Dernière mise à jour le 13 mai 2021.
Elmer Carlysle GILCREASE / 18116004
Box 551, Sour Lake, Hardin County, Texas, USA.
Né le 24 octobre 1923 à Voth, Jefferson County, Texas / † le 16 janvier 2002 à Ocean Springs, Mississippi, USA.
2nd Lt USAAF, 95 Bomber Group 412 Bomber Squadron, mécanicien/mitrailleur dorsal
Atterri près de Weert, à une vingtaine de km à l'Ouest de Roermond, Pays-Bas
Boeing B-17F Flying Fortress, n° 42-3317, QW-Y "Spirit of 76" abattu le 30 novembre 1943 lors d'une mission sur Solingen
Écrasé au "Sterrenbos" près de Haelen, à 4-5 km au NO de Roermond, Pays-Bas
Durée : 3 mois
Passé en Suisse le 21 mars 1944
Rapport de perte d'équipage MACR 1559. Rapport d'évasion E&E 2340 (disponible en ligne).
Elmer Gilcrease est du même équipage que le bombardier Paul Gregory, le copilote Robert Gilchrist, le mitrailleur ventral Francis McDermott, le mitrailleur latéral droit Paul Appleby, le radio S/Sgt Max Gottlieb et le mitrailleur arrière Charles Higgins. Le corps du navigateur William L. Lohmann fut retrouvé flottant dans la Meuse à Kessel le 21 juillet 1944. D'abord inhumé à Kessel, il repose en Belgique au Cimetière Américain de Neuville-en-Condroz. Le pilote Arthur C. Hensler ainsi que le mitrailleur gauche S/Sgt Jack B. Hyatt furent rapidement faits prisonniers.
Après le largage des bombes, l'appareil est touché sous l'aile droite par un obus de la Flak. La pression d'huile baisse dans le moteur n° 4 et bientôt le même phénomène se produit sur le n° 3, leurs hélices s'emballant dangereusement. Comme il est impossible de rester dans la formation avec seulement deux moteurs et malgré que l'équipage jette par-dessus bord tout ce qui peut l'être, l'avion perd trop d'altitude. Vers 1400 m, le moteur n° 1 explose, l'hélice du n° 3 perd une pale qui touche le stabilisateur vertical : l'ordre est donc donné de sauter alors que le B-17 vient de passer la frontière germano-hollandaise.
Elmer Gilcrease saute comme les autres au-dessus de la Meuse, à proximité de Roermond et il atterrit près de Weert. Les détails repris à la présente page proviennent de diverses sources, que nous avons tenté de placer en respectant au mieux la chronologie, quoique de nombreuses différences de dates et d’endroits apparaissent. Dans son rapport E&E, Gilcrease signale avoir été immédiatement fait prisonnier, vers 14h00, mais qu'il est parvenu à s'échapper la nuit suivante vers 03:00.
Il est alors aidé et mené en ville par un homme. Une autre version est celle rapportée dans les souvenirs de Mme M. E. HOOIJER-DUBOIS, de la ferme "De Bedelaar" à Haelen (http://www.aachen-webdesign.de/verzet/start.php?hoofdstuk=04). Elle avait noté dans son agenda pour le 30 novembre 1943 (jour du crash du 42-3317) l’arrivée des premiers aviateurs parmi les 46 (au moins) qui avaient logé chez elle depuis novembre 1943 jusqu’au mois d’août 1944. Revenant chez elle après avoir tenté sans succès d’approcher l’endroit du crash, elle voit son fils en discussion avec quelqu’un qui s’avéra être l’un des membres de l’équipage, un mitrailleur d’une vingtaine d’années, originaire de Philadelphie (Paul Appleby), qui put partir directement. Le soir on amena d’autres aviateurs, également américains, l’un de Sour Lake, Texas (Gilcrease), un autre, un juif de Chicago (Max Gottlieb). Gilcrease et Gottlieb restèrent loger à la ferme "De Bedelaar" jusqu’au soir du 1er décembre. La ferme "Spikkerhoeve" à Haelen, voisine de la ferme "De Bedelaar", est tenue par Antonia "Tonia" VOSSEN-SALIMANS, née en 1887, et ses 8 enfants. Beaucoup d’évadés tombés en Hollande sont passés par là, y compris Gilcrease et vraisemblablement Gottlieb et Appleby.
D’autres sources hollandaises indiquent que Gilcrease a été aidé dans la région de Roermond par ALBERS ( ? "Dick">Derk Hendricus ALBERS, Boekel ?), "GUNNEWEGH" (John GUNNEWICK du B211 à Lichtenvoorde selon la liste des Helpers néerlandais) et "HOMBERG".
Selon des détails repris sur le site https://drive.google.com/file/d/1I6Dtatbm6thR1HmvOCRQHES-Nk_LZ50A/view , il semble que Gilcrease, Paul Gregory, l'aviateur canadien Allen MacIntosh et son opérateur radio Max Gottlieb ainsi que Francis McDermott sont arrivés à Maarheeze grâce à Wim LEEREVELD, B 109 à Leende et Joep BELIËN, B 10 à Leende. Ils sont conduits en voiture chez un prêtre où ils rencontrent Robert Gilchrist.
Le groupe se sépare et les évadés vont loger à divers endroits. Le fermier Hendrikus SEMLER, du Vogelsberg à Maarheeze leur apporte de l’aide et conduit Gilcrease, MacIntosh et Gottlieb à la ferme de Hendrik Willem BLOEM, à Cranendonck tout proche.
Dans son rapport, Gilcrease mentionne un hollandais, nommé Joseph BOTTS, étudiant à l'université et qui se cachait dans une ferme avec une dame juive, ajoutant à la fin de sa phrase, "little red wagon" ("la petite charrette rouge"/ "De Rode Kar"), également citée dans les rapports d'autres évadés du groupe. Ceci se rapporte évidemment encore à son passage dans ce café en Hollande, mais nous ignorons le rapport entre le "Rode Kar" et la ferme qu'il mentionne. L'homme qui l'aide dit qu'il devra mentionner le "little red Wagon", qu'ils avaient contact radio avec l'Angleterre et qu'ils avaient déjà aidé 99 aviateurs. Le "Rode Kar" est en fait un wagon de chemin de fer reconverti en logement de deux pièces et situé à Maarheeze, près de Soerendonk et qui a servi de refuge à pas mal d’aviateurs et d’autres réfugiés.
Selon le rapport d'évasion de Gottlieb, Gilcrease, Paul Gregory, Robert Gilchrist, Paul Appleby, Francis McDermott, Charles Higgins, Max Gottlieb et le Canadien Allen MacIntosh se retrouvent ensemble un soir dans un restaurant (nous comprenons le "Rode Kar"). Gottlieb indique que cette rencontre a eu lieu le 8 décembre 1943 et des sources confirment les retrouvailles dans la localité de Horn, chez le vicaire ("kapelaan") Harry JANSSEN (nom de guerre "BERGMANS").
Dans son rapport, Gilcrease déclare faire partie du groupe qui part le soir près de la frontière dans un camion de laiterie, accompagnés d'un gendarme hollandais. Ils se rendent dans un tout petit village frontalier (vraisemblablement Neeritter), dans une maison qui ressemble à un réfectoire abandonné. Beaucoup de ces guides sont en uniforme de gendarmes pour éviter les ennuis en cas de rencontre avec des Allemands. Dans cette maison, un jeune homme d'environ 19 ans parle assez bien anglais et il s'y trouve également une femme et deux enfants.
Selon l’article néerlandais cité plus haut, en début janvier 1944 (ce pourrait être le 9), Gilcrease et MacIntosh passent la frontière belgo-hollandaise et arrivent chez Frans WIJNEN à la Bosstraat à Hamont. De là, ils sont menés chez Virginie DE BRUYN au 37 Keizerstraat à Anvers, amenés par Gustave BUSSCHOTS, du 9 Zurenborgstraat, Anvers. MacIntosh est également logé chez les VAES (André VAES et Simone CAMBRELIN) à Anvers, au 18 Edelinckstraat. Par ailleurs, des rapports d'évasion de membres de l'équipage de Gilcrease mentionnent les localités de Neerpelt, Overpelt et Antwerpen ainsi qu'une liste d’autres personnes : G. H. VOSSEN, au Spikker 226 à Haelen, Alda SPOOREN du Haspershoven à Overpelt, par la suite un Mr MAES au café "De Zwaan" au 41 Klapdorp à Anvers.
Dans son rapport, Gilcrease indique que son autre co-équipier Appleby l'accompagne avec MacIntosh et Gottlieb lorsqu'ils ont été menés à Neerpelt. Il ajoute qu'ils ont passé une semaine là avant de partir pour Bruxelles. Gilcrease mentionne qu’il ne reverra plus Gregory, Higgins et Gilchrist après son arrivée en Belgique.
Dans son rapport, Gilcrease confirme être passé lui aussi à Anvers par le café "De Zwaan", au 41 Klapdorp. Il ne cite pas le nom du tenancier, mais il s'agit de Marcel MAES, un homme assez corpulent de 50 ans avec moustache. Gilcrease arrive ensuite à Bruxelles, où il est pris en charge par Henri MACA, qui le mène à la maison d'un policier, sa femme, leurs deux fils (19 et 20 ans) et leur fille de 6 ans et où il reste loger seul pendant 4 ou 5 jours. Le père d'Henri MACA est arrêté pendant son séjour. Une fiche du Groupe EVA consacrée à Gilcrease (et portant par erreur la photo de son coéquipier Gilchrist… confusion due à la similitude des noms) le renseigne comme ayant été hébergé "le 9 janvier 1944" par Spelters à Overpelt. Il s’agit de Gerard Mathieu SPELTERS et sa femme Maria au 95 Haspershoven à Overpelt. A noter que Gerard SPELTERS a été arrêté le 28 février 1944 par la GFP (Geheime Feldpolizei).
Gilcrease cite confusément être resté environ 10 jours chez M. et Mme André VERHEYDEN, sans détails quant à l’adresse ni aux dates. Il s’agit en fait de la famille habitant une grande villa à la Hendrik van Dievoetlaan à Meise.
Il déclare s'être trouvé par la suite dans une chambre d'hôtel avec 8 ou 9 autres évadés, suite à des arrestations parmi des chefs du réseau. Le rapport de son co-équipier Higgins précise qu'il s'agit de la chambre d'hôtel d'Henri MACA… Gilcrease ajoute qu'il est alors mené avec un aviateur Australien (Leslie Morrison) dans la maison d'un comte, à environ 15 km à l'Ouest de Bruxelles (il écrit "LUCAIN", sans autres détails mais il semble qu'il s'agisse du comte Michel de Kerchove de Denterghem, du 187 Naamse Steenweg/Rue de Namur à Heverlee près de Leuven/Louvain… à l'Est de la capitale…) où il reste environ 1 mois. Il retourne alors à Bruxelles où il loge chez une dame âgée et sa fille.
Le rapport de Higgins mentionne qu'il a logé 4 ou 5 jours chez une dame et sa servante juive, ce qu'écrit également Gilcrease. Les deux hommes rapportent qu'ils ont retrouvé leur co-équipier McDermott, Higgins précisant qu'il a revu ce dernier avant d'être transféré avec lui chez Mme Clotilde HOYAUX-TARTE au 21 Boulevard Poincaré à Anderlecht (qui le déclare logé chez elle du 30 décembre au 23 janvier, amené et repris là par Marie MACA).
Par la suite, Gilcrease, Higgins et un aviateur canadien "Joe" (Joseph Healey) iront loger 4 ou 5 jours chez une Luxembourgeoise mariée à un Américain, et dont le fils (identifié : Victor J. Palmer) servait dans le corps des U.S. Marines. Il s'agit de Mme Eugénie JAANS, épouse (divorcée) de l'Américain Thomas PALMER et qui habite avec sa sœur Suzanne au 20 Boulevard Général Jacques à Ixelles "dans un des immeubles les plus élevés de Bruxelles, en face de la Gestapo". De l'arrière de cette "Résidence La Cambre" on pouvait en effet apercevoir en face l'immeuble de la Gestapo au 453 de l'Avenue Louise, qui avait été mitraillé par Jean de Sélys Longchamps en janvier 1943.
Gilcrease écrit qu'il part alors avec un évadé Canadien (Healey) en direction du Sud, près de Charleroi, où il reste caché pendant 3 semaines dans un camp dans les bois, la situation à Bruxelles étant "too hot"… Higgins, lui, mentionne qu'arrivé à Charleroi, où il est reçu chez un moine, il se trouvait dans sa nouvelle cachette avec Gilcrease, deux yougoslaves, deux belges et un polonais. Lorsqu'ils apprennent qu'ils pourraient devoir rester cachés là pendant trois mois, Gilcrease et Higgins décident de tenter leur chance et de partir tout seuls en direction de la Suisse.
Le 5 mars 1944, les deux hommes prennent le train jusqu'à la dernière ville avant la frontière française. Un homme et un garçon qu'ils y approchent leur disent où se trouve le point de passage vers la France et leur échangent leur argent contre des francs français. Higgins et Gilcrease traversent alors la frontière et arrivent sans encombre à Fumay, en France.
Dans cette localité, ils entrent en contact avec la Résistance (le Groupe de Thilay) et le 11 mars, ils sont menés chez Césarine ZUCCHI à Thilay, qui les héberge jusqu’au 18. Ce jour-là, ils sont guidés par Georges THEVEIN, aidé de Roland TISSIERE, qui les accompagnent en train via Paris, Belfort jusqu’à Montbéliard. De là, le groupe part en voiture jusqu’à Beaucourt, près de la frontière suisse. Ils passent en Suisse le 21. Menés à Berne par la police suisse, Higgins et Gilcrease y restent six jours. Ils passent ensuite par Klosters près de Davos, avant d'être conduits à Glion, près de Montreux, où ils restent jusqu'au 13 septembre, jour où ils sont amenés à Annecy, récemment libérée. Depuis cette ville, le 29 septembre 1944, tous deux rejoignent l'Angleterre par avion.
Décédé en 2002, Elmer Gilcrease repose au Pine Ridge Cemetery à Sour Lake, Texas.