Dernière mise à jour le 6 août 2022.
Robert Francis WERNERSBACH / O-734520
126 Meadbrook Road, Garden City, Nassau County, New York
Né le 12 août 1920 à Brooklyn, New York / † 13 juillet 2002 à Garden City, New York
2nd Lt, USAAF 381 Bomber Group 535 Bomber Squadron, bombardier
Atterri aux environs de Amay, à 5 km au nord-est de Huy, Province de Liège, Belgique.
Boeing B-17F-DL Flying Fortress, n° série 42-3540, MS-N / "Bacta-th'-Sac", abattu le 1er décembre 1943, lors d'une mission sur Solingen/Leverkusen.
Écrasé entre Antheit et Ampsin, au nord-est de Huy, Province de Liège, Belgique.
Durée : 5 mois
Passage des Pyrénées : le 3 mai 1944
Rapport de perte d'équipage MACR 1660. Rapport d'évasion E&E 665 disponible en ligne
Le B-17 décolle de Ridgewell vers 08h00 et Wernersbach rapporte que le moteur n° 2 est touché juste avant d’atteindre Solingen et que le n° 3 ne fonctionne pas normalement. La Forteresse est observée virant pour s’éloigner de la zone de l’objectif juste après le largage de ses bombes.
La cause de la perte de cet appareil n'est pas apparue clairement. Ce qui est certain, c’est qu’il fut attaqué par des chasseurs allemands Fw190 et Me110 sur le vol du retour et que le mitrailleur arrière S/Sgt Edgar G. Delp, grièvement blessé au flanc gauche, à l’avant-bras gauche et dans une cuisse, dut être aidé à évacuer l’appareil. Il se retrouvera à la Prison de Saint-Gilles à Bruxelles avec le pilote Hess et le navigateur Randle également arrêtés, qui constateront qu’il ne fut pas bien soigné ni nourri les 3 premiers jours. Ils le verront pour la dernière fois le 3 décembre lorsqu’il descendra du camion qui le dépose à un hôpital de la Croix Rouge à Bruxelles. Dans une lettre à sa mère datée du 5 décembre, Delp indique qu’il se trouve dans un hôpital et qu’il pourrait être retapé dans quelques semaines, s’attendant à être expédié en Allemagne dès sa guérison. Il est signalé comme décédé de ses blessures le 12 décembre 1943 (apparemment dans un hôpital à Liège.) Il repose au Cimetière Américain des Ardennes à Neupré (Liège), Belgique.
Sept hommes sont faits prisonniers (le pilote 2nd Lt Warren C. Hess ; le navigateur Lt David Sloane Randle ; le radio T/Sgt John F. Regan ; le mécanicien T/Sgt Albert Gardella, d'abord évadé; le mitrailleur ventral, blessé, S/Sgt William Merle Macklin et les mitrailleurs latéraux S/Sgt Philip F. Burke et S/Sgt Allan G. Ludwig.)
Le co-pilote 2nd Lt Charles Smith parviendra également à s'évader, sera arrêté par la suite mais échappera à la déportation vers l’Allemagne.
Le rapport E&E de Robert Wernersbach, dont c’est la 6ème mission, comporte 31 pages, en désordre, beaucoup d’entre elles faisant double emploi. Nous avons tenté au mieux d’exploiter ce document manuscrit, difficilement lisible, et avons complété ses informations peu détaillées par d’autres éléments figurant dans des archives belges.
Wernersbach pense être le dernier à sauter, d’une altitude de 2500 m, et délaie l’ouverture de son parachute. Il atterrit dans un champ non loin d’une ferme dont les occupants lui donnent à manger, des chaussures, un manteau et un chapeau puis le font se cacher dans une étable. Une heure plus tard, un homme d’environ 26 ans arrive de Huy et le mène chez lui à 2km de la ferme. L’homme y vit avec sa femme et leur bébé. On lui remet de faux papiers et un vélo et il accompagne ensuite l’homme jusqu’à la maison de ses parents à Huy où Wernersbach pourra loger. Le même soir, un prêtre officiant à Huy arrive et, comme il parle un peu l’anglais, ils entament une conversation. Le lendemain matin, on le guide à vélo vers Clavier au sud de Huy où il arrive au 59 Rue de la Station chez Victor THIRION, 55 ans, son épouse, 45 ans et leur fille de 20 ans, où il loge jusqu’au 8 décembre. THIRION lui montre quelques questionnaires reçus d’Angleterre par pigeon et concernant d’éventuelles informations militaires. Wernersbach lui remet ce qu’il lui reste de son kit d’évasion, sa boussole, de même que 25 Livres sterling dont il disposait. Les THIRION lui déclarent qu’ils mettront tout cela dans une enveloppe et lui retourneront tous ces objets ainsi que son uniforme après la guerre…
Wernersbach indique que le 7 décembre, il avait été rejoint chez THIRION par Reginald Hebditch (qui venait de chez l’abbé Lambert BONMARIAGE de Bonsin à quelques kilomètres de Clavier).
Bob Wernersbach mentionne que le 8 décembre 1943, un homme (55 ans) et une dame (30 ans et travaillant dans un musée à Bruxelles) les conduisent à Namur. (L’homme doit être Joseph GUISSART de Nandrin-lez-Huy). Wernersbach rapporte que Hebditch et lui sont alors rejoints dans un restaurant par 2 autres personnes venues de Bruxelles. Il s’agit de René PONTY et Marie-Eugénie JADOUL, qui guident les deux aviateurs en train jusqu’à Bruxelles.
Selon Wernersbach, il ne reste loger que 3 jours chez les PONTY, au 18 Rue du Cadran à Saint-Josse. Le rapport de PONTY le renseigne comme hébergé chez lui du 8/9 au 12 décembre 43, avant d'être remis à Gaston MATTHYS (Wernersbach rapporte que ce transfert se déroule dans un parc en ville le 11 décembre et ne cite que "Gaston", âgé d’environ 40 ans et l’un des chefs de l’organisation…) MATTHYS le conduit ensuite chez Marguerite VERMEIRE-JADOT, institutrice, au 25 Rue des Mimosas à Schaerbeek jusqu'au 26 décembre, date à laquelle il doit changer de cachette, les VERMEIRE devant se rendre à Liège pour rendre visite à la mère de Marguerite.
Gaston MATTHYS conduit alors Wernersbach chez Maurice et Yvonne OLDERS au 7 Rue du Foyer Schaerbeekois à Schaerbeek, qui l’hébergent jusqu'au 6 janvier 44. [Cette adresse et le nom Olders sont repris au rapport de Wernersbach, mais Yvonne, veuve Olders, est renseignée au 187 Rue des Tanneurs à Bruxelles dans la liste des Helpers établie après la guerre. Maurice OLDERS a été arrêté vers la fin du mois de mars et envoyé au camp de Buchenwald par le convoi du 19 juin 1944. Prisonnier n° 60301, il est mort à 47 ans à Ellrich (Dora) le 11 décembre 1944.] Le 4 janvier Gaston MATTHYS vient chez les OLDERS pour annoncer à Wernersbach qu’il partirait le lendemain et le 5 janvier il est rejoint là par Bill Grosvenor, amené par MATTHYS. Celui-ci remet de faux papiers d’identité à Wernersbach puis le guide avec Grosvenor jusqu’au haut de la rue où ils sont confiés à un autre homme qui les guide à pied vers une gare, où le contact prévu n’arrive pas.
