Personne cachée jusqu'à la libération

Dernière mise à jour le 21 mai 2013.

Thomas Davidsen YOUNG / 1822876
Doune Road, Dunblane, Perthshire, Scotland
Né le ? à ? / † ?
Fl/Sgt, RAF Bomber Command 514 Squadron, mécanicien
Lieu d'atterrissage : entre Scheldewindeke et Bavegem Gavere, entre Oudenaarde et Gand Flandre Orientale, Belgique.
Armstrong Lancaster MkII - LM180 (JI-G), abattu par un chasseur Junker JU88 dans la nuit du 12 au 13 août 1944 lors d'une mission sur les usines OPEL à Russelsheim.
Ecrasé à environ 100 mètres de la clôture à l'arrière de la maison de Nestor VAN HEYDEN à Bavegem, près de St. Lievens-Houtem, Flandre Orientale, Belgique
Durée : 3 semaines.
Caché à ?

Informations complémentaires :

Le Lancaster décolle de Waterbeach à 21h44. Sur le vol du retour, il est attaqué à hauteur de la frontière belgo-luxembourgeoise par un Ju88, que le mitrailleur arrière Robert Chester-Master parvient à abattre. L'appareil de la RAF perd de l'altitude, un incendie se déclare suivi d'ennuis de moteur et le pilote, le Fl/Sgt John Lawrie, un néo-zélandais de 21 ans, comprenant qu'il ne parviendra pas à rejoindre l'Angleterre, donne l'ordre de l'évacuer.

John Lawrie reste aux commandes afin de permettre à son équipage de sauter. Thomas Young se propose de l'aider à enfiler son parachute, mais Lawrie refuse, craignant que s'il lâchait un seul instant la colonne de direction, l'appareil plongerait immédiatement vers le sol. Il périra dans le crash du Lancaster et le cordonnier Nestor van Heyden inhumera son corps dans son jardin à Bavegem où l'avion s'était crashé, évitant ainsi que les Allemands ne le découvrent. Les restes de John Lawrie ont été transférés après la guerre au Cimetière du Schoonselhof à Anvers. Une plaque a été placée à l'entrée de l'église de Bavegem (voir photo en bas de page).

Outre Thomas Young (la présente fiche), cinq de ses co-équipiers parviendront également à s'évader : le mitrailleur arrière Robert Chester-Master, le bombardier Martin Carter, le navigateur Fl/Sgt Dennis Reginald Orth (libéré à Bruxelles le 10 septembre 1944 - rapport d'évasion SPG 3322/2323), l'opérateur radio Sgt Ellis George Durland (voir en bas de page) et le mitrailleur dorsal Fl/Sgt Lindsay Rutland Burford, RAAF (pas de n° de rapport d’évasion…) Nous n'avons pu vérifier si ces trois derniers ont été effectivement aidés par Comète ou non.

Aucun rapport d’évasion n’a pu jusqu’à présent être découvert au sujet de Thomas Young, mais selon un récit sur la perte du LM180 à:
http://muse.aucklandmuseum.com/databases/Cenotaph/28486.detail?keywords=Lawrie%20John%20World%20War%20II,%201939-1945, il saute à environ 200m seulement du sol et atterrit assez près de l’endroit du crash du Lancaster. Il s’éloigne rapidement et s’effondre, épuisé, dans un fossé où il passe le reste de la nuit. Le lendemain, il s’adresse dans son allemand scolaire à des gens sortant d’une église et, comprenant la méfiance qu’ils manifestent à son égard, il s’éloigne et atteint un canal près de Gavere (ce doit être l’Escaut / Schelde) où l’opérateur du pont (vraisemblablement celui qui se trouve à hauteur de la Stationsstraat) lui indique un endroit où se cacher. Là, Carter est rejoint par Eric de SURGELOOSE (Markt, Gavere), le père de celui-ci ainsi que d’autres jeunes gens qui l’emmènent. On lui donne à manger, on lui remet des vêtements civils et on le guide ensuite jusqu’à Gand. Le récit rapporte que Young se trouve dans le tram n° 5, assis à côté d’une dame nommée Betty LIEM et dont le mari Jean surveille la situation depuis la plate-forme du véhicule, prêt à se sauver et prévenir ses compagnons en cas de danger. Arrivé à la maison, Betty déclare à Young qu’au cas où il serait questionné, il devait se faire passer pour leur jardinier. Le récit poursuit en indiquant que les époux LIEM étaient membres d’une organisation de Résistance très efficace, procurant des renseignements sur l’ennemi, de même qu’hébergeant des aviateurs Alliés. Tommy partage le logement avec un capitaine de l’Armée Belge, une juive nommée Flore et «Susan», fille de Betty, tous trois étant recherchés par la Gestapo.

La liste des Belgian Helpers, établie peu après le conflit en vue de reconnaître l’aide apportée par des citoyens belges à des militaires Alliés, reprend Jean-Louis "LIEN", Kasteellaan à Gent / Gand. Il s’agit en fait de Jean-Louis LIEM, époux de Betty, née BEUN, tous deux repris à la liste des Justes Parmi les Nations (dossier n° 7465 de 1967 à http://www.yadvashem.org).Les époux LIEM avaient effectivement caché Flore Italiaander, née Kriksman et sa fille Cirla, respectivement épouse et fille de Jacob Italiaander, né en 1903 à Amsterdam, habitant à Anvers lors de son arrestation et déporté à Auschwitz où il est décédé en 1942. Cirla Italiaander, devenue Lewis, a écrit un livre de souvenirs «Cirla’s Story – My Childhood in the Holocaust Years», publié en mai 1995 par Minerva Press, London.

Ellis Durland, qui s'était cassé une cheville en atterrissant, sera rapidement examiné par un médecin chez des fermiers. Ceux-ci, avisés de ce que la guérison prendrait de trois à quatre semaines, déclinèrent son hébergement et Durland demanda à ce que l'on signale sa présence aux Allemands. Arrêté le 13 août 1944, il sera placé à l'hôpital de la Prison de Saint-Gilles.

Les troupes alliées approchant de Bruxelles, Young (dont nous ignorons les circonstances de l’arrestation), Durland et trois autres prisonniers sont évacués par camion le 3 septembre au matin dans un convoi roulant vers la Hollande en direction de l'Allemagne. A hauteur d'Assent, près de Diest, le convoi est attaqué par des P-47 américains et Young et Durland ainsi que deux de leurs compagnons, le 2nd Lt William J. Hewett (co-pilote du B-17 42-37949 abattu le 1er mai 1944 - E&E 1797) et le 2nd Lt William H. Stein (pilote du B-17 42-31984 abattu le 20 juillet 1944 - E&E 2318) profitent de l'incident pour s'échapper. Les quatre hommes atteignent une ferme à environ 1km, Durland ayant dû ramper pratiquement tout le temps, sa cheville n'étant pas complètement guérie. Ils y sont hébergés par Basile et Philomène COES à Bekkevoort-Assent jusqu'au 6 septembre, jour où ils sont libérés par des troupes britanniques. Durland rejoint l'Angleterre en avion le lendemain. Son rapport d'évasion porte le n° SPG 3323/2364.
Nous supposons que Thomas Young était également du voyage…


Debout de gauche à droite : George Durland, Thomas Young, John Lawrie, Reginald Orth, Martin Carter.
Devant : Lindsay "Sam" Burford et Robert Chester-Master.

Plaque commémorant l'équipage à l'entrée de l'Eglise de Bavegem.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters