Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 22 mai 2013.

Robert Charles CHESTER-MASTER / A-434592

Né le 30 novembre 1924 à Fortitude Valley, Brisbane, Australie / † le 18 juillet 2016 à Holland Park, Brisbane, Australie
Fl/Sgt RAAF, RAF Bomber Command 514 Squadron, mitrailleur arrière
Lieu d'atterrissage : près de Velzeke, à une dizaine de km à l’ouest d’Aalst / Alost, Flandre Orientale, Belgique.
Armstrong Lancaster MkII - LM180 (JI-G),abattu par un chasseur Junker JU88 dans la nuit du 12 au 13 août 1944 lors d'une mission sur les usines OPEL à Russelsheim.
Ecrasé à environ 100 mètres de la clôture à l'arrière de la maison de Nestor VAN HEYDEN à Bavegem, près de St. Lievens-Houtem, Flandre Orientale, Belgique
Durée : 3 semaines.
Caché à Aalst/Alost

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion de Robert Chester-Master : SPG 3323/2473.

Le Lancaster décolle de Waterbeach à 21h44. Sur le vol du retour, il est attaqué à hauteur de la frontière belgo-luxembourgeoise par un Ju88, que Robert Chester-Master parvient à abattre. L'appareil de la RAF perd de l'altitude, un incendie se déclare suivi d'ennuis de moteur et le pilote, le Fl/Sgt John Lawrie, un néo-zélandais de 21 ans, comprenant qu'il ne parviendra pas à rejoindre l'Angleterre, donne l'ordre de l'évacuer.

John Lawrie reste aux commandes afin de permettre à son équipage de sauter. Le mécanicien Fl/Sgt Thomas Young se propose de l'aider à enfiler son parachute, mais Lawrie refuse, craignant que s'il lâchait un seul instant la colonne de direction, l'appareil plongerait immédiatement vers le sol. Il périra dans le crash du Lancaster et le cordonnier Nestor van Heyden inhumera son corps dans son jardin à Bavegem où l'avion s'était crashé, évitant ainsi que les Allemands ne le découvrent. Les restes de John Lawrie ont été transférés après la guerre au Cimetière du Schoonselhof à Anvers. Une plaque a été placée à l'entrée de l'église de Bavegem (voir photo en bas de page).

Outre Chester-Master, cinq autres hommes parviendront à s'évader : le mécanicien Thomas Young, le bombardier Martin Carter, le navigateur Fl/Sgt Dennis Reginald Orth, l'opérateur radio Sgt Ellis George Durland et le mitrailleur dorsal F/S Lindsay Rutland Burford, RAAF. Nous n'avons pu vérifier si ces trois derniers ont été effectivement aidés par Comète ou non (voir la page de Thomas Young pour les détails à leur sujet).

Robert Chester-Master saute à environ 300 m du sol et atterrit à 01h00 du matin dans un champ, se brisant une cheville et se blessant au genou. Il rampe jusqu'à une meule de foin, s'y cache et y passe la nuit. Le lendemain matin, à son réveil, il voit un fermier qui l'observe. L'homme lui propose des calmants et lui conseille d'appeler les Allemands pour qu'il puisse être soigné. Après que Robert ait refusé, le fermier lui donne un bâton pour l'aider à se déplacer et se cacher dans une forêt voisine.

Selon le rapport d’évasion de Chester-Master, le lendemain, il trouve de la nourriture laissée à son attention et il comprend que le fermier a contacté les bonnes personnes. Plus tard, deux hommes arrivent avec trois vélos. Ils attachent sa jambe à une pédale et les trois hommes arrivent bientôt à une maison où on lui montre sa "chambre" dans le grenier. Les hommes lui disent qu'il doit attendre des instructions pour la suite des opérations. Une jeune fille, "Suzanne" l'aide au cours de son évasion. C'est la nièce du fermier qui l'a trouvé après sa chute.

Nous avons pu trouver des informations supplémentaires sur l’évasion de Chester-Master sur le site lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/414/538/RUG01-001414538_2010_0001_AC.pdf (Thèse de Lancelot VAN DE PUTTE pour la Faculteit Letteren & Wijsbegeerte de l’Université de Gand 2007-2008). Elles précisent que Chester-Master a été trouvé par un fermier qui l’a fait se cacher dans un bois voisin où il est soigné pendant quelques jours. Le docteur VAN DEN BERGHE de Herzele signale alors la présence de l’aviateur à Rudolf COEN de Herzele pour que l’on puisse organiser son évasion. Rudolf contacte Lucien COEN qui à son tour prévient Norbert VAN HERREWEGHE, 23 ans, de Sint Lievens-Houtem. Ce dernier se rend à Velzeke où il a un contact avec le fermier et Chester-Master. VAN HERREWEGHE revient la nuit suivante en compagnie de Cyriel ELOOT et les deux hommes guident alors Chester-Master jusqu’à la maison d’ELOOT, 138 Kampenstraat à Borsbeke. De là, Chester-Master est conduit à vélo par VAN HERREWEGHE et ELOOT chez Hector et Maria DE SMET, 20 Diepestraat à Sint-Lievens-Houtem. ELOOT et Lucienne Elza DE CLERCQ, 24 ans (membre comme son frère Florent du Onafhankelijdsfront / Front de l’Indépendance d’Aalst / Alost- Groupe Rita, et habitant au 139 Stokt à Burst) escortent l’aviateur jusqu’à Bruxelles où ils le confient à "Willy" DE KEYSER du Groupe Zéro (Guillaume Paul DE KEYSER, 23 Avenue de Roodebeek, Schaerbeek.) Lancelot VAN DE PUTTE indique que c’est à Bruxelles que Chester-Master retrouve son bombardier Martin Carter. Un récit sur la perte du LM180 à href="http://muse.aucklandmuseum.com/databases/Cenotaph/28486.detail?keywords=Lawrie%20John%20World%20War%20II,%201939-1945 mentionne que cette rencontre entre Chester-Master et Martin Carter a eu lieu à Bruxelles au "18 Rue de la Surrure" (qui devrait être Rue de la Serrure, Bruxelles-centre…)

Selon le rapport de Chester-Master, il avait reçu des faux papiers au nom de "Albert Willems, célibataire, de Rhode-Saint-Genèse, comptable", et était caché à Alost où il avait été prévenu qu'il serait mené vers la France, pour atteindre ultérieurement la Suisse, projet qui ne se réalisera pas. Au retour d'une tentative en ce sens, il est surpris de retrouver dans sa planque à Aalst/Alost un membre de son équipage, son bombardier Martin Carter.

Bruxelles ayant été libérée, un appel radio est lancé à l'attention de tous les évadés qui se cachent afin qu'ils rejoignent l'Hotel Métropole au centre de la ville. Suite à cet appel, c'est Charles Auguste LEEMAN, membre du Onafhankelijdsfront / Front de l’Indépendance et habitant au St Jacobsmarkt à Anvers / Antwerpen, qui guidera Chester-Master et Carter depuis Alost jusqu'à Bruxelles.

Chester-Master retrouvera son navigateur Dennis Orth à l’Hôtel Métropole. Le rapport d’évasion SPG 3322/2323 de ce dernier indique qu’il a été libéré à Bruxelles le 10 septembre 1944.


Chester-Master (à droite) et Reginald Orth en Angleterre après leur retour de Belgique.

Le 10 septembre 1944, Chester-Master quitte Bruxelles en avion pour rejoindre l'Angleterre. Promu Flying Officer, il est rapatrié en Australie via les Etats-Unis et sera démobilisé le 1er novembre 1945.

Chester-Master reviendra souvent en Belgique, la première fois en 1975, pour retrouver ceux qui l'avaient aidé. Il sera présent à Bavegem le 12 août 2004 pour l’inauguration de la plaque à la mémoire de son pilote à l’Eglise de la localité.


Photo composite de divers documents de Robert Chester-Master provenant de cette page.


Debout de gauche à droite : George Durland, Thomas Young, John Lawrie, Reginald Orth, Martin Carter.
Devant : Lindsay "Sam" Burford et Robert Chester-Master (Crédit photo : Robert Chester-Master).


Plaque commémorant l'équipage à l'entrée de l'Eglise de Bavegem.


Robert Chester-Master était présent lors de l’inauguration du Bomber Command Memorial à Londres le 28 juin 2012. Les photos ci-dessus ont été prises par Glen Arkadieff, l’une dans son studio le 25 juin, l’autre lors de la cérémonie du 28 juin 2012.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters