Dernière mise à jour le 13 janvier 2024.
Eugene Curtis ANDERSON – 36815885
1008 Rose Street, Lacrosse, Wisconsin, USA
Né le 28 avril 1924 à New Lisbon, Juneau County, Wisconsin, USA / † le 11 janvier 2010 à Midland, Midland County, Michigan, USA.
Sgt, USAAF 489 Bomber Group 846 Bomber Squadron, mitrailleur ventral
Atterri à Villers-Saint-Paul, un peu au nord-est de la gare de Creil
Boeing Liberator B-24H-FO, 42-94933, 8R-D / "Stubby Gal II", abattu le 2 juin 1944 par la Flak lors d'une mission sur les aérodromes de Brétigny et Creil en région parisienne
Écrasé près de Creil vers 21h30
Durée : 2 mois ½
Camps Marathon : Fréteval
Rapport de perte d'équipage MACR 8189. Rapport d'évasion E&E 1451 disponible en ligne.
L'appareil décolle de Halesworth à 16h00 et une heure et demie plus tard est atteint par la Flak de Orly. Touché dans le compartiment avant et le flanc gauche, il ne peut larguer ses bombes. A nouveau atteint, ce sont les moteurs 2 et 3 du B-24 qui sont hors d'usage et le pilote, 2nd Lt Charles C. Bouchard parvient cependant à maintenir l’appareil sous contrôle, malgré une importante perte d’altitude. Pour alléger le B-24 ne volant maintenant que sur un moteur, il est décidé de tenter de trouver une cible secondaire afin de se débarrasser des bombes. Vu l’indisponibilité du bombardier Herbert Lowe, s’occupant de soigner l’opérateur radio le S/Sgt John McGeachie, dont le genou gauche avait éclaté sous l’impact d’un obus, ses deux cuisses lacérées, ce sera le mitrailleur arrière William Grant qui parviendra à dégager les bombes manuellement, les larguant sur un important croisement routier près de Paris. Le Liberator poursuit son vol, mais Eugene Anderson avertit le pilote que les flammes entourant le moteur gauche se propagent et risquent d’atteindre le fuselage et les coulées d’huile de moteur. Se rendant compte qu’il sera impossible de rejoindre l’Angleterre, Bouchard donne l’ordre de quitter l’avion en feu. Dans le but de sauver McGeachie en l’équipant de son parachute et de sa Mae West, il est constaté que ceux-ci sont en lambeaux. Avant de sauter lui-même en dernier lieu, le pilote constatera que son radio est mort, exsangue. Le corps de ce dernier sera retrouvé dans les décombres de l'avion. Initialement inhumés au cimetière de l’église de Creil, ses restes furent transférés après la guerre au cimetière américain d'Epinal dans les Vosges, France.
Sept hommes seront immédiatement faits prisonniers : Bouchard, son copilote le F/O John F. Cunningham, le navigateur 2nd Lt George W. Burke Jr, le bombardier 2nd Lt Herbert M. Lowe, le mitrailleur gauche Sgt Clifford E. Gowan, le mitrailleur droit S/Sgt Keith A. Peterson et le mitrailleur arrière S/Sgt William C. Grant.
Le mitrailleur dorsal S/Sgt Warren R. Markle parviendra à s'évader et, caché à divers endroits par des particuliers, se trouve à Paris le 26 août 1944 lors de la libération de la ville (rapport d'évasion E&E 1242).
Eugene Anderson, dont c’était la 3ème mission, avait été assommé par une explosion dans sa tourelle et lorsqu'il reprend ses esprits il entend l'ordre d'évacuer l'appareil. Il retarde volontairement l'ouverture de son parachute, en compte quatre autres au-dessus de lui et atterrit dans une gare de triage à Villers-Saint-Paul.
Anderson s'enfuit par les rues de Creil et est tiré à l'intérieur d'une cabane par un homme aux cheveux noirs d'environ 40 ans, qui lui donne une salopette et le conduit dans une maison où il mange et dort. Le lendemain, il reçoit un ticket de train pour Paris et des instructions quant au train à prendre. A l'arrivée, selon le signal convenu, il se mouche dans un mouchoir de couleur et est alors pris en charge par le propriétaire de la maison de Creil où il avait passé la nuit. Cet homme le conduit dans un appartement voisin de l'ambassade de Belgique [L’Ambassade de Belgique se situait à l’époque au n° 17 Rue d’Aguesseau à Boulogne-Billancourt… à 5 minutes à pied de chez les REMY, mentionnés ci-dessous]. Là, un homme de 40 ans et parlant anglais l'interroge et le conduit à Viarmes, à environ 40 km au nord.
Anderson passe la nuit à Viarmes et est conduit chez un ébéniste, "Papa Marie" (Marius Naudet ?). Il y loge une semaine et y fait la connaissance de Nicole "VIRES" et ses parents, habitant à l’extérieur de la localité. Il est alors conduit chez Georges REMY, un Lieutenant dans l’Armée française, au 73 Rue du Château à "Boulogne-sur-Seine" (= route D102, Boulogne-Billancourt en Hauts-de-Seine). Anderson déclare y avoir rencontré le Lt Russell Tickner et les deux hommes logent une semaine chez Gervais REMY, 23 ans, le fils de Georges, qui les conduit ensuite à Paris. Dans le livre relatant l’évasion de Tickner, Russell mentionne avoir vu Anderson pour la première fois, assis à l’arrière du véhicule devant les conduire à Paris... Il se pourrait que comme les REMY avaient apparemment deux adresses dans la localité, Tickner et Anderson aient logé séparément dans cette famille durant la même période...
Tickner et Anderson renseignent tous deux avoir été guidés de Boulogne jusqu’à Paris par Gervais REMY jusque chez Yvonne DIXIMIER (née en 1893 à Avranches et membre des FFC (Forces Françaises Combattantes) au 8 Rue Jean Moréas à Paris XVIIe.
Ils restent alors "les deux dernières semaines de juin" chez Yvonne DIXIMIER, qui les déclare logés du 12 juin au 3 juillet chez elle. Madame Diximier était veuve, son mari lieutenant ayant été tué par les Allemands en 1941 ou 1942. Yvonne, bien que n’étant pas un cordon bleu, s’occupe de leur nourriture malgré les restrictions. Pour rompre la monotonie, elle leur propose souvent de l’accompagner au marché ou au cinéma. Tickner, refuse, souhaitant ne prend aucun risque, pensant surtout à sa sécurité à elle. Anderson, lui, habillé différemment, accepte finalement d’aller un jour avec elle au marché. Là, panique, un soldat allemand lui demande ses papiers, où il est repris comme Jean-Marie Volge, sourd-muet. Après une vérification sommaire, le soldat lui rend son document et s’en va. Eugene décidera de ne plus prendre aucun risque par la suite.
Dans son rapport, Tickner indique aussi avoir été assisté par une "Mme CLAPPER" (?). Un Kleber Germain THOMMEREAU, du 156 Rue de Paris à Boulogne-Billancourt est renseigné pour de l’aide à Tickner et Anderson, mais nous en ignorons la nature. Il peut y avoir confusion entre "Clapper" et Kleber… Kleber THOMMEREAU, né le 7 avril 1899, est repris comme membre des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) ayant œuvré dans un réseau d’évasion, non-identifié. Dans le livre, Russell indique qu’après avoir quitté l’appartement d’Yvonne DIXIMIER, Anderson et lui ont été conduits à une gare où ils devaient rencontrer leur guide suivant, "René", qu’Anderson nomme "Pierre"…
Venu chercher les deux hommes chez Yvonne, le fils de Georges, Gervais REMY, les conduit à Paris et les remet à "Pierre" (à "René", selon Tickner…), qui les prend en charge le 5 juillet… En fait, ce "René/Pierre" est en réalité Pierre ROBERT, guide pour Comète dans l’opération Marathon. Né à Houdan le 18 mai 1923 et habitant 1 Rue Goethe, Paris 16ème, il est entré dans le réseau Comète en avril 1944, recruté par Yvonne DELPLANCHE. Il portait plusieurs alias, dont celui de "Petit Pierre". Nommé responsable pour la région de Paris le 15 juin 1944, il est chargé d’amener les aviateurs évadés vers Châteaudun. Il mentionne dans son rapport que peu après son entrée en service, il a guidé les 5 premiers qu’il a pris en charge en train de Paris à Dourdan, le reste du voyage jusqu’à Châteaudun (environ 80 km) s’étant fait à pied… Tickner et Anderson figurent en tête de la liste des 56 aviateurs qu’il cite avoir convoyés depuis Paris vers Châteaudun.
Tickner rapporte dans le livre qu’une fois arrivés à Dourdan dans la soirée, ils sont allés dormir dans une étable abandonnée. Le lendemain, au cours de leur marche, Pierre avise un vieil homme conduisant une charrette tirée par un cheval. Les trois hommes montent à bord et, arrivés près d’un village, ils descendent tandis que le fermier s’en va sans leur prêter davantage attention. Ils arrivent ainsi à Auneau (actuellement Auneau-Bleury-Saint-Symphorien), à une vingtaine de km au sud-ouest de Dourdan, où Pierre leur trouve de quoi loger dans un hôtel, vraisemblablement tenu par l’un ou l’autre membre de la Résistance.
Tickner poursuit : Le lendemain, alors que Pierre et les deux aviateurs marchent le long d’une route secondaire, Pierre s’arrête près d’une homme assis au bord de la route. Après une brève discussion, Tickner voit que Pierre remet de l’argent à l’homme, en échange d’un vieux vélo. Pierre enfourche le vélo et pédale hors de leur vue. Tickner et Anderson marchent dans la même direction et peu après Anderson aperçoit le vélo garé près de la route et ils comprennent que Pierre poursuivait entretemps sa marche. C’est ainsi que, se relayant à bicyclette, Tickner et Anderson suivent Pierre dans sa marche et arrivent à Châteaudun "après plusieurs jours". Ils avaient passé les nuits précédentes dans des meules de foin. Abandonnant le vélo dans une vieille grange, ils poursuivent leur voyage à pied jusqu’à l’orée d’une forêt. Tickner indique que Jean de Blommaert vint à leur rencontre à un certain moment et les a guidés jusqu’au camp dans la Forêt de Fréteval.
Dans son rapport E&E, Tickner quant à lui déclare avoir rejoint les camps de Fréteval "vers le 7 juillet". Dans le livre, il indique qu’ils y seraient arrivés "3 jours avant la fête nationale du 14 juillet", soit le 11…
Anderson reste une semaine dans le camp de "Lucien" (Sqn Ldr Lucien BOUSSA) à Bellande avant d'être transféré dans celui de "Jean" (Jean de Blommaert) à Richeray.
Eugene Anderson parvient donc à s'évader et est caché dans la forêt de Fréteval où il est libéré par les troupes américaines le 13 août 1944. Il va d'abord loger une nuit au QG local et part avec un groupe vers Le Mans le 14. Son camion a un accident et Anderson, blessé, est admis au 32e Hôpital de Campagne puis au 141e Hôpital Général où il est débriefé. Son retour en avion vers l'Angleterre, prévu pour le 15 août, ne peut se réaliser que le 3 septembre, date à laquelle il se présente au 63 Brook Street à Londres pour y être à nouveau interrogé en vue de l'établissement de son rapport.
Eugene Anderson avait également servi dans US Air Force lors de la Guerre de Corée et était membre de l’AFEES (Air Forces Escape & Evasion Society). Il repose au Chapel Hill Mausoleum and Cemetery à Freeland, Saginaw County, Michigan, USA.