Dernière mise à jour le 6 mars 2017.
John William Brown ("Brownie","Bud") / O-743172
selon Nelly Legrain : 1237 East Avenue, Napa, Californie / selon l'E&E : 77E 11th Street, Eugene, Oregon, USA
Né le 28 novembre 1919 à Benicia, Californie / † le 27 septembre 1951 dans un accident d’avion au Japon
1st Lt, USAAF 100 Bomber Group 349 Bomber Squadron, pilote
Lieu d'atterrissage : entre Kasterlee et Sint-Jozef-Olen, au Sud de Turnhout, Province d'Anvers, Belgique
Boeing B17 G-VE Flying Fortress, 42-39799, XR-M / "Dobie", abattu par un chasseur Fw190 lors d'une mission sur Frankfurt le 4 février 1944.
Écrasé vers 13h30 près de Kasterlee, Province d'Anvers, Belgique
Arrêté le 20 juin 1944 et évadé du "train fantôme"
Rapport de perte d'équipage MACR 2564. Rapport d'évasion E&E 1841 disponible en ligne.
Le B-17 décolle à 06h00 heure anglaise de Thorpe Abbotts. Son équipage est composé de John W. Brown, pilote ; 2nd Lt Albert F. Fitzpatrick, copilote (jambe cassée, soigné en hôpital à Geel, puis envoyé en stalag); 2nd Lt Theodore H. Kleinman navigateur (initialement évadé, arrêté à Bruxelles ; évadé du "Train Fantôme"- E&E 2101); 2nd Lt Lawson W. Clements, bombardier ; S/Sgt Lola D. Florida, mécanicien/mitrailleur dorsal ; S/Sgt George E. Toomey Jr., opérateur radio/mitrailleur ; S/Sgt Gordon F. Keon, mitrailleur ventral ; S/Sgt William L. Kemp, mitrailleur latéral droit ; S/Sgt Harold J. Janderup, mitrailleur latéral gauche ; S/Sgt Richard A. Tangradi, mitrailleur arrière. Cinq des six sergents à bord remplaçaient des membres malades de l’équipage habituel du Lt Brown.
A proximité de l'objectif, sous une épaisse couverture nuageuse, l'appareil quitte la formation et est bientôt pris en chasse par des chasseurs Fw 190. Touché à plusieurs reprises, avec le moteur n° 1 détruit, les 3 et 4 hors d’usage, l'interphone et des mitrailleuses hors d'état, l'appareil est progressivement abandonné par l'équipage.
Le Sgt William Lesley Kemp, 22 ans, trouvé blessé par les Allemands près du lieu du crash, mourra durant son transport vers un hôpital d’Anvers. Inhumé au cimetière de Deurne, Anvers, le 7 février, son corps sera rapatrié aux Etats-Unis après la guerre pour être enterré au Orange Hill Cemetery à Tampa, Floride. Sept autres membres de l’équipage seront rapidement faits prisonniers.
Brown, le pilote, dont c’est la 11ème mission, et son navigateur Theodore Kleinman s'éjectent au Sud de Turnhout et ils seront les deux seuls membres de l'équipage à pouvoir s'évader. Brown, qui a sauté à environ 2800 mètres, délaie l’ouverture de son parachute, qu’il n’actionne que vers 300 mètres du sol. Atterri tout près de son B-17 en flammes, il est immédiatement pris en charge par des résistants efficaces, qui le logent dès la première nuit au sud-ouest de la ville. Le 5 février, il se met en route avec comme objectif d’arriver à Bruxelles. Vers 10 heures, un homme à vélo lui demande s'il est Américain et lui dit de le suivre à Olen (plus vraisemblablement Sint-Jozef-Olen), où il reste un jour et une nuit chez trois prénommés Louis. On lui donne des vêtements civils.
Le 6, il se rend avec deux des Louis (Louis GOVERS et Louis MERTENS du 40 Koperstraat à Sint-Jozef-Olen) au 85 Chaussée de Gand à Molenbeek ("A White Army Barrack") et reste là 4 semaines chez Philippe VOSSELS-FERMANS. Il y rencontre le Dr Jules ZANEN, du 27 Rue des Bollandistes, qui lui parle en très bon anglais de son frère à New-York.
Brown reçoit aussi la visite de la comtesse de LIMBOURG-STIRUM (née Marie de LIGNE) et de sa gouvernante Henriette SCIEUR-VAN HEERSWYNGHELS et observe le marché noir omniprésent. La princesse Antoinette de Ligne (sœur de la comtesse) l'emmène dans un appartement au premier étage, où il demeure d'une à deux semaines, au-dessus d'un magasin.
Dans son rapport d’activités, Henriette SCIEUR-VAN HEERSWYNGHELS décrit Brown comme professeur de géographie à San Francisco en Californie, déclare qu’elle l’a reçu de Philippe VOSSELS, qu’elle lui a procuré des vêtements, qu’elle l'a logé huit jours du 1er au 9 mars au 11 Rue Tasson Snel à Saint-Gilles et qu’elle l’a remis à Maurice DECLERCQ au 13 Rue Juste-Lipse à Bruxelles-Ville (emplacement d’un dépôt de tramways, disparu depuis).
Un homme le conduit ensuite dans l'appartement de Edmond DAM, au 157 rue du Hêtre à Forest-Bruxelles. DAM, ayant une jambe estropiée, parlant parfaitement l’anglais, y vivait avec son épouse, son père âgé et une fillette suédoise. Brown loge là six jours. De là, on le mène dans un café où il reste 7 heures, avant d’être pris en charge par un "guide étrange" : François de HERST ou HERDT (La liste des Helpers belges reprend un "Franc. DEHELT", au 73 Chaussée de Boendael à Ixelles, sans autres détails…?).
Il va ensuite au n° 748 Chaussée Romaine à Laeken et reste 4 semaines chez Amélie LOOD, veuve GUYAUX (qui sera arrêtée par la GFP le 23 août 1944), une logeuse de Simone SCHREYEN.
Brown va ensuite chez Léon Gabriel VERLEYSEN, son épouse née HUBIN et leur fille de 16 ans, hébergeurs au 40 Rue des Béguines, près de la Chaussée de Gand à Molenbeek. François, le frère de Léon est Résistant. Brown y rencontre Henri MACA, chef du groupe, et sa soeur Marie. En fait, comme on soupçonnait Brown d’être un agent infiltré car il ne connaissait pas l’identité d’autres hommes de son équipage (les remplaçants), Henri MACA venait l'interroger pour vérifier ses dires. Bill Grosvenor arrive le 8 avril 44 chez les VERLEYSEN et peut attester de l’identité de Brown, du même Groupe que lui.
Simone SCHREYEN emmène alors Brown et Grosvenor chez Marcel VAN BUEKENHOUT, au 226 Boulevard Emile Bockstael. Après 3 heures passées chez lui, Marcel VAN BUEKENHOUT les amène chez André QUINTARD et Marguerite LEGRAIN au 47 Rue Edgard Tinel à Anderlecht, et ils y restent du 11 au 28 avril. Brown mentionne que durant leur séjour, ils eurent la visite de Marcel NEE du 23 Rue Edgard Tinel à Anderlecht ; de Gaston WAROCQUIER qui cachait des aviateurs chez lui avec sa femme Maria au 45 Avenue d’Itterbeek à Anderlecht; de Léon VERLEYSEN accompagné de sa femme et de sa fille ; d’une "autre Simone", son mari Paul et leur fille Paulette ; de Melle Lucienne "VANDEWALLE", du 488 Chaussée de Gand à Molenbeek chez qui Alphonse et Melle Georgette "VANDEWALLE" cachaient deux aviateurs: les sergents Franky et Jimmy… [L’Almanach de Bruxelles pour 1939 renseigne une boucherie A. VANDE WAELE à cette adresse…] Le 28 avril, Marcel VAN BUEKENHOUT vient les chercher pour les conduire à Laeken, près du Parc des Expositions, chez une femme et sa fille qui les logent "de 9 à 10 jours" et qui n'ont ni l'électricité, ni le gaz, ni la radio.
Le 3 mai, Marcel déménage Brown et Grosvenor chez Mme FRIX-CLAES et sa fille, qui les logent pendant 4 semaines au 147 Avenue du Cimetière de Bruxelles à Evere. Avant d’arriver chez Mme FRIX, ils rencontrent le policier Marcel LEBORGNE du 30 Rue Jacques Ballings à Evere, qui leur apprend que Mme FRIX avait hébergé auparavant Robert Sheehan (voir sa page sur ce site). Arrivés sur place, ils apprennent que John Byers y avait été également hébergé ainsi que quelques Russes. Ils reçoivent beaucoup de visites de patriotes d’Evere durant leur séjour là : Angèle STEVENIN du n°137 juste en face, Yvonne DE BACKER du n° 138 et Auguste CAMMAERTS-JACOBS du 912 Chaussée de Louvain. Ils font la connaissance du mitrailleur Elmore Loveland : une fois au "George's café" (à lire "au café de Georges", plutôt que le nom de cet établissement) où Loveland logeait, et une autre fois à la Chaussée de Gand. Ce café était peut-être celui de Georges JEURISSEN au 833 Chaussée de Louvain à Evere. L’Almanach de Bruxelles pour 1939 mentionne qu’à cette adresse se trouvait le "Café du Dépôt".
Marcel VAN BUEKENHOUT vient chercher Brown et Grosvenor pour les faire déménager en camion vert (le camion SNCB de Victor SCHUTTERS) dans un café tenu par un Jean et une "Midge". Il s’agit de l’établissement « La Terrasse » tenu par Jean Baptiste VAN DEN EEDE et Madeleine FONTAINE, née SCREVE au 188 Avenue Houba de Strooper à Laeken. Ils y restent du 3 au 18 juin 44 (Brown indiquant qu'il a rencontré Powell - peut-être William Powell qui a une page sur notre site - le 6 juin 1944 chez Victor et Simone SCHREYEN), puis retournent à Evere vers le 18 juin chez Mme FRIX-CLAES, au 147 Avenue du Cimetière de Bruxelles.
Ils apprennent que la Gestapo a arrêté Henri MACA le 27 mai et Simone SCHREYEN le 1 juin, ainsi que Victor SCHREYEN. Le 19, ils reçoivent la visite de la fille des CAMMAERTS-JACOBS.
Le 20 juin à 06 heures, Mme CLAES vient avertir Brown et Grosvenor que la Gestapo arrive et qu'ils doivent disparaître. Ils tentent de s'enfuir par une fenêtre puis par le grenier, mais ils se trouvent face à des fusils pointés sur eux et doivent se rendre à deux gestapistes qui sont rentrés dans la maison. Les deux Américains et Mme CLAES sont emmenés au QG de la Luftwaffe. On leur demande leur nom, grade et n° matricule et on les prévient qu'ils seront traités comme des criminels de guerre tant qu'ils ne sauront pas prouver leur identité en racontant leur histoire. On les sépare dans des petites cellules sombres pendant 8 heures, puis on les conduit à la Prison de Saint-Gilles avec Mme CLAES. Les Américains sont enfermés avec des déserteurs allemands (trois SS allemands et deux SS belges).
Henriette VAN HEERSWYNGHELS, quant à elle, déclare qu'il "fut arrêté avec Philippe VOSSELS en juillet à Evere, sur le retour vers le 13 Rue Juste-Lipse".
Après trois semaines (vers le 7 juillet), ils sont interrogés dans une large demeure du centre-ville. Les tortionnaires sont en civil, mais Brown put ensuite voir qu'ils portaient des uniformes de la Wehrmacht. Après un premier interrogatoire de 5 heures, Brown donne son identité et le lieu du crash de son avion. Après 11 heures, le groupe est ramené en prison à Saint-Gilles.
Vers le 12 juillet, Brown est à nouveau interrogé à St-Gilles. On le menace d'être fusillé comme espion et d’enfermement en cellule sombre. Vers le 22 juillet, il est à nouveau interrogé par le même militaire. Il est mis en cellule sombre puis revient en cellule normale. Vers le 22 août, nouvel interrogatoire où on lui montre des photos "des deux Marcel", de Marguerite LEGRAIN, de Jean VAN DEN EEDE et de Madeleine SCREVE et on lui annonce qu'ils ont tous été arrêtés. Il rencontre un pilote de P47 abattu : Jack Terzian. Six jours avant de quitter la prison, il est encore interrogé, mais à la hâte. L'interrogateur veut lui faire signer un document où il déclare ne pas avoir fait partie d'un mouvement de sabotage ou d'espionnage. Brown refuse jusqu’au bout de signer pareil document.
Lors de son transfert par train vers un camp de prisonniers, il s'évade avec 42 autres, à l'aide de résistants bruxellois, au moment où des troupes britanniques entraient en ville. C’est l’épisode fameux du "Train Fantôme"/"Ghost Train". Brown et Grosvenor sont dans le groupe de Kenneth C. Holcomb (E&E 1858), Charles C. Hillis III (E&E 1862), Theodore Kleinman (de son équipage) et Nigel Beamish (SPG 3351/2037), qui sont dans le wagon à bagages et dont ils s’évadent. Brown et les autres passent la nuit du 3 au 4 septembre dans un bâtiment bombardé de la gare de triage de Schaerbeek et gagnent le centre de Bruxelles libérée au matin du 4.
Après la Libération, John Brown a l’occasion de revoir Marguerite QUINTARD-LEGRAIN, Madeleine SCREVE (Midge), ainsi que Lina BALDINGER, la femme de Marcel VAN BUEKENHOUT et Mme CLAES.
Dans un carnet, outre certains autres noms de ses Helpers déjà cités et ceux de nombreux aviateurs évadés comme lui, Brown avait noté les personnes suivantes, sans indication de dates ni du rôle joué par ces individus : Mip et Yetty VANDERWAEREN, 44 Avenue du Roi Soldat, Anderlecht ; Christiane VOLBRECHT, 37 Avenue d’Itterbeek, Anderlecht ; Ernest FOISNEL / FRISNEEL, 10 Place Joseph Wauters (Watermael-Boitsfort) ; Paule DE COSTER, 58, Avenue du Roi Soldat, Anderlecht (la liste des Helpers belges ne reprend qu’une Lucie DE COSTER à cette adresse…)
Questionné à Paris le 9 septembre 1944, puis à Londres le même jour, John Brown demande dans son rapport E&E une reconnaissance spéciale pour William Grosvenor, qui a enduré des sévices pour ne rien avoir révélé.
John Brown est rapatrié vers les Etats-Unis et poursuit sa carrière dans l’US Air Force, atteignant le grade de Captain. Le 27 septembre 1951, durant la guerre de Corée, il se trouve à bord du Curtiss C-46D Commando n° 44-77713 (374th Troop Carrier Wing/86th Troop Carrier Squadron) qui décolle d’Atsuji au Japon en direction de la base de l’USAAF de Tachikawa. Pour une raison inconnue, l’appareil, en approche de cette base, s’écrase sur le Mont Tanazawa à environ 28 km au nord-ouest de Tachikawa. Il n’y aura aucun survivant parmi les 14 hommes à bord. John William Brown repose au Golden Gate National Cemetery à San Bruno, Californie.