allison arrive à Saint-Pol vers 14 heures et traverse l'agglomération. Comme Saint-Pol est plein d'aviateurs allemands, il abandonne son idée d'embarquer dans un train de marchandises. Continuant au SE, il arrive à Ternas vers 18 heures. Là, il approche d'un garçon dans les champs et s'identifie à lui. On lui propose un abri pour la nuit, et il repart vers Avesnes-le-Comte le 31 à 9 heures. A Givenchy-le-Noble, il entre dans un café et la femme croit voir en lui un aviateur anglais et lui dit "camarade ?" avant de le conduire dans une maison où il peut se raser et manger un repas. Il continue ensuite vers Saulty à 14 heures.

A Saulty, il entre dans un autre café et la patronne va quérir une femme parlant anglais. Il est conduit chez elle et y passe la nuit. Le 1er septembre, la tenancière et l'autre femme le conduisent en charrette à Lucheux, près de Doullens. Là, il y mange et est appelé par un homme, qui le prend chez lui, près d'une usine. Le 2 septembre, cet homme et un autre le conduisent en vélo à Frévent. Son hôte disparaît et Allison reste avec l'autre dans un café. Son logeur revient et le conduit dans une autre maison de Frévent (chez Raymond HETROY).

Allison est ainsi pris en charge le 2 septembre par l’organisation OCM en liaison avec Bordeaux-Loupiac qui s’occupe du reste de son parcours d’évasion. Kelly, lui, ainsi que de nombreux autres aviateurs, sera arrêté sur trahison à Paris le 17 décembre 1943 (à l'église de Pantin) et interné au Stalag Luft 3.

Le 3 septembre, cinq hommes font leur apparition chez le dentiste Raymond HETROY, 2 Rue des Lombards à Frévent, où Allison vient d'être amené (Secteur OCM). L'un de ces hommes est Jean PARSY, de Bouquemaison. Ces cinq hommes parlent un assez bon anglais et lui prennent tout signe d'identification. Ils l'emportent ensuite à vélo jusque Bouquemaison, à 5 Km au Sud de Frévent. Là, il loge trois jours chez Hubert et Aline LECHERF. Jean PARSY vient le visiter à plusieurs reprises, disant qu'il est un agent de de Gaulle (membre de la ligne d'évasion Bordeaux-Loupiac du BCRA). MacLeod et Fairfax arrivent à Frévent le 8 septembre.

Le 6 septembre, PARSY et un coiffeur venu lui raser la moustache le conduisent à vélo à Arras, chez M. et Mme THERET à la Rue Saint-Aubert [un Pierre THERET y est repris à la liste des helpers au 1 Rue d'Amiens, et un Pierre THERY est indiqué au 2 Rue Saint-Aubert, mais ne répond pas au BRAREA]. Allison y reste jusqu'au 8 septembre. PARSY lui promet de revenir le 11 avec une carte d'identité, mais THERET lui annonce qu'il partira le soir-même du 8 par avion. THERET et son beau-père guident alors Allison à 18 heures à la gare d'Arras, où on lui présente deux femmes et un homme. Une de ces deux femmes, âgée et répondant au nom de "Elly" le conduit alors chez une autre femme où il dort la nuit. Il doit s'agir de Berthe VICOGNE épouse de John FRASER (un vétéran britannique de 14-18), née en 1894 à Behagnies, et qui tient une parfumerie au 24 Rue Saint-Aubert à Arras. Elle est reconnue comme ayant reçu Jim Allison d'un certain THERET d'Arras. Elle est également membre du réseau SOS Sylvestre Farmer du "Capitaine Michel" (TROTOBAS) et du "lieutenant Olivier" (REEVE). Or, Michel TROTOBAS, patron du OFACM-WO (Organisation Franco-Anglaise du Capitaine Michel, nom après-guerre du réseau SOE Sylvestre-Farmer Baka) est connu pour avoir eu des contacts à Paris avec Mlle Henry De Bizien fille de l’Amiral, dite Lesley ou l’Américaine, une ambulancière Croix Rouge. Michel TROTOBAS et Henriette BALESI ont formé un groupe temporaire pour évacuer une dizaine d'aviateurs évadés. Si les noms de MacLeod et Fairfax apparaissent au dossier de BALESI, celui de Jim Allison n'y paraît pas.

Le 9 septembre, la vielle femme (Henriette BALESI) vient prendre Allison avec le maire de Bapaume, Abel GUIDET, et il est emmené à Bapaume dans sa voiture. Allison va loger une semaine à Bapaume, chez Madeleine DECLERCQ ou DE CLERCK au 7 Rue Félix Fauré. [Dans diverses listes de Comète, nous recensons une Madeleine DE CLERCK épouse Émile GOEDGEZELSCHAP et mère d'un Pierre, (Belge) au 7 Rue Félix Fauré à Bapaume. Henriette BALESI déclare en 1945 que la sœur de cette Madeleine DECLERCQ avait épousé un Anglais, en captivité à Vittel, et qu'ils se servaient de sa maison].

Le 16 septembre, "Mme Elly" (BALESI) vient le prendre et ils prennent le train pour Paris depuis Achiet-le-Grand. Deux hommes testent assez sévèrement son identité dans une église. Ce doivent être Jacques LE GRELLE et Maurice GRAPIN. Fairfax et MacLeod seront guidés à Paris le 5 octobre, selon la même méthode.

Allison reste alors loger une semaine chez Louis GUYOT, un docteur au 50 Rue de Rome à Paris VIIIe. Louis GUYOT est un des logeurs de Maurice Grapin alias "Henri Crampon", un des trois chefs de module de logements de Comète, qui cite bien un "William Allison".

Allison y rencontre George Baker. Leur évasion est ensuite similaire de Paris à Gibraltar. Leur guide vers Bordeaux doit être Rosaline WITTON-THERIER (Allison précise que le mari de cette guide était prisonnier). Allison a aussi l'impression qu'ils sont sous la surveillance de deux hommes, qui leur demandent du feu sans arrêt. Remis à Bordeaux à un certain "Franco" (Jean-François NOTHOMB), ils vont avec lui à Dax, où ils rencontrent Elmer Dungey et Arthur Bowlby

Ils logent soit à à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA (?) ou plutôt chez Pierre ARRIEUMERLOU à Bayonne et sont guidés de Saint-Jean-de-Luz à la frontière espagnole par un guide.

Ils traversent les Pyrénées avec un guide basque et Jean-François NOTHOMB dans la 59e traversée de Comète par Saint-Jean-de-Luz et la passerelle d'Endarlaza, passage qui regroupe Allison, Baker, George Duffee, Edward Bridge, Elmer Dungey et Arthur Bowlby.

Allison quitte Gibraltar le 11 octobre 1943 et atterrit le lendemain à la base de Lyneham à l’Ouest de Londres. Il est entendu le 13 octobre pour son rapport d'évasion.


Fairfax, Allison et MacLeod à nouveau réunis en France, en fin 1944.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters