Dernière mise à jour le 7 juin 2022.
Ronald Thomas EMENY ("Curly")/1383167
36 Manton Road, Abbey Wood, Londres SE2, Angleterre.
Né en 1924 / † le 8 décembre 2001.
Sgt, RAF Bomber Command 207 Squadron, mitrailleur dorsal.
Lieu d'atterrissage: dans le Loiret, France.
Armstrong Whitworth Lancaster Mk.II, ND556, EM-F, abattu le 3/4 mai 1944, mission sur un camp d’entraînement de Panzers à Mailly-le-Camp (Marne).
Écrasé entre Chaintreaux et La Bosse, à environ 12 Km au sud-est de Nemours (Seine-et-Marne), France.
Durée : 4 semaines.
Passage des Pyrénées : le 4 juin 1944.
Rapport d'évasion SPG 3320/2001 complet.
Le Lancaster décolle à 22h03 de Spilsby. Peu après le largage des bombes, il est attaqué par un chasseur de nuit, qu’il parvient à esquiver, mais il ne résiste pas aux assauts d’un deuxième chasseur. L’appareil est trop endommagé et le pilote donne l’ordre de l’évacuer.
Selon les témoignages des rescapés, le pilote resta aux commandes afin de permettre au reste de l’équipage de sauter en parachute. Le mitrailleur arrière Sgt Ronald Ellis ne parvint pas à s’extraire de sa tourelle touchée durant l’attaque. Il est tué avec le pilote, le néo-zélandais W/O Leslie Harry Lissette. Selon W. R. Chorley "Royal Air Force Bomber Command Losses of the Second World War", Leslie Lissette, gravement blessé, serait décédé peu après son admission à l’hôpital français où il avait été amené. Selon un rapport d’enquête de la Royal New Zealand Air Force (Halifax House, 51 Strand London WC 2 en date du 6 juin 1945) transmis en 2017 par Brian Lissette, neveu du pilote, de Tauranga (Nouvelle Zélande), les restes de son oncle ont été retrouvés près de ceux du mitrailleur arrière Ron Ellis dans les débris de l’avion. Ce document s’appuie sur le récit des gendarmes de Souppes-sur-Loing venus sur place au moment du crash et qui ont précisé que :
Tous deux reposent au cimetière communal de Chaintreaux (commune du crash) dans une tombe jointe ce qui corrobore le fait qu’ils soient morts dans le crash. (Nouveau récit proposé, correspondant aux informations recueillies auprès de Brian Lissette le neveu du pilote Leslie Lissette et auprès de Ian King petit fils de Philip King)
En plus d'Emeny, gravement brûlé, les autres évadés de l'équipage sont : le mécanicien Sgt Nicholas John Stockford, (SPG 3320/2030 – traverse les Pyrénées le 21 juin et passe au Portugal) ; le navigateur F/Sgt John Pittwood (SPG 3320/1988 – évacué par Bourgogne/Burgundy, passe les Pyrénées en juin 1944 vers Isaba) et l’opérateur radio Sgt Philip Norman King (SPG IS.9 3348-8/527 – a rejoint la résistance et un groupe de SAS selon le témoignage transmis par son petit-fils Ian King, il combattra jusqu’au 22 août 1944 en France et sera considéré comme "libéré" ce jour-là. ). Un quatrième évadé, le Sgt Laurie Wesley (bombardier) fut arrêté à Paris le 4 juillet 1944 et interné, d'abord à Buchenwald, ensuite au Stalag Luft 3.
D'avantage d'informations à propos de Ronald Emeny se trouvent sur ce site du 207 Squadron.
Ronald Emeny et John Pittwood se retrouvent après leur atterrissage. Emeny est guidé par un fermier chez le docteur THOUVENY, à La Selle-sur-le-Bied, près de Griselles, dans le Loiret. Le docteur soigne les brûlures d’Emeny et le place avec Pittwood jusqu’au soir dans une maison du village. Les deux évadés vont ensuite chez le maître d'école (Mr MARCHENOIR ?), puis sont guidés dans une ferme près de Louzouer, chez Edouard TRIPOT, dont le fils Lucien est actif depuis 1941 dans la Résistance. [voir en bas de page.] Emeny est fréquemment visité par le Dr Robert SALMON de Château-Renard, chef de la Résistance locale. Après plusieurs jours, le médecin lui dit qu'il doit venir chez lui, car les Allemands vont trouver suspect toutes ses visites à la ferme. Le 10 mai, il le prend donc en voiture à Château-Renard. Pittwood, lui, reste à la ferme et Emeny ne le reverra plus par la suite, lui-même restant chez le docteur, soigné quatre fois par jour. Les Allemands faisant une fouille de toutes les maisons pour trouver des couvertures, Emeny doit quitter l’habitation du médecin le 21 mai pour retourner à la ferme des TRIPOT. Jean AVIGNON de Courtenay [un Bernard AVIGNON est recensé dans la liste es helpers de l'IS-9] le prend en photo et indique à Lucien TRIPOT de l'emmener dans une petite gare ce même jour. Il le retrouvera dans le train en direction de Paris. Durant le voyage, TRIPOT termine la confection de sa carte d'identité.
Ils passent une nuit dans l'appartement d'un ami de Jean AVIGNON, et le chef de leur groupe vient voir Emeny le lendemain (peut-être Yves ALLAIN "Grégoire"). Ce chef arrive donc (ce serait le 31 mai) accompagné de Robert Banks et Gordon Hand. Ils traversent tous Paris à pied, et vont dans un parc attendre une blonde nommée "Françoise" (Françoise VANDEVOORDE, épouse de Maurice VANDEVOORDE, 167, Avenue de la République à Fontenay-sous-bois). Elle arrive en compagnie du garde républicain Georges PREVOT et vont dans l'appartement de ce dernier au 20 Boulevard Sébastopol à Paris IVe. Ils y rencontrent sa sœur Geneviève ROCHER, née PREVOST et son mari, Jean ROCHER.
Emeny, Banks et Hand restent quatre jours dans l’appartement de Georges PREVOST. Le troisième jour, le Lt Jack Cornett les rejoint et le lendemain, tous sont conduits dans un garage où ils rencontrent Philippe d'ALBERT-LAKE, le gérant parisien de la compagnie P&O. Il les emmène chez lui au 12 rue Danton à Levallois-Perret et ils rencontrent sa femme américaine, Virginia FRANKLIN ROUSH.
Ronald Emeny, Banks, Hand, Cornett et Thomas Hubbard se trouvent tous par la suite, le soir du 31 mai, dans l'appartement de Philippe et Virginia d'Albert-Lake, 1bis rue Vaneau à Paris lorsqu'y arrive Léonard Barnes. Donald Willis se retrouve également là avec les autres.
[Georges PREVOST, sa fiancée Raymonde GACIN, Jean ROCHER et son épouse Geneviève, ces deux derniers aussi membres du Réseau Bayard (affilié au Groupe Libération-Nord), dénoncés par le traître Guy de Marcheret alias "Captain Jack", sont arrêtés le 11 août 1944 et tous trois déportés par le convoi quittant Paris le 15 août 1944 à destination de l’Allemagne. Seules Geneviève ROCHER et Raymonde GACIN reviendront des camps, Georges PREVOST et Jean ROCHER y trouvant la mort, Georges, à 40 ans, à Ellrich le 11 janvier 1945 et Jean, à 39 ans, à Dora le 27 octobre 1944.]
Philippe d'ALBERT-LAKE n'ayant pu obtenir que 5 tickets de train pour Bordeaux, Banks et Hand sont forcés de rester à Paris, et des arrangements sont pris pour les diriger vers un camp au Sud-Ouest de Paris (Fréteval).
Le rapport de Barnes précise que le 1er juin, Emeny, Hubbard, Cornett et lui ont pris le train pour Bordeaux, avec un seul guide (d’autres sources indiquent que le groupe serait descendu de Paris à Bayonne avec Marcel ROGER et Robert CAMUS comme guides). Le groupe d’évadés arrive à Bordeaux à 18h30, se promène dans un parc jusqu’à environ minuit avant de prendre un train pour Bayonne. Ils descendent à Boucau, avant Bayonne, qu’ils traversent à pied jusqu’aux faubourgs où ils arrivent à un petit café. Peu avant minuit, le patron du café les emmène voir leur premier guide et le groupe loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
C'est le 98e passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). Voir le récit de Leonard Barnes.
Emeny quitte Gibraltar le 24 juin et arrive le lendemain à Whitchurch, en Angleterre. Il est interrogé ce 25 juin par le MI-9. Il poursuit une carrière dans diverses unités de la RAF et quitte le Service en 1965, ne souhaitant pas un poste au sol à Northwood. Après une activité professionnelle dans le domaine automobile puis dans l’aide aux malades mentaux à Northampton, il prend une retraite anticipée.
Il s’occupe de l’Aviation Heritage Center à East Kirkby, près de Spilsby ( http://www.lincsaviation.co.uk/), participant à la création là de l’Escape Museum. Selon ses dernières volontés, ses cendres ont été dispersées sur le terrain de l’ancien aérodrome de Spilsby.
Un arbre a été planté en sa mémoire à East Kirkby.
[Une "histoire" nous est parvenue disant que Ron Emeny aurait atterri dans les bras de gens du maquis et aurait combattu avec eux jusqu'à sa capture. Il aurait été emmené au QG de la Gestapo à Paris. Après six semaines d'interrogatoire, un groupe d'officiers serait venu le chercher "pour l'emmener à Dachau". Une fois hors de vue, ils se seraient révélés être des résistants du maquis qui l’auraient ensuite fait évacuer vers l'Angleterre. Nous ne connaissons pas l’origine de ce récit trouvé dans une coupure de presse du 4 octobre 1996. Nous le mentionnons ici dans l’espoir que les faits prouvés par les archives mettent fin à la diffusion – et à la crédibilité - de pareilles légendes.]
Lucien TRIPOT avait trouvé le parachute de Ronald Emeny et l’avait conservé chez lui jusqu’au 23 août 1944, date de la libération de son village. C’est dans la toile de nylon du parachute que son épouse Paulette a confectionné sa robe de mariée en 1947. La robe est exposée au Mémorial de Caen.
Lucien TRIPOT, né le 16 juillet 1923, est décédé le 21 août 2012.
Un photo-montage réalisé par Brian et Jean Lissette se trouve à cette page de YouTube