Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 31 octobre 2020.

Edward Andrew BRIDGE / R130220
41 Hawthorne Avenue, Sault-Sainte-Marie, Ontario, Canada
Né le 26 février 1921 / † le ?
Sgt RCAF, RAF Bomber Command 428 Squadron, mitrailleur arrière
Atterri dans une clairière près de Aye, à l'ouest de Marche-en-Famenne en province de Luxembourg, Belgique.
Handley Page Halifax B V ou B II, n° série EB 209, NA-C, abattu la nuit du 13 au 14 juillet 1943 lors d'une mission sur Aachen.
Avion abandonné à 2h30 près de Marche-en-Famenne
Durée : 10 semaines
Passage des Pyrénées : le 28 septembre 1943

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3315/1462 et Appendix "C" disponibles.

L'appareil décolle vers 23 heures et demi de Middleton-Saint-George (Durham) pour aller bombarder Aachen. Une fois au-dessus de leur objectif, ils tombent sur un barrage de ballons et les deux moteurs de droite brûlent. Vers 2 heures (heure anglaise), le pilote (Pilot Officer W. D. F. Ross) donne l'ordre de sauter. Seuls Edward Bridge (la présente fiche) et le mécanicien Derek Webb parviendront à s’évader. Les autres seront faits prisonniers : le pilote Ross, le navigateur F/Sgt W. B. Webber, le bombardier WO2 Ted Chliszczyk, l’opérateur radio F/Sgt A. M. Winter et le mitrailleur dorsal P/O J. C. A. Hayes, tous membres de la Royal Canadian Air Force.

Edward Bridge atterrit dans une clairière non loin de Aye. Il a perdu ses bottes fourrées lors de sa chute et marche dans des chaussons intérieurs. Il enterre parachute et Mae-West dans des taillis et part vers l'Est. Comme il commence à pleuvoir, il se met à l'abri dans une meule de foin jusqu'à 8 heures 30, le 14 juillet. Il frappe à la porte d'une ferme proche et, avant qu'il ait pu expliquer quoi que ce soit, on lui donne un repas. Le fermier lui donne des vêtements civils et une paire de chaussures, et lui explique par gestes qu'il brûlera son uniforme. Comme ce fermier ne parle que le flamand, Bridge ne peut communiquer. Un des garçons part et revient avec un homme qui parle très bien l'anglais.

Avec cet homme, Bridge va en bicyclette jusqu'à la gare de Marche. Ils y prennent un train et arrivent encore l'avant-midi à Bruxelles, Bridge payant les deux tickets avec l'argent belge de sa trousse de survie. A Bruxelles, il est amené chez un ancien soldat de l'armée belge et résistant prénommé Félix (nom inconnu, habitant près de Schaerbeek), et son évasion est alors organisée.

Selon l’Appendix "C" de son rapport d’évasion, Bridge est interrogé chez Félix par un Anglais habitant à l’étage au-dessus et qui lui demande ses nom, matricule, grade, son type d’avion et l’objectif de sa mission. Le lendemain, 15 juillet, on le prend en photo chez Félix et le 16, ce dernier le guide chez un commandant de l’Armée belge au 115 de la Rue (illisible), où il reçoit de nouveaux vêtements civils, des chaussures et une valise. Durant son séjour là, il rencontre un agent de l’Intelligence Service dont la femme parlait parfaitement l’anglais, et qui lui posa le même genre de questions, ses réponses allant être vérifiées avec Londres.

Le 22 juillet, ses hébergeurs reçoivent un appel téléphonique d’un homme dont la maison venait d’être visitée par les Allemands et il est alors décidé de transférer Bridge ailleurs. Mené chez un autre soldat belge à environ 1 km de là, il y reste pendant 4 jours. Le 26 juillet, Félix vient le chercher pour le reprendre chez lui jusqu’au 3 août. Félix étant pauvre, Bridge et lui sont régulièrement ravitaillés (pain, pommes de terre, légumes) par divers amis et membres de la Brigade Blanche. Par la suite, un homme appelé "The Chief" lui apporte une fausse carte d’identité et le conduit en voiture "à nouveau à Bruxelles". Le 4 août, le "Chief" conduit Bridge à un village à 3 km de Waterloo où il reste 4 ou 5 jours chez un couple (noms illisibles…) Vers le 11 août, un belge parlant anglais le ramène en auto à Bruxelles. Ils arrivent au magasin d’un électricien où Bridge rencontre Georges DUPONT dont on lui dit qu’il était patron d’une sucrerie. Bridge loge là 3 jours, durant lesquels il y rencontre Roy Hodge et John O’Leary.

Les archives de EVA indiquent qu’à Bruxelles, Bridge passe 10 jours par le centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken.

Bridge part de Bruxelles avec George Duffee qu'il rencontre à la gare, guidé par "Lily"(Aline DUMONT) le 10 septembre. Les deux hommes, qui ont reçu de nouvelles pièces d'identité, montent avec elle à bord du train vers Tournai. De là, ils prennent un train de journaliers vers Rumes, une petite localité frontalière, où ils rentrent dans un café en face de la gare (vraisemblablement celui tenu par la famille HANOTTE). C’est là, selon le rapport de Bridge, qu’un homme leur prend leurs fausses pièces d’identité belges et leur en donne d’autres, valables en France… La propriétaire du café les guide alors vers une ferme où ils rencontrent une jeune fille (vraisemblablement Henriette HANOTTE) qui les mène chez un "French gendarme" en fait, un douanier français, Maurice BRICOUT.

Celui-ci les guide à pied via des sentiers et traversant des champs pour arriver à sa maison à Bachy du côté français où les attend son épouse Rachel BRICOUT (née FEREZ) avec un bon repas arrosé de vin.

Les deux aviateurs prennent congé des BRICOUT et accompagnent alors vers le village un Anglais vivant en France depuis de longues années. Munis de bérets et de papiers adaptés au territoire français, les trois hommes prennent un bus pour Lille. A la gare de Lille, ils montent à 18h00 dans le train de Paris avec une guide. Ils y sont accueillis à la gare par "Robert" qui les mène à son petit appartement dans un quartier populaire où les attend sa femme "Georgette" et un autre évadé, un aviateur américain originaire de Georgia (vraisemblablement John Buice). [Cette Georgette doit être Alice Georgette MAUDET, épouse de Robert BISSONNIER, au 7 Avenue Philippe Auguste dans le XIe arrondissement].

Dans son rapport, Bridge parle d’un (nom illisible) qui les a menés très peu après leur arrivée à Paris dans son flat près de la Tour Eiffel où ils rencontrent un aviateur américain (illisible). Leur hôte leur dit qu’il avait hébergé peu auparavant deux autres évadés, dont le mécanicien du ED209 de Bridge, le sergent Derek Webb.

Duffee et Bridge restent dix jours (Bridge parle de douze jours, jusqu’au 22 septembre…) dans l'appartement et un soir, après avoir pris congé de leurs hôtes et de l'Américain, accompagnent une dame d'âge moyen (Rosine THERIER ?) vers une station de Métro. Elle leur trouve des tickets et prend avec eux un train à destination de Bordeaux, où ils arrivent le lendemain 23 septembre à sept heures du matin. Là, un jeune homme d'environ 28 ans (Jean-François NOTHOMB "Franco") les prend en charge, montant avec eux dans le train de Dax. Les deux anglais se rendent compte que deux jeunes hommes portant béret, silencieux et paraissant assez nerveux dans un coin du même compartiment qu'eux doivent être des "colis" tout comme eux, leur guide devant les convoyer tous les quatre vers le Sud. NOTHOMB et les quatre hommes descendent ensemble à Dax. Bridge, dans son rapport, mentionne les deux autres comme étant Arthur Bowlby (voir plus bas) et un Sergent américain (illisible).

Chacun y prend un vélo via des tickets qui leur avaient été remis et, guidés par NOTHOMB et Denise HOUGET, se dirigent vers Bayonne. "Franco" est en tête avec Denise, suivis des deux autres aviateurs, Duffee et Bridge fermant la marche à distance raisonnable derrière les autres. Après 1 heure et demie, le groupe arrive à un pont gardé par une sentinelle allemande qui les regarde passer mais ne les arrête pas. Plus loin, les hommes se restaurent dans un bois et Duffee et Bridge apprennent les détails concernant leurs deux autres compagnons : "Harry est un navigateur de Londres et Bill, un pilote canadien"…

Le groupe poursuit sa route à vélo et arrive à un village où un gendarme observe la circulation. Le guide et les deux premiers aviateurs ne se font pas arrêter, contrairement à Duffee et Bridge, auxquels le gendarme demande leurs papiers. Devinant à leur accent qu'ils ne sont pas ce qui figure sur les documents, il s'apprête à les mener au poste lorsque Duffee lui déclare qu'ils sont des aviateurs anglais. Sur ce, le policier les mène au poste où les aviateurs et le gendarme et ses collègues boivent à la victoire prochaine des Alliés. Les deux aviateurs doivent prendre congé et sont finalement retrouvés par NOTHOMB revenu les chercher. Il leur apprend que leurs deux compagnons se trouvent déjà dans une auberge à quelque distance de là où tous y logeront cette nuit-là. Il s'agit de l'auberge Larre de Jeanne "Marthe" MENDIARA à Sutar/Anglet.


Mot de remerciement de Bridge dans le carnet de Pierre Elhorga.

Le lendemain, 24 septembre, Bridge et Duffee partent à vélo, (Bridge mentionne un passage par Espelette… ?) et traversent Saint-Jean-de-Luz en direction de Ciboure. Le 26 septembre ils y sont rejoints par Arthur Bowlby, Elmer Dungey, James Allison et George Baker.

Ils traversent les Pyrénées avec un guide basque (Florentino, rencontré chez Catherine LAMOTHE, où ils reçoivent des espadrilles) et retrouvent Jean-François NOTHOMB. C'est la 59e traversée de Comète, via le détour du pont-passerelle de Endarlaza, suite aux crues de la Bidassoa, ensuite Oiartzun et Hernani. Vers minuit, la voiture consulaire les emmène à San Sebastian où ils arrivent dans la matinée du 27. La voiture diplomatique les emporte à Séville le lendemain, 28 septembre. Le 3 octobre, les quatre aviateurs embarquent sur le "Sneland I", un navire charbonnier norvégien. Ils restent cinq jours dans les cales de ce bateau et ne partent que le 8 pour Gibraltar, où ils arrivent le 9 octobre.

Bridge déclare avoir quitté Gibraltar par avion le 11 octobre et être arrivé le lendemain à la base aérienne de la RAF à Valley (Holyhead, Pays de Galles). Il est interviewé à Londres le 14 octobre par le MI-9.

Michael Arbour, vivant à présent à l'adresse d'Edward Bridge à Sault-Sainte-Marie, a retrouvé en 2020 dans son grenier une valise vide, ayant visiblement appartenu à Bridge.


Ancienne valise d'Edward Bridge, retrouvée à Sault-Sainte-Marie..


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters