Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 16 octobre 2024.

George William Henry DUFFEE / 1384785
36 Park Grove, Londres E15
Né à Londres, le 16 mars 1923 / le 21 décembre 2018 à Aberaeron, Pays de Galles
Sgt, RAF Bomber Command 78 Squadron, copilote
Lieu d'atterrissage : près de Berlicum, Noord-Brabant, Pays-Bas.
Handley Page Halifax B V ou B II, n° série JB855 - EY-H, abattu par un chasseur de nuit bimoteur (Hptm Wilhelm Herget - 1./NJG1) dans la nuit du 22/23 juin 1943 lors d'une mission sur Mühlheim-am-Rhein, Allemagne.
Écrasé à Beugt, entre Heeswijk-Dinther et Veghel, au sud-est de 's Hertogenbosch, Noord-Brabant, Pays-Bas.
Durée : 3 mois et demi
Passage des Pyrénées : le 28 septembre 1943.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3315/1465 (incomplet).

Duffee est copilote "en stage d'apprentissage", debout près du pilote. L'appareil, qui avait décollé à 23h03 de Breighton, est de retour de l'objectif quand, à hauteur de Berlicum, les quatre moteurs explosent sous les impacts d'un canon oblique tirant vers le haut. L'appareil plonge et Duffee peut ouvrir son parachute très près du sol.


George Duffee (assis, au milieu) et ses compagnons d’équipage (photo RAF)

L’équipage du Halifax se composait de : F/Lt. Leslie Herbert Knight, pilote (tué); Sgt. George Duffee, copilote (seul évadé); Sgt. Frederick Charles Simons, mécanicien (mort de ses blessures le 28 juin); P/O. Henry John Standfast, navigateur (prisonnier) ; F/O Ronald Dennis Caldecourt, bombardier (tué) ; F/O. Stanley Albert Clark Cutler, opérateur radio (tué) ; Sgt. Frederick James Ross Bain, mitrailleur dorsal (tué) et du Sgt. J. Lee, mitrailleur arrière (prisonnier). Les 5 décédés sont inhumés au cimetière de Eindhoven (Woensel), Pays-Bas.

Une fois atterri en Hollande dans un champ de pommes de terre, Duffee se cache dans un fossé d'irrigation ou de drainage près de 's Hertogenbosch avant de se diriger vers l'Ouest puis le Nord-Ouest.

L'après-midi du 24 juin, il aperçoit une patrouille de six soldats allemands descendre d'un camion. Ils semblent fouiller les alentours et il entend des coups de feu. Ils remontent dans leur camion vers 18 heures. Quand tout redevient calme, il marche vers Berlicum à l'Est et se risque à demander de l'aide dans une ferme où il échange son uniforme et ses bottes contre un vieux pantalon brun, un manteau rapiécé et des sabots usagés. Après quelques kilomètres de marche, il dort alors dans une meule de foin jusqu'au petit jour. Le rapport de Theodorus van HERPEN et son épouse, du B198 à Berlicum, indique qu’ils ont vu arriver Duffee seul chez eux, "mal déguisé" le 24 juin et qu’ils l’ont nourri et lui ont procuré des vêtements et des chaussures. Ils déclarent que Duffee n’est resté qu’une demi-journée chez eux et qu’ils l’ont remis à Jan GEVERS, du A54 à Berlicum…

Dans son rapport, Duffee indique qu’il est réveillé au matin par des voix d'enfants se rendant à l'école et il décide de prendre le risque de les suivre jusqu'au village de Berlicum (Est de 's-Hertoghenbosch), espérant y trouver de l'aide.