MATTHYS conduit alors Wernersbach et Grosvenor chez l’imprimeur Roger BUCHET, son épouse Maria et leurs fils Roger, 30 ans et Paul, 26 ans, au 82 Rue Saint Henri à Woluwé-Saint-Lambert, chez qui ils rencontrent trois autres évadés. Il ne les identifie pas, mais il s’agit de Thomas Reynolds, Clayton Mac Lachlan et Alexander G. Dumbrell. Wernersbach déclare qu’ils sont restés là jusqu’au 12 janvier…
Toujours selon le rapport de Wernersbach, ce 12 janvier, Grosvenor et lui sont confiés dans la rue à un autre homme qui mène Wernersbach chez un plombier près de l’Avenue Louise, Grosvenor étant placé ailleurs. Le plombier est en fait Emile ROISEUX, du 81 Rue de Livourne à Ixelles, chez qui il reste 3 jours (les archives de Comète parlent d’un séjour de deux semaines, y ayant été amené par Henry MALFAIT…), après quoi le même guide vient le rechercher pour le conduire chez Gaston MATTHYS. Gaston guide alors Wernersbach jusqu’à un "ladies dress shop" où il rencontre Edward Cobb. Ce magasin est en fait la bonneterie de Madame Hélène MESUREUR, au 348 Avenue Rogier à Schaerbeek et Wernersbach indique qu’il n’y est resté qu’une nuit. Il rapporte que Gaston MATTHYS vient le chercher le lendemain - ce serait donc le 16 janvier - pour le conduire à nouveau chez Marguerite VERMEIRE-JADOT, qui l’héberge, jusqu’au 20 janvier selon son rapport (jour où "ils" - on comprend lui et Cobb - doivent bouger car deux des nièces de cette dame devaient arriver chez elle le lendemain.) Les archives de Comète indiquent que ce serait jusqu’au 23 janvier qu’il y est resté…
MATTHYS vient donc le chercher chez Mme VERMEIRE pour le conduire chez "une infirmière", qui est Yvonne BIENFAIT au 35 Rue Guillaume Kennis à Schaerbeek et chez qui il est hébergé jusqu'au 26. Wernersbach mentionne que Reginald Hebditch avait logé là également avant de retourner chez les PONTY. Il ajoute qu’il a rencontré chez Yvonne BIENFAIT les deux aviateurs américains Nelson Campbell et William Wolff.
Jim Akins dit dans son agenda de guerre : "Robert Wernersbach of Hess’ crew was there. We had a big meal and champaign on my birthday (21 March)." Cela semble fort peu probable, mais Wernersbach aurait donc été présent le 21 mars chez Juliette MONNOYE, Veuve VAN HOVE, au 118a Rue de la Limite à Saint-Josse-ten-Noode (?).
Wernersbach, Campbell et Wolff prennent un train vers Paris le 26 janvier avec comme guides Henri NYS, Jacques BOLLE et Félix BECQUEVORT.
Dans son rapport, qui ne donne que très peu de détails après son arrivée à Paris, Wernersbach indique que son parcours depuis leur départ de Bruxelles a été identique à celui de William Wolff. Dans son rapport E&E, celui-ci ne donne que peu d’indications précises et ne mentionne pas Wernersbach…
Wernersbach mentionne les noms de Philippe d’ALBERT-LAKE et de sa femme américaine Virginia sans préciser de dates quant à leur rencontre à Paris qui doit se situer au mois d’avril 1944. Il mentionne un passage en train le 27 avril entre Paris et L’Isle-Adam, vraisemblablement alors qu’il est soit en route vers, soit revenant de Nesles-la-Vallée où les d’ALBERT-LAKE ont une maison. Il mentionne que "le 2 mai" (date erronée, car il passe en fait en Espagne le lendemain…) il quitte les d’Albert-Lake, Nelson Campbell restant chez eux.
Wernersbach est accompagné en train de Paris à Bayonne, via Bordeaux et Dax, par Marcel ROGER (qu’il nomme seulement de son surnom "Max" dans son rapport). De Bayonne, il passe à Saint-Jean-de-Luz puis, avec William Wolff et Henry Dzwonkowski et Benjamin Martin (qui ont tous trois une page sur le présent site), il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
C'est le 95ème passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).
Le groupe traverse les Pyrénées dans la nuit du 3 au 4 mai, puis met trois jours pour arriver à San Sebastian où un taxi vient les chercher. Ils sont conduits à Madrid en voiture le 9 mai. Wolff indique qu’il arrive à Gibraltar le 19, alors que Wernersbach n’y arrive que le 21, est interviewé par les autorités britanniques le lendemain et part le 23 par avion jusque Bristol, où il atterrit le 24.
Robert Wernersbach, décédé en 2002, repose au Holy Rood Cemetery, à Westbury, Nassau County, New York.