Dernière mise à jour le 15 octobre 2020.
Thomas "Tom" Joseph REYNOLDS / 1807833
141 Ilderton Road, South Bermondsey, Southwark, London SE 16.
Sgt, RCAF Bomber Command 408 Squadron, mécanicien.
Lieu d'atterrissage: près de Tessenderlo.
Armstrong Whitworth Lancaster B.II, DS704, EQ-W "Willie", abattu la nuit du 20 au 21 décembre 1943 lors d'un raid sur Francfort.
Avion en feu. Débris épars autour d'Heverlee (Brabant). Ecrasé près de Deurne (Brabant), entre Diest (Brabant) et Tessenderlo (Limbourg), Belgique.
Durée : 8 mois ½.
Libéré à Bruxelles.
Rapport d'évasion SPG 3323/2409.
Le Lancaster décolle de Linton-on-House (York) vers 17h30 le 20 décembre. Au vol de retour, vers 5500m, ils sont attaqués par un quadrimoteur qu'ils pensent être un autre Lancaster. Le moteur gauche intérieur prend feu et le moteur droit extérieur s'arrête. Incapable de maîtriser l'incendie, le pilote, Leslie Morrison, ordonne de sauter vers 19 heures. Son navigateur Alexander G. Dumbrell ne pourra traverser vers l'Espagne comme Morrison, et restera en Belgique, ainsi que Reynolds (la présente fiche), Clayton Mac Lachlan et Edward Salmon.
Les corps d'Allan French Wright (navigateur) et Roy William "Billy " Heaton (mitrailleur dorsal) furent retrouvés autour des débris. Ils reposent tous deux au Heverlee War Cemetery près de Louvain/Leuven, Belgique.
Tom Reynolds se trouve le 21 décembre chez le fermier Wannes/Joannes VEREYCKEN, Kasteel 67 à Veerle, lorsqu'y arrive dans la soirée Clayton MacLachlan, son bombardier. Le lendemain, c'est leur radio Alex Dumbrell qui les y rejoint.
Le 23 décembre, trois jeunes résistants, dont un prêtre (qui pourrait bien être Andreas Xavier BROES officiant à Averbode), arrivent en vue de s'occuper de leurs faux papiers. L'un d'eux, René HERMANS, du Dorp 30 à Veerle, parle très bien l'anglais ; il s'avère être le fils d’un gendarme de Tessenderlo, et il servira plus tard d'interprète aux Alliés après la libération. Comme les photos de leurs kits d'évasion, toutes du même modèle, ne conviennent pas, on prend les trois aviateurs en photo. Ils reçoivent leurs faux documents le lendemain.
Le matin du 24 décembre (le 25 décembre à 6 heures du matin selon Dumbrell), les trois aviateurs quittent la ferme des VEREYCKEN. Selon les souvenirs de Dumbrell, cette ferme se situait non loin d'une voie de tramway désaffectée. A notre avis, la ferme pourrait se trouver près d'Eindhout, car Dumbrell mentionne dans ses souvenirs avoir dû longer un affluent de la Nete (il doit s'agir de la Grote Laak) pour arriver à l'arrêt du tram sur la route de Zichem. "Pop" VEREYCKEN, le fermier, accompagné de deux jeunes gens, conduit les trois évadés à travers bois vers l'arrêt du tram. Après un voyage d'environ 20 minutes, le groupe arrive à la gare de Zichem.
De Zichem, les aviateurs prennent le train pour Bruxelles avec deux guides : Marcel COENEN (du 109 Dorp à Vorst-Kempen) et Marcel HESELMANS, qui leur ordonnent de faire comme s'ils ne les connaissaient pas. Ils reçoivent des tickets et s'asseyent 4 ou 5 sièges plus loin. Arrivés à Bruxelles, les évadés suivent leurs guides à distance de sécurité et les voient s'arrêter et discuter avec une jeune fille. Celle-ci, Aline DUMONT (" Michou ", " Lili "), leur indique de les suivre et les aviateurs vont dormir une nuit là où elle loge, probablement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken.
Le lendemain, (le 26 décembre donc) ils sont amenés chez les BUCHET au 82 Rue Saint Henri à Woluwé-Saint-Lambert, qui les logent dans un appartement à l'étage. Les BUCHET ont une imprimerie au rez-de-chaussée, que la veuve Maria et ses trois fils Jean, Paul et Roger occupent. Deux américains arrivent le 06 janvier 44 : Bill Grosvenor et Robert Wernersbach, qui partent quelques jours plus tard.
Le 22 janvier, Paul et Roger ne sont pas revenus pour le souper. A 20 heures, la Gestapo sonne et les trois aviateurs se cachent au 3e étage, qui est libre. Les gestapistes trouvent des anciens numéros du " Evening Post " et la radio réglée sur la fréquence de la BBC. Après leur départ, deux soldats restent de garde dans la rue.
Le 23 à 5 heures, Reynolds, MacLachlan et Dumbrell décident de prendre congé de Mme BUCHET et s'enfuient par des jardins via une autre rue, ayant l'idée de poursuivre vers la France. Ils quittent Bruxelles vers Waterloo et passent devant un camp allemand. Ils dorment jusqu'au 24 dans une grange. Comme on leur refuse de l'aide, ils se remettent en route le lendemain et passent la nuit suivante dans des ballots de paille. Alex Dumbrell souffre alors d'une crise d'asthme.
