Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 15 septembre 2020.

Leslie Carlyle MORRISON / Aus 413648
555, Pacific Highway Artamon, New South Wales, Australie.
Né le 8 décembre 1917 à Gosford, New South Wales, Australie / † ?.
Fl Sgt, RAF Bomber Command - 308 Squadron RCAF, pilote.
Lieu d'atterrissage: 8 Km au Sud de Kwaadmechelen.
Armstrong Whitworth Lancaster Mk II, DS704, EQ-W "Willie", abattu la nuit du 20 au 21 décembre 1943 lors d'un raid sur Francfort.
Avion en feu. Débris épars autour d'Heverlee (Brabant). Ecrasé près de Deurne (Brabant), entre Diest (Brabant) et Tessenderlo (Limbourg), Belgique.
Durée: 4 mois.
Passage des Pyrénées: le 22 avril 1944.

Informations complémentaires :

Rapport d'évasion SPG 3319/1918 (complet).

Le Lancaster décolle de Linton-on-House (York) vers 17h30 le 20 décembre. Au vol de retour, vers 5500m, ils sont attaqués par un quadrimoteur qu'ils pensent être un autre Lancaster. Le moteur gauche intérieur prend feu et le moteur droit extérieur s'arrête. Incapable de maîtriser l'incendie, le pilote, Leslie Morrison (la présente fiche), ordonne de sauter vers 19 heures. Son navigateur Alexander Dumbrell ne pourra traverser vers l'Espagne comme Morrison, et restera en Belgique, ainsi que Thomas Reynolds, Clayton MacLachlan et Edward Salmon.




L'équipage de Leslie Morrison.

Les corps d'Allan French Wright (navigateur) et Roy William "Billy " Heaton (mitrailleur dorsal) furent retrouvés autour des débris. Ils reposent tous deux au Heverlee War Cemetery près de Louvain/Leuven, Belgique.

Leslie Morrison atterrit dans un champ à 2 ou 300 m de l'appareil. Entendant des voix, il enterre son parachute et son harnais dans un fossé près d'une maison et court se cacher dans un champ labouré 300 m plus loin. Il enlève sa Mae-West et coupe les jambières de ses bottes, enlevant encore tous les insignes de son uniforme, et enterre le tout dans le champ. Il marche vers l'Ouest pendant six heures, se guidant sur la fumée de l'épave de son avion. A un moment, il passe tout près d'un projecteur de recherche allemand.

Le 21 vers 2 heures, ayant marché 8 ou 9 Km, il se repose dans un bois jusqu'à l'aube. Ce pourrait être près de Hulst. Il s'est blessé à la jambe en s'éjectant et sa marche l'a épuisé. Rosa VANDERLEYOLEN-LOOTS, une fermière âgée et sa fille, découvrent Morrison qui se cache derrière une haie près de chez eux à 11 heures. Elles travaillaient aux champs tout près de sa cachette. Une fois qu'il leur a signalé être un pilote RAF, elles vont chercher un fermier. L'aviateur est conduit chez ce fermier et peut prendre un bain, un repas et disposer d'un lit. Dans l'après-midi, il apprend que trois hommes de son équipage sont chez des fermiers de la région.

Le soir, le jeune Victor VALKENBORGS (alias "Richard" dans le rapport de Morrison) le conduit à vélo vers Veerle-Tessenderlo à 7 Km et son évasion est organisée. A un barrage de police, Victor convainc la patrouille allemande qu'il accompagne son frère malade qui doit aller chez un docteur.

"Albert", le chef de Victor, parle un peu d'anglais et aide déjà un Américain que Morrison retrouvera à Bruxelles. "Albert" travaille pour un réseau de Bruxelles et lui présente le formulaire d'évasion à remplir. Le formulaire revient après une semaine, demandant de le compléter avec l'escadrille et la base de départ. Morrison reste dormir deux nuits chez Victor VALKENBORGS, puis est déménagé dans Kwaadmechelen, dans un café tenu par le chef "Albert". Il va alors chez un mineur "Joseph" à un demi kilomètre hors du village où il reste pendant 10 jours. Il y reçoit une note signée des noms de Reynolds, Dumbrell et MacLachlan, disant qu'ils se reverraient bientôt.

Le 24 décembre, arrive le Sgt Clifford Cash, qui a été abattu en Hollande lors du même raid. Cash refuse également de remplir tout le questionnaire, ce qui provoque des délais. Il est du Halifax EY-M JN974 du 78 Squadron et sera arrêté le 23 janvier 44 en Belgique, prisonnier aux camps Luft 6 et 357 sous le n°3208.

Le 5 janvier, Morrison (et Elmer Gilcrease, selon Michael Leblanc…) est ramené de Louvain par "M. Marcel" (vraisemblablement Marcel Pierre DE COSTER, du 29 Place Communale à Hoeilaart), "Albert" (probablement le comte Michel de Kerchove de Dentergem, de la Naamse Steenweg/Rue de Namur à Leuven/Louvain) et d'autres guides. Le comte les accompagne jusqu'à une gare "près de la Forêt de Soignes" (il doit s'agir de la Gare de Groenendaal) d'où un ami du comte (sans doute donc Marcel DE COSTER, habitant à 1 km de la gare) et les conduit chez les MARTENS, 1 rue Charles Bernaerts à Uccle. Morrison dit qu'il s'agit d'un magasin de fruits, où il reste jusqu'au 9 janvier. Ce jour-là, Clifford Cash et lui sont dirigés dans des maisons séparées à Schaerbeek, et Morrison loge chez le "policier n° 55" (un policier de Charles HOSTE, probablement).

Elza DEBRU, épouse de Charles BERTRAND, l'héberge au 19 Rue Boduognat à Etterbeek. (Charles BERTRAND a été arrêté en fin janvier 1944 et fusillé à Leopoldsburg/Bourg-Léopold le 6 septembre 1944. Son épouse Elza, également appréhendée, fut envoyée en Allemagne, mais revint des camps).

Pour le groupe de Charles HOSTE, en janvier 1944, Joséphine TEN VOORDE, épouse THIENPONT, du 64 Rue Gaucheret à Schaerbeek (hébergeuse du Groupe MNB) convoie et remet Morrison à Léon BOUCART au 172 Rue des Palais à Schaerbeek. BOUCART confirme qu'il a reçu Morrison et Martin Albert (un Américain, peut-être Benjamin Martin) de Henri MALFAIT et qu'il les lui a rendu. Morrison déclare que le 18 janvier, il est remis à une Marie qui a 21 ans, est la sœur d'un Henri (les MACA), et qu'ils travaillent tous deux pour le réseau. C'est cette Marie (Marie MACA) qui conduit Morrison chez un photographe.

Le soir du 18, "Louis" le prend en charge et l'emmène dans un appartement près du Tir National à Schaerbeek (bâtiment officiel démoli après la guerre), où un couple travaille toute la journée dans un magasin et une cantine de la SNCB, non loin de la gare. Morrison y reste 6 jours jusqu'au 24 janvier. Il entend dire le 23 que "Henri" a été arrêté et que certains papiers sont trouvés chez lui. En fait, l'arrestation a lieu le 22, par la Gestapo accompagnée de Marcel GRAPIN, qui arrive de Paris après y avoir dénoncé Jacques LE GRELLE. Le "Henri" est Henri MALFAIT, alias "Louis", un guide sur la ligne Bruxelles-Paris.

Morrison se cache sous un canapé pendant un quart d'heure tandis qu'il entend des gens frapper à la porte et tenter de l'ouvrir. Les bruits ayant cessé, il va à la fenêtre et voit quatre hommes en civil s'engouffrer dans une voiture officielle allemande, qui démarre. Quand son logeur revient à midi, il lui explique la situation et cet homme lui arrange un autre abri. Morrison suit alors un autre homme dans son appartement à deux chambres, et il soupe avec lui ce 24 janvier. Un Canadien du 419 Sqn abattu le 18 novembre y était déjà (Ce doit être un des membres de l'équipage du Halifax VR-L N° LW328 : Sgt E.K. Canny PoW, F/Off E.R. Hoe RCAF PoW, Sgt J. Pappas RCAF PoW, Sgt K.W. Dingley PoW, Sgt N. McVicar RCAF PoW, Sgt D.M. Johnston RCAF PoW).

Le 19 janvier, Marie MACA vient le reprendre et l'emmène dans une chambre où son frère Henri se cache comme réfractaire au travail obligatoire. Morrison y rencontre Robert Gilchrist, et "Connor" (Paul MacConnell) ainsi qu'un canadien abattu en octobre 43. Tous ces hommes étaient cachés par Henri MALFAIT et ont été pris en charge par Marie MACA après son arrestation.

Henri MACA guide Morrison et Gilchrist à Louvain et Heverlee le 26 janvier. Ils y restent ensemble chez un comte qui habite un peu plus loin, et qui vient les voir de temps à autre. C'est la première fois que ce comte aide Comète. Après une semaine, Gilchrist et Morrison lui font savoir qu'ils vont poursuivre seuls s'ils ne sont pas évacués dans les 3 semaines. Ce 12 février, juste à temps car les aviateurs allaient partir seuls, le comte les emmène en train à une gare près de la forêt de Soignes. Un de ses amis conduit Morrison et Gilchrist à Bruxelles, et une fille les emmène au centre. Ils logent trois jours dans une maison où il laisse Gilchrist qui reste ensuite seul. Le 15 février, Morrison est conduit chez "Marcel", un policier de Laeken. Il est en fait repris par le groupe de Simone SCHREYEN et passe ensuite dans celui du policier Marcel VAN BUEKENHOUT (31 Rue Wittouck, Laeken) pour l'interrogatoire et les autres préparations; Morrison est logé dans ce dernier groupe du 15 février au 08 avril 44.

Morrison déclare avoir été logé 5 semaines chez Mme "Vareweck" à Laeken (Mme VAREWYCK, logeuse pour Marcel Van Buekenhout au 71 Rue de Ter Plast, à Laeken.). Marcel VAN BUEKENHOUT lui emmène un jour William Mattson, qui logeait ailleurs. Le 20 mars, Marcel conduit Morrison dans une maison à Evere où il reste jusqu'au 08 avril 1944. Ce jour-là, Marcel l'accompagne jusqu'à la Place Fontainas, au centre de Bruxelles, où ils rencontrent Henri MACA et Mattson. Leur départ de Bruxelles étant prévu pour ce même jour, on conduit les deux aviateurs dans une église, où un prêtre en uniforme de l'armée belge leur donne des faux papiers. Depuis l'église, ils suivent une jeune femme jusqu'à la gare du Nord, qui les remet à un guide qui leur a acheté leurs tickets. Après deux heures, le train n'était toujours pas arrivé, ils sont emmenés dans une épicerie à Evere. Ils y restent 10 jours, pendant que le guide se rend à Paris pour vérifier si la ligne est encore ouverte.

Morrison est hébergé par Adrien ALSTEEN, du Groupe EVA, au 24 Avenue Gustave Latinis à Schaerbeek, du 08 au 18 avril et part ce jour à Paris avec Henri NYS. Après être passés près de Roubaix, ils restent la nuit dans une ferme et traversent la frontière le lendemain matin, après que les guides se soient arrangés avec les gendarmes (et/ou les douaniers).

Guidé à Paris en train par Aline DUMONT ("Michou") depuis Roubaix, Morrison et Mattson logent à 15 km de Paris chez une Américaine qui a épousé un Anglais de père Français. Il s'agit de Virginia, épouse de Philippe d'ALBERT-LAKE, qui habite au 12 rue Danton à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le 20 Avril, une "Michèle" les guide à Bordeaux en train. Il s'agit de Monique de BRIEY. Au lieu des 9 heures habituelles, le voyage dure 20 heures. Ils arrivent le 21 à 06 heures à Bordeaux et attendent jusqu'à midi pour un train vers Bayonne. A Bayonne, ils sont guidés en vélo jusqu'à une maison à 5 Km en dehors de la ville. Ils quittent cette maison la nuit avec un guide français, et changent plusieurs fois de guides par la suite.

C'est le 94e passage de Comète, par Souraïde et Quito borda, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). Morrison passe en Espagne avec William Mattson et Alphonse Escrinier. Ils sont emmenés en taxi à San Sebastian, Ils restent 8 jours à Madrid et atteignent Gibraltar le 8 mai.

Parti de Gibraltar le 9, Morrison est rentré à Whitchurch, Angleterre, le 10 mai 1944 et y est interrogé à cette date.


Australie, avril 1988 : A l’arrière, Stan May et son épouse Joan.
Devant, de gauche à droite : Aline DUMONT-UGEUX ("Michou"), Leslie Morrison et le Helper hollandais Andries VESTERING, de Sittard.
(Photo reçue de Philippe de Groote, neveu d’Agnès de GROOTE, du château d’Houthulst.)

Leslie Carlyle Morrison a écrit " The Last of the Many " - 1995.


© Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters