Personne passée par Comète via les Pyrénées

Dernière mise à jour le 13 juin 2021.

Robert Carlisle GILCHRIST ("Bobby") / O-743442
1411 Lee Street, Brunswick, Glynn County, Georgia, USA
Né le 11 juin 1919 à Thomson, Georgia / † le 1er mars 1974, USA
2nd Lt, USAAF 95 Bomber Group 412 Bomber Squadron, copilote
Atterri à l'Ouest de Neer, Pays-Bas
Boeing B-17F Flying Fortress - 42-3317 (QW-Y) - "Spirit of 76" abattu le 30 novembre 1943 lors d'une mission sur Solingen
Écrasé au "Sterrebos" près de Haelen, à 4-5 km au NO de Roermond, Pays-Bas
Durée : 5½ semaines
Passage des Pyrénées : le 6 janvier 1944

Informations complémentaires :

Rapport de perte d'équipage MACR 1559. Rapport d'évasion E&E 378 (disponible en ligne et contient partie du n°379 de Gregory).

Robert Gilchrist est du même équipage que le bombardier Paul Gregory, le mitrailleur ventral Francis McDermott, le mitrailleur Paul Appleby, le mécanicien T/Sgt Elmer Gilcrease, le radio S/Sgt Max Gottlieb et le mitrailleur arrière S/Sgt Charles Higgins. Le corps du navigateur William L. Lohmann fut retrouvé flottant dans la Meuse à Kessel le 21 juillet 1944. D'abord inhumé à Kessel, il repose en Belgique au Cimetière Américain de Neuville-en-Condroz. Le pilote Arthur C. Hensler ainsi que le mitrailleur gauche S/Sgt Jack B. Hyatt furent faits rapidement prisonniers. Les cinq autres réussirent leur évasion : Gilchrist, Gregory, Gilcrease, Gottlieb et Higgins.

Après le largage des bombes, l'appareil est touché sous l'aile droite par un obus de la Flak. La pression d'huile baisse dans le moteur n° 4 et bientôt le même phénomène se produit sur le n° 3, leurs hélices s'emballant dangereusement. Comme il est impossible de rester dans la formation avec seulement deux moteurs et malgré que l'équipage jette par-dessus bord tout ce qui peut l'être, l'avion perd trop d'altitude. Vers 1400m, le moteur n° 1 explose, l'hélice du n° 3 perd une pale qui touche le stabilisateur vertical : l'ordre est donc donné de sauter alors que le B-17 vient de passer la frontière germano-hollandaise.

Gilchrist saute en dernier, comme les autres au-dessus de la Meuse, à proximité de Roermond et il atterrit vers 13h00 dans un champ labouré. Il enroule son parachute et le cache avec sa Mae West sous de la paille avant de ramper vers un autre champ où il se cache pendant une heure dans de hautes herbes. Il aperçoit au loin trois fermiers qui se rapprochent de lui et lui font le signe "V" de la Victoire. Encouragé, il les suit vers l'orée d'un bois, tantôt en marchant, tantôt en rampant.

L'un des hommes prénommé Hans l'emmène en courant à travers bois jusqu'à un endroit où il lui dit de se cacher jusqu'au soir. Un autre chausse les bottes de Gilchrist et marque des traces profondes dans le sol dans la direction opposée à celle suivie pour arriver à la cachette. Un autre encore lui apporte des pommes et lui apprend qu'il n'est qu'à 10 km de la frontière allemande.

Le soir, Hans, un ancien éclaireur de l'armée néerlandaise, vient le chercher pour l'amener chez lui, 500 m plus loin. Là, Gilchrist reçoit une tenue civile et Hans et lui partent à 20 heures pour se rendre chez un prêtre dans un petit village. Tout le monde semble reconnaître Hans comme un chef. Six jeunes réfractaires travaillent pour lui, avec une gouvernante nommée Elisabeth. Gilchrist dort deux nuits dans un réduit sous les combles, dont l'entrée est cachée par des livres.

Deux réfractaires le conduisent en vélo chez un prêtre, qui parle très bien anglais et lui demande le nom de ses équipiers. Le prêtre avait vu Gilcrease, McDermott, Gottlieb, Higgins, Appleby et Gregory dans les environs et il est d'avis que Hyatt et Hensler sont prisonniers et que Lohmann a pu se sauver. Au soir, le prêtre amène Gregory et un Anglais nommé Allen MacIntosh, qui vont dormir ailleurs. Gilchrist va dormir deux nuits chez une femme nommé Elisabeth.

Gilchrist et Gregory, ainsi que quatre autres hommes du "Spirit of '76" se retrouvent par la suite sains et saufs au café "De Rode Kar" (?) environ quatre jours après leur atterrissage. Ils citent Neerpelt, Overpelt et Antwerpen ainsi qu'une liste de personnes : G. H. VOSSEN, au Spikker 226 à Haelen, Alda SPOOREN d'Haspershoven à Overpelt, par la suite un M. MAES au café "de Zwaan" au 41 "Clapdorpstraat" à Antwerpen. [voir plus bas.]

Gilchrist et Gregory sont alors emmenés dans une voiture de police à Weert, avec Appleby, McDermott et Higgins. Après 30 minutes de route, ils rencontrent un cantonnier chez qui un jeune opérateur radio évadé (Max Gottlieb) se trouvait déjà. Gilcrease, Gottlieb et MacIntosh sont ensemble pour aller tous au restaurant vers 17 h.

Ces hommes partent le soir près de la frontière dans un camion de laiterie accompagnés d'un gendarme hollandais. Ils se rendent dans un tout petit village frontalier, dans une maison qui ressemble à un réfectoire abandonné. Beaucoup de ces guides sont en uniforme de gendarmes pour éviter les ennuis en cas de rencontre avec des Allemands. Dans cette maison, un jeune homme d'environ 19 ans parle assez bien anglais. Il y a aussi une femme et deux enfants.

Gregory, Higgins et Gilchrist quittent les autres à ce moment et ne les reverront plus. Ils roulent à vélo 45 minutes (7 Km) avec trois guides armés en uniforme et atteignent Maarheeze. Selon Hendrikus SEMLER, de Maarheeze, les 3 hommes sont alors guidés par le gendarme DIERKS (et peut-être un ou d’autres guides) en direction de la frontière. Ils vont vers une grille gardée et prennent un chemin latéral sur 1,5 Km. Ils rencontrent deux Belges dont un en uniforme et manifestement vétéran de l'autre guerre. Ils les emmènent dans une maison plus loin, où Dwight Fry et un Anglais nommé Edward Johnson, ont logé. Ce doit être à Hamont chez Frans WIJNEN et son épouse, chez qui ils arrivent le 3 décembre. Ils y dorment une nuit, dans une belle maison à trois étages où vivent un ménage et plusieurs enfants, qu'ils ne voient pas.

L'après-midi suivante, ils se rendent à vélo à Overpelt avec l'ancien soldat et y rencontrent un homme dans la quarantaine. Gregory et Higgins vont dormir dans une maison où habite une grand-mère avec trois hommes de 25 à 35 ans et une petite fille de 7 ans (il s’agirait de Maria "Betje" SPELTERS, Haspershovenstraat à Overpelt). Gilchrist, lui, va dormir un pâté de maison plus loin chez Michel SPOOREN où il rencontre Robert Sheehan. Son hôte a une fille corpulente qui s'appelle Alda. Gilchrist et Sheehan y restent trois nuits et d'autres personnes leur remettent des passeports avec leurs photos.

Ils rencontrent ensuite un résistant chef de district (un ancien sous-officier de l'armée belge au nom de code LBC11, vraisemblablement Louis VROLIX, d'une organisation qui semblait aider des aviateurs). Ils apprennent que l'on envisage de les faire partir vers la Suisse et qu'un Canadien, un Néo-Zélandais appelé Tony et un mitrailleur arrière anglais seraient en ville.

Ils remettent tout l'argent de leurs kits d'évasion à LBC 11 qui leur laisse 100 FB et des tickets de train pour Anvers. Le logeur de Gregory les guide vers Neerpelt. Il semblerait que Sheehan déjà soit parti la veille. LBC 11 et sa femme sont dans le train qui mène Gilchrist et les autres vers Anvers.

Jules DEMEY, agent Marc VN/JM-223X au 8 Hepperspoort à Maaseik, transmet à Londres pour vérification l'identité de Gilchrist, reçue de Pierre MOORS de Hamont.

A Anvers, ils rencontrent Gustaaf BUSSCHOTS, qui les prend en trolley jusqu'au café "De Zwaan", au 41 "Klapdor " (c'est Klapdorp), dont le tenancier, Marcel MAES, un homme assez corpulent de 50 ans avec moustache. MAES les fait mémoriser l'adresse et les hommes restent 3 jours chez lui. On leur dit attendre que l'on ait éliminé un homme à Bruxelles avant de les faire bouger à nouveau. Par la suite, Higgins part avec un petit homme chauve un jour avant Gregory et Gilchrist.

Le 11 décembre, Gregory et Gilchrist vont à Bruxelles en train électrique avec Marcel DAELEMANS où ils sont attendus par un petit homme aux lunettes épaisses (Elie MIROIR). Une jeune fille (Aline DUMONT) vient les prendre en banlieue, puis ils vont dans l'appartement d'un jeune couple, dont le mari est photographe. De là, ils sont guidés chez Jacques DE BRUYN, au 135 Rue des Confédérés, où Jacques vit avec sa mère. Le soir, Henri MALFAIT guide Gilchrist de l'autre côté de la ville. Là, il voit Aline DUMONT apporter environ 20 aviateurs dont Raymond Nield et Frank Hill. Un petit homme au nez crochu et aux cheveux noirs fait le voyage de Paris tous les trois jours, c'est Albert MATTENS. Toutes les maisons du groupe sont pleines d'évadés.

Le 3 janvier, Mme DE BRUYN mère guide Gilchrist à la gare, Jacques se chargeant de Gregory. Ils rencontrent Albert MATTENS, prennent un train à 20 heures, changent à Mons et prennent ensuite un omnibus vers un petit village frontalier (Aulnois). Un petit homme âgé les prend en charge pour les conduire en compagnie de Jacques DE BRUYN chez un autre homme âgé chez qui ils dorment environ quatre heures. Déjà en possession de faux papiers français, Gilchrist y laisse ses papiers belges.

Selon les notes d'Achille JAUPART, Désiré DELHAYE d'Aulnois lui a amené Gilchrist chez lui au n° 6 Rue d’Esquerbion à Givry le 3 janvier 1944, en même temps que Paul Gregory. Restés 3 jours chez JAUPART à Givry, Gilchrist et Gregory auraient alors été "convoyés vers Maubeuge puis Paris". Il s'agit du seul passage par Aulnois de Jacques DE BRUYN, avec Albert Pepper.

Albert MATTENS guide Gilchrist et Pepper jusqu'à une petite gare où à 18h00 ils prennent le train pour Paris. Une épave de train encombrant la voie, vraisemblablement suite à du sabotage, ils doivent la contourner pour monter dans un autre convoi pour arriver finalement à Paris vers 15 heures, le 4 janvier 44.

Ils vont dans un appartement au 1er étage et y rencontrent un homme blond d'environ 35 ans qu'ils appellent "Cashbox". C'est l’un de pseudos de Jacques LE GRELLE. Avec lui se trouve une brunette qui après un quart d'heure leur fournit des papiers français. Une femme blonde platinée dans la quarantaine et portant de fortes lunettes les conduit alors dans un magasin d'habillement. Une autre blonde de 35 ans (Germaine FLACHET) qui a été mariée à un marin anglais, mène Gregory dans un appartement au sommet d'un immeuble.

Gilchrist quant à lui quitte Paris le jour même de son arrivée. "Cashbox" le prend dans un café et le remet à une petite femme (Marcelle DOUARD). Ils prennent une ou deux consommations, puis se promènent le long de la Seine avec un Anglais prénommé Ian (Ian Covington). Ils vont alors souper et prennent le train de 20 heures pour Bordeaux avec leur guide féminine.

Ils sont accueillis à Bordeaux par un grand homme de 23 ou 24 ans aux cheveux noirs (Jean-François NOTHOMB). Une autre femme amène Stanley Alukonis et Andrew Lindsay dans leur groupe. Marcelle DOUARD rentre à Paris avec le train de 14 heures, tandis que Gilchrist et Covington prennent un train pour Dax, où ils prennent la correspondance pour Bayonne. Là, ils sont attendus par un autre jeune homme, affable, qui leur demande immédiatement s'ils savent rouler à vélo puis les emmène au restaurant.

Après une nuit chez Jeanne Marthe VILLENAVE épouse MENDIARA à l'auberge Larre de Sutar, les quatre aviateurs partent avec NOTHOMB et une jeune femme (sans doute Denise HOUGET). Ils rencontrent un gendarme, et Gilchrist pense bien qu'il lui est remis de l'argent. Ils continuent à vélo dans une montée et rencontrent deux guides, auxquels Gilchrist voit encore Jean-François NOTHOMB remettre huit billets de 500 pesetas.


Mot de remerciement dans le carnet de Pierre Elhorga
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Le 6 janvier 1944, le groupe se met alors en route à pied jusqu'à une ferme juste au-delà de la frontière espagnole (Jauriko borda). Le 8 janvier, en quittant la ferme, Gilchrist est séparé des guides alors que des soldats ou la Guardia Civile espagnole ouvrent le feu. Capturé par la suite, Gilchrist est questionné par un capitaine et un lieutenant et leur raconte qu'il est un évadé et les officiers lui paraissent avoir déjà entendu ce genre d’histoire.

C'est le 88e passage de Comète, seuls avec les guides de Pierre ELHORGA par Larressore. Gilchrist, bientôt relâché, passe ensuite par Pampelune, Saragosse (Zaragosa) et arrive à Alhama de Aragon le 24 janvier où il est interrogé et débriefé. Il est alors conduit à Madrid, pour arriver enfin à Gibraltar le 3 février. Il quitte Gibraltar par avion le 4 février, arrive à Preswick le lendemain et est débriefé à Londres le même jour. Ayant rejoint son unité, Gilchrist est ensuite rapatrié aux États-Unis pour être démobilisé en décembre 1944.

Robert Gilchrist s’est réengagé dans l’US Air Force le 6 octobre 1951, a servi durant la guerre de Corée et a quitté le service le 31 août 1973.

Décédé en 1974, Robert Gilchrist repose au Palmetto Cemetery à Brunswick, Comté de Glynn, Géorgie.

Merci à feu notre ami Philippe Save pour ses informations, qui ont pu confirmer certains détails du parcours de Gilchrist.


(c) Philippe Connart, Michel Dricot, Edouard Renière, Victor Schutters