Avec un seul quignon de pain pour trois, ils décident le 26 de recontacter la résistance. Un fermier nommé THEYS (repris dans la liste des Helpers belges comme "Gustave THEYS, Ferme Petite Bilande, Wavre" – il s’agit de l’ancienne ferme de la Petite Bilande, sise Tienne de la Petite Bilande à Wavre) les met en contact avec un groupe qui ne reçoit pas confirmation de Londres quant à leurs identités. Après trois semaines chez ce fermier, Londres confirme enfin leur identité. Dumbrell, qui commence une pneumonie, est soigné chez le bourgmestre de Wavre, Alphonse BOSCH, dans sa ferme du Ry, Chemin du Ry à Wavre. A noter qu’Alphonse BOSCH et trois de ses compagnons ont été assassinés à Wavre le 6 août 1944 par un commando rexiste accompagné d’un officier allemand, Oskar Schmidt.
Reynolds et MacLachlan sont conduits dans une autre famille, où ils restent quelques jours. Leur fille les guide à Namur. A la sortie de la gare, Tom Reynolds parle inconsciemment en anglais, mais les sentinelles ne font pas attention. Leur guide les emmène chez deux femmes : G. et L. BRABANS (Il doit s’agir de Gabrielle BRABANT, reprise sous ce nom dans la liste des Helpers belges, avec l’adresse 156 Rue Mazy à Jambes-Namur).
Marguerite LOISEAU renseigne MacLachlan comme ayant été aidé par elle, de même que Gilbert Millar. Dans une lettre de juin 1969, Marguerite LOISEAU (qui habitait Rue de Salzinnes à Namur pendant la guerre) déclare avoir aidé, entre autres, Warren MacPherson, Gilbert Millar et Clayton MacLachlan). Elle ajoute que sa sœur, l'épouse d'André CROONENBERGHS, 51 Avenue des Acacias à Erpent, l'a aidé dans son action. Il est probable que Reynolds aussi ait pu bénéficier de leur aide.
De Namur, Reynolds et MacLachlan reviennent à Bruxelles dans la maternité de l'hôpital Saint-Pierre. Le chef de service de gynécologie, le docteur Jean SNOECK, les fait guider chez lui (vraisemblablement au 43 Avenue Alphonse XIII à Uccle) par un réfractaire. L'épouse du docteur, Jane SITER, est alsacienne et avait séjourné très longtemps aux Etats-Unis. Le docteur leur coupe les cheveux et ce travail d'amateur, qui les fait rire, explique la coupe "apache" de Reynolds sur sa seconde photo.
Ils sont hébergés à différents endroits durant tout un temps : chez Théophile FLEMALLE (Avenue Lancaster à Uccle), Guillaume VAN LIERDE (2 Rue du Ham, Uccle), Mr et Mme PITOT au 45 Avenue Alphonse XIII à Uccle (un couple âgé où les aviateurs doivent se cacher tous les jours de leur fille Denise, qui vient leur rendre visite) et dix jours chez un prêtre catholique, Camille LECLEF, officiant à l’Eglise Saint-Job et domicilié au 18 Place Saint-Job à Uccle. Le rapport d'activités de Victor SCHUTTERS indique qu'il a convoyé Reynolds dans le camion de son employeur, la SNCB.
Reynolds est alors séparé un temps de MacLachlan, qui le rejoindra le 11 mai 44 chez les QUINTARD, André et Marguerite et leur fille Marcelle, dans leur épicerie au 47 Rue Edgard Tinel à Anderlecht. Les deux hommes y restent 56 jours, du 17 mai jusqu'au 12 juillet. Ils y rencontrent John Brown et à nouveau Bill Grosvenor. Il est très dangereux de rester aussi longtemps chez des gens, mais les bombardements alliés bloquent la circulation vicinale. Ils dorment dans un canapé-lit à côté du magasin et vont parfois à un parc voisin et y rencontrent trois aviateurs américains lors d'un tour en barque (Parc Astrid ou Parc des Etangs).
Le 12 juillet à 5 heures, la Gestapo frappe à la porte et demande où sont Tom et Mac. Ils fouillent, mais ne trouvent pas leur cachette derrière le faux plafond. Dans la matinée, les aviateurs en sortent et vérifient qu'ils ne sont pas suivis pour se rendre chez un autre résistant qu'ils connaissent, chez Lucien BAWIN au 87 Avenue Paul Janson, à Anderlecht.
Par après, MacLachlan et Reynolds suivent un guide et demeurent quelques jours chez un coiffeur, François DAELEMANS, qui leur réalisera une seconde coupe de cheveux, ... plus convenable. Ils changent fréquemment de cachettes (chez Auguste et Claire CAMMAERTS au 912 Chaussée de Louvain à Evere en juillet) et vont notamment au café "La Terrasse" tenu par Jean VAN DEN EEDE où Madeleine SCREVE les aide du 15 juillet au 06 août.
Un ami vient alors les prévenir que la Gestapo est en route à leur recherche. Ils partent en tram avec cet ami et apprendront que la Gestapo est arrivée dix minutes plus tard, les réclamant à nouveau par leurs noms. Ils sont conduits chez une veuve (Mme Veuve Karel VAN CAPPELLEN) qui tient une agence de banque dans le Vesten à Merchtem, à 12 Km au Nord de Bruxelles. Nouvelle alerte quand deux soldats allemands en retraite viennent changer des Francs français d'occupation pour des francs belges. Reynolds et MacLachlan restent cachés là jusqu'à la libération par les troupes britanniques.
Suite à l'appel lancé à la radio dès le 4 septembre 1944 à l'attention de tous les aviateurs évadés afin qu'ils se rendent à l'hôtel Metropole au centre de Bruxelles, Reynolds et MacLachlan y arrivent et sont alors confiés aux autorités alliées.
Reynolds est rapatrié le 11 septembre 1944 par avion en Angleterre (atterrissant vraisemblablement à Northolt comme MacLachlan).
Merci à Marc Snoeck pour ses renseignements sur son grand-père, le Docteur SNOECK.