Arrivé au village, il va dans un café et demande au bar si quelqu'un connaît l'anglais. La tenancière ne parle pas cette langue et va chercher l'instituteur, Marinus der KINDEREN (repris à la liste des Helpers néerlandais comme habitant D 52 e, à Rosmalen. Dans son rapport, van KINDEREN indique que son rôle s’est limité à fournir des vêtements à environ 5 aviateurs dont il ne connaît pas les noms…). Selon Duffee, Marinus, un pistolet à la main, lui demande s'il est vraiment un aviateur anglais et Duffee lui montre ce qu'il reste de son kit d'évasion (cartes, poche d'eau en plastique, quelques tablettes de Horlicks et une petite boussole). Bien qu'il ne puisse produire ni plaquettes d'identité ni photos, ni donner le nom du dernier show à Londres, habitant dans le Yorkshire, il est cru par l'instituteur qui lui dit qu'il devra être caché dans une ferme avant que son évasion puisse être organisée. Duffee rapporte qu’il est alors présenté à un ex-officier de marine, "van Buren". Il s’agit en fait du Naval Lieutenant Jan BOTTEMA, 36 ans, habitant à Bussum, dont le rapport (signé par sa veuve) indique qu’il était connu des aviateurs sous le pseudo de van Buren et qu’il allait chercher des aviateurs dans sa voiture pour les conduire à un "dépôt" et les guidait ensuite ailleurs pour poursuivre leur évasion. Arrêté le 4 janvier 1944 à Alkmaar, Jan BOTTEMA a été abattu par les Allemands le 17 décembre 1944 à Wormerveer.

Duffee est conduit à la ferme, où il loge du 25 au 30 juin, partageant la vie d'un couple d'âge moyen et leurs enfants. Le 30, Jan BOTTEMA le conduit vers une maison à Rosmalen avec J.A.A.M. VENROOY (Dorpsstraat G 72b). Dans son rapport, VENROOY indique qu’il a reçu Duffee en juin 1943 de Jan GEVERS, du A54 à Berlicum et l’a escorté à vélo pendant 15 minutes jusqu’à la ferme "Nooitgedacht" de J. van LIESHOUT, 59 ans, à Rosmalen. van LIESHOUT lui procure nourriture, vêtements et logement pendant 3 jours avant de l’escorter avec H. J. VOLMAN pour l’amener chez ce dernier.

Dans son rapport, H. J. VOLMAN (Ryksweg D 53c) indique qu’il a hébergé Duffee pendant 21 jours. Il ajoute qu’il l’a ensuite conduit chez le couple MICHELS-HENDRIX au E 119 à Hintham. F. A. MICHELS, né en 1882, et son épouse, 61 ans, ont 3 enfants, âgés de 34, 29 et 17 ans. Duffee reste pendant 15 jours chez les MICHELS et y entend que l’organisation envisage d’abord de l'expédier par avion, puis que ce serait plutôt par bateau.

Au début août, VENROOY lui procure de faux papiers et un peu d'argent et le mène à vélo de chez les MICHELS jusque 's Hertogenbosch où "van Buren" (Jan BOTTEMA) les attend à la gare où il monte avec ce dernier dans le train vers Nijmegen.

Arrivés dans cette ville, ils prennent un tram pour arriver chez le chimiste "Adolf Poolen, au 337 Dalseweg vecht", un homme qui aide les réfractaires et chez qui il restera deux semaines en compagnie d'un jeune réfractaire de 19 ans. La liste des Helpers néerlandais reprend Adolf Hendrik POELEN au 4 Hermelijnstraat à Nijmegen, non loin du 337 de la Berg en Dalseweg. Dans son rapport, POELEN déclare que c’est un officier de la Marine Néerlandaise (donc BOTTEMA) qui lui a amené Duffee via Miss Riet van AALEBEEK et qu’il a hébergé et nourri l’aviateur chez lui pendant environ 4 semaines. Duffee y est visité par un homme qui dit connaître la route vers l'Espagne et y reçoit une carte d'identité. Selon POELEN, il a ensuite remis Duffee à STEIN-KALLENFELZ (?) à Utrecht… Il est alors déplacé dans un monastère d'un ordre français à l’extérieur de Nijmegen.

Duffee rapporte qu’il y passe pour un soldat français sourd et muet. Un jour de la fin août, un homme vient le chercher et à vélo ils roulent vers la gare de Nijmegen où il est pris en charge par une jeune fille. Elle et lui montent dans des compartiments séparés dans le train pour Tilburg. A l'arrêt de Oss, l'homme qui a fourni la carte les rejoint. Arrivés à Tilburg, un gendarme le conduit sur sa moto vers une cache dans un bois, probablement près de Esbeek, où se cachent déjà cinq étudiants néerlandais et un jeune juif échappé d'un camp proche. Selon des détails repris au rapport de Karst SMIT (voir plus bas), cette cache souterraine se trouvait dans le bois "De Reusel" au bout d’un sentier menant à "de Hertgang" à Dun, à 4 km au sud-est d’Esbeek. Selon SMIT, la garde de ce camp secret avait été confiée à 3 étudiants néerlandais, OUDEMANS, de KONING et COSTER et les aviateurs y attendaient le feu vert pour partir vers la Belgique. Johannes OUDEMANS, né en 1921 et habitant à Esbeek D118, Jan de KONING, né en 1910, Esbeek D121 et Eduard COSTER, né en 1920 à Chicago, USA, domicilié au 4 Rue Jules Lejeune à Bruxelles, furent arrêtés par la suite et condamnés à mort le 7 mars 1944.

Duffee ne mentionne pas de passage par Dinther, Schijndel ni Erp, localités à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Nijmegen. Selon des rapports de Helpers Néerlandais, Duffee aurait été hébergé chez Harry OTTEN et sa famille à Erp. Cette famille est mentionnée dans le rapport de Cornelus van LAAN, du A90a Dorpstraat à Dinther (à 7 km au nord-est de Schijndel) qui déclare avoir escorté Duffee de chez les OTTEN à Erp jusqu’à Schijndel chez le Kapelaan WOESTENBERG. Le rapport de van LAAN n’apporte pas de précisions concernant Duffee, tous les documents de l’intéressé ayant été détruits par le feu lors d’un bombardement ultérieur de la RAF sur Dinther. Dans son propre rapport, le Kapelaan Frederick J. WOESTENBERG (71 Hoofdstraat à Schijndel, à 8 km au nord-ouest de Erp) indique qu’il était le chef à Schijnsel de l’organisation d’aide aux aviateurs, s’occupant de leur trouver du logement. Il reprend le nom de Duffee et des OTTEN. La famille OTTEN, du B136 à Erp était composée de deux frères et deux sœurs. Harry était l’aîné et principal acteur, avec son frère Gerard et ses sœurs célibataires, Antoinette et Thea. Le rapport, très complet, de l’activité des OTTEN reprend les noms et détails de 51 aviateurs aidés, mais n’y reprend pas le nom de Duffee. Les noms de van LAAN et WOESTENBERG sont néanmoins repris (sans détails) dans leur liste des personnes les ayant aidés…

Duffee reste 3 jours dans sa cachette à Het Dun, près de Esbeek, village à quelques kms au sud-est de Schijndel, et le 20 août, un garde forestier "FRANZ" vient le chercher à moto pour le mener, précédés d'un autre guide, vers un point à environ 2 km de la frontière belge. Après le passage d'une patrouille allemande, les trois hommes passent une haie, traversent une route et se retrouvent du côté belge. Le deuxième guide le prend sur sa moto pour se rendre à une maison à environ 1 km de là. Ils y rencontrent le gendarme néerlandais Karst SMIT (maréchaussée) qui le prend à moto et, évitant d'être repérés par une patrouille allemande, ils atteignent Weelde. Dans le rapport de Karst SMIT, ce dernier indique qu’il avait reçu Duffee de Pieter NEVEN, qui l’avait hébergé. Dans son propre rapport, Pieter NEVEN, né en 1886 à Lekkerkerk aux Pays-Bas et habitant à Etterbeek-Bruxelles au 19 Rue d’Oultremont, confirme avoir logé Duffee chez lui pendant 1 jour. Il précise que c’était chez lui que Karst SMIT logeait lorsqu’il convoyait des aviateurs depuis les Pays-Bas ou était en partance pour Paris.

