Dernière mise à jour le 4 décembre 2013.
Wilfred Lloyd CANTER / R-127907 et J.17845
Grace Street, Toronto, Province d’Ontario, Canada / "RCAF Overseas, Manchester".
Né le 7 février 1921 à Kiev, en Ukraine, Union Soviétique / † Israël, le 24 octobre 1948.
Sgt, RAF Bomber Command 408 RCAF Squadron, copilote.
Lieu d'atterrissage: dans un champ, au nord-ouest de Reims.
Handley Page Halifax Mk II, JB909, EQ-G, abattu par un Fw190 piloté par le Hptm Hans-Karl Kamp du 7/NJG4 dans la nuit du 14 au 15 avril 1943 lors d'un raid sur Stuttgart.
Ecrasé à La Neuvilette, en bordure du canal de l’Aisne à la Marne, à 4 km au nord-ouest de Reims (Marne), France
Durée : 6 semaines.
Passage des Pyrénées : le 31 mai 1943.
Rapport d'évasion SPG 3314/1294.
Le Halifax décolle de Leeming vers 21h50 et après le largage des bombes sur la cible, il amorce le vol du retour. Il est attaqué à une altitude d’environ 5000 m par le Fw190 de Kamp. Les obus de l’assaillant touchent la partie arrière de l’appareil, déclenchant un incendie et coupant l’interphone entre le radio O’Connell et les deux mitrailleurs McIlroy et Murray. Wilfred Canter et le mécanicien Lloyd McKenzie tentent sans succès d’éteindre l’incendie et, vers 03h30, le pilote Ian Mackenzie – RAAF - donne l’ordre d’évacuer l’avion. Le pilote reste aux commandes de son Halifax en flammes pour permettre à l’équipage de sauter et éviter de s’écraser sur les habitations de La Neuvilette, faubourg de Reims.
Le pilote, le P/O australien Ian Cumming MacKenzie perdit ainsi la vie dans le crash. Initialement inhumé au cimetière communal de La Neuvilette, il repose désormais au cimetière militaire de Clichy-Nord, près de Paris. Un monument à sa mémoire a été érigé au coin de l’Avenue Jean (sic) MacKenzie et de l’Avenue Nationale – La Neuvilette, à la sortie de Reims, sur la route D944 en direction de Laon.
Wilfred Canter sera le seul à réussir à s’évader, les autres survivants étant faits prisonniers : le bombardier Sgt Thomas J. Coupland (RAF) ; le navigateur F/O Alfred "Tiny" Playfair (RAF) ; le mécanicien Sgt Lloyd W. McKenzie (RCAF) ; le mitrailleur dorsal P/O William Alexander McIlroy (RAF) ; le mitrailleur arrière F/Sgt J. Murray (RCAF), qui, sérieusement blessé, a été soigné dans divers hôpitaux avant d’être rapatrié en septembre 1944 dans un programme d’échange de prisonniers ; l’opérateur radio P/O Conel O’Connell (RAAF), d’abord évadé mais arrêté à Paris le 21 avril 1943 avant de passer par la prison de Fresnes, le Dulag Luft à Oberursel puis le Stalag Luft 3 à Sagan.
Wilfred Canter s’engage le 22 août 1941 dans la RCAF et après 1 an d’entraînement il est envoyé en Angleterre le 20 août 1942. Promu sergent, il est assigné au début d’avril 1943 au 408 Squadron. Il ne faisait pas partie de l'équipage habituel de Ian Mackenzie. Comme il était d’usage pour les futurs pilotes potentiels, il devait accompagner l’un ou l’autre équipage plus aguerri pour acquérir l'expérience minimale requise. Cette mission sur Stuttgart était sa deuxième sortie seulement et il ignorait le nom des autres membres de l’équipage.
Canter se casse la jambe juste au-dessus de la cheville en atterrissant vers 03h35 dans un champ au NO de Reims. Il rassemble son parachute et le dissimule avec son harnais, puis, incapable de marcher, il rampe en cherchant un endroit où se cacher. Il doit souvent s’arrêter en chemin et après environ 2 km, il arrive près de deux petits bâtiments de ferme abandonnés. Il rentre par la fenêtre dans l’un des deux et, dans la matinée, voit passer une patrouille allemande et deux prisonniers RAF, qu’il ne peut identifier mais dont il pense qu’il pourrait s’agir du bombardier et du navigateur de leur Halifax. Dans le courant de la journée, il aperçoit deux femmes qui s’approchent et, avec le peu de français qu’il connaît, parvient à leur faire comprendre qu’il est aviateur et qu’il a besoin d’aide. Vers la fin de l’après-midi, les femmes lui apportent de la nourriture et des vêtements civils. Il se débarrasse de la partie haute de ses bottes de vol, ne conserve que la partie chaussure et les femmes emportent son uniforme.
Dans la soirée, les maris des femmes l’escortent jusqu’à la maison de Mme MARTIN-PHILIPPOT à Reims où Canter reste du 15 au 24 avril. Ce 24 avril, Jeanne CHATELIN le récupère pour le confier à Joseph BERTHET, au 46 Rue de Mars à Reims, chez qui il séjourne près d'un mois pendant lequel un docteur s'occupe de sa cheville cassée. Canter va ensuite chez Mme Noémi HANY-LEFEBVRE, divorcée DÉON, au 28 Rue Scheffer à Paris XVIe, qui le loge du 10 au 15 mai (elle déclare erronément du 10 au 15 juin 43 dans ses formulaires).
Aux alentours du 24 mai un courrier de Comète (Mlle Madeleine BOUTELOUPT, habitant 31 Boulevard de Port Royal à Paris XIIIe) l'emmène dans un appartement à l'ouest de Paris (chez les COACHE à Asnières ?), puis dans la maison du docteur André BOHN, hébergeur de Comète avec son épouse Marguerite au 116 Boulevard Raspail à Paris VIe (qui ne le signale pas comme passé chez lui, mais l'IS-9 en a les preuves).
Une semaine plus tard (ce devrait être le 29 mai), Canter quitte Paris pour Bordeaux avec deux guides (Jean-François NOTHOMB et une femme très nerveuse) et d’autres évadés, Elmer McTaggart, Raymond Walls et Joseph Wemheuer. De Bordeaux, ils prennent un train pour Dax, puis de là vont à bicyclette vers Saint-Jean-de-Luz et font le passage des Pyrénées à pied.
C'est le 45e passage de Comète par la route de Saint-Jean-de-Luz. Ce groupe a traversé la rivière Bidassoa avec les guides basques seuls, probablement suite à l'arrestation de Jacques TINEL.
Wilfred Canter arrive à Gibraltar, qu’il quitte le 23 juin 1943, arrivant à Liverpool le 29. Il est interrogé par l’IS-9 à Londres le 30 juin 1943. Canter se voit attribuer la Distinguished Flying Medal. Publication dans la London Gazette du 27 août 1943 : Distinguished Flying Medal. Can./R.127907 Sergeant (now Pilot Officer) Wilfred Lloyd CANTER, Royal Canadian Air Force, No. 408 (R.C.A.F) Squadron. In an air operation Sergeant Canter displayed courage and tenacity of a high order.
Après un congé au Canada, Wilfred Canter reprend du service en Europe et effectue des missions avec le 433 Squadron. Lors d’une mission sur Düsseldorf dans la nuit du 22-23 avril 1944, il est pilote à bord du Halifax NX291 qui, d’abord touché par la Flak, est attaqué et atteint par un chasseur allemand au-dessus de la Hollande au retour de la mission et s’écrase près de Veldhoven (Lozen / Bocholt) dans le Limbourg belge. Il y a 3 tués (d’abord inhumés à St Truiden / St Trond), ils reposent au Heverlee War Cemetery près de Leuven / Louvain), 3 prisonniers (dont Wilfred Canter, qui sera interné au Stalag Luft 3 à Sagan – prisonnier n° 4456) et 1 évadé, le F/O Peter Aldege Schnobb (apparemment aidé par Comète, mais pour lequel nous n’avons pas encore établi de fiche). Une plaque à la mémoire de l’équipage du HX291 a été ajoutée en novembre 2004 sur le monument érigé à la Kerkplein devant l’église de Lozen (Bocholt), Limbourg belge.
Wilfred Canter est rapatrié au Canada en juin 1945 et quitte la RCAF le 19 Septembre 1945. S’adaptant difficilement à la vie civile, il se porte volontaire et est un des premiers pilotes canadiens à s’engager en 1948 dans la Force Aérienne Israélienne. Il participe comme pilote à plusieurs missions de combat et il trouvera la mort à bord d’un Dakota C-47 le 24 octobre 1948 lors d’un vol de ravitaillement, de nuit, à destination de Sdom, sur la Mer Morte. Un moteur, en surchauffe, avait pris feu peu après le décollage et l’appareil a explosé avant de s’écraser près de Tel Aviv. Les cinq membres de l’équipage sont tués et Wilfred Canter repose au cimetière de Rehovot en Israël.
Merci à Eric Hébert, Philippe d'Ayral et Michael LeBlanc pour leurs informations.