Dernière mise à jour le 2 août 2018.
Donald Kenyon WILLIS / O-885159
Leavenworth, Indiana.
Né le 07 août 1911 à Marion, Indiana / † le 27 avril 1977 à Ocala en Floride.
major, USAAF 20 Fighter Group, HQ 67 Fighter Wing, 55 Fighter Squadron, pilote.
Lieu d'atterrissage : atterrissage forcé dans un champ le long de la Rolleweg, près de Oud Gastel, province de Noord-Brabant, Pays-Bas.
Lockheed P-38 Lightning, 42-68077, KI-X, abattu le 10 avril 1944 lors d'une mission de mitraillage sur le champ d’aviation de Gütersloh, Allemagne.
Écrasé à Oud-Gastel, au Nord de Roosendaal, Noord Brabant, Pays-Bas.
Durée : 8 semaines.
Passage des Pyrénées : le 04 juin.
Rapport de perte d'équipage MACR 3616. Rapport d'évasion E&E 800 disponible en ligne.
Donald Willis s'était engagé dans l’Armée de l’Air finlandaise en 1940 pour combattre l’invasion soviétique de ce pays. Il n’y participa cependant pas aux combats aériens et partira ensuite en Norvège pour rejoindre la Force Aérienne de ce pays et combattre les Allemands. Après la chute de la Norvège, il retourne aux Etats-Unis et dans la seconde moitié de 1940 passe au Canada pour s’engager dans la Royal Air Force Volunteer Reserve. Arrivé en Angleterre, il est versé en mai 1941 dans le "Eagle Squadron" - 121 Sqn RAF - formé de volontaires américains . Après l’arrivée de l’USAAF en Angleterre, il est transféré le 20 octobre 1942 au 4th Fighter Group/335th Fighter Squadron avec lequel il participe à de nombreuses mission jusqu’en avril 1943, peu après sa promotion au grade de Capitaine. Il est par la suite transféré au 20th Fighter Group basé à King’s Cliffe.
Parti de King’s Cliffe, Willis perd un moteur près de l'île de Walcheren et se pose en catastrophe près de Oud Gastel, entre un étroit canal de dérivation (le Bansloot) et un terrain de football plein de monde (environ 500 personnes), celui du Sport Club Gastel. Il s'extrait de sa cabine et part avec un des vélos laissés sur place, et un long manteau rouge contenant dix gulden et une montre. Il pédale parmi d'autres en direction des soldats allemands venus fouiller la zone. Il reste à côté d'une femme qui le regarde du coin de l'oeil mais ne dit mot. Un article local mentionne, sans autres détails, l’aide d’un sabotier de Oud Gastel, "Kuppes", repris à la liste des Helpers hollandais comme étant Jan KUPPENS, du Meir A41 dans cette localité.
Au prochain village, il gare son vélo et tente de réfléchir à la suite de son évasion. Un camion de soldats allemands arrête devant l'église et les soldats s'alignent sur deux rangées pour commencer à fouiller les champs voisins avec des chiens. Il se terre dans un des champs qu'ils ont fini de fouiller. Il est vu par la fermière qui lui dit qu'il ne peut rester là. Il la comprend car il parle le norvégien, qui ressemble assez au néerlandais. Il part alors se cacher dans un fossé de drainage. Le soir, il part vers le Sud-Ouest au compas. A minuit, il est presque vu par trois soldats mais passe inaperçu de cette relève d'un canon anti-aérien.
Il est repéré dans une haie par un garçon et une fille qui reviennent avec de la nourriture. Le garçon le mène à Rosendaal vers les 8 heures le 11 avril. Il trouve la chaussée d'Anvers et la suit à distance dans les champs. Il arrive à Esschen sans avoir parlé avec quiconque. Bloqué à un contrôle, il se cache dans un bosquet et observe, suivant les agriculteurs qui rentrent chez eux le soir. Il suit alors une voie ferrée et va dormir dans une meule de foin. Il marche encore toute la journée du 12 avril et arrive ainsi à Anvers, où il tombe nez-à-nez avec les occupants d'une batterie de Flak qui lui font signe de s'éloigner. Il se recache dans une meule mais ne peut dormir à cause du froid. Il va à une ferme où on lui dit de revenir la journée. Le 13, il reçoit à manger et on ne lui demande rien.
Il se rend alors à Anvers et s'adresse à un homme qui le fait rentrer après lui avoir demandé s'il était Américain. Il reçoit 230 FB et il lui explique comment prendre le tram jusqu'au Sud de la ville pour 1 franc. A la sortie d'Anvers, il demande une bière dans un café et le tenancier l'emmène à l'arrière pour lui donner du pain et des œufs. On ne lui demande rien, mais le tenancier brosse la paille de son manteau en souriant. Dans une gare, il demande un ticket pour Bruxelles, mais le chef de gare le conduit chez quelqu'un qui parle anglais. Alors que Willis est en train de manger, on entre et on explique que la police est au courant de sa présence. Il part et atteint Boom en fin d'après-midi, mais est à nouveau bloqué par un poste de contrôle et s'endort dans une meule. Le lendemain, il se mêle à des ouvriers qui portent des poteaux de l'autre côté du poste en profitant d'une diversion quand des femmes parlent avec les soldats. Il se cache dans un bois où il voit que ces ouvriers coupent les poteaux sous la surveillance d'un soldat armé.
Il arrête pour boire une bière plus loin et un homme le suit qui lui demande s'il n'est pas Américain. A partir de là, "son évasion est arrangée". Il s'agit d'un vétéran de 14-18 qui le conduit de Breendonck à Willebroek, chez un Hector, inspecteur à la SNCB. Il y reste 2 jours et un résistant nommé Albert vient le prendre et le conduit dans une école catholique à Bruxelles. Le chef d'une section de la Croix-Rouge, en uniforme belge, lui présente un homme qui peut le ramener en Angleterre. Il est conduit chez une femme vivant seule. Il y reste 3 jours puis déclare qu'il partira seul. Elle rappelle son guide et il est déménagé dans une autre maison où est John Meredith, qui ne veut pas partir. Il reçoit ses plaquettes d'identification et les remettra au consul américain à Madrid.
Un jour, à Bruxelles, il voit passer un raid de B17 et un des bombardiers est abattu. Il voit un des parachutes tomber dans un jardin voisin. Un motocycliste allemand se rue vers la maison et l'aviateur enfourche sa moto et disparaît, applaudi par les gens.
Willis dit qu'il est resté à Bruxelles avec Henri MACA. Henri lui présente Mme PALMER du 20 Boulevard Général Jacques en le conduisant loger chez elle. Son fils (identifié : Victor J. Palmer) a étudié à l'université de Berkeley et servirait dans le Corps des Marines. Mme Eugénie PALMER, née JANS, divorcée de l'Américain Thomas Palmer avait à cette époque la nationalité luxembourgeoise et vivait dans cet appartement bruxellois avec sa sœur Suzanne. Elle lui remet 3.000 FB contre un chèque bancaire américain. MACA le conduit alors chez Gaston MATTHYS un samedi et il y voit Thomas Hubbard.
Willis est passé à Bruxelles via le groupe BRUSSELMANS. Il est reçu de Simone SCHREYEN par Germaine LUNQUICH qui le loge un jour le 01 mai 44 et le lui remet le lendemain. Il est hébergé par Yvonne BIENFAIT à Schaerbeek du 05 au 29 mai 44. Il part ce jour à Paris avec Henri NYS.
Willis y est logé dans l'appartement au 1bis Rue Vaneau chez Virginia d'ALBERT-LAKE où il rencontre d'autres aviateurs, dont les quatre qui vont l'accompagner par la suite dans son évasion. Il s'agit de Thomas Hubbard, Léonard Barnes, Jack Cornett et Ronald Emeny.
Son récit devient alors identique à celui de Léonard Barnes.
Descendu de Paris à Bayonne par Marcel ROGER et Robert CAMUS. Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
C'est le 98e passage de Comète, par Souraïde, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). Willis remet 2.000 FF au réseau et donne 50 FF aux guides. Voir le récit de Leonard Barnes.
Willis passe à Madrid le 24 juin. Il est interrogé oralement à Gibraltar le 26 juin, sans rapport écrit de sa part. Le 27, il décolle pour l'Angleterre et atterrit à Whitchurch le 28.
A son arrivée en Angleterre, il fut immédiatement conduit à Londres où il subit un interrogatoire serré dès le 28 juin aux fins de déterminer s'il était vraiment Donald K. Willis. Après cette période de mise au secret, ce n'est que le 1 juillet qu'il put savourer la liberté et prendre contact avec le monde extérieur. Ayant rejoint le 4th Fighter Group à Debden, Willis reprit du service sur P-47 le 3 juillet déjà. Il effectua encore des missions jusqu'à la fin de la guerre, abattant un chasseur ennemi au cours de l'une d'elles. Il resta dans l'Air Force jusqu'en 1953.
Erna Wijnants a publié un article à son sujet en 2014 dans la revue “Jaarboek van de heemkundekring "Het Land van Gastel"” (NL2014 ) : "Donald Kenyon Willis (1911-1977) : Een noodlanding in Oud Gastel". Nous n’avons malheureusement pas pu nous procurer un exemplaire de cet article.