De là Duffee et Karst SMIT vont en bus à Turnhout, puis en tram à vapeur à Anvers. En cours de route, des soldats allemands montent dans le tram en vue d'un contrôle d'identité et les deux hommes, craignant que la pauvre qualité de leurs papiers ne les dévoile, décident à un moment de sauter de la plate-forme. Ils ne sont pas poursuivis, voient le véhicule s'éloigner et vont se remettre de leurs émotions dans un café. Ils prennent le tram suivant et, sans être inquiétés, en descendent un peu avant le centre d'Anvers. A la gare d'Anvers, ils prennent un train électrique vers Bruxelles, pour se rendre au au 16 Rue Renier Chalon à Etterbeek, chez Mlle Charlotte "Lotti" AMBACH, 22 ans.

Les quatre premiers jours, il loge à différents endroits, guidés par Élise AMBACH (née CHABOT, la mère de Charlotte et habitant au 4 Rue Jules Lejeune à Ixelles avec son autre fille Madeleine FRISQUE) et semble passer d'une organisation à une autre. Elise et Charlotte indiquent dans leurs rapports qu’elles ont accueilli et convoyé Duffee à Bruxelles le 20 août. Il loge à Ixelles du 20 au 21 chez l’ingénieur Pierre PIRARD ("Duval" et "1815") au 22 Avenue Emile Duray à Ixelles. On cite aussi à cette date Marcelle DE JAER, au 47 Avenue Guillaume Gilbert également à Ixelles. Toujours ce 20 août, il est renseigné comme ayant été convoyé dans Bruxelles par Ernest VAN MOORLEGHEM, officier de police, du 18a Rue de Vergnies à Ixelles et Pierre Jacques de DIXMUDE ("Pitou " et "1830") du 15 Square du Val de la Cambre à Ixelles. Ernest VAN MOORLEGHEM fut arrêté le 15 novembre 1943 et détenu pendant de longs mois à la prison de Saint-Gilles. Lors d’un procès au Tribunal de la Luftwaffe à l’Hôtel Palace à Bruxelles le 2 juin 1944, il fut condamné à mort et déporté en Allemagne. Lors du même procès, Élise et Charlotte AMBACH, arrêtées le même jour peu avant lui en même temps que l’étudiant néerlandais Eduard COSTER qui vivait à l’étage rue Jules Lejeune, furent, elles, condamnées à 10 ans de prison. Elles rentrèrent de captivité au printemps 1945, mais VAN MOORLEGHEM, envoyé en Allemagne le 20 août 1944, fut fusillé le 29 septembre 1944 sur le terrain d’aviation de Bayreuth-Bindlach. Il allait avoir 30 ans.

George Duffee évite ainsi de justesse la vague d’arrestations dans la fausse ligne "Jackson" de Prosper Dezitter, traître belge à la solde de la Gestapo, et qui avait été découverte le 19 août par Madeleine MERJAY.

Recueilli donc par EVA ce 20 août, Duffee loge du 21 au 28 août chez le poissonnier Prosper SPILLIAERT ("Marcel") et son épouse Yvonne, née DE RUDDER, au 167 Avenue de la Reine à Schaerbeek. La plupart des articles au sujet du couple reprend l’adresse de leur poissonnerie comme étant le 394 Chaussée d’Anvers, mais il s’agit là de leur nouvelle adresse après la guerre, leur maison de l’Avenue de la Reine à Schaerbeek ayant été détruite lors d’un bombardement le 8 mai 1944 dont ils survécurent par miracle. Ce raid visait la gare et les installations ferroviaires de Schaerbeek et fit malheureusement beaucoup de victimes civiles.

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Durant son séjour chez les SPILLIAERT, une jeune fille (peut-être Anna Irene BINART du 3 de la Rue Vandyck toute proche ?) lui apporta une carte d'identité et des vêtements civils. La photo utilisée pour ces faux papiers avait été prise le 20 août 1943 (rapport DUCHESNE) dans le laboratoire aménagé dans son sous-sol par le garagiste Fernand VAN ELEGEM, du 13-15 Avenue des Celtes à Etterbeek, voisin du poissonnier André DUCHESNE au n° 5 de l’avenue, qui prenait les aviateurs en photo. VAN ELEGEM se chargeait ensuite de développer les clichés et d’imprimer les épreuves.

Le 28 août, Duffee est convoyé par René PONTY (du 18 Rue du Cadran à Saint-Josse) avec Beverly Geyer. Alphonse ESCRINIER ("Charles") et son épouse Blanche, née PAGE, du 16 Rue Van Moer à Bruxelles ville, indiquent dans leurs rapports qu’ils ont convoyé Duffee et Geyer dans Bruxelles le même 28 août, Blanche leur faisant par la suite des visites « welfare ». Pris en charge par Aline DUMONT ("Lily"), Duffee est ensuite placé à Anderlecht, chez un professeur d'art qui enseigne à l’Institut des Arts et Métiers, (René-Pierre PIRART et son épouse Florentine), chez qui il reste loger 10 jours. "Lily" lui rend visite trois fois et lui annonce qu'il quittera bientôt Bruxelles. Il passe par le centre de rassemblement chez Mlle Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken pour interrogation. (Duffee cite également Anne BRUSSELMANS, sans préciser l’aide apportée, mais l’on sait qu’Anne s’occupait principalement du logement des évadés en région bruxelloise).

Aline DUMONT le conduit le 10 septembre à une gare où il rencontre Edward Bridge et à nouveau Hélène CAMUSEL. Les deux hommes, qui ont reçu de nouvelles pièces d'identité, montent avec "Lily" à bord du train vers Tournai. De là, ils prennent un train de journaliers vers Rumes, une petite localité frontalière, où ils rencontrent un douanier français, Maurice BRICOUT.

Celui-ci les guide à pied via des sentiers et traversant des champs pour arriver à sa maison à Bachy du côté français où les attend Rachel BRICOUT (née FEREZ) avec un bon repas arrosé de vin.

Les deux aviateurs prennent congé des BRICOUT et accompagnent alors vers le village un Anglais vivant en France depuis de longues années. Munis de bérets et de papiers adaptés au territoire français (où Duffee est renseigné comme architecte, autorisé à rendre visite à de la famille à Paris), les trois hommes prennent un bus pour Lille. A la gare de Lille, ils montent dans le train de Paris avec une guide. Ils y sont accueillis à la gare par "Robert" (Robert BISSONNIER) qui les mène à son petit appartement du 7 Avenue Philippe Auguste, Paris XIème où les attend sa femme "Georgette" (Alice Georgette, née MAUDET) et un autre évadé, un aviateur américain originaire de l’État de Georgia (vraisemblablement John Buice).

Duffee et Bridge restent dix jours dans l'appartement et un soir, après avoir pris congé de leurs hôtes et de l'Américain, accompagnent une dame d'âge moyen (vraisemblablement Rosine WITTON, "Rolande", convoyeuse, adresse à Paris, 25 Rue de Longchamp, dans le XVIème, qui reprend le nom de Duffee dans sa liste. Elle prend avec eux un train à destination de Bordeaux, où ils arrivent le lendemain à sept heures du matin. [Rosine, née THERIER le 23 novembre 1906 à Achicourt, était l’épouse d’un jardinier anglais vivant en France, Sidney Albert WITTON, qui avait été arrêté au début de la guerre et envoyé en Allemagne. Il est décédé le 18 août 1945. Arrêtée le 18 janvier 1944, Rosine est déportée le 18 avril 1944 vers le camp de Ravensbrück (prisonnière n° 35297) puis elle rejoint Holleischen, un Kommando du camp de Flossenburg, d’où elle sera libérée le 5 mai 1945.] A Bordeaux, un jeune homme belge d'environ 28 ans (Jean-François NOTHOMB, alias "Franco") les prend en charge, montant avec eux dans le train de Dax. Les deux anglais se rendent compte que deux jeunes hommes portant béret, silencieux et paraissant assez nerveux dans un coin du même compartiment qu'eux doivent être des "colis" tout comme eux, leur guide devant les convoyer tous les quatre vers le Sud. NOTHOMB et les quatre hommes descendent ensemble à Dax.

Chacun y prend un vélo, et, guidés par NOTHOMB et Denise HOUGET (fille de Magda et Ferdinand HOUGET de Anglet et convoyeuse vers le Sud depuis juillet), ils se dirigent vers Bayonne. Jean-François NOTHOMB est en tête avec Denise, suivis des deux autres aviateurs, Duffee et Bridge fermant la marche à distance raisonnable derrière les autres. Après 1 heure et demie, le groupe arrive à un pont gardé par une sentinelle allemande qui les regarde passer mais ne les arrête pas. Plus loin, les hommes se restaurent dans un bois et Duffee et Bridge apprennent les détails concernant leurs deux autres compagnons : Harry est un navigateur de Londres et Bill, un pilote canadien (qui pourrait être William Cook ?).

Le groupe poursuit sa route à vélo et arrive à un village où un gendarme observe la circulation. Le guide et les deux premiers aviateurs ne se font pas arrêter, contrairement à Duffee et Bridge, auxquels le gendarme demande leurs papiers. Devinant à leur accent qu'ils ne sont pas ce qui figure sur les documents, il s'apprête à les mener au poste lorsque Duffee lui déclare qu'ils sont des aviateurs anglais. Sur ce, le policier les mène au poste où les aviateurs et le gendarme et ses collègues boivent à la victoire prochaine des Alliés. Les deux aviateurs doivent prendre congé et sont finalement retrouvés par NOTHOMB revenu les chercher. Il leur apprend que leurs deux compagnons se trouvent déjà dans une auberge à quelque distance de là où tous logeront cette nuit-là. Il s'agit de l'auberge Larre de Jeanne "Marthe" MENDIARA, 25 Avenue du Cambo à Sutar/Anglet.


Mot de remerciement de Duffee dans le carnet de Pierre Elhorga.

Le lendemain, ils partent à vélo, traversent Saint-Jean-de-Luz en direction de Ciboure. Le 26 septembre ils y sont rejoints par Arthur Bowlby, Elmer Dungey, James Allison et George Baker. A Ciboure, ils rencontrent un guide basque (Florentino GOÏCOECHEA) chez Katalina LAMOTHE, veuve AGUIRRE, et sa fille Joséphine, au 58 Rue du Docteur Micé. Ils y reçoivent des espadrilles, en vue de la difficile traversée des montagnes vers l’Espagne.

Ils traversent les Pyrénées avec Florentino et Jean-François NOTHOMB. C'est la 59e traversée de Comète, via le détour du pont de Endarlaza, suite aux crues de la Bidassoa, passent ensuite par Oiartzun et Hernani puis San Sebastian. La voiture diplomatique les emporte à Madrid.

Duffee passe par Seville, où il embarque sur un vaisseau hollandais avec Allison, à destination de Gibraltar. Ils doivent se faire passer pour des marins ivres et passent ainsi à travers un contrôle de la police.

George Duffee quitte Gibraltar en avion Dakota C47 le 11 octobre et arrive en Angleterre (atterrissant à Lyneham ou à Valley ?) le lendemain. Il est interrogé à Londres.

Il fera quelques conférences en Angleterre après son évasion (dans 22 bases) avant de repartir en mission en OTU, participant à 59 opérations. En 1948 et 1949, il effectuera 236 vols pour le Berlin Air Lift avant de devenir pilote à British Airways.

George Duffee est souvent revenu, avec sa famille, aux Pays-Bas, en Belgique en France et en Espagne.


George Duffee et Anne Brusselmans (photo des années 1960) – (via Yvonne Daley-Brusselmans)


Une photo de 2011 montrant George Duffee, à gauche, avec le chercheur néerlandais Ad van Rijswick
(source : "de Hilverbode", Hilvarenbeek, Pays-Bas - 13 février 2019.)


George Duffee et Andrée Dumon ("Nadine") lors d’une cérémonie "Comète" en 2013


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters