Personne capturée durant son évasion

Dernière mise à jour le 31 mars 2017.

Reginald Arthur HEBDITCH / 162600 & 1315458
14 Old Turnpike Road, Fareham, Hants, Hampshire, Royaume-Uni.
Né le 19 décembre 1920 à Southampton / † ?
Sgt, RAF Bomber Command 101 Squadron, opérateur radio/mitrailleur.
Atterri "à 40 miles - 65km - au sud de Liège" (selon l’itinéraire qu’il rapporte avoir suivi, il nous paraît que ce devrait être au sud-est de Liège, à l’est de Malmédy… ?)
Avro Lancaster, DV285, SR-Q, abattu la nuit du 26 au 27 novembre 43 lors d'une mission sur Berlin par l'Hptm Eckart-Wilhelm von Bonin du II/NJG1.
Écrasé dans le Bois de Sy, à 15 km au sud d'Aywaille, au sud de Liège, Belgique.
Durée : 2 mois.
Arrêté : à Paris le 20 janvier 1944.

Informations complémentaires :

Rapport d’évasion établi après sa libération SPG-LIB/1196.

Le Lancaster décolle de Ludford Magna à 17h13. Attaqué par le chasseur allemand en route vers l’objectif, l’appareil prend feu, les moteurs s’arrêtent et il tombe en chute libre vers le sol. Sur les 8 hommes à bord, cinq seront tués : le mécanicien P/O Stanley Mayer, le bombardier F/O Albert W. Gadd, le mitrailleur dorsal Sgt Robert Stott, l’opérateur radar Sgt John K. Robertson et le mitrailleur arrière Sgt Kenneth N. Hicklin. Ils reposent tous au Heverlee War Cemetery près de Leuven / Louvain, Belgique.

Parmi les trois survivants, le pilote P/O A. J. S. Walker fut fait rapidement prisonnier et envoyé au Stalag Luft 1 à Barth en Allemagne, Reginald Hebditch (la présente fiche) ne pourra éviter qu’un temps la capture et le navigateur P/O Jack George Blandford (RAF 158898 et 1153789), qui volait sur sa 2ème mission, réussira son évasion, rentrant en Grande-Bretagne en octobre 1944 (n° de rapport d’évasion SPG inconnu.)

Reginald Hebditch rapporte qu’il ignore la localité du champ dans lequel il est tombé en parachute "à 40 miles – 65 km - au sud de Liège" et qu’il a marché toute la journée du 27 novembre en direction de l’ouest, en évitant les villages. Dans la soirée, il s’introduit (nous comprenons par effraction) dans une maison et y trouve quelques vêtements civils. Il se remet en route vers le sud-ouest et après avoir marché pendant quatre jours et quatre nuits, épuisé, il pense que le moment est venu de prendre contact avec des civils.

Arrivé à Septon, près de Durbuy, il frappe à la porte d’une petite maison où deux dames âgées lui donnent à manger et un lit pour dormir. L’Appendix A de son rapport LIB mentionne "Mme F. Thorncham, Septon" qui l’a aidé, l’a nourri et a donné de l’argent pour sa subsistance (La liste des Helpers belges reprend Schio TORNHYM à Cardeneux, Ocquier, localités proches de Septon… et un récit de Pol Matagne concernant la Résistance dans la région mentionne un TORNHYM, connu comme "Monsieur Albert"…. et qui, arrêté lors d’une rafle le 17 juillet 1943, a été envoyé au camp de Dachau en Allemagne. La dame qui a aidé Hebditch doit donc être son épouse.) Deux jours après son arrivée chez Mme TORNHYM, Hebditch se réveille à l’arrivée d’une dame qui le mène à la maison d’un homme qui le cache et s’occupe de lui pendant une semaine. Il mentionne "DEMBLON" ailleurs dans son rapport pour ce séjour et il doit donc s’agir du couple de fermiers, Jules DEMBLON et son épouse, née DUJARDIN, qui l’hébergent pendant 7 jours à Septon. Pendant son séjour là, le curé du village voisin ("BONSIN") lui rend visite et lui apporte des faux papiers et des vêtements civils. Il s’agit de l’abbé Lambert BONMARIAGE, curé de Bonsin-Ocquier, pseudo "Arthur", très actif dans la Résistance locale.


Lambert BONMARIAGE ("Arthur") dans la Résistance au maquis de Somme-Leuze
(photo extraite d’un fichier PDF "Avec les Maquisards de Somme-Leuze", rédigé par Pol Matagne
et téléchargeable à http://www.eglise-romane-tohogne.be/environs/region_deux_guerres.html)

L’abbé BONMARIAGE vient alors chercher Hebditch chez les DEMBLON pour le mener loger chez lui à Bonsin pendant huit jours. C’est à Bonsin que Hebditch rencontre l’aviateur américain Robert Wernersbach. Le rapport d’activités de René PONTY, de Comète, renseigne que c’est Joseph GUISSART de Nandrin-lez-Huy (chef du IIe secteur de la Section 2001 de l’Armée Secrète et également localisé à Fraiture…), qui lui confie Hebditch et Wernersbach le 8 décembre 1943. Ce jour-là, PONTY et Marie-Eugénie JADOUL conduisent Hebditch et Wernersbach en train à Bruxelles via Namur. Les deux aviateurs sont dès lors pris en charge par le Groupe EVA et Hebditch est hébergé par René PONTY au 18 Rue du Cadran à Saint-Josse-ten-Noode du 8 au 25 décembre 43.


Robert Wernersbach (gauche) et Reginald Hebditch (droite) chez René Ponty.


A table chez Ponty avec Gaston Matthys et Marie-Eugénie Jadoul.


Ci-dessus, la nuit de Noël 1943 chez Ponty, avec René Ponty (et sa mère et son fils ?) et Marie-Eugénie Jadoul.

Hebditch loge ensuite du 25 au 30 décembre chez Yvonne BIENFAIT à Schaerbeek, puis retourne chez René PONTY du 30 décembre au 6 janvier 44, avant d'être remis à Gaston MATTHYS. Les archives de Comète mentionnent que Hebditch est remis par Gaston MATTHYS à Jules DRICOT et qu’il part en train pour Paris le 6 janvier 1944. Hebditch indique que le voyage se fait en compagnie d’un aviateur canadien, sans citer son nom. Il s’agit en fait de Frederic Boulter. Les deux hommes descendent du train à Tournai, d’où ils poursuivent à pied jusqu’à la frontière, qu’ils passent près de Hertain, arrivant à Chéreng en France. Hebditch mentionne qu’ils ont été hébergés là par un receveur des Postes. Il s’agit de Jean VANDENEECKHOUTTE, du 45 Route Nationale à Chéreng, qui leur apprend que l’organisation (Comète) avait été démantelée par la Gestapo à Paris. On envisage dès lors d’éviter un passage par Paris et de tenter de gagner la frontière espagnole à vélo.

Apprenant peu après que la ligne avait été rétablie, Hebditch rapporte qu’après leur séjour d’une dizaine de jours chez VANDENEECKHOUTTE, Boulter et lui sont guidés en train vers Paris par deux jeunes Français. Arrivés dans la capitale française, ils sont conduits dans une maison dans les faubourgs. De là, ils sont menés par un autre Français à pied vers une autre maison. Hebditch indique qu’alors qu’ils marchent dans les rues de Paris, ils sont arrêtés par la Gestapo, qui lui semble les avoir attendus. On conduit les deux aviateurs au QG de la Gestapo où ils sont brièvement interrogés. De là, ils sont menés à la Prison de Fresnes, où Hebditch signale avoir été interné pendant six semaines, au cours desquelles il subit de nombreux interrogatoires. Vers la mi-mars 1944, il est envoyé au centre d’interrogation Dulag Luft près de Frankfurt, après quoi on le transfère au Stalag Luft VI (Heydekrug) - Prisonnier No. 2876. Il y reste jusqu’au mois de juillet pour être interné au Stalag 357 de Thorn. Vers la mi-août, il est finalement transféré au Stalag 357 à Fallingbostel, d’où il est libéré le 6 mai 1945 par des troupes Britanniques.

Reginald Hebditch est rapatrié en Angleterre et est interviewé le 8 octobre par le M.I.9 pour l’établissement de son rapport LIB, qui sera diffusé le 7 novembre 1945.

Reginald Hebditch avait reçu la Distinguished Flying Medal (DFM) pour sa conduite héroïque lors de la mission sur Hannover durant la nuit du 27 au 28 septembre 1943. Les motifs de cette distinction ont été publiés dans la London Gazette du 5 novembre 1943 :



© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters