Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 23 avril 2021.

Richard Alfred COPLEY / 748217
Alanshead (Aldershot ?), Farnborough, Hampshire, Royaume-Uni.
Né en Angleterre le 13 octobre 1919 / † le 8 avril 2016 à Milton, Ontario, Canada
Sgt, RAF Bomber Command 12 Squadron, opérateur radio/mitrailleur
Lieu d'atterrissage : Antwerpen-Deurne.
Vickers Wellington Mk III, n° série W5421 , PH-G, forcé à atterrir en territoire occupé le 6 août 1941 à 2h19 lors d’une mission sur des installations ferroviaires à Aachen (Aix-la-Chapelle).
Atterrissage forcé sur l'aérodrome d'Antwerpen-Deurne.
Durée : 2 mois
Arrêté le 2 octobre 1941 à Ixelles

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG/LIB n°888.

Leur appareil a décollé de Binbrook à 22h25 mais l’un de ses moteurs ne répond plus, occasionnant une perte progressive d’altitude. Le rapport LIB du pilote Roy Langlois indique que sur le vol du retour, après le largage de ses bombes sur l’objectif, l’appareil entre dans la zone de tir de la Flak d’Antwerpen / Anvers alors qu’il vole à environ 250m du sol. L’autre moteur endommagé, le pilote Langlois n’eut d’autre choix que de tenter d’atterrir quelque part. Il s'avère qu'ils atterrissent, sans le savoir, sur l'aérodrome d'Anvers-Borgerhout (aujourd'hui Deurne). D'autres appareils de la RAF lâchant des bombes à ce moment, les soldats allemands sont dans les abris. Cela donne à l'équipage 20 minutes de délai pour détruire l'appareil auquel Copley et Jack Newton, le mitrailleur avant, mettent le feu en utilisant 6 fusées d’urgence VERY dans le fuselage et à l’intérieur de l’appareil. Persuadés que l’équipage est carbonisé à l’intérieur, ce n’est qu’au matin que les Allemands se rendront compte que l’avion est vide de ses occupants. Une photo officielle de la Luftwaffe montre les débris de l’appareil le lendemain du crash.


Dans la première partie du rapport LIB du pilote Langlois (voir sa page), il est renseigné que les six hommes de l’équipage marchent environ 5km avant de décider qu’il vaut mieux qu’ils se séparent en deux groupes de trois. Le copilote, Sgt John Warren McLarnon, le navigateur Sgt Harold Joseph Edwin Burrell et le mitrailleur arrière, Sgt Robert Douglas Porteous s’en vont de leur côté, tandis que Jack Newton part avec le pilote, Roy Langlois et le radio Richard Copley (la présente fiche). McLarnon, Burrell et Porteous, passés en France via Bruxelles, seront arrêtés le 13 septembre 1941 près de Toulouse par la gendarmerie française et remis aux autorités allemandes.

Langlois rapporte que lui et ses deux compagnons marchent alors toute la nuit en direction du nord-ouest, dans le but d’atteindre la côte. Ils frappent à la porte de deux maisons durant cette nuit, mais toute aide leur est refusée. Dans l’Appendix C du rapport LIB de Langlois, il est indiqué que le 5 août (sic) à 7h00 du matin, Copley, Newton et lui sont approchés près d’Anvers par un homme (nom inconnu) qui parle parfaitement l’anglais. L’homme leur dit de se cacher jusqu’à la nuit tombée dans un champ voisin et d’attendre l’arrivée d’un fermier sifflant un air, puis de le suivre. A 21h00, le fermier (nom inconnu) arrive et les trois aviateurs le suivent jusqu’à sa ferme où ils logent dans une grange.

Copley (dont c’était la 20ème mission), Langlois et Newton marchent alors plein Sud pendant deux heures et arrivent à Boechout. Ils se reposent dans une ferme, poursuivent leur route et rencontrent un homme à bicyclette qui parle anglais (R. DEMOULIN). Il les cache dans un champ de blé jusqu'à la nuit pour aller consulter un ami à Anvers.

Les trois évadés dorment dans la ferme d'Alphonse DE VOEGT (7 Kapelleveld à Boechout) et le lendemain il leur donne des vêtements civils et brûle leurs uniformes. Le rapport de Langlois ne reprend pas le nom, citant seulement l’aide d’un fermier.

Le 6 août, une jeune femme, non nommée dans le rapport de Langlois qui renseigne seulement qu’elle portait une robe rouge, arrive à la ferme (il s’agit de Mme Marguerite VAN EECKHOVEN, du 14 Montebellostraat à Anvers/Antwerpen, la même adresse que R. DEMOULIN cité plus haut). Ils quittent la ferme à 10h00 du matin et sont conduits en tram à Anvers par Mme VAN EECKHOVEN qui les mène chez le banquier Paul DUQUENNE, 146 Belgiëlei, chez qui ils logent la nuit du 6 au 7 août. Lors du repas du soir, ils avaient fait la connaissance de Mme Raymonde TROQUET, habitant au 32 quai Orban, à Liège.

Le lendemain, 7 août, Mme TROQUET (selon Newton apparemment, Langlois disant lui que c’était la dame à la robe rouge…) les guide d’Anvers à Bruxelles, et de là à Liège, où ils arrivent vers 17h00. Les trois évadés logent du 7 au 9 août chez le docteur Octave DE BIE, 100 rue de la Station à Chênée-Liège. Les trois hommes rencontrent A. PASTEGER (habitant Le Bercail à Embourg près de Liège), qui parle bien anglais et l’ingénieur Pierre HACHA, selon lesquels il était préférable de les faire changer de cachette, vu les rumeurs circulant dans la ville quant à des aviateurs évadés.

Le 9 août, (le 14 selon Newton), ils déménagent dans une autre maison, chez Mme Henri de RYCKER (la sœur de Pierre HACHA et épouse du professeur de RYCKER enseignant à l’Université de Liège), au 11 Rue Dieudonné à Liège. Ils logent là du 9 au 12 août, mais comme les enfants de la maison posent trop de questions, ils doivent bouger. Le 12 août, Pierre HACHA arrive avec deux vélos et «à deux sur chaque vélo», Langlois, Copley et Newton sont guidés par Pierre HACHA, roulant environ 8 km dans la direction d’Aix-la-Chapelle. Ils arrivent ainsi au chalet de Mme L. FRANÇOIS à Bois-le-Comte, Gomzé-Andoumont, près de Sprimont, chez qui ils restent loger trois jours selon Langlois.

Grâce à une Madame MASSON, une réunion est organisée entre Pierre HACHA et Emile WITMEUR du réseau d’évasion BEAVER-BATON, dont le chef sera plus tard Nicolas Monami, qui s'évadera lui aussi peu après vers l'Angleterre par Comète.

WITMEUR leur rend visite chez Mme FRANÇOIS dans l’après-midi du 14 août 1941 et les conduit ensuite en bus à Liège. Il a l’intention de les mener chez lui au 195 Rue de Campine à Oupeye-Liège, mais ils doivent changer leurs plans en voyant des soldats allemands dans la rue de WITMEUR.

Le rapport de Langlois mentionne le Dr Georges GILLES, 28 Rue des Guillemins à Liège comme leur ayant trouvé du logement (ajoutant que le médecin a été fusillé en 1943 – confirmé : arrêté pour espionnage le 16 février 1943, il est fusillé à la Citadelle de Liège le 8 mai 1943). Langlois cite également pour aide à la recherche de logement Fernand CARLIER, 48 Rue Albert de Cuyck à Liège.

Vers 19h00 le même soir («vers le 15 août» selon Langlois), guidés par HACHA et WITMEUR, Langlois, Copley et Newton se rendent à pied à l’Hôtel de Provence au 127 Rue des Guillemins, toujours à Liège, l’établissement étant géré par Eugène DEMEURE, domicilié 12 Rue Rouleau à Liège. Dans une pièce à l’étage, ils rencontrent le Docteur GILLES, Paul DONEUX et Eugène VANDEWEERT (habitant également Rue Albert de Cuyck - n° 3.?). Selon Langlois, le docteur GILLES ne croit pas à l’histoire de l’atterrissage à Anvers et pense que les hommes sont des agents allemands infiltrés…

Durant la nuit, Londres, contacté par radio, confirme l’identité des aviateurs que l’on décide alors de cacher à différents endroits de Liège. Le lendemain 16 août vers midi arrive Jean HUFKENS qui mène Langlois chez lui au 6 (ou 7b) Place Saint Paul, tandis que Copley est mené à la maison du gendarme Armand LOVENFOSSE au 252 Rue du Laveu, Newton étant placé chez René DE BAETS au 82 Rue du Coq. Chez HUFKENS, Langlois reçoit la visite de Nicolas MONAMI et ils échafaudent un plan pour faire passer les évadés en France pour les emmener par avion en Angleterre. Langlois rapporte que ce plan ainsi qu’une lettre à l’adresse du ministre belge PIERLOT (en exil en Angleterre) requérant l’autorisation de débloquer de l’argent pour approvisionner la Résistance en armes, avaient été incorporés dans un cake que Langlois devait remettre en Angleterre…

Entretemps, Nicolas MONAMI et le commissaire de police Louis RADEMECKER, domicilié 47 Rue August Donnay à Liège, décident de les confier plutôt à une chaîne d’évasion de Bruxelles. Langlois indique que le 7 septembre HUFKENS le mène jusqu’à un marché à Liège où (le 8 selon Newton…) il rencontre Copley, Newton et deux hommes. Ces derniers accompagnent les trois aviateurs jusqu’à la gare où ils leur achètent des tickets de train et les accompagnent jusqu’à Bruxelles où ils arrivent vers 22h00. Il y a des différences de dates dans les versions de cette arrivée en train à Bruxelles ; on parle de la mi-août, du 8 septembre… ?) Quoiqu’il en soit, arrivés à Bruxelles, les trois évadés déambulent près de la gare jusqu’à ce que leurs guides parviennent à trouver le relais prévu. L’homme, leur nouveau guide, mène Langlois et Copley chez lui où ils restent loger quatre jours. Newton, lui, est emmené en voiture à un logement préparé pour lui, et il ne reverra plus Copley et Langlois par la suite.

Un autre évadé, Albert Day guidé dans une autre maison à Bruxelles (chez les MARECHAL, 162 rue Voltaire à Schaerbeek) indique y avoir rencontré Newton, Hilary Birk, le Sgt Copley et le Flight Lieutenant Langlois.

Le rapport de Langlois signale que le 11 septembre, la sœur de leur dernier logeur les a conduits, Copley et lui, en tram jusqu’à une autre maison dans Bruxelles appartenant au baron DONNY. Il précise qu’ils sont restés cinq jours chez ces locataires (non nommés dans son rapport) et que le baron DONNY est passé chaque jour pour leur apporter de la nourriture.

Copley et Langlois sont renseignés comme logés chez Hubert et Renée HALLUT au 85 Rue des Mélèzes à Ixelles, mais ces noms ne sont pas cités par Louis WITMEUR dans le rapport de Langlois. Il n’est pas mentionné non plus qu’ils sont ensuite confiés à Marie-Louise SCHEINS-STEYNART du 21 Avenue Montjoie à Uccle, qui les remet à Mlle Christine TELLIER à la Place Constantin Meunier n° 17 à Forest-Bruxelles.


Langlois et Copley à Bruxelles (chez ?)
Source : https://ibccdigitalarchive.lincoln.ac.uk/omeka/files/original/1525/27328/MNewtonJL742570-160715-030001.1.jpg

Le rapport d’activités de Jeanne DEPOURQUE indique que Copley et Langlois sont amenés par le baron Jacques DONNY chez elle au 51 Rue Dupont à Schaerbeek, où il viendra les rechercher après 11 jours. Jeanne MONNIER, épouse DEPOURQUE, ne se souvient plus de qui vint les reprendre, mais DONNY signale les avoir conduits chez Jean François (ou Frédéric ?) VAN DEN HOVE au 66 Rue Washington à Ixelles. Dans les documents de Jeanne DEPOURQUE figure une remise de Langlois et Copley à William REYNOLDS au 91 Rue de Livourne à Ixelles. Le rapport de Langlois (qui dit qu’il ignore l’identité de l’homme qui les a conduits en tram à Ixelles, ce qui semble confirmer qu’il ne s’agirait pas de DONNY…) précise que Jean VAN DEN HOVE l’a hébergé avec Copley, à l’étage d’un magasin de tabac, du 16 septembre au 2 octobre 1941. Il se confirme que ce magasin de tabacs-journaux était bien celui de la famille VAN DEN HOVE au 66 Rue Washington. Langlois déclare qu’ils y reçurent la visite d’une dame anglaise (nom inconnu, mais peut-être Élise REYNOLDS, née SERVAIS ?) qui devait leur procurer de faux passeports français avec des visas pour l’Espagne, VAN DEN HOVE s’occupant de fausses cartes d’identité belges. Le but était que Langlois et Copley fassent le voyage vers Montpellier en France en compagnie de trois ex-officiers de l’Armée belge, Langlois se voyant également confier divers documents donnant des renseignements militaires à destination de Londres.

C’est à cette adresse, où se trouve également un soldat écossais nommé John Ahearn (du 2nd Bataillon des Buffs, 44ème Division d’infanterie et arrêté à Dunkerque en mai/juin 1940), que Langlois ne mentionne pas. Lors d’une descente de la GFP (Geheime Feld Polizei) sur place le 1er octobre, VAN DEN HOVE sera arrêté. Copley, Langlois et Ahearn pourront momentanément s’échapper via un tunnel secret creusé en sous-sol vers les égouts par VAN DEN HOVE. Lorsque les trois hommes tentent de soulever le tampon de la bouche d’accès vers la rue, ils ne parviennent pas à dégager ce couvercle. Le tunnel est finalement découvert par les Allemands grâce au chien de la maison, mais ils ne cherchent pas assez loin et font demi-tour à seulement quelques dizaines de mètres de leur cachette. Coincés là, ils brûlent leurs papiers et après sept heures d’attente, ils sortent du tunnel, attendus à la sortie par des Allemands auxquels Langlois, Copley et Ahearn seront obligés de se rendre. Nous sommes le 2 octobre 1941.

Les trois hommes sont menés à la Prison de Saint-Gilles et placés en cellules d’isolement. Après que les geôliers aient trouvé sur Langlois des documents secrets que lui avait remis un résistant belge (apparemment tout n’avait pas été détruit… ?), lui et Copley sont menacés d’exécution. Ils seront cependant tous deux envoyés au centre d’interrogation Dulag Luft à Oberursel près de Francfort, où ils arrivent le 17 octobre 1941. Par la suite, Richard Copley, quant à lui, sera enregistré comme prisonnier n° 24364 et interné dans divers camps en Allemagne.


Photo de Richard Copley, prise le 26 avril 1945 à Bosford en Angleterre, après son retour d’Allemagne.
(Photo extraite de la page à http://www.http://www.thememoryproject.com/stories/1893:richard-a.-copley/ où on peut l’entendre raconter un court récit de son expérience).
Extraite du même site, la photo ci-dessous montre Richard Copley chez lui à Milton Ontario, Canada en 2010.

Richard Copley s’était engagé volontaire dans la réserve de la RAF en mai 1939, à 18 ans. Un peu trop petit pour suivre les cours de pilotage, son rêve, il s’inscrit au cours de mitrailleur/opérateur radio. Son instruction terminée, il est envoyé en France et affecté au 12 Squadron. Au cours d’une mission, le Fairey Battle dans lequel il se trouve est attaqué par quatre chasseurs allemands et Copley doit quitter l’appareil en feu. Un pied blessé, sans sa botte, il échappe aux patrouilles allemandes et est pris en charge par quelques soldats français. Après un séjour dans un hôpital de campagne, il est rapatrié par bateau en Angleterre et reste en convalescence dans un hôpital avant de passer trois semaines dans sa famille. Il reprend du service dans le 12 Squadron et effectuera quelques missions encore avant la date fatidique du 6 août 1941.

Après son retour de captivité en 1945, Copley rencontra sa future épouse Betty. Ils se marièrent en 1947 et émigrèrent au Canada.

Les photos de Copley en médaillon en tête de page ainsi que de nombreux renseignements proviennent du site de notre ami John Clinch à http://home.clara.net/clinchy/neeb1b.htm et aux pages suivantes.


Article dans un journal liégeois de septembre 1946, mentionnant Langlois et ses co-équipiers Newton et Copley
(source : https://ibccdigitalarchive.lincoln.ac.uk/omeka/collections/document/27438


Photo prise en 1947 lors d’une reunion à Bruxelles de membres de la Royal Air Force et de Résistants belges qui les avaient aidés.
Richard A. Copley (au centre à droite, fumant une cigarette) se trouve derrière Betty Barlen, qui deviendra bientôt sa femme.
Émile Witmeur (en chemise blanche, au milieu) se trouve derrière son épouse Jeanne Vereecke Witmeur.
Le S/Ldr. Roy Langlois est au milieu, entre Witmeur et Copley. Alfred Newton est à l’arrière, juste derrière Copley.
Photo de Richard Copley provenant du site https://www.thememoryproject.com/stories/1893:richard-a.-copley/